Un cistercien alsacien proclamé "Juste parmi les Nations"

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 » Ils nous ont dit oui tout de suite »

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CITE DU VATICAN, Mardi 8 octobre 2002 (ZENIT.org) – L’abbé cistercien, originaire de Strasbourg, Marie Léon Ehrhard, de l’abbaye romaine de Trois Fontaines, a été proclamé à titre posthume par l’ambassade d’Israël comme un « Juste parmi les Nations », annonce Radio Vatican.  » Ils nous ont dit oui tout de suite », se souvient un survivant venu frapper à la porte de l’abbaye.

Le 16 octobre 1943, les troupes nazies commencèrent les rafles dans le ghetto de Rome. Parmi les lumières qui s’allumèrent dans les ténèbres, l’action de Marie Léon Ehrhard, trappiste, abbé de Trois Fontaines, auquel ce matin à Rome le conseiller de l’ambassade israélienne, Shai Cohen, a conféré la médaille de « Juste parmi les Nations ».

Son nom prendra place sur le Mur de l’Honneur du Jardin des Justes au mémorial de Yad VaShem, à Jérusalem, où Jean-Paul II a ravivé la flamme du souvenir, le 23 mai 2000.

Originaire de Strasbourg, il avait fait son service militaire dans l’armée allemande, avant d’entrer chez les Trappistes en 1891. En 1910, il était abbé à Trois Fontaines, à Rome. Les principaux travaux des moines consistaient à cultiver la terre et élever du bétail.

C’est à ces tâches que furent employés, jusqu’à la libération de Rome, le 5 juin 1944, les opposant au régime, et les nombreux juifs (dont des personnalités comme Giuseppe Sonnino, les frères Selfinio, Alberto et Angelo Di Porto) qui avaient été accueillis à la Trappe, de la via Laurentina par le P. Ehrhard, qui les faisait passer pour des réfugiés venus de Naples à cause du débarquement allié.

Alberto Di Porto, septuagénaire, était présent à la cérémonie de ce matin, avec son frère Selfinio.

« Nous avons vu l’abbé de rares fois, mais c’était une personne très bonne, confie-t-il aux journalistes. Le 16 octobre 1943, moi et mes frères, nous avons fui la maison, l’une de mes sœurs, très entreprenante, est venue ici à Trois Fontaines, pour demander l’hospitalité et ils nous ont dit oui tout de suite, à bras ouverts. Avec les Allemands, nous avons lié amitié! Moi, j’avais 19 ans, j’étais un gamin. Ils nous disaient: « Toi, pas avoir peur. Parce que si moi voir des Juifs, faire « boum-boum », tirer ». Moi, je mourais de peur. »Compris? « . On devait feindre. Je répondais: « Si, si, très bien, très bien ». J’en tremble encore. Le souvenir de ces moments, … c’est hallucinant… croyez-moi ».

Le P. Jacques Brière, actuel abbé de trois Fontaines, souligne à propos de cette reconnaissance: « C’est un souvenir du passé et avant tout un acte de gratitude. Je pense qu’il a une valeur exemplaire dans la culture d’aujourd’hui, où les gens sont beaucoup plus sensibles à leurs droits et à recevoir les choses, plus qu’à remercier ».

Pour les familles Di Porto et Sonnino la gratitude envers le P. Ehrhard s’exprime par un bas-relief de marbre représentant une Vierge à l’Enfant et portant l’inscription « Emmanuel », offert à l’abbaye.

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ZENIT Staff

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