CITE DU VATICAN, Jeudi 17 janvier 2002 (ZENIT.org) – « Le peuple juif et ses Saintes Ecritures dans la Bible chrétienne », ce récent document de la Commission biblique pontifical sera utile, estime le cardinal Ratzinger « au progrès du dialogue judéo-chrétien » et aussi « à la formation intérieure de la conscience chrétienne ».
La XIIIe « Journée du Judaïsme », qui se célèbre aujourd´hui dans l´Eglise d´Italie, est l´occasion pour les media de la péninsule d´évoquer le récent document de la Commission biblique pontificale: « Le peuple juif et ses Saintes Ecritures dans la Bible chrétienne ».
Ce document a été publié en italien par la « Liberia Editrice Vaticana » (00120 – Città del Vaticano – Europe – fax: +39 06 69 88 47 16). Le volume compte 213 pages et 87 « paragraphes ». Rappelons que la Commission est placée sous l´autorité de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et donc de son préfet, le cardinal Joseph Ratzinger, auteur de la Préface.
Le volume se présente en trois parties: 1. Les Saintes Ecritures du peuple juif, partie fondamentale de la Bible; 2. Thèmes fondamentaux des Ecritures du peuple juif et leur accueil dans la foi dans le Christ; 3. Les Juifs dans le Nouveau Testament (pour le détail, voir ci-dessous, table des matières).
« Je pense que ces analyses, affirme le cardinal, seront utiles pour le progrès du dialogue judéo-chrétien, mais aussi pour la formation intérieure de la conscience chrétienne ».
Dans sa préface, le cardinal Joseph Ratzinger replace le document dans le contexte d´après la Shoah.
Le document souligne le cardinal, « affirme que la lecture juive de la Bible « est une lecture possible qui est en continuité avec les saintes Ecritures juives de l´époque du second temple et est analogue à la lecture chrétienne qui s´est développée en parallèle » (n. 22).
Le document ajoute, continue le cardinal Ratzinger, que les chrétiens « peuvent apprendre beaucoup de l´exégèse juive pratiquée pendant 2000 ans ». Et à leur tour « les chrétiens espèrent que les Juifs puissent utiliser les progrès de l´exégèse chrétienne ».
Le cardinal souligne comme une erreur du passé le fait d´avoir insisté sur la « discontinuité » entre lecture juive et lecture chrétienne de l´Ecriture. Autre erreur: avoir pris comme « prétexte pour l´anti-judaïsme », les « reproches » que la Bible chrétienne adresse aux « Juifs ».
« De la question de la présentation des Juifs dans le Nouveau Testament s´occupe la dernière partie du document dans laquelle sont soigneusement examinés les textes « anti-judaïques » « , explique le cardinal Ratzinger.
» Je voudrais souligner une intuition qui m´apparaît particulièrement importante, ajoute le cardinal. Le document montre que les reproches adressés dans le Nouveau Testament aux Juifs ne sont pas plus fréquents ni plus âpres que les accusations contre Israël dans la Loi et dans les Prophètes, donc à l´intérieur même de l´Ancien Testament. Ils appartiennent au langage prophétique de l´Ancien Testament et ils doivent par conséquent être interprétés comme les paroles des prophètes. Ils mettent en garde contre des déviations présentes, mais qui par nature sont toujours temporaires, et présupposent donc aussi des possibilités toujours nouvelles de salut ».
<br> La Commission pontificale met ainsi en lumière de la « force » des « liens spirituels qui unissent l´Eglise du Christ au Peuple juif ».
Et ceci vaut aussi pour des sujets comme le « Messie », et ce qui concerne l´attente « eschatologique », l´espérance des « derniers temps »: « L´attente messianique juive n´est pas vaine, souligne le document. Elle peut devenir pour nous un fort stimulant pour maintenir vivante la dimension eschatologique de notre foi. Nous aussi, comme eux, nous vivons dans l´attente. La différence vient du fait que pour nous Celui qui viendra aura les traits de ce Jésus qui est déjà venu et qui est déjà présent et actif au milieu de nous ».
Le document « espère favoriser dans l´Eglise du Christ l´amour envers les Juifs », après les « crimes abominables » qu´ils ont souffert pendant la seconde guerre mondiale.
Il affirme qu´à la « lumière des Ecritures, la rupture entre l´Eglise du Christ et le peuple juif n´aurait pas dû exister ».
« La Commission biblique espère, commente aujourd´hui Radio Vatican, faire avancer le dialogue entre chrétiens et juifs dans la clarté, l´estime et affection réciproque ».
La réaction de la communauté juive italienne à la publication de ce document est positive. Le Grand rabbin de Florence, Joseph Levi, salue en particulier cette volonté de reconnaître la « dignité » de la lecture juive de la Bible.
On remarquera que ce document s´inscrit dans la ligne du document conciliaire sur la « Révélation divine » (« Dei Verbum ») sur l´Ecriture et la tradition (Cf. l´analyse du cardinal Henri de Lubac: « La Révélation divine » éd. du Cerf, et « L´Ecriture dans la tradition », éd. Aubier) et de la déclaration les relations avec les religions non-chrétiennes, « Nostra Aetate ».
Il prolonge aussi la réflexion de la Commission biblique pontificale « L´interprétation de la Bible dans l´Eglise » (1993) qui mentionnait parmi les différentes méthodes de lecture de l´Ecriture « l´approche recourant aux tradition de l´interprétation juive » et indiquait les caractéristiques d´une lecture catholique de la Bible.
