Un mois avec sainte Hildegarde de Bingen, docteur de l'Eglise

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« Hildegarde de Bingen, Prophète et docteur pour le troisième millénaire », par P. Dumoulin

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Nathalie et Stéphane Béchennec ont bien voulu préparer pour les lecteurs de Zenit une sélection de 30 citations du livre de Pierre Dumoulin « Hildegarde de Bingen, Prophète et docteur pour le troisième millénaire » (éd. des Béatitudes, 2012). Qu’ils en soient vivement remerciés, ainsi que l’éditeur pour son aimable autorisation de reproduire ces extraits pendant tout le mois de novembre. Mais pourquoi Hildegarde?

Il suffira de rappeler que le pape Benoît XVI avait voulu ouvrir les travaux du synode des évêques pour la Nouvelle évangélisation, le 7 octobre 2012, sous le signe de celle qu’il proclamait alors « docteur de l’Eglise », en indiquant ainsi l’actualité de son enseignement pour le Troisième millénaire chrétien.

A cette occasion, il a expliqué le sens de son geste en soulignant que sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179), bénédictine allemande a « offert sa précieuse contribution pour la croissance de l’Église de son temps, en valorisant les dons reçus de Dieu et en se montrant comme une femme d’une intelligence vivace, d’une sensibilité profonde et d’une autorité spirituelle. Le Seigneur l’a dotée d’un esprit prophétique et d’une fervente capacité à discerner les signes des temps. Hildegarde a nourri un amour prononcé pour la création ; elle a pratiqué la médecine, la poésie et la musique. Et surtout, elle a toujours conservé un amour grand et fidèle pour le Christ et pour son Église ».

Il avait déjà cité Hildegarde à propos de la pédophilie de certains prêtres, dans un discours à la curie romaine, le 20 décembre 2010. Voici ce long passage d’une vision où l’on pourrait se perdre, mais le pape livre ensuite son interprétation, en actualisant le sens du texte : « Il m’est venu à l’esprit une vision de sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179) qui décrit de façon bouleversante ce que nous avons vécu cette année. « En 1170 après la naissance du Christ, j’étais pendant un long temps malade au lit. Alors, physiquement et mentalement éveillée, je vis une femme d’une beauté telle que l’esprit humain n’est pas capable de comprendre. Sa figure se dressait de la terre jusqu’au ciel. Son visage brillait d’une splendeur sublime. Son regard était dirigé vers le ciel. Elle était vêtue d’un vêtement lumineux et resplendissant de soie blanche et d’un manteau garni de pierres précieuses. Aux pieds elle portait des souliers d’onyx. Mais son visage était couvert de poussière, son vêtement était déchiré du côté droit. Le manteau aussi avait perdu sa beauté singulière et ses chaussures étaient souillées sur le dessus. D’une voix haute et plaintive, la femme cria vers le ciel : ‘Écoute, ô ciel : mon visage est sali ! Afflige-toi, ô terre : mon vêtement est déchiré ! Tremble, ô abîme : mes chaussures sont souillées !’ Et elle poursuivit : ‘J’étais cachée dans le cœur du Père, jusqu’à ce que le Fils de l’homme, conçu et engendré dans la virginité, répandit son sang. Avec ce sang, comme sa dot, il m’a prise comme son épouse. Les stigmates de mon époux demeurent frais et ouverts, tant que sont ouvertes les blessures des péchés des hommes. Justement le fait que les blessures du Christ restent ouvertes est la faute des prêtres. Ils déchirent mon vêtement puisqu’ils sont transgresseurs de la Loi, de l’Évangile et de leur devoir sacerdotal. Ils enlèvent la splendeur à mon manteau, parce qu’ils négligent totalement les règles qui leur sont imposées. Ils souillent mes chaussures, parce qu’ils ne marchent pas sur les droits chemins, c’est-à-dire sur les durs et exigeants chemins de la justice, et ils ne donnent pas aussi un bon exemple à ceux qui leur sont soumis. Toutefois je trouve en certains la splendeur de la vérité’. Et j’entendis une voix du ciel qui disait : ‘Cette image représente l’Église. C’est pourquoi, ô être humain qui vois tout cela et qui écoutes les paroles de plainte, annonce-le aux prêtres qui sont destinés à la conduite et à l’instruction du peuple de Dieu et auxquels, comme aux Apôtres, il a été dit :  » Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création « ’ (Mc 16, 15) » (Lettre à Werner von Kirchheim et à sa communauté sacerdotale : PL 197, 269ss). »

Le pape Benoît XVI a ensuite commenté cette vision de celle qu’il s’apprêtait à proclamer docteur de l’Eglise deux ans plus tard : « Dans la vision de sainte Hildegarde, le visage de l’Église est couvert de poussière, et c’est ainsi que nous l’avons vu. Son vêtement est déchiré – par la faute des prêtres. Ainsi comme elle l’a vu et exprimé, nous l’avons vu cette année. Nous devons accueillir cette humiliation comme une exhortation à la vérité et un appel au renouvellement. Seule la vérité sauve ».

Le 7 octobre 2012, Benoît XVI a de nouveau affirmé que cette vision « pousse à considérer avec humilité la fragilité de tant de chrétiens, ou plutôt leur péché – personnel et communautaire – qui représente un grand obstacle pour l’évangélisation, et à reconnaître la force de Dieu qui, dans la foi, rencontre la faiblesse humaine. ».

« On ne peut pas parler de la nouvelle évangélisation sans une disposition sincère de conversion. Se laisser réconcilier avec Dieu et avec le prochain (cf. 2 Co5, 20) est la voie royale pour la nouvelle évangélisation », a conclu le pape Benoît XVI lors de l’ouverture de ce synode sur la Nouvelle évangélisation.

Le pape émérite avait donné un autre docteur à l’Eglise ce même 7 octobre 2012: saint Jean d’Avila (1499-1569) : un « profond connaisseur des Saintes Ecritures », le pape a dit  qu’ « il était doté d’un ardent esprit missionnaire ».

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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