Turin : Le Linceul est une icône écrite avec du sang, soutient le pape

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Benoît XVI vénère le Saint Suaire dans le Dôme de Turin

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ROME, Dimanche 2 Mai 2010 (ZENIT.org) – Dans une méditation sur le mystère du Samedi Saint, Benoît XVI a évoqué le Linceul de Turin comme une « icône écrite avec du sang ». « Et le sang est la vie », a-t-il ajouté.

Ce 2 mai, à l’issue de sa rencontre avec les jeunes et à l’occasion de sa visite pastorale à Turin, le pape s’est rendu dans le Dôme de Turin où il a vénéré le Linceul, exceptionnellement exposé du 10 avril au 23 mai.

Après un long moment de prière devant le Saint Suaire, le pape a lu sa méditation sur le ‘Mystère du Samedi Saint’, en présence de nombreux fidèles et de nombreuses moniales cloîtrées.

« Comment parle le Linceul ? Il parle par le sang, et le sang est la vie ! », a ainsi affirmé le pape. « Le Linceul est une icône écrite avec du sang ; le sang d’un homme flagellé, couronné d’épines, crucifié et blessé au côté droit ».

Pour Benoît XVI, « l’image imprimée sur le Linceul est celle d’un mort, mais le sang parle de sa vie ». « Chaque trace de sang parle d’amour et de vie », a-t-il insisté. « Elle est comme une source qui murmure dans le silence et nous pouvons l’entendre, nous pouvons l’écouter dans le silence du Samedi Saint ».

Notre époque est devenue un ‘Samedi Saint’

Au cours de sa méditation, dans une cathédrale particulièrement silencieuse, le pape a évoqué le Linceul comme « l’icône du Samedi Saint », le « jour de l’enfouissement de Dieu », a-t-il expliqué.

Aujourd’hui, « particulièrement après avoir traversé le siècle dernier, l’humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du samedi saint ». « L’enfouissement de Dieu fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain, de manière existentielle, presque inconsciente, comme un vide dans le cœur qui s’élargit de plus en plus ».

« A la fin du 19e siècle, Nietzsche écrivait : ‘Dieu est mort ! Et nous l’avons tué !’ ». « Cette expression célèbre est prise presque à la lettre dans la tradition chrétienne, nous la répétons durant le Chemin de Croix, peut-être sans vraiment nous rendre compte de ce que nous disons ». 

« Après les deux guerres mondiales, les camps de concentration et les goulags, Hiroshima et Nagasaki, notre époque est devenue de plus en plus un Samedi Saint : l’obscurité de ce jour interpelle tous ceux qui s’interrogent sur la vie, elle nous interpelle de manière particulière nous, croyants », a-t-il observé.

Pourtant, « la mort du Fils de Dieu, de Jésus de Nazareth, a un aspect opposé, totalement positif, source de consolation et d’espérance », a poursuivi Benoît XVI. « Et cela me fait penser au fait que le Saint Suaire se comporte comme un document ‘photographique’, doté d’un ‘positif’ et d’un ‘négatif’ ». « Le mystère le plus obscur de la foi est en même temps le signe le plus lumineux d’une espérance qui n’a pas de frontière ».

Le Linceul est obscurité et lumière

Durant le Samedi Saint, Jésus-Christ est « descendu aux enfers », a encore rappelé le pape. « Cela signifie que Dieu, qui s’est fait homme, en est arrivé au point d’entrer dans la solitude extrême et absolue de l’homme, là où aucun rayon d’amour n’arrive, là où règne l’abandon total sans aucun mot de réconfort : ‘les enfers’ ».

Tous, nous avons parfois ressenti « cette sensation terrible d’abandon ». « Et c’est ce qui nous fait le plus peur dans la mort, comme quand enfant nous avions peur de rester dans le noir et que seul la présence d’une personne qui nous aime pouvait nous rassurer ».

Le pape a rappelé que l’être humain ne peut vivre que parce qu’il est aimé et qu’il peut aimer. « Et si l’amour a pénétré dans l’espace de la mort, c’est que là aussi la vie est arrivée. A l’heure de la solitude extrême nous ne serons jamais seuls : « Passio Christi. Passio hominis » ».

« Le Linceul a été immergé dans cette profonde obscurité, mais il est en même temps lumineux ; et je pense que si des milliers et des milliers de personnes viennent le vénérer – sans compter tous ceux qui le contemplent par des images – c’est parce qu’ils ne voient pas en lui que l’obscurité, mais aussi la lumière », a conclu le pape. « Non pas tant la défaite de la vie et de l’amour mais plutôt la victoire, la victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur la haine ».

Marine Soreau

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ZENIT Staff

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