Trafic d'êtres humains : lutter en suivant "la route de l'argent"

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21e assemblée de l’Académie pontificale des sciences sociales

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Pour lutter contre le trafic d’êtres humains, il faut notamment « démanteler la base économique de la mafia », en « suivant la route de l’argent, en confisquant les biens de la mafia et en les réutilisant dans des actions sociales », estiment les participants de la 21e assemblée plénière de l’Académie pontificale des sciences sociales.

L’événement est organisé du 17 au 21 avril 2015 sur le thème « Trafic d’êtres humains: Questions au-delà de la criminalisation » (Human trafficking: Issues beyond criminalization). Radio Vatican rapporte des extraits des interventions.

Gustavo Vera, président de la fondation La Alameda de Buenos Aires, a souligné que « les États doivent maintenir une attitude de fermeté sur la question de la traite des personnes » : « cela passe non seulement par la pénalisation des marchands d’esclaves, de ceux qui organisent la traite, mais aussi en suivant la route de l’argent, en confisquant les biens de la mafia et en les réutilisant dans des actions sociales et pour dédommager et aider les victimes de la traite, afin qu’elles puissent être réinsérées dans la société et travailler. »

« Lutter contre la traite des personnes signifie lutter contre la mafia mondiale, parce qu’en réalité la traite n’est que l’un des nombreux aspects du crime organisé », a-t-il insisté : « La traite, le trafic de drogue, le trafic d’organes et le travail forcé sont des activités mafieuses, qui font gagner de l’argent en piétinant la dignité, la liberté et la vie des personnes. Il faut donc l’attaquer intégralement : non seulement affronter la question pénale, l’aspect préventif mais aussi et surtout l’aspect économique. Il est nécessaire de démanteler la base économique de la mafia et de la réemployer au profit de la société. »

Flaminia Giovanelli, sous-secrétaire du Conseil pontifical « Justice et paix », a commenté le message du pape François pour la Journée mondiale de la paix 2015, intitulé « Non plus esclaves, mais frères » : un message qui « attire l’attention sur le phénomène de l’esclavage, qui semble presque un anachronisme, mais qui est en réalité encore très actuel, sous des formes différentes. Le Message expose quelles sont les nouvelles formes d’esclavage, une liste très longue et aussi très bouleversante. »

Pour Flaminia Giovanelli, « les lois et les instruments juridiques existent, mais le problème est de savoir comment les appliquer… dans certains cas, ils ne sont pas appliqués simplement à cause d’une partie des fonctionnaires des différents États… tant qu’il n’y aura pas une conversion, une prise de conscience des personnes individuelles, on n’arrivera à rien ».

Sœur Bonetti, missionnaire de la Consolata et responsable du Bureau de la traite des femmes et des mineurs de l’Union des supérieures majeures d’Italie, a expliqué : « Ce congrès vise à voir ce que nous faisons pratiquement… Que faisons-nous pour redonner à ces personnes victimes de traite, l’occasion, la possibilité de redevenir des personnes ? »

« Nous devons avoir le courage d’affronter, de démanteler et de dire que c’est vraiment un crime contre l’humanité. Parce que nous utilisons nos pouvoirs pour exploiter encore les plus pauvres et parfois nous le faisons tout en prétendant vouloir les aider. Mais en fait c’est dans notre intérêt… C’est une honte ! Aujourd’hui, la corruption détruit notre monde. Il y a là un grand travail à faire et c’est le travail de l’Église, des écoles, un travail de formation pour dire « Non ! Ceci n’est pas permis ! » », a-t-elle ajouté.

Il s’agit aussi « d’aider les personnes à reprendre leur vie en main, leur avenir, en leur offrant des opportunités. Chacun a un rôle à jouer : le gouvernement, l’Église, les institutions éducatives, les familles, les mass médias… Et ce qui est important, c’est que chacun joue son rôle et fasse la part qui lui revient ».

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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