Vatican II a promu dans l'Eglise « une doctrine de paix »

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Par le card. Cottier 3/3

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Propos recueillis par José Antonio Varela

Traduction d’Anne Kurian

ROME, mardi 17 juillet 2012 (ZENIT.org) – Le Concile Vatican a promu dans l’Eglise « une doctrine de paix », une « plus grande sensibilisation pour une attitude pacifique et pour le dialogue », écartant la doctrine de la « guerre juste », car « la guerre n’est jamais une solution », déclare le cardinal Cottier.

Le cardinal Georges-Marie Cottier, op, a été professeur universitaire et théologien de la maison pontificale. Voici la troisième et dernière partie de cet entretien (cf. Zenit du mardi 10 juillet 2012 et Zenit du jeudi 12 juillet 2012 pour les parties 1 et 2).

Zenit – Eminence, qu’est-ce que l’humanité est en train de faire aujourd’hui, dont elle devra demander pardon demain?

Card. Cottier – Il y a tout le problème de la banalisation de l’avortement, et aussi de l’ouverture de certaines pratiques sans respect de l’embryon humain. Pour moi, ce sont les fautes les plus grandes que nous risquons de payer. A présent qu’il est possible de voir le sexe de l’enfant dans l’utérus de la mère, dans certains pays on préfère le garçon à la fille et un grave déséquilibre démographique en résulte. Même la permissivité dans le domaine sexuel, je dirais, peut être considérée comme une offense à la personne, en particulier à la femme ou aux enfants.

Est-ce le seul domaine concerné ?

Non, il y en a un autre: le commerce des armes. Il y a déjà beaucoup d’efforts dans cette direction, mais le processus n’est pas encore terminé. Les guerres en Afrique, par exemple, sont extrêmement dures et provoquent de nombreuses victimes innocentes. Tout l’armement, est fait dans nos usines occidentales, ou bien en Chine et en Russie. Il faut aussi reconsidérer l’économie actuelle, la tolérance de certaines misères et ainsi de suite, sinon l’avenir sera sévère avec nous.

Comment est-ce que l’Eglise catholique répond à tout cela ?

Ce sont des péchés contre lesquels l’Eglise a toujours lutté, à travers des initiatives et les moyens évangéliques de la prédication. Je voudrais dire que “le bien est plus efficace que le mal”, même si les apparences semblent montrer le contraire. Le bien en effet, ne se voit pas, il est silencieux, il est comme l’image de Jésus qui prend la graine, la jette en terre et puis la laisse mûrir lentement. Le mal, au contraire, fait beaucoup de vacarme et laisse des ruines, des morts physiques et spirituelles dans les âmes. Nous avons fait de grands progrès à partir de la dernière guerre, l’expérience a été si terrible, en effet, qu’il y a une plus grande sensibilisation pour une attitude pacifique, pour le dialogue, et ceci est un fruit du Concile.

Vatican II a fait évoluer l’attitude en face des guerres?

Avant les deux guerres mondiales, les théologiens avaient une théologie de la « guerre juste », qui est une question importante, tout comme les monstruosités qui ont eu lieu, la puissance des moyens comme la bombe atomique, etc. Aujourd’hui nous savons que la guerre n’est jamais une solution, mais que s’est-il passé avant de parvenir à cette conclusion? Le Concile a commencé. Ensuite il y a eu l’encyclique « Pacem in Terris » du pape Jean XXIII, et le grand discours de Paul VI aux Nations Unies, et ainsi l’Eglise a commencé à élaborer une doctrine de paix, non plus de la guerre. Il suffit de se rappeler tous les discours du 1er janvier. Ils constituent tout un ensemble de réflexions sur la paix qui sont magnifiques, en plus que d’être une contribution très moderne.

Pensez-vous qu’il y ait des domaines où l’Eglise se trompe et où elle devra demander pardon dans le futur?

Oui, peut-être. En revanche, je ne dirais pas que c’est du fait de l’Eglise, qui est comme le Christ la veut, mais que ce sont les membres, ou certains secteurs du monde chrétien. Il existe certainement des préjugés, comme, par exemple, l’accusation que les milieux riches ignorent les pauvres, ce qui n’est pas juste. La division des biens, ou la tolérance de quelques lois injustes, l’utilisation de la violence, ceci n’est pas l’Eglise. Dans des documents récents, par exemple, on insiste sur la démocratie. Mais que signifie démocratie? Ce n’est pas seulement un type d’élection, cela veut dire la participation des hommes en tant que personnes.

Comment comprendre la désobéissance des catholiques dans certains domaines ? 

Je pense que ces mouvements de contestation dans l’Eglise ont toujours existé, et ils sont devenus encore plus fréquents après « 68 » en Europe et en Amérique du Nord. Ce sont des groupes qui avancent des revendications assez insensées, comme par exemple les femmes qui demandent le sacerdoce féminin. Cependant l’Eglise doit faire beaucoup pour mettre en valeur les qualités masculines et féminines dans la vocation de chacun. Il est intéressant de remarquer que ce type de revendications est souvent la conséquence d’un refus de la nature humaine. Toutes les théories du ‘gender’ prennent racine dans l’affirmation que la différence sexuelle est un fait culturel, non naturel. Or la nature est un chemin pour la vocation, pour l’homme comme pour la femme.

L’Eglise a déjà parlé de cela, n’est-ce pas ?

En se référant à la tradition qui vient du Christ, Jean-Paul II a été clair et a dit: “Il n’est pas possible que l’Eglise se sente le droit de toucher à quelque chose où Jésus lui-même a donné l’exemple ”. A ceci il a été répondu: “Le Christ s’est adapté à son époque”, mais je crois que c’est une argumentation de peu de valeur, du moment que la Sainte Vierge, qui a toujours été centrale, n’a jamais eu de tâches sacerdotales, mais une autre vocation. Il est très intéressant d’observer que de nombreuses féministes veulent le sacerdoce des femmes car elles le voient dans une optique de pouvoir, ce qui est totalement faux. C’est pour cela que le pape a souvent répété ces derniers temps que le sacerdoce est un service. Si l’on comprend cela, beaucoup de choses changent.

Y a-t-il d’autres sujets « brûlants » ?

Oui, le mariage des prêtres et toutes les crises que ce thème comporte. Une des premières revendications de la réforme protestante a été que les prêtres se marient. L’Evangile n’est pas facile, au contraire il est exigeant; et il l’est parce qu’il nous conduit vers une fin très grande: la joie. La joie évangélique, en effet, n’est pas celle qui est proposée par la société de consommation, mais la joie de Dieu. Il y a une convenance spirituelle très profonde dans le célibat vécu dans l’Eglise de rite latin, qui porte beaucoup de fruits spirituels que nous ne devons pas perdre.

Un prêtre marié ne serait pas seulement un mari, mais un père de famille…

La vocation de père de famille n’est pas une petite vocation. Aujourd’hui elle occupe beaucoup l’esprit et je ne sais pas si, justement, elle pourrait être compatible. L’Eglise, en outre, croit que lorsqu’on consacre un évêque, celui-ci est considéré comme son époux. C’est analogue pour le clergé diocésain. Par conséquent c’est un trésor spirituel auquel l’Eglise ne peut renoncer. Certains évêques relèvent des problèmes, mais ce n’est pas un péché de poser des questions, il faut les étudier, n’est-ce pas? Il s’agit de questions qui doivent être abordées dans la nouvelle évangélisation.

Pour conclure, quel est votre message pour les jeunes qui se consacrent à Dieu dans l’Eglise?

Je
veux rappeler la pensée du pape, en particulier une parole qui revient souvent dans ses discours: la joie. Je veux dire pareillement: « Faites tout avec joie, avec enthousiasme et avec fidélité à l’Evangile, parce que votre devoir est un service et un témoignage. Et le témoignage est la vie évangélique, il n’y a rien à inventer, l’Evangile nous enseigne déjà tout… ».

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ZENIT Staff

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