UNESCO : Incidence des changements climatiques dans les pays pauvres

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Le Saint-Siège demande une vraie prévention

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ROME, Vendredi 26 octobre 2007 (ZENIT.org) – « Concernant les changements climatiques, le Saint-Siège souhaite vivement que le débat scientifique se poursuive entre scientifiques sur ce sujet complexe, ainsi qu’entre les scientifiques et les Autorités civiles des différents pays du monde », a déclaré Mgr Follo, Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO, en faisant observer que « ce sont les pays pauvres qui supportent déjà les plus lourdes conséquences des phénomènes climatiques dus aux évolutions techniques, et qui risquent d’en souffrir toujours davantage ».

Voici le texte intégral de l’intervention de l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, Mgr Francesco Follo, lors de la session de la « Commission des Sciences naturelles et exactes » de la 34ème session de la Conférence générale de cet organisme, à Paris, le 25 octobre.

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs,

Le Saint-Siège s’intéresse à toutes les questions qui touchent à la planète, aux sciences naturelles et exactes, et au développement durable. Il se réjouit de l’initiative de monter une exposition sur la « Planète Terre : de l’espace au lieu ». Dans cette perspective, il est bon de noter les éléments suivants :

1 – Les enjeux d’une mise en place d’un développement durable (avec ses piliers, l’environnement, l’économie, le social mais aussi l’éthique) sont majeurs pour le XXIème siècle, tout en reconnaissant que l’organisation des politiques en ce domaine est très complexe. Tout cela requiert la mobilisation de tous les acteurs de la société. D’autre part, on ne peut parler de l’avenir de la planète sans faire explicitement référence à l’homme, centre de la création, et à l’humanité.

2 – Même si le monde réalise des progrès techniques qui permettent un développement plus économe en ressources naturelles, il faut d’abord envisager comment assurer aux huit milliards d’habitants, en 2050, un niveau de vie comparable à celui des habitants des pays développés, sans multiplier les risques d’un épuisement précipité des ressources naturelles, d’une pollution industrielle accrue et d’émissions de gaz à effet de serre, source de réchauffement de la Terre et de changement des climats. De plus, la destruction actuelle croissante de la forêt tropicale pour établir des cultures ou pour exploiter abusivement le bois fait disparaître des milieux naturels et des espèces vivantes, alors même que ces espaces nous offrent régulièrement de nouvelles substances ou des bases pour des médicaments.

C’est bien la prise de conscience de ces risques au niveau mondial qui a conduit à un consensus des chefs d’Etat au sommet de la Terre à Rio en 1992. Ils ont défini les normes d’un nouvel équilibre mondial basé sur l’idée d’un développement durable de l’humanité et de la planète, qui intègre l’économie, l’environnement, le social.

Pour un chrétien, la planète est le jardin créé par Dieu. Il est de la vocation de l’homme de «gérer» avec intelligence, sens de la responsabilité et respect le don de cette création. La planète Terre a été donnée par Dieu pour que tous les êtres humains puissent en tirer les fruits dont ils ont besoin pour vivre et que soit laissée à la génération suivante une planète habitable. C’est le principe fondamental de la destination universelle des biens. Tous les hommes doivent pouvoir en bénéficier de façon équitable et solidaire, comme l’a rappelé Sa Sainteté le Pape Benoît XVI lors d’un rassemblement de jeunes, à Lorette en Italie, le 2 septembre 2007.

3 – Concernant les changements climatiques, le Saint-Siège souhaite vivement que le débat scientifique se poursuive entre scientifiques sur ce sujet complexe, ainsi qu’entre les scientifiques et les Autorités civiles des différents pays du monde. De même, les recherches doivent se poursuivre et être soutenues dans la durée pour mieux anticiper les conséquences du réchauffement climatique dans toutes les régions du monde.

Nous ne pouvons pas oublier que ce sont les pays pauvres qui supportent déjà les plus lourdes conséquences des phénomènes climatiques dus aux évolutions techniques, et qui risquent d’en souffrir toujours davantage: aggravation de la sécheresse et même de la désertification pour certains pays d’Afrique, inondations des grands deltas en Afrique et en Asie du fait de la montée du niveau des mers, fonte des calottes glaciaires, etc.

Nous ne pouvons pas négliger la perspective selon laquelle la détérioration des conditions de survie dans certaines régions du monde pourrait amplifier les migrations. D’importants déplacements de population seraient de nature à accroître les difficultés, en modifiant gravement les grands équilibres géoéconomiques et géopolitiques. C’est donc un devoir de justice vis-à-vis des pays pauvres de mettre en œuvre, à l’échelle mondiale, des programmes importants de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement et ses conséquences. C’est aussi un devoir de justice pour la Communauté internationale d’aider ces pays à s’adapter aux conséquences dès maintenant prévisibles et sans doute en grande partie inévitables des changements climatiques, même si leur importance peut encore être limitée. C’est enfin un devoir de justice que les pays pauvres qui consomment le moins d’énergie et donc émettent le moins de gaz à effet de serre ne soient pas pénalisés par l’accroissement en demande d’énergie et que des programmes de développement leur permettent d’accéder au minimum vital en matière d’énergie.

4 – Tout cela invite à prendre des décisions, dans une attention particulière à l’homme et aux peuples de la terre, critère premier en matière d’environnement, avec le souci de donner aux hommes et aux familles de la terre une part des ressources qui leur permette de subvenir à leurs besoins et aux besoins de leurs proches. La perspective doit être non seulement à court terme, mais elle doit aussi pouvoir se penser à long terme, pour laisser aux générations futures une planète où il fait bon vivre. Il faut sans doute aussi envisager une meilleure gestion de la consommation d’énergie dans les pays développés, cherchant à promouvoir tout ce qui est énergie renouvelable, ce qui altère le moins l’environnement et les systèmes qui permettent le recyclage d’un certain nombre de produits et de substances, qui peuvent être transformés en énergies nouvelles. Pour ce faire, il convient tout d’abord que, dans un esprit de modération, les gens changent leurs habitudes, leurs modes de vie et de consommation, dans une attention à leur consommation énergétique et au recyclage des déchets. Il revient aux chercheurs, dont il faut saluer les efforts, de poursuivre leurs démarches, pour proposer d’éventuelles solutions nouvelles, à court, moyen ou long termes. De même, les Autorités des Nations sont appelées à mettre en œuvre des politiques audacieuses et courageuses en la matière, dans une concertation et une collaboration toujours plus intenses, et à se donner les moyens de leurs décisions. Puissent tous les pays accepter d’entrer dans cette perspective, pour sauver notre planète.

Je vous remercie, Monsieur le Président, de m’avoir donné la parole et je vous remercie tous de votre attention.

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ZENIT Staff

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