"Un Moyen-Orient sans Chrétiens d'Orient est une chose impossible"

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Le patriarche maronite Béchara Raï à l’UNESCO

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« Un Moyen-Orient sans Chrétiens d’Orient est une chose impossible », déclare le Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient à l’UNESCO, comme l’indique cette synthèse publié sur le site de l’UNESCO.

Paris, 25 avril – Le Cardinal Béchara Boutros Raï, Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, a rencontré la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, à l’occasion d’une conférence sur « La présence chrétienne au Moyen-Orient et son rôle dans la promotion de la culture de la paix », en présence du corps diplomatique de l’UNESCO, de S. E. Monsieur Khalil Karam, ambassadeur Délégué permanent du Liban auprès de l’UNESCO et de nombreux représentants de la communauté libanaise à Paris.

Au cours de la rencontre bilatérale avec la Directrice générale, le Cardinal Béchara Boutros Raï a souligné se profonde inquiétude quant à la situation des Chrétiens d’Orient. Faisant référence aux nombreux conflits dans la région arabe, Son Eminence, a déclaré que « la culture devient de plus en plus une arme de guerre, au nom d’une interprétation dévoyée de la religion. La bilatérale a permis un échange de vues sur un constat préoccupant, celui du retrait de l’esprit humain au profit de la guerre. » Se référant au contexte actuel, il a mis en avant l’accent porté sur les politiques économiques, sécuritaires et militaires au détriment de « la modération et de l’esprit humain ». « La référence doit rester l’être humain au nom même des valeurs qui nous unissent ». Le Patriarche a également mentionné la situation que connaît le Liban, dont la population totale de 4 millions d’habitants compte 2 millions de réfugiés. « Il faut absolument parler de paix par rapport à la situation présente et permettre aux réfugiés d’envisager le retour à leurs terres », a notamment déclaré le Patriarche. 

La Directrice générale a quant à elle souligné le rôle central de l’UNESCO dans le débat d’idées et le rapprochement des cultures, en insistant sur l’importance que s’élèvent les voix de leaders religieux, qui jouissent d’une autorité spirituelle incontestable en matière de dialogue interreligieux et interculturel. A l’issue de la rencontre, le Patriarche a remis à la Directrice générale la médaille symbole du Patriarcat maronite.

Le Patriarche s’est ensuite exprimé face à une large assemblée au cours de laquelle il a souligné la nécessité de protéger les Chrétiens d’Orient face à la montée des extrémismes. 

Ouvrant la conférence, le Président du Conseil exécutif de l’UNESCO, S. Exc. Mohammed Sameh Amr, a souligné le fait que « la culture est le moyen par lequel nous interagissons les uns avec les autres », et qu’il ne saurait « y avoir de paix sans culture ». Il a en outre ajouté que « dans nos sociétés de plus en plus multiculturelles, il est crucial d’assurer l’interaction harmonieuse entre les cultures et de célébrer la richesse de notre diversité dans l’esprit de la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle ». 

S. Exc. l’Ambassadeur Karam a pour sa part insisté sur la présence millénaire des chrétiens au Moyen-Orient. Il a également indiqué que cette visite du Patriarche à l’UNESCO, à l’occasion du 70ème anniversaire de l’Organisation, se voulait porteuse d’un message fort d’espérance.

La Directrice générale a déclaré dans son intervention que « l’UNESCO porte en elle l’intime conviction que chaque femme, chaque homme, chaque enfant, est une chance pour la paix et pour le dialogue, s’il grandit dans le respect des cultures et des droits humains, s’il connaît la diversité des peuples pour mieux les comprendre. »

« Contre les artisans de la haine, qui cherchent à dresser les communautés les unes contre les autres, en détournant le message des religions et de l’histoire, nous pouvons aussi offrir un autre message. Nous devons dire que le dialogue des cultures existe, que nos destins sont liés, que les civilisations se sont toujours enrichies au contact des autres – parfois dans la douleur, mais le plus souvent, par le commerce, par le dialogue, dans la paix » a poursuivi Irina Bokova.   

Dans son intervention, le Patriarche a souligné la nécessité de sauvegarder la présence chrétienne dans la région, à l’heure où celle-ci est prise pour cible dans plusieurs pays. « Je viens témoigner ici de l’immense et indicible douleur de ceux qu’on a persécutés pour leur foi, de ceux dont on a insulté l’identité » a déclaré le Patriarche, en lançant un appel et « en prêtant sa voix à ceux à qui on a retiré la voix ».

« L’exode des Chrétiens de leur pays d’origine à cause des guerres, des conflits, des crises économiques, et parfois des persécutions, fait perdre au Proche-Orient d’irremplaçables artisans de paix et de développement. Il affaiblira aussi le rôle des Musulmans modérés qui constituent jusqu’à présent la grande majorités des Musulmans du Proche-Orient » a poursuivi le Patriarche.

Le Cardinal Boutros Raï a ensuite ajouté que « sur les plans social et humanitaire, nous arrivons actuellement à une situation dramatique, avec des millions de victimes et des personnes déplacées dans les différents pays de la région. Cette situation ne trouvera de solution qu’avec la solidarité de la communauté internationale et son intervention efficace pour arrêter les guerres, imposer le retour des déplacés dans leurs pays, leurs régions, et la récupération de tous leurs bien et leurs droits ».

Le Patriarche a félicité la Directrice générale pour les programmes d’éducation que l’Organisation effectue auprès des jeunes déplacés ainsi que pour les mesures prises en faveur de la protection des sites de patrimoine menacés.

« Les menaces ont changé depuis 1945 mais leur nature reste la même : les idéologies prônant l’exclusion, le nettoyage ethnique et culturel, le racisme, la discrimination et la violence… Nous devons réinventer des manières de construire la paix », a-t-elle ajouté avant de rappeler les efforts consentis par le Liban pour accueillir au cours des mois passés des centaines de milliers de réfugiés fuyant les conflits qui font rage dans les pays voisins.

A l’issue de la conférence, la Directrice générale a remis au Patriarche la médaille du 70e anniversaire de l’UNESCO, symbole de paix et de tolérance.

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ZENIT Staff

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