Fête de la Présentation 2020© Vatican Media

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Vie consacrée: « Ne pas perdre la boussole, la gratuité de Dieu »

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Avec un « leitmotiv », la compassion

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Le pape François indique le « secret » de la vie consacrée et de la vieillesse comblée, dans son homélie pour la fête de la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem, Journée mondiale de la vie consacrée, au soir de ce 1er février 2020, en la basilique Saint-Pierre. Il a insisté sur la vocation des personnes consacrées à la « compassion ».

La compassion du Christ

Le pape a présidé la célébration concélébrée par le préfet du dicastère romain pour la vie consacrée, le cardinal brésilien Joao Braz de Aviz, et par le secrétaire du même dicastère, Mgr José Rodríguez Carballo.

La messe a été précédée de la traditionnelle procession aux flambeau de la Chandeleur, à partir du narthex de la basilique plongée dans l’obscurité.

Dans un tweet, le pape a relevé ce passage de son homélie: « Celui qui oriente son regard vers sur Jésus apprend à vivre pour servir. Il n’attend pas que les autres commencent, mais il part à la recherche ds autres. #VieConsacrée »

Le pape voit dans la compassion le « leitmotiv de l’Evangile » et la caractéristique de la personne consacrée: « Les religieux et les religieuses, des hommes et des femmes qui vivent pour imiter Jésus, sont appelés à implanter dans le monde son regard, le regard de la compassion, le regard qui va à la recherche de ceux qui sont loin; qui ne condamne pas, mais qui encourage, qui libère, qui console, le regard de la compassion. C’est un leitmotiv de l’Évangile; tant de fois en parlant, Jésus dit: ‘‘il a eu de la compassion’’. C’est l’abaissement de Jésus vers chacun d’entre nous. »

Les trois conseils évangéliques

Dans son homélie, il a commenté les trois conseils évangéliques.

« la chasteté n’est pas une stérilité austère, mais le chemin pour aimer sans posséder »;

« l’obéissance n’est pas une discipline, mais la victoire sur notre anarchie, dans le style de Jésus »;

« la pauvreté n’est pas un effort titanesque, mais une liberté supérieure, qui nous donne Dieu et les autres comme les vraies richesses ».

Le pape a ajouté cette anecdote à son texte préparé: « Dans une région touchée par le tremblement de terre en Italie – en parlant de pauvreté et de vie communautaire – il y avait un monastère bénédictin détruit et un autre monastère a transféré des sœurs chez eux. Mais elles y sont restées peu de temps: elles n’étaient pas heureuses, elles pensaient au monastère qu’elles avaient quitté, aux gens de là-bas. Et en fin de compte, elles ont décidé de retourner et d’installer le monastère dans deux caravanes. Au lieu d’être dans un grand monastère, à l’aise, elles étaient comme des puces, là, toutes ensemble, mais heureuses dans la pauvreté. Cela s’est passé l’année dernière. C’est beau! »

Il a suggéré cette grâce à demander: « Pour avoir le regard juste sur la vie, demandons de savoir voir la grâce de Dieu pour nous, comme Syméon. »

Le pape a invité à voir ce que font le vieillard Syméon et la prophétesse Anne, selon le récit de l’Evangile de saint Luc (Lc 2, 22-40).

Le pape a invité à « l’adoration »: « Voyons Syméon et Anne: c’étaient des personnes âgées, seules, et pourtant elles n’avaient pas perdu l’espérance, parce qu’elles restaient en contact avec le Seigneur. Anne «ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière». Voici le secret: ne pas s’éloigner du Seigneur, source d’espérance. Nous devenons aveugles si nous ne regardons pas le Seigneur tous les jours, si nous ne l’adorons pas. Adorer le Seigneur! »

« Mes yeux ont vu le salut »

Le pape a commenté cette phrase de l’Evangile prononcée par le vieillard Syméon: « Mes yeux ont vu ton salut ».

Il a invité à la gratitude pour la vie consacrée et à « voir » clair: « Chers frères et sœurs, remercions Dieu pour le don de la vie consacrée et demandons un regard nouveau, qui sache voir la grâce, qui sache chercher le prochain, qui sache espérer. Alors, nos yeux verront aussi le salut. »

« Qu’a-t-il vu? », demande le pape avant de répondre comment le regard guidé par l’Esprit Saint va au-delà de la réalité:  » Un enfant: un petit, fragile et simple enfant. Mais là, il a vu le salut, parce que l’Esprit Saint lui a fait reconnaître dans ce tendre nouveau-né «le Messie du Seigneur». En le prenant dans ses bras, il a perçu, dans la foi, qu’en lui Dieu accomplissait ses promesses. Et lui, Syméon, pouvait s’en aller en paix: il avait vu la grâce qui vaut plus que la vie. »

« Savoir voir la grâce est le point de départ », affirme le pape qui invite à une relecture de la vie: « Regarder en arrière; relire son histoire et y voir le don fidèle de Dieu: non seulement dans les grands moments de la vie, mais aussi dans les fragilités, dans les faiblesses, dans les misères. »

Il a débusqué la tentation qui peut accompagner cette relecture: « Le tentateur, le diable insiste sur nos misères, nos mains vides: “Après toutes ces années tu ne t’es pas amélioré, tu n’as pas réalisé ce que tu pouvais, ils ne t’ont pas laissé faire ce vers quoi tu étais porté, tu n’as pas toujours été fidèle, tu n’es pas capable…” et ainsi de suite. »

La « boussole », c’est la « gratuité de Dieu »

Le pape a donné aussi l’antidote : « Chacun d’entre nous connaît bien cette histoire, ces paroles. Nous voyons que cela est en partie vrai et nous suivons des pensées et des sentiments qui nous désorientent. Et nous risquons de perdre la boussole, qui est la gratuité de Dieu. Parce que Dieu nous aime toujours et il se donne à nous, même dans nos misères. »

Improvisant par rapport au texte préparé, le pape a inséré  le dialogue de saint Jérôme avec Dieu: « Saint Jérôme donnait tant de choses au Seigneur et le Seigneur en demandait davantage. Il lui a dit: ‘‘Mais, Seigneur, je t’ai tout donné, tout, que manque-t-il?’’ – ‘‘Tes péchés, tes misères, donne-moi tes misères’’. Lorsque nous gardons le regard fixé sur lui, nous nous ouvrons au pardon qui nous renouvelle et nous sommes confirmés par sa fidélité. »

Il a invité à cet examen: « Aujourd’hui nous pouvons nous demander: “Moi, vers qui j’oriente mon regard: vers le Seigneur ou vers moi?”. Celui qui sait voir avant tout la grâce de Dieu, découvre l’antidote au manque de confiance et au regard mondain. »

Prière des consacrés pour le monde

Au moment de la « prière universelle », l’assemblée a prié pour le pape, pour qu’il reçoive « patience et persévérance »; pour les évêques et les prêtres; pour les personnes consacrées, pour les chrétiens persécutés, afin qu’ils reçoivent « espérance et force »,; pour les gouvernants, pour les les pécheurs, pour les époux, pour les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée et pour les personnes seules et abandonnées.

Au terme de la célébration, le cardinal Braz de Aviz a remercié le pape François de sa disponibilité à célébrer cette messe pour la Journée mondiale de la vie consacrée.

Pour le renouveau de la vie consacrée

Il a redit la communion des personnes consacrées « cum Petro et sub Petro sans se laisser influencer par les turbulences actuelles ».

Il a souligné que la réforme pour le renouveau de la vie consacrée fait partie de la réforme entreprise par le pape François: formation, vie fraternelle, façon de vivre l’obéissance et l’autorité, la complémentarité entre masculin et féminin, utilisation des biens matériels et économie.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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