Timor Oriental: A Dili, les paroisses accueillent les réfugiés, prient pour la paix

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ROME, Jeudi 15 juin 2006 (ZENIT.org) – Les paroisses de Dili abritent un grand nombre de réfugiés et organisent des prières pour la paix, indique « Eglises d’Asie », l’agence des missions étrangères de Paris (eglasie.mepasie.org, EDA n. 442).

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Lors des messes dominicales du 28 mai dernier, les paroisses catholiques de Dili ont prié pour la paix et continué à accueillir des réfugiés fuyant les violences et les scènes d’émeutes qui ont éclaté ces jours-ci dans les rues de la capitale est-timoraise. L’intervention de 2 250 soldats étrangers, venus d’Australie, mais aussi de Nouvelle-Zélande et de Malaisie, a permis un semblant de retour au calme, mais de nouveaux affrontements ont eu lieu entre gangs rivaux et les responsables politiques du pays n’ont pas – à ce jour – réglé le conflit qui est à l’origine des troubles, à savoir des différends entre déserteurs et troupes régulières au sein des modestes forces armées du pays (1). Au total, une vingtaine de personnes ont trouvé la mort dans la semaine du 21 au 27 mai.

Dans la paroisse de Motael, à Dili, un millier de réfugiés ont trouvé place. Le curé du lieu, le P. Antonio Alves, a demandé aux fidèles de prier pour la paix et le retour au calme. Il a aussi présenté une prière particulière pour le rétablissement du P. Lopes Mouzinho, âgé de 38 ans et grièvement blessé à l’épaule par un tir d’armes à feu, tandis qu’il regagnait le petit séminaire à Balinde, à proximité de Dili, le 26 mai dernier. Selon le prêtre, du fait de la gravité de la blessure, le P. Mouzinho a été transféré à Darwin, en Australie, par l’armée australienne, qui a dépêché 1 300 hommes à Dili à la demande du gouvernement est-timorais.

Selon le P. Alves, toutes les paroisses de la capitale sont mobilisées pour accueillir les réfugiés, tout comme le centre des salésiens, situé à une dizaine de kilomètres de Dili, qui assure un abri à plus de 9 000 personnes. Sur le fond, il décrit la situation comme celle d’une crise nationale où la police et l’armée sont divisées et s’opposent factions contre factions. Il reproche au gouvernement de n’être pas intervenu suffisamment tôt pour empêcher une dégradation de la situation. « Si les membres du gouvernement s’étaient écoutés mutuellement et s’étaient consultés, il n’y aurait pas eu tous ces problèmes », a-t-il déclaré, ajoutant que son espoir était que le président ‘Xanana’ Gusmao entame le dialogue avec les rebelles, que les violences cessent et que les gens puissent enfin rentrer chez eux. Le 29 mai, le président Gusmao s’est entretenu à huis clos avec le Premier ministre, Mari Alkatiri, pour une réunion de crise, afin de sortir le pays de l’impasse. Le lendemain, Xanana Gusmao a décrété, pour trente jours, des pouvoirs d’urgence qui lui permettent de prendre le contrôle total de l’armée. Celle-ci était jusqu’alors sous le contrôle effectif du Premier ministre. Pour apaiser les tensions, le président est-timorais a également annoncé un remaniement ministériel, avec le renvoi des ministres de la Défense et de l’Intérieur, accusés de n’avoir pas su empêcher les violences (2).

La crise a débuté en avril lorsque le gouvernement a démis plus d’un tiers des membres des forces armées, qui comptent 1 400 hommes. Les soldats démis sont entrés en rébellion, estimant qu’ils étaient victimes de discrimination. Ce sont des « Kaladi », des Est-Timorais originaires de la partie ouest du pays, le reste de l’armée étant formé de « Firaku », originaires de l’est du Timor-Oriental et revendi-quant un rôle central dans la résistance contre l’armée indonésienne dans les années 1980 et 1990.

Selon les analystes sur place, cette explosion de violences, au-delà des dissensions au sein des forces armées, a des causes multiples. Economique étant donné le niveau très élevé du chômage. Ethnique du fait des rivalités entre groupes au sein de la population est-timoraise. Culturelle car les vingt-quatre années d’occupation indonésienne ont induit une culture de la violence. Politique enfin. Ici, certains mettent en avant la récente réélection du Premier ministre Alkatiri au poste de secrétaire général du Fretilin, le parti majoritaire au Parlement (avec 55 des 88 sièges). Cette réélection a été obtenue à main levée et non à bulletin secret – et le Premier ministre a obtenu 97 % des voix. Le style de gouvernement du Premier ministre, un musulman dans un pays catholique à 98 %, a soulevé des critiques, notamment lorsque des prêts proposés par la Banque mondiale ont été rejetés au profit de prêts venus de Cuba et de Chine populaire. Selon la presse locale, les relations entre le Premier ministre et le président Gusmao s’étaient dégradées ces derniers temps. Alkatiri comme Gusmao figurent parmi les derniers survivants des fondateurs du Fretilin, le parti de la résistance à l’Indonésie, mais, à la différence d’Alkatiri, Gusmao et Ramos-Horta, autre dirigeant historique du Fretilin, ont pris leur distance avec ce parti, au nom de la défense de l’unité de la jeune nation est-timoraise.
(1) Voir EDA 441
(2) Lors des violences, des pillages ont eu lieu. Selon des informations de presse, des pilleurs ont volé les archives criminelles de l’Etat est-timorais, parmi lesquelles tous les dossiers concernant les massacres commis dans le pays après le référendum sur l’indépendance en 1999. A l’époque, le « oui » massif avait été contesté par les milices soutenues par Djakarta. Plus de 1 400 personnes avaient été tuées. « Les documents de 1999 ont été détruits à 99 % ou sont perdus. Or, ils sont la preuve principale qui peut être utilisée afin de poursuivre une personne devant les tribunaux », a expliqué le procureur général. Le dossier concernant le général Wiranto, responsable des forces armées indonésiennes à l’époque des massacres, a notamment été volé.

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ZENIT Staff

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