Un évêque canadien accusé de pédopornographie

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Lettre de son successeur, Mgr Anthony Mancini

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ROME, Jeudi 8 octobre 2009 (ZENIT.org) – L’Eglise a exprimé sa consternation et demandé une enquête afin que toute la vérité soit faite concernant Mgr Raymond John Lahey, évêque canadien accusé de posséder du matériel de pornographie infantile.

Le pape a accepté sa démission du gouvernement pastoral du diocèse de Antigonish, le 26 septembre dernier.

Nous publions ci-dessous la lettre que l’administrateur apostolique actuellement à la tête du diocèse, Mgr Anthony Mancini, évêque de Halifax, a adressée aux catholiques de toute la province de Nouvelle Ecosse.

« J’ai pleuré et j’ai crié en silence, écrit-il. C’était peut-être cela ma prière à Dieu : pourquoi, Seigneur ? Qu’est-ce que tout cela signifie ? Que nous demandes-tu, à moi et à mes prêtres ? Que veux-tu voir se réaliser dans ton peuple ? Est-ce que tout cela est un moment de purification, ou est-ce uniquement la dévastation ? Est-ce que ton peuple fidèle va cesser de croire ? Va-t-il cesser d’être un peuple de croyants ? Seigneur, que nous demandes-tu ? Et comment pouvons-nous faire que cela arrive ? » s’interroge-t-il.

* * *

ARCHDIOCESE OF HALIFAX
P.O. BOX 1527 HALIFAX N.S. B3J 2Y3

Le 2 octobre 2009

Aux Fidèles Catholiques Romains de la Nouvelle-Écosse Salut et paix !

Ces derniers jours on m’a demandé à maintes reprises : Quel message avez-vous pour les paroissiens, les prêtres, les jeunes et les communauté de fidèles qui forment notre Église en Nouvelle Écosse ? Qu’avez-vous à dire aux victimes d’abus sexuels alors que nous nous débattons dans la mêlée d’incroyables révélations et surtout devant la possibilité d’allégations de possibles comportements sexuels de nature criminelle totalement inacceptables ?
Ce que je veux tout d’abord dire c’est ceci : « Assez, c’est assez! » Pouvons-nous en prendre davantage ? Tout comme vous, j’ai le cœur brisé, je suis confus, mon corps même me fait mal, j’ai traversé des sentiments de toutes sortes allant de la honte à la frustration, j’ai ressenti la peur et la déception en même temps qu’une conscience d’une réelle vulnérabilité et une immense pauvreté intérieure. J’ai pleuré et j’ai crié en silence. C’était peut-être cela ma prière à Dieu : pourquoi, Seigneur ? Qu’est-ce que tout cela signifie ? Que nous demandes-tu, à moi et à mes prêtres ? Que veux-tu voir se réaliser dans ton peuple ?
Est-ce que tout cela est un moment de purification, ou est-ce uniquement la dévastation ? Est-ce que ton peuple fidèle va cesser de croire ? Va-t-il cesser d’être un peuple de croyants ? Seigneur, que nous demandes-tu ? Et comment pouvons-nous faire que cela arrive ?
Les questions qui m’habitent sont nombreuses. Mais c’est dans ma rencontre privée avec Ron Martin dans la Chapelle du Saint Sacrement de l’église Notre-Dame de Fatima à Sydney River que la Parole de Dieu inscrite sur une tapisserie m’a apporté une réponse : « Calme-toi et sache que je suis Dieu ». Cette Parole, je souhaite que chacun et chacune puissent l’accueillir et la méditer, elle est une parole apaisante dans la tempête, elle nous aide à nous recentrer, non pas sur l’échec, la honte, la déception et la colère, mais sur l’expérience de la présence de Dieu – si seulement nous pouvons nous arrêter et nous calmer.
J’ai réalisé au cours des derniers jours que beaucoup d’entre nous faisons l’expérience de la pleine réalité du fait que notre foi est un mystère. Nous faisons l’expérience personnelle de la passion et de la mort que le Christ lui-même a vécues, mais nous ne sommes pas encore relevés de cette mort pour vivre la résurrection. C’est comme si nous nous sentons encore enfermés dans un sombre tombeau attendant que la puissance de l’Esprit de Dieu vienne nous prendre et nous emmener vers un jour nouveau et un avenir nouveau.

C’est à cet Esprit de Dieu, le Saint Esprit, que nous devons ouvrir nos cœurs – parce que c’est seulement l’Esprit Saint qui peut nous libérer des esprits malsains qui nous assaillent à ce moment-ci.
Notre foi en Jésus Christ est une réponse du cœur – un cœur qui a déjà fait l’expérience du don de guérison que sont la miséricorde et le pardon. À ce moment où tant de cœurs sont brisés, nous avons besoin de comprendre encore une fois – ou pour la première fois – ce pouvoir de guérison qui vient de l’amour de Dieu. Une telle grâce de guérison ne pourra nous être donnée que si ensemble nous partageons notre foi et notre conviction qu’en dépit de toutes sortes de péchés, la miséricorde est plus forte que la colère, le pardon plus puissant que le rejet et la réconciliation plus transformante que la dévastation spirituelle, et que ces attitudes nous ouvrent à de nouvelles perspectives de vie.
Parce que nous demeurons un peuple de croyants, que ceux et celles qui le peuvent se rassemblent pour continuer de proclamer l’amour du Christ. Et puissions-nous trouver dans notre foi la base sur laquelle notre Église peut se rétablir, pas pour se voir comme une société parfaite pour les purs seulement, mais une assemblée de personnes humaines pardonnées et relevées parce que nos cœurs guéris seront devenus Eucharistiques.
Si notre Église doit survivre à notre épreuve actuelle, si nous voulons espérer qu’elle connaisse un avenir significatif, nous devons apprendre quelques leçons des luttes auxquelles les dernières années nous ont confrontés. Une de ces leçons c’est que tous nous puissions mieux comprendre la personne humaine dans tout ce qui la constitue. Le peuple, les prêtres, les évêques : tous nous sommes humains, et si nous ignorons cela et n’en tenons pas compte, nous continuerons d’avoir des attentes inhumaines qui produiront des comportements inhumains. Une autre leçon est le fait que l’échec d’un leadership pastoral a quelque chose à voir avec une mauvaise compréhension des différents rapports interpersonnels nécessaires pour garder la communauté des croyants unie. Les évêques, les prêtres, les diacres, les agents de pastorale laïques ne sont pas des surhommes ou des êtres supérieurs; le leadership dans le peuple de Dieu n’a rien à voir avec le pouvoir, c’est « prendre soin » du peuple des croyants.
Nous avons beaucoup à faire dans plusieurs domaines de notre agir si nous voulons aller de l’avant. Quelques actions peuvent être entreprises maintenant, d’autres prendront plus de temps. Pour le moment, regardons ensemble la crise actuelle; essayons de trouver l’attitude qu’il faut pour rebâtir peu à peu nos rapports mutuels et notre capacité de nous faire confiance et de nous soucier les uns des autres.
Pour y arriver, nous pouvons commencer par nous placer sereinement devant Dieu et ensuite nous tourner vers une autre personne pour l’accepter et l’aimer. Que le Dieu de la paix et l’Esprit qui donne vie nous bénisse tous, et que la personne du Christ Jésus soit le fondement de nos vies.

Dans le Christ,
Mgr Anthony Mancini Archevêque d’Halifax Administrateur apostolique de Yarmouth et Administrateur apostolique d’Antigonish.

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ZENIT Staff

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