Vers la béatification d'un salésien français, Juste parmi les Nations

Le P. Arribat, a caché des adolescents juifs dans son école

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La cause de béatification d’un salésien français, le P. Arribat, vient de franchir un nouveau pas décisif: le pape François approuve les décrets de la Congrégation pour les causes des saints concernant la façon « héroïque » dont sept baptisés ont vécu les vertus humaines et chrétiennes.

Si un miracle était authentifié comme dû à leur prière d’intercession, leur cause de béatification et de canonisation pourrait aboutir.

Parmi eux un prêtre Français, Joseph Auguste Arribat, salésien de don Bosco, né à Trédou (Aveyron) le 17 décembre 1879 et décédé à La Navarre le 19 mars 1963.

Il a été déclaré par le Mémorial de Yad Vashem « Juste parmi les Nations » le 22 janvier 1996 pour avoir sauvé quatre adolescents juifs pendant la Shoah: Maurice Lager, Georges Doukan, Paul Futer et Jacques Netter.

Yad Vashem raconte les faits: le père Arribat, de l’ordre salésien, dirigeait l’Ecole Saint Pierre, un pensionnat pour garçons qu’il avait fondé, à Villemur-sur-Tarn dans le département de Haute-Garonne.

En juin 1942, lorsque le port de l’étoile jaune fut imposé aux Juifs en zone nord, la famille Doukan, qui vivait à Paris, s’enfuit vers le sud avec ses deux enfants. Après plusieurs mois d’errance, ils arrivèrent dans la ville du père Arribat en novembre 1942.

Après la guerre, Pierre Doukan raconta comment son frère Georges avait été admis comme externe à Saint-Pierre dès leur arrivée à Villemur-sur-Tarn; plusieurs mois plus tard son cousin, Jacques Netter, ainsi que Paul Futter, un autre juif, y furent admis au pensionnat comme internes.

La présence de ces garçons juifs était tenue secrète, car des troupes SS circulaient dans la région où elles se trouvaient en butte aux actions de la Résistance. Les jeunes juifs n’avaient pas le droit de quitter l’enceinte de l’école.

Pour la protection des parents et celle des autres familles juives, le père Arribat leur avait trouvé une cachette : une ferme isolée où ils pouvaient vivre ensemble dans une sécurité relative.

Lorsque la division allemande « Das Reich » arriva, après son retrait du front russe, les soldats voulurent réquisitionner l’école. Le père Arribat se battit pour que les cours puissent continuer, acceptant d’abandonner les meilleures parties du bâtiment et se contentant des communs.

Impressionnés par son sens du devoir, les Allemands lui affectèrent quelques dépendances qu’il aménagea tant bien que mal en salle de classe avec ses élèves. Ce n’est que grâce à sa sagacité et à son dévouement que l’école continua à fonctionner.

Il se sentait responsable personnellement des adolescents juifs. Un jour, Paul Futter, au mépris des règles établies par son bienfaiteur, quitta l’établissement pour aller voir ses parents qui vivaient non loin de là. Il trouva sur son chemin des soldats allemands à la recherche de son père. Les soldats l’arrêtèrent, pour le forcer à les conduire au lieu de travail de son père. Quelques jours plus tard, le corps mutilé de l’adolescent juif fut retrouvé à peu de distance de la ville. Apprenant la nouvelle, sa pauvre mère perdit la raison. Un monument fut élevé après la guerre sur le site du meurtre pour commémorer la mort tragique du jeune Paul Futter.

Les risques s’aggravant, le père Arribat profita des vacances scolaires pour offrir l’hébergement gratuit à la famille Doukan, composée de sept personnes dans l’internat du collège, situé à 2 ou 3 kilomètres de là, ce qui leur évita tout contact avec le village et les combats entre Allemands et maquisards. Les Doukan regagnèrent le village à la mi-août 1944 et eurent la vie sauve.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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