"Un Concile qui continue", présentation par le card. Etchegaray

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« Chronique, bilan, perspectives de Vatican II » par G. F. Svidercoschi

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CITE DU VATICAN, Vendredi 14 juin 2002 (ZENIT.org) – « Le concile Vatican II reste l´événement fondamental de l´Eglise contemporaine et il faut sans cesse revenir à cette source », affirme le cardinal Etchegaray lors de la présentation du livre: « Un Concile qui continue ».

Le cardinal Roger Etchegaray, président émérite des conseils pontificaux Justice et Paix et Cor Unum et du Comité du Grand Jubilé, a participé, le 12 juin à Radio Vatican à la présentation du livre du vaticaniste italien Gian Franco Svidercoschi: « Un concile qui continue. Chronique, bilan, perspectives de Vatican II » (avec post-face du cardinal Roberto Tucci, 182 pages, Ancora, Milan 2002, 14 Euros). Journaliste depuis 1949, Gian Franco Svidescoschi a publié de nombreux volumes dont « L´ami juif du pape » (Mondadori 1993) et « Histoire de Karol » (Ancora 2001).

L´auteur a couvert toute l´actualité du concile comme journaliste depuis son ouverture le 11 octobre 1962 et jusqu´à son application tout au long du pontificat actuel. Le livre est de lecture agréable, et facile, sans jamais être pour autant « superficiel », soulignait le cardinal Roberto Tucci lors de cette présentation. Il « raconte » le concile, et transmet ainsi un témoignage important en particulier pour la génération des JMJ qui ne l´a pas connu! Il présente aussi de manière profonde chaque document du concile. Il montre comment le Grand Jubilé a été un fruit du Concile.

Le cardinal Etchegaray, « cardinal du Jubilé », mais aussi expert au concile dès les premiers jours, chargé de la communication entre les épiscopats, a évoqué « l´après » concile, le cardinal Tucci venait de présenter ses propres souvenirs du Concile: il était alors jeune directeur de la « Civilta Cattolica », la revue des Jésuites italiens. Nous avons recueilli au vol les propos du cardinal français.

« Le Père Tucci – je dis toujours « Père » – a dit que nous étions deux anciens combattants, remarquait le cardinal Etchegaray. Le mot « combat » n´est pas trop fort: au-delà du débat, les affrontements ont été très forts. Nous avons vécu ce combat, ensemble, en syntonie, dans une autre langue ».

A propos du nouveau livre, le cardinal disait d´emblée: « J´ai beaucoup aimé le livre de Gian Franco Svidercoschi sur le concile. Il attire par la force de cette idée qui l´habite dans sa simplicité et son actualité: un concile qui continue! Derrière l´apparente banalité, l´idée originale qui s´exprime fortement est que le concile Vatican II, c´est l´actualité! Quarante ans après son ouverture, nous nous trouvons à la charnière cruciale de ce qu’a été le concile et de ce qu´il est, entre ses pères et ses fils. Rares sont ceux qui aujourd´hui peuvent parler ainsi un pied dans le passé et un pied dans le présent ».

« Karol Wojtyla est l´un des rares évêques, continue le cardinal Etchegaray, à avoir survécu. « Fils du concile » (c´est le titre d´un chapitre du livre, I, ch. 4, ndlr)il est aussi un acteur, un artisan de ce concile. Il était alors évêque auxiliaire de Cracovie. Moi-même j´appartiens à la troupe décimée des experts. Il est difficile de parler de l´événement à commencer par le fait qu´il faut l´avoir vécu de l´intérieur : il y a là quelque chose d´incommunicable. C´est une expérience spirituelle qui a été pour nous extraordinaire ».

Un bilan?, interroge le cardinal: cela a déjà été tenté: cinq ans après, dix ans, vingt ans. « Jean-Paul II a lui-même convoqué un synode extraordinaire en 1985 pour ce bilan, vingt ans après: le concile Vatican II reste l´événement fondamental de l´Eglise contemporaine et il faut sans cesse revenir à cette source. Le pape le fait lui-même. Dans Tertio Millennio Adveniente, pour la préparation du grand Jubilé, Jean-Paul II établit le lien entre le concile et le Jubilé au n. 20 (10 novembre 1994, ndlr). Il y souligne que la meilleure préparation au Jubilé est de prendre conscience de ce qu´a été le concile. La concile a continué dans les temps forts de préparation et du déroulement du Grand Jubilé ».

Jean-Paul II dit en effet dans ce paragraphe 20 de TMA: « La meilleure préparation de l´échéance bimillénaire ne pourra donc que s´exprimer par un engagement renouvelé d´appliquer, autant que possible fidèlement, l´enseignement de Vatican II à la vie de chacun et de toute l´Église. Avec le Concile a été comme inaugurée la préparation immédiate du grand Jubilé de l´An 2000, au sens le plus large du terme. Si nous cherchons quelque chose d´analogue dans la liturgie, on pourrait dire que la liturgie de l´Avent qui revient chaque année est la plus proche de l´esprit du Concile ».

Au cours du Jubilé, le cardinal rappelle que Jean-Paul II a voulu un colloque sur le Concile Vatican II et sa mise en oeuvre (25-27 février 2000), et il a été préparé en particulier avec l´aide de Mgr Joseph Doré, depuis nommé archevêque de Strasbourg et de Mgr Rino Fisichella, devenu recteur de l´Université du Latran.

Mais le pape évoque aussi le concile dans Tertio Millennio Ineunte (du 6 janvier 2001), au paragraphe 57: « Chers frères et sœurs, quelles richesses le Concile Vatican II ne nous a-t-il pas données dans ses orientations! C´est pourquoi, en préparation au grand Jubilé, j´avais demandé que l´Église s´interroge sur la réception du Concile. Cela a-t-il été fait? Le Congrès qui a eu lieu au Vatican a été un moment de cette réflexion, et je souhaite qu´il en ait été de même, d´une manière ou d´une autre, dans toutes les Églises particulières. À mesure que passent les années, ces textes ne perdent rien de leur valeur ni de leur éclat. Il est nécessaire qu´ils soient lus de manière appropriée, qu´ils soient connus et assimilés, comme des textes qualifiés et normatifs du Magistère, à l´intérieur de la Tradition de l´Église. Alors que le Jubilé est achevé, je sens plus que jamais le devoir d´indiquer le Concile comme la grande grâce dont l´Église a bénéficié au vingtième siècle: il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence ».

« Le pape n´hésite pas à écrire: « une boussole fiable », commente le cardinal Etchegaray. Cela mériterait d´être réfléchi. L´image de la boussole est expressive pour une Eglise envoyée au grand large. Une boussole, on sait ce que c´est en temps de brume! Je reviens d´une croisière sur l´Adriatique (pour le symposium sur l´environnement organisé par le Patriarche de Constantinople, ndlr). A une heure où le concile paraît s´éloigner à l´horizon, le seul chemin praticable pour l´Eglise est d´être centrée sur lui plus profondément, plus fidèlement, d´avancer au large à partir de la lettre et de l´esprit du concile, saisis ensemble: on a souvent trop opposé la lettre et l´esprit du concile. Il s´agit de vérifier aujourd´hui la réception de Vatican II, et cela nous place sur une ligne de départ, autant que sur une ligne d´arrivée. Le temps qui nous sépare du concile et de ses remous nous invite à approfondir encore davantage et peut-être autrement la grâce de Vatican II « .

Le cardinal Etchegaray rappelle qu´il a été, pendant quatorze ans, archevêque de Marseille où il a essayé de « s´inspirer de Vatican II ». Il s´interroge: « Comment vit l´Eglise après le concile? Elle vit du concile. Beaucoup est heureusement passé dans les veines de l´Eglise ». Il évoque les renouveaux biblique, liturgique, oecuménique, etc. le cardinal ose l´expression « conscience conciliaire ». Les chrétiens en vivent « peut-être même sans trop le savoir », constate le cardinal français: « ils peuvent se considérer comme fils du concile ». Mais la réception du concile ne s´est pas faite, ajoute-t-il, sans une « crise d´adolescence » et « beaucoup reste à faire pour purifier », pour permettre aux enseignements du concile de « couler de façon plus fluide dans la vie quotidienne de l´
Eglise ».

« On ne réalise pas, continue le cardinal Etchegaray, ce qu´a été le concile dans la vie de l´Eglise. Ex absurdo on peut se demander aussi ce qu´aurait été l´Eglise sans le concile! » Il cite l´exemple des synodes diocésains et de leur rôle dans le réveil des Eglises locales, comme par exemple le synode du diocèse de Cracovie que le cardinal Wojtyla est revenu clôturer en 1979 après son élection comme pape.

« L´Eglise a dans son héritage le concile avec les ressources pour faire face aux défis du monde d´aujourd´hui », conclut le cardinal Etchegaray. Il citait à ce propos les trois axes indiqués par Paul VI dans « Ecclesiam Suan », avant même la fin du concile: « l´Eglise invitée à approfondir la conscience d´elle-même, l´Eglise qui se renouvelle, et l´Eglise qui se donne au monde dans le dialogue ». « Le dialogue dans le monde, explique le cardinal Etchegaray, entraîne la plus salutaire des provocations. Pour être signe de salut parmi les Nations, l´Eglise doit être un signe visible, lisible, qui se comprend. Il en va de l´intelligibilité et de la crédibilité de l´Evangile: une hantise des débats conciliaires! Plus l´Eglise épouse son temps, plus elle doit faire émerger sa figure originale. Aller le plus loin possible, relever le défi d´aller toujours plus loin en gardant sa figure authentique: l´Eglise n´a « ni or ni argent » à donner, mais elle dit à l´homme d´aujourd´hui (c´est ce qu´attend l´homme moderne): « Lève-toi et marche ». Elle est pérégrinante à l´âge nucléaire de Goliath, mais sa besace, comme dans celle du petit David, est remplie de ses petits cailloux polis par l´Esprit Saint ».

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ZENIT Staff

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