Vendredi Saint/Chemin de croix : le pape improvise une méditation

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L´événement a été suivi par les télévisions du monde entier

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CITE DU VATICAN, dimanche 15 avril (ZENIT.org) – Comme de coutume, Jean-Paul II a cette année de nouveau présidé le traditionnel chemin de croix, dans le splendide cadre du Colisée romain illuminé, en présence de plusieurs milliers de fidèles, à 21 heures vendredi dernier. L´événement a été suivi par les télévisions du monde entier.

A la fin du chemin de croix, avant de donner sa bénédiction aux fidèles, Jean-Paul II a prononcé un discours spontané sur le témoignage que doivent donner les chrétiens de la croix du Christ, au début du millénaire.

« Ave Crux », s´est-il exclamé, en latin, avant d´ajouter, en italien : « L´Eglise du Christ confesse cette réalité divine et humaine. Crux, ave Crux! L´Eglise a confessé cela pendant 2000 ans. Et aujourd´hui, pour la première fois dans ce millénaire, nous la confessons devant le monde entier, ici à Rome, par ce chemin de croix, près du Colisée romain ».

« Nous voulons professer que, par sa Croix, le Fils de Dieu, en acceptant cette humiliation – une condamnation destinée aux esclaves – a ouvert à l´humanité la voie vers la glorification. C´est pour cela que nous aujourd´hui, nous nous agenouillons en adoration », a-t-il ajouté.

« Nous t´adorons, O Christ, et nous te bénissons, car par ta croix tu as sauvé le monde », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Que cette vérité, confessée aujourd´hui dans la Basilique Saint Pierre et au Colisée romain, soit notre lumière et notre force, en ce temps que nous avons inauguré il y a quelques mois. Ave, Crux du Colisée romain! Ave, au seuil du troisième millénaire! Ave, à travers toutes les années, les siècles de ce temps nouveau qui s´ouvre devant nous! »

La procession du chemin de croix est passée à l´intérieur du Colisée, le fameux amphithéâtre de Flavien, qui rappelle les souffrances des premiers chrétiens. Elle est ensuite passée devant l´Arc de Trajan et s´est terminée sur le Mont Palatin.

Le cardinal vicaire du diocèse de Rome, Camillo Ruini, a porté la croix au cours des deux premières stations. La croix a ensuite été portée par un couple de Rome et leurs trois enfants, puis par une femme du Rwanda, puis une femme de Thaïlande, une femme de la République Dominicaine et pour terminer, par des frères franciscains.

Cette année, ce sont des méditations de cardinal John Henry Newman (1801-1890), anglican converti au catholicisme, l´une des figures les plus importantes de l´Eglise catholique d´Angleterre au XIXe siècle, qui ont été choisies pour guider le chemin de croix.

C´est dans une attitude de profonde méditation que Jean-Paul II a suivi la prière du chemin de croix, à genou, depuis le Mont Palatin. Il a pris la croix à partir de la treizième station.

Nous publions la traduction officielle du discours que Jean-Paul II avait préparé mais qu´il a préféré laissé de côté, au dernier moment, pour s´adresser spontanément aux fidèles.

* * *

1. « Le Christ s´est fait obéissant jusqu´à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2, 8).
Nous venons de terminer la Via Crucis qui, comme chaque année, nous trouve rassemblés au soir du Vendredi saint en ce lieu qui évoque de profonds souvenirs chrétiens. Nous avons de nouveau suivi les pas de l´Innocent injustement condamné, les yeux fixés sur son visage digne d´adoration: visage offensé par la méchanceté humaine, mais illuminé par l´amour et le pardon.
L´histoire dramatique de Jésus est vraiment bouleversante ! Pour redonner à l´homme la vie en plénitude, le Fils de Dieu s´est anéanti de la manière la plus humiliante. De sa mort, par Lui librement choisie, naît la vie. Ainsi le dit l´Écriture: oblatus est quia ipse voluit (il s´est offert parce qu´il l´a lui-même voulu). C´est un témoignage d´amour extraordinaire, fruit d´une obéissance sans égale, qui est allée jusqu´à l´extrême don de soi.

2. « Obéissant jusqu´à mourir, et à mourir sur une croix ».
Comment détacher son regard de Jésus, qui meurt sur la Croix ? Son visage bafoué suscite le trouble. Le prophète l´affirme: « Il n´était ni beau ni brillant pour attirer nos regards, son extérieur n´avait rien pour nous plaire. Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleur, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne » (Is 53, 2-3).
Sur ce visage se concentrent les ombres de toutes les souffrances, des injustices, des violences subies par les êtres humains de toutes les époques de l´histoire. Mais maintenant, devant la Croix, nos peines de chaque jour, et la mort elle-même, apparaissent revêtues de la majesté du Christ abandonné et mourant.
Le visage du Messie couvert de sang et crucifié révèle que Dieu, par amour, s´est laissé impliquer dans les événements tourmentés de l´humanité. Notre souffrance n´est plus une souffrance solitaire, car il a payé pour nous par son sang versé jusqu´à la dernière goutte. Il est entré dans notre souffrance et il a brisé les barrières de nos pleurs désespérés.
Dans sa mort, la vie de l´homme et même sa mort acquièrent sens et valeur. De sa Croix, le Christ fait appel à la liberté personnelle des hommes et des femmes de tous les temps, et il invite chacun à le suivre sur les chemins de l´abandon total entre les mains de Dieu. Il nous fait aussi redécouvrir la fécondité mystérieuse de la souffrance.

3. « Sur nous, Seigneur, que s´illumine ton visage ! » (Ps 4, 7).
Au moment où notre assemblée va se séparer, continuons à méditer sur le mystère de ce Visage que d´innombrables artistes, tout au long des siècles, ont représenté avec tout le brio de leur art.
Oh! si les hommes se laissaient attendrir par ses traits incomparables! Sur ce saint Visage, ils peuvent trouver une réponse appropriée aux nombreuses interrogations et aux nombreux doutes qui agitent le cœur humain. De la contemplation du Visage plein d´amour du Fils de Dieu fait homme, il est possible de puiser la force pour dépasser les heures de la tristesse et des pleurs. Du Calvaire, une paix divine inonde l´univers en attente de la gloire de Pâques.
Vierge Marie, toi qui es restée inébranlable au pied de la Croix et qui as reçu sur ton sein le corps inanimé de Jésus, aide-nous à comprendre que notre souffrance est une participation précieuse à la Passion de ton divin Fils qui, par amour pour nous, « s´est fait obéissant jusqu´à mourir, et à mourir sur une croix ». Guide nos pas pour que nous suivions ses pas indélébiles, qui
nous conduiront à l´étonnement et à la joie de sa résurrection.
[Texte original: italien]

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ZENIT Staff

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