Fête de Marie, Mère de Dieu © Vatican Media

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"Toute violence faite à la femme est une profanation de Dieu, né d’une femme" (texte complet)

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Messe de la fête de « Marie, Mère de Dieu »

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« Toute violence faite à la femme est une profanation de Dieu, né d’une femme », déclare le pape François lors de la messe de la fête de « Marie Mère de Dieu », ce 1er janvier 2020 qui est aussi la Journée mondiale de la paix: par Marie, « une femme, le salut est venu et donc il n’ y a pas de salut sans la femme ».
On pourra dire qu’aucun pape n’était allé si loin dans la méditation sur la Maternité divine de Marie et ses conséquences pour l’Eglise et le monde.
En méditant sur l’Epître de saint Paul aux Galates (4,4) et spécialement sur l’expression « né d’une femme », le pape en a tiré les conséquences pour le monde et l’Eglise.
Il a dénoncé la violence faite aux femmes. Il voit dans le respect de la dignité de la femme un test du degré d’humanité de la société: « Par le corps d’une femme, le salut est parvenu à l’humanité: de la façon dont nous traitons le corps de la femme, nous comprenons notre niveau d’humanité. »
Le pape a déploré les violences et l’exploitation sous toutes leurs formes: « Combien de fois le corps de la femme a été sacrifié (…). C’est la chair la plus noble du monde, elle a conçu et a mis au monde l’Amour qui nous a sauvé! »
Il a déploré les humiliations faites à la maternité et a appelé à « libérer » la femme : « Aujourd’hui encore, la maternité est humiliée, parce que l’unique croissance qui importe est la croissance économique. Il y a des mères qui prennent le risque de voyages dangereux, cherchant désespérément à donner au fruit de leur sein un avenir meilleur et sont jugées en surnombre par des personnes qui ont le ventre plein, mais de choses, et le coeur vide d’amour. »
Une intention de la prière universelle a été consacrée, en langue du Kerala (Inde), le malayalam, aux mères du monde entier. Les autres intentions – pour le pape et les évêques, pour les gouvernants, la paix, la fraternité et la justice, pour les pécheurs et le pardon,  la sainteté des consacrés -, ont été exprimées en chinois, en espagnol, en anglais et en polonais.
En ce premier jour de l’année civile, le pape a invité à repartir de la femme: « Si nous voulons tisser d’humanité les trames de nos jours, nous devons repartir de la femme. »
Le pape a évoqué les « noces » de Dieu avec l’humanité, en Marie: « En Dieu, il y aura pour toujours notre humanité et pour toujours Marie sera la Mère de Dieu. Elle est femme et mère, c’est ce qui est essentiel. »
L’une des phrases les plus forte concerne la façon dont le salut de Dieu advient encore aujourd’hui dans l’histoire: « Par elle, une femme, le salut est venu et donc il n’ y a pas de salut sans la femme. »
Il a invité à prendre le chemin que Dieu lui-même a pris: « C’est là que Dieu s’est uni à nous, et si nous voulons nous unir à lui, il faut passer par le même chemin : par Marie, femme et mère. »
« Si nous voulons tisser d’humanité les trames de nos jours, nous devons repartir de la femme », a déclaré le pape.
Le pape François a achevé son homélie en appelant l’assemblée, à acclamer trois fois,  debout, comme au concile d’Ephèse, en 432: « Sainte Mère de Dieu », Sainte Mère de Dieu, Sainte Mère de Dieu », en grec, « Theotokos ».
AB

Fête de Marie, Mère de Dieu © Vatican Media

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Homélie du pape François
« Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Gal 4,4). Né d’une femme : c’est ainsi que Jésus est venu. Il n’est pas venu dans le monde déjà adulte, mais comme nous l’a dit l’Evangile, il a été « conçu dans le sein » (Lc 2,21): c’est là qu’il a fait sienne notre humanité, jour après jour, mois après mois. Dans le sein d’une femme, Dieu et l’humanité se sont unis pour ne jamais plus se séparer : maintenant aussi, dans le ciel, Jésus vit dans la chair qu’il a prise dans le sein de sa mère. En Dieu, il y a notre chair humaine!
En ce premier jour de l’année, nous célébrons ces noces entre Dieu et l’homme, inaugurées dans le sein d’une femme. En Dieu, il y aura pour toujours notre humanité et pour toujours Marie sera la Mère de Dieu. Elle est femme et mère, c’est ce qui est essentiel. Par elle, une femme, le salut est venu et donc il n’y a pas de salut sans la femme. C’est là que Dieu s’est uni à nous, et si nous voulons nous unir à lui, il faut passer par le même chemin : par Marie, femme et mère. C’est pourquoi nous commençons l’année sous le signe de Notre-Dame, la femme qui a tissé l’humanité de Dieu. Si nous voulons tisser d’humanité les trames de nos jours, nous devons repartir de la femme.
Né d’une femme. La renaissance de l’humanité a commencé à partir de la femme. Les femmes sont sources de vie. Cependant elles sont continuellement offensées, battues, violentées, poussées à se prostituer et à supprimer la vie qu’elle portent dans leur sein. Toute violence faite à la femme est une profanation de Dieu, né d’une femme. Par le corps d’une femme, le salut est parvenu à l’humanité : de la façon dont nous traitons le corps de la femme, nous comprenons notre niveau d’humanité. Combien de fois le corps de la femme a été sacrifié sur les autels profanes de la publicité, du gain, de la pornographie, exploité comme une surface à utiliser. Il doit être libéré du consumérisme, il doit être respecté et honoré ; c’est la chair la plus noble du monde, elle a conçu et a mis au monde l’Amour qui nous a sauvé! Aujourd’hui encore, la maternité est humiliée, parce que l’unique croissance qui importe est la croissance économique. Il y a des mères qui prennent le risque de voyages dangereux, cherchant désespérément à donner au fruit de leur sein un avenir meilleur et sont jugées en surnombre par des personnes qui ont le ventre plein, mais de choses, et le coeur vide d’amour.
Né d’une femme. Selon le récit de la Bible, la femme arrive au sommet de la création, comme le résumé de tout le créé. Elle renferme en elle, en effet, la finalité du créé lui-même : la génération et la protection de la vie, la communion avec tout, le soin de tout. C’est ce que fait la Vierge Marie dans l’Evangile aujourd’hui. « Marie – dit le texte – retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (v. 19). Elle conservait tout : la joie pour la naissance de Jésus et la tristesse pour l’hospitalité refusée à Bethlehem ; l’amour de Joseph et l’étonnement des bergers ; les promesses et les incertitudes pour l’avenir. Elle prenait tout à cœur et mettait tout en place dans son cœur, même les adversités. Parce qu’elle ordonnait dans son cœur toute chose avec amour et confiait tout à Dieu.
Dans l’Evangile, cette action de Marie revient une seconde fois : à la fin de la vie cachée de Jésus, il est dit en effet que « sa mère gardait dans son cœur tous ces événements » (v. 51). Cette répétition nous fait comprendre que, conserver dans le cœur, n’est pas un beau geste que la Vierge Marie faisait quelquefois, mais c’était son habitude. C’est propre à la femme, de prendre à cœur la vie. La femme montre que le sens de la vie, ne consiste pas à continuer de produire des choses, mais de prendre à cœur les choses qui existent. Seul celui qui regarde avec le cœur voit bien, parce qu’il sait “regarder à l’intérieur” : la personne au delà de ses erreurs, le frère au delà de ses fragilités, l’espérance dans les difficultés; voir Dieu en tout.
Au moment où nous commençons la nouvelle année demandons-nous : “Est-ce que je sais regarder avec le cœur ? Est-ce que je sais regarder les personnes avec le cœur ? Est-ce que les gens avec qui je vis me tiennent à cœur, ou bien est-ce que je les détruis par les commérages ? Et surtout, ai-je le Seigneur au centre du cœur, ou bien d’autres valeurs, d’autres intérêts, ma promotion, les richesses, le pouvoir ?”. Si seulement la vie nous tient à cœur, nous saurons en prendre soin et dépasser l’indifférence qui nous enveloppe. Demandons cette grâce : de vivre l’année avec le désir de prendre à cœur les autres, de prendre soin des autres. Et si nous voulons un monde meilleur, qui soit une maison de paix et non une cour de guerre, il faut avoir à cœur la dignité de toute femme. De la femme est né le Prince de la paix. La femme est donneuse et médiatrice de paix et doit être pleinement associée aux processus décisionnels. Car, quand les femmes peuvent transmettre leurs dons, le monde se retrouve plus uni et plus en paix. Pour cela, une conquête pour la femme est une conquête pour l’humanité entière.
Né d’une femme. Jésus, qui vient de naître, s’est miré dans les yeux d’une femme, dans le visage de sa mère. Il a reçu d’elle les premières caresses, il a échangé avec elle les premiers sourires. Avec elle, il a inauguré la révolution de la tendresse. L’Eglise, en regardant l’enfant Jésus, est appelée à la continuer. Parce qu’elle aussi, tout comme Marie, est femme et mère, l’Eglise est femme et mère, et, dans la Vierge Marie, elle retrouve ses traits distinctifs. Elle la voit, immaculée, et se sent appelée à dire “non” au péché et à la mondanité. Elle la voit, féconde, et se sent appelée à annoncer le Seigneur, à l’engendrer dans les vies. Elle la voit, mère, et se sent appelée à accueillir tout homme comme son enfant.
En s’approchant de Marie, l’Eglise se retrouve, elle retrouve son centre, elle retrouve son unité. L’ennemi de la nature humaine, le diable, cherche au contraire à la diviser, en mettant au premier plan, les différences, les idéologies, les pensées partisanes et les partis. Mais nous ne comprenons pas l’Eglise si nous la regardons à partir des structures, à partir des programmes et des tendances, des idéologies, des fonctionnalités : nous comprendrons quelque chose, mais pas le cœur de l’Eglise. Parce que l’Eglise a un cœur de mère. Et nous ses enfants, invoquons aujourd’hui la Mère de Dieu qui nous réunit comme un peuple croyant. O Mère, engendre en nous l’espérance, apporte nous l’unité. Femme du salut, nous te confions cette année, conserve-la dans ton cœur. Nous t’acclamons : Sainte Mère de Dieu. Tous ensemble, trois fois, nous acclamons Notre Dame, debout, la Vierge Sainte Mère de Dieu : Sainte Mère de Dieu! Sainte Mère de Dieu! Sainte Mère de Dieu!
Copyright 2020 – Librairie éditrice du Vatican
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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