Trois nouveaux saints, dont deux Canadiens

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François de Laval et Marie de l’Incarnation, missionnaires venus de France

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Le pape François a inscrit Mgr François de Laval et Mère Marie de l’Incarnation, deux Canadiens, et le jésuite brésilien José de Anchieta, au nombre des saints, le 3 avril 2014. Une procédure d’exception que le pape utilise pour la troisième fois.

Lors d’une audience accordée au cardinal Angelo Amato, S.D.B., préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le pape a en effet approuvé les décrets concernant plusieurs miracles et causes de béatification, le 3 avril. Il a étendu à l’Église universelle le culte liturgique en honneur des trois bienheureux.

Les deux Canadiens sont des missionnaires originaires de France, tous deux placés parmi les Fondateurs de l’Église canadienne : Mgr François de Laval, premier évêque de Québec (1623-1708) et Mère Marie de l’Incarnation – au siècle Marie Guyart – fondatrice du monastère des ursulines de Québec (1599-1672). La fête liturgique de Mère Marie de l’Incarnation est célébrée le 30 avril et celle de Mgr François de Laval le 6 mai.

José de Anchieta (1534-1597) est prêtre de la Compagnie de Jésus et co-fondateur de la ville brésilienne de Sao Paulo. Nommé « Apôtre du Brésil », sa fête liturgique est le 9 juin. Il a été choisi comme « intercesseur » pour la Journée mondiale de la jeunesse de Rio, en juillet 2013.

Les trois nouveaux saints avaient été béatifiés en même temps par Jean-Paul II, le 22 juin 1980.

Deux géants de l’histoire du Québec

Dans un tweet publié hier, Mgr Gérald Lacroix, archevêque de Québec, exprime sa « grande joie » pour la canonisation de François de Laval et Marie de l’Incarnation, des « géants de l’histoire du Québec, ouvriers d’évangélisation en terre d’Amérique ».

Mgr Pierre-André Fournier, président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (ACEQ), rappelle dans un message qu’à travers ces canonisations, l’Église reconnaît « que leur vie et leur enseignement, leur foi et leur engagement font de ces deux figures monumentales de l’histoire du Québec — et des débuts de l’Église en Amérique du Nord — des modèles et des sources d’inspiration pour les chrétiens et chrétiennes de tous les temps et de toutes les cultures ».

Mère Marie de l’Incarnation a été qualifiée par Bossuet de « Thérèse de la Nouvelle-France », ajoute le message, insistant sur « la grande qualité mystique de la vie et de l’oeuvre de Marie Guyart ».

Veuve très jeune et mère d’un enfant – qui deviendra moine bénédictin – Marie Guyart devint la première femme missionnaire en Amérique, après être entrée chez les ursulines en demandant « à aller en Nouvelle-France », en 1639. Elle consacra sa vie à l’éducation des amérindiennes et l’évangélisation des autochtones.

Mgr de Laval, quant à lui, a débarqué au Canada en 1659. Premier évêque du diocèse de Québec, il se dévoua à la construction de l’Église naissante, sans hésiter à parcourir de longues distances à pied pour visiter le troupeau qui lui était confié. Fondateur d’un petit séminaire et d’un grand séminaire, il est aussi connu pour avoir combattu le trafic d’alcool entre la France et le Canada. 

Mère Marie de l’Incarnation, qui a connu l’évêque, lui rendait ainsi hommage : « C’est bien l’homme du monde le plus austère et le plus détaché des biens de ce monde. Il donne tout et vit en pauvre, et l’on peut dire avec vérité qu’il a l’esprit de pauvreté. »

« Un portrait qui illustre l’invitation pressante que cet autre François, le pape actuel, nous lance sans cesse d’aller « aux périphéries » rejoindre les pauvres et les malades, les plus démunis et les plus délaissés », ajoutent les évêques du Québec.

Dans une déclaration publiée le même jour, les évêques du Canada remercient le pape François « du magnifique cadeau qu’il fait à l’Église au Canada et à toute la population du pays ».

Les conditions de ces canonisations

Ces canonisations dites « équipollentes » – une proclamation sans autre forme de procès canonique – sont possibles à trois conditions : un culte déjà ancien ; une renommée de miracles accomplis par le saint ; et leur transmission au cours des siècles par des historiens ‘dignes de foi’.

A ces conditions, le pape peut étendre le culte des bienheureux à l’Église universelle et les inscrire dans le calendrier des saints « sans aucune sentence formelle définitive, sans avoir conduit aucun procès juridique, sans avoir accompli les cérémonies habituelles ». Ces normes ont été définies par le pape Benoît XIV dans son traité sur « la béatification des serviteurs de Dieu et la canonisation des bienheureux » (« De Servorum Dei Beatificatione et Beatorum Canonizatione »).

La pratique de la canonisation équipollente a toujours été présente dans l’Église. Benoît XVI a canonisé ainsi Hildegarde de Bingen (10 mai 2012). C’est la troisième fois que le pape François s’en sert, après la bienheureuse Angèle de Foligno (11 octobre 2013) et Pierre Favre le 17 décembre. 

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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