Unesco : « Une « bioéthique », d’abord pour des raisons éthiques »

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Par Mgr Francesco Follo

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ROME, Lundi 10 octobre 2005 (ZENIT.org) – « S’il doit y avoir une « bioéthique », c’est d’abord pour des raisons éthiques » a déclaré de façon lapidaire Mgr Francesco Follo, chef de la Délégation du Saint-Siège à l’UNESCO, qui est intervenu ce soir, 10 octobre, à l’UNESCO, à Paris, dans le cadre de la 33ème session de la conférence générale de cet organisme de l’ONU pour l’éducation, les sciences et la culture.

La 33e Session de la conférence générale de L’UNESCO qui fête aussi les 60 ans de sa fondation est marquée par des débats importants sur des sujets qui tiennent au cœur le Saint Siège (dialogue interculturel et inter religieux, diversité culturelle, bioéthique, rapports entre liberté et justice, vérité et justice, valeurs éducatives).

Respect de l’homme et de sa dignité
La bioéthique, affirmait Mgr Follo, « nous impose de savoir ce qu’est une exigence morale, en l’occurrence celle du respect de l’homme et de sa dignité intrinsèque ».

« Il est impossible de nier que la biologie et la médecine, depuis qu’elles ont pris leur essor, contribuent massivement à améliorer les conditions de vie de l’homme, reconnaissait Mgr Follo. Mais nous nous trouvons aujourd’hui devant une situation nouvelle, où l’homme peut ou pourrait mettre en jeu le destin de toute son espèce, tenté qu’il est de traiter l’être humain comme un simple matériau de laboratoire ».

Il faisait remarquer : « D’un côté, l’homme affirme qu’il veut guérir et mener jusqu’à sa mort une vie digne de son humanité — mais, d’un autre côté, nous savons bien que la pénurie de médecins, d’installations médicales et de médicaments prive de ces droits la grande majorité des habitants de la planète ».

« Bien plus, continuait Mgr Follo, face à ces nouveaux défis, il faut que l’homme soit et reste un homme, vivant une vie « humaine» et mourant une mort « humaine» ».

Et de conclure : « Il apparaît donc bien que l’aspect biologique n’est qu’une des dimensions de notre être, et que réduire l’homme à cette dimension serait faire œuvre de mutilation. S’il doit y avoir une « bioéthique », c’est d’abord pour des raisons éthiques ».

D’emblée, Mgr Follo avait cité le message de Benoît XVI pour le 25e anniversaire de la visite de Jean-Paul II à l’UNESCO : Benoît XVI assurait que l’Église catholique « continuerait de prendre part aux réflexions et aux engagements de l’UNESCO », et ceci « en mobilisant ses propres forces, qui sont avant tout de nature spirituelle, pour concourir au bien de l’homme dans toutes les dimensions de son être».

« Il appelait ainsi, commentait Mgr Follo, à «mobiliser les énergies de l’intelligence pour que soient reconnus partout les droits de l’homme à l’éducation et à la culture, spécialement dans les pays les plus pauvres». »

Mgr Follo soulignait : « Ces paroles du Pape Benoît XVI expriment de façon éloquente combien il est nécessaire, pour que le travail de cette Organisation soit mené à bien, de mettre en œuvre toutes nos ressources, afin que la dignité de l’homme soit vécue, promue, respectée. Œuvre immense et de longue haleine, qui doit affronter toutes sortes de situations nouvelles qu’il nous faut comprendre et de problèmes concrets qu’il nous faut surmonter ».

L’éducation des filles
Le représentant du Saint-Siège exprimait aussi l’appréciation du Vatican pour « l’attention portée au thème de la pauvreté », et « l’insistance mise sur l’éducation des filles, qui sera une contribution importante au développement social dans certaines régions du monde ».

Mgr Follo abordait ensuite la question de « l’articulation de la liberté et de la justice, en affirmant : « La liberté sans la justice, nous le savons, ne veut rien dire d’autre que le déchaînement des intérêts privés. Et la justice sans la liberté n’est qu’une justice formelle, celle des totalitarismes et des dictatures de tout genre ».

Il concluait : « C’est donc ensemble qu’il faut promouvoir la liberté et la justice. En effet, l’homme sans liberté ou l’homme sans justice est tout autant mutilé que l’homme réduit à la réalité biologique de son corps. Ici encore, une dimension entière de son être, que l’on peut qualifier de spirituelle, se trouve niée. Privé de liberté et de justice, l’homme n’est plus vraiment un homme : il est aliéné ».

Mais Mgr Follo interrogeait également : « L’homme peut-il vivre humainement s’il lui est impossible de dire la vérité ? »

Il expliquait : « Il nous faut affirmer qu’il n’y a pas de liberté et de justice qui vaillent sans qu’elles reposent sur la vérité dans les relations mutuelles entre les hommes, au moyen de la confiance réciproque. Nous sommes capables de chercher et de connaître la vérité, et cette capacité fait partie de ce qu’il y a de plus humain en nous, car elle met en jeu notre raison et notre volonté, et elle nous rend capables de vivre selon ce que nous enseigne notre conscience ».

Vocation spécifique de l’Eglise, au service de l’homme
Mgr Follo recommandait ensuite : « L’éducation, basée sur le développement intégral de l’être et sur le caractère central de la personne, doit s’attacher à former l’homme dans toutes les dimensions de son être, somatique, psychique, morale, culturelle, politique, religieuse. L’éducation véritable n’a pas pour unique objectif de former des citoyens. Elle n’a pas non plus pour but de ne former que des hommes cultivés. L’éducation doit viser toujours plus, et former des personnes, libres et responsables, notamment en ce qui concerne le comportement en matière affective et sociale. «L’éducation consiste en effet à ce que l’homme devienne toujours plus homme, qu’il puisse “être” davantage et pas seulement qu’il puisse “avoir” davantage, et que par conséquent, à travers tout ce qu’il “a”, tout ce qu’il “possède”, il sache de plus en plus pleinement “être” homme », comme le rappelait ici même le Pape Jean-Paul II (Discours à l’UNESCO, 2 juin 1980) ».

Mgr Follo achevait son intervention sur cette citation : « Le Pape Benoît XVI assurait récemment que l’Église apportera «sa propre contribution au service de la communauté humaine, en éclairant, d’une manière sans cesse approfondie, la relation qui unit chaque homme au Créateur de toute vie et qui fonde la dignité inaliénable de chaque être humain, de sa conception à sa fin naturelle». C’est là sa vocation spécifique, au service de l’homme ».

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ZENIT Staff

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