UNESCO : l’éducation des jeunes en Afrique

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« L’étape de l’adolescence est celle du progrès » selon Mgr Follo

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ROME, Lundi 25 mai 2009 (ZENIT.org) – Mgr Follo suggère de centrer l’éducation des adolescents sur la culture des « vertus », car « cette étape de l’adolescence est celle du progrès », une « étape difficile dans l’éducation qui suppose des qualités d’accompagnement et de maîtrise de soi, sans oublier des qualités pédagogiques essentielles ». 

Voici le texte intégral de l’intervention de Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris, le 25 avril 2009, lors de la 181ème session du Conseil exécutif de l’UNESCO, lors du « débat thématique sur le point 46 » : « Le rôle de l’UNESCO en tant qu’organisation chef de file et coordinatrice des institutions partenaires de l’éducation pour tous (EPT), une importance particulière étant accordée aux progrès de l’EPT en Afrique » 

« La formation proposée pourrait être, suggère Mgr Follo, celle des vertus, ces dispositions habituelles et fermes à faire le bien. La vertu est cette capacité personnelle d’action, un pouvoir de progrès et de perfectionnement. La structuration se déploie et permet ainsi à l’adolescent d’entrer en fin de cycle dans l’âge adulte, celui de la maturité. Comme le souligne la Révélation chrétienne, il nous faut passer du commandement à la loi nouvelle qui n’est pas un fardeau, mais un chemin de croissance, de bonheur et de plénitude ». 

Voici un deuxième volet des interventions de Mgr Follo à l’UNESCO en avril dernier. Nous avons publié un premier volet le vendredi 8 mai, intitulé : « L’éducation et le rapprochement des cultures » à l’occasion la préparation de « l’Année internationale du rapprochement des cultures ». 
 

     Monsieur le président,

     Excellences,

     Mesdames, Messieurs, 

     Le Saint-Siège ne peut que se réjouir des progrès rapides obtenus, notamment en Afrique, pour l’éducation des jeunes. Il partage les mêmes préoccupations évoquées dans le point 46 de l’ordre du jour, à savoir qu’il faut poursuivre ces efforts pour les populations plus pauvres et plus défavorisées.

     La question est double : à la fois la formation d’enseignants, la mise en place des programmes, et des méthodes adaptées, et en même temps l’investissement auprès des familles, plus particulièrement des enfants et des adolescents que nous avons à rejoindre.

     Le rapport souligne également les inégalités entre les garçons et les filles.

     Le Saint-Siège souhaite dans cette courte intervention, insister sur deux points. 

     Tout d’abord l’importance de la structuration des enfants au niveau du primaire.

     La petite enfance est le temps des fondements. C’est l’apprentissage d’une « discipline de vie », fondée sur ces règles que sont les lois morales. Nous entendons par discipline, la relation du disciple au maître. Elle comporte une communication du savoir, mais aussi une formation de l’intelligence et de la volonté. Elle ne se ramène pas à un rapport de vouloirs régi par la force de l’autorité qui oblige.

     L’éducateur va se placer au service de la croissance. L’enfant doit intégrer les limites de certaines actions. La loi va donc le structurer. S’il ne reçoit pas cette première éducation, il se sent maître de la situation ; il va imposer sa loi ; c’est la source principale de la violence des jeunes que l’on connaît malheureusement ! L’enfant qui ne vit pas une relation de confiance, à qui on ne dit rien, se trouve seul ; il se ferme derrière des murs de peur et d’angoisse. Il peut perdre contact avec la réalité ; il ment pour vivre et parfois survivre. La seule vérité pour ces enfants est celle qu’ils inventent. Comme l’a écrit le pape Benoît XVI dans sa lettre au diocèse de Rome : « Une éducation qui se limiterait à fournir des notions et des informations, mais qui laisserait de côté la grande question concernant la vérité, surtout cette vérité qui peut servir de guide dans notre vie, serait une bien pauvre éducation » (Benoît XVI, lettre au diocèse de Rome, 21 janvier 2008).

     On comprend alors la déstructuration de certains jeunes qui conduit également à la violence comme on le voit dans nos pays développés.

     L’école, outre le savoir, est le premier lieu de la socialisation. On apprend à vivre en groupe, à respecter l’autre, à l’écouter, à partager… C’est aussi un lieu de formation à l’autonomie.

     Les Ecritures nous rappellent que la pédagogie divine commence par les commandements dont le premier est celui de l’amour. Les interdits comme les obligations sont donnés pour faire croître ce germe d’amour que tout être sans exception porte en lui. 

     L’entrée au collège correspond à l’âge de l’adolescence, deuxième étape de la formation intégrale du jeune. Le rapport montre que l’on doit faire des efforts pour que les élèves en fin de primaire aient accès aux études secondaires.

     Cette étape de l’adolescence est celle du progrès. Étape difficile dans l’éducation qui suppose des qualités d’accompagnement et de maîtrise de soi, sans oublier des qualités pédagogiques essentielles.

     Comme le disait le grand éducateur Don Bosco : « Il faut que non seulement les jeunes soient aimés, mais qu’ils se sachent aimés ». Le Saint Père s’adressant aux Salésiens a rappelé les besoins urgents de la jeunesse : « Les jeunes ont de profonds désirs d’une vie pleine, d’un amour authentique, d’une liberté constructive ; mais malheureusement leurs attentes sont souvent trahies et ils ne parviennent pas à les réaliser. Il est indispensable d’aider les jeunes à mettre en valeur les ressources qu’ils portent à l’intérieur d’eux-mêmes comme le dynamisme et le désir positif ; de les mettre au contact de propositions riches en humanité et en valeurs évangéliques ; de les pousser à s’insérer dans la société en y prenant une part active à travers le travail, la participation et l’engagement pour le bien commun ». (Benoît XVI, lettre au diocèse de Rome, 21 janvier 2008).

     La formation proposée pourrait être celle des vertus, ces dispositions habituelles et fermes à faire le bien. La vertu est cette capacité personnelle d’action, un pouvoir de progrès et de perfectionnement. La structuration se déploie et permet ainsi à l’adolescent d’entrer en fin de cycle dans l’âge adulte, celui de la maturité. Comme le souligne la Révélation chrétienne, il nous faut passer du commandement à la loi nouvelle qui n’est pas un fardeau, mais un chemin de croissance, de bonheur et de plénitude.

     C’est dire l’importance des études secondaires, car elles achèvent le processus de structuration. 

     Le second point que le Saint-Siège souhaite souligner est celui de la mixité. Dans les pays développés, nous sommes passés à la mixité et depuis, peu de réflexion sur cette expérience. Les changements ont été imposés par des besoins multiples, sans considération des besoins des jeunes.

     Osons affirmer la différence sexuelle qui suppose l’égalité des sexes et une formation différente au moins au niveau du collège. C’est pourquoi, nous ne pouvons qu’être en communion avec ce rapport qui rappelle que les filles ont beaucoup plus de difficultés à avoir accès à l’éducation et que le Saint Siège ne peut qu’encourager les efforts qui permettront cette égalité d’accès aux études.

     Repartant du livre de la Genèse, nous affirmons que la femme et l’homme ont des charismes complémentaires. Il y a un génie propre à la femme et un génie propre à l’homme, et ce n’est pas une question d’inégalité !

     L’homme est dans un rapport de production, temps de l’efficacité.

     La femme est, quant à elle, d
ans un rapport vital, temps des lentes et profondes maturations, temps de la fécondité.

     Les garçons et les filles ne vivent pas les mêmes rythmes.

     Il y a des valeurs plutôt masculines comme l’utopie, la création, la mesure, la médiation, la maîtrise ; et des valeurs féminines comme le réalisme, la présence, l’attention, la durée, la ténacité, la communication.

     Cela ne veut pas dire que ces valeurs sont le monopole de tel ou tel sexe, mais nous avons à développer en chacun ces valeurs et ensuite chaque sexe pourra apprendre de l’autre telle ou telle valeur. La pratique éducative doit favoriser l’accueil de l’identité sexuée afin que filles et garçons entrent dans leur vocation spécifique et apprennent à l’exprimer sincèrement.

     Une société, une culture qui ne donne pas accès à l’éducation aux filles, se prive de ces valeurs fondamentales. La Congrégation pour l’éducation catholique l’a redit autrement : « Dans le contexte de la mondialisation, il convient de former des sujets capables de respecter l’identité, la culture, l’histoire, les religions et surtout les souffrances et les besoins des autres, dans la conscience que ‘tous, nous sommes vraiment responsables de tous’ ». (Congrégation pour l’éducation catholique : éduquer ensemble dans l’école catholique, 8 septembre 2007 citant Jean-Paul II, lettre encyclique Sollicitudo rei socialis, n°38. Décembre 1987). 

     L’éducation a pour tâche essentielle de former des êtres libres. Trois critères caractérisent cette liberté :

Être capable de maintenir et de déployer ensemble, l’une par l’autre, la personnalité et l’ouverture à autrui. Être capable de maintenir et de déployer ensemble, l’une par l’autre, l’intériorité et l’extériorité. Être capable de maintenir et de déployer ensemble, l’un par l’autre, le « pour soi » et « le pour autrui ».

     Le Saint-Siège est heureux de participer à cette tâche merveilleuse, en partageant l’expérience de l’Église enseignante, fondée sur des traditions diverses, qui ont fait leurs preuves à des moments bien précis de l’histoire. 
 

© Mgr Francesco Follo, 2009

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ZENIT Staff

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