Tibet : L’unique paroisse catholique, en quête d’argent pour sa nouvelle église

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Une paroisse à 3000 mètres

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ROME, Lundi 16 janvier 2006 (ZENIT.org) – L’unique paroisse catholique du Tibet est en quête d’argent pour achever de financer la construction de sa nouvelle église, annonce « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA 433, eglasie.mepasie.org).

Perché à 3 000 m. d’altitude, le village de Yanjing (ou Shanyanjing) compte 750 habitants. Situé à l’extrémité sud-est de la Région autonome du Tibet, il domine le Mékong et présente la particularité d’abriter une forte communauté catholique : évangélisé au milieu du XIXe siècle par des prêtres des Missions Etrangères de Paris, puis par des chanoines du Grand saint Bernard (Suisse), le village a conservé la foi catholique malgré les vicissitudes traversées au cours du siècle passé et il compte aujourd’hui environ 70 % de catholiques, soit 520 paroissiens (1). En 2003, la communauté, sous la direction de son curé, le P. Laurence Lu Rendi, âgé de 35 ans, s’est lancée dans la construction d’une nouvelle église. Achevé en octobre 2004, l’édifice est vaste et couvre près de 1 000 m². Le curé précise qu’il a coûté 2,8 millions de yuans et que les bâtiments annexes (le presbytère, des salles de réunion et le clo-cher) ont coûté 1,4 million de yuans supplémentaires. « Nous sommes parvenus à réunir 3,8 millions de yuans, mais nous devons encore 400 000 yuans (40 000 euros) » à l’entrepreneur, ajoute le prêtre.

Des représentants de la société de construction sont venus à plusieurs reprises pour demander à être réglés « et nous les avons assurés qu’ils seront payés », explique encore le prêtre, qui anime cette paroisse depuis 1996, date de son ordination. A cette époque, il était l’unique prêtre catholique d’origine tibétaine à exercer son ministère en Chine populaire. Originaire du village de Yanjing, formé au séminaire national de Pékin, il avait été ordonné par Mgr Anthony Li Du’an, évêque « officiel » de Xi’an. En août de l’année dernière, il a reçu l’aide d’un autre prêtre tibétain, le P. Ding Yaohua. Originaire de la partie tibétaine de la province toute proche du Yunnan, le P. Ding, âgé de 32 ans, a étudié au séminaire régional du Shaanxi, avant d’être ordonné, le 11 août 2005, par Mgr Li Du’an. Aujourd’hui, tous deux exercent leur ministère à Yanjing, au service des villageois et des populations alentour.

Selon le P. Lu Rendi, étant donné que la paroisse n’est actuellement placée sous la juridiction d’aucun diocèse, elle est, sur un plan administratif, placée directement sous l’autorité de la Conférence des évêques catholiques de Chine. « Nous avons donc demandé de l’aide à la Conférence et à l’Association patriotique », mais ces deux structures ont répondu qu’elles n’avaient pas de fonds, explique le prêtre. Elles ont toutefois fait passer un appel à la générosité dans le numéro d’octobre 2005 de L’Eglise catholique en Chine, publiée à Pékin. A l’extérieur, la nouvelle église s’inspire du style tibétain local et, à l’intérieur, c’est l’influence occidentale qui domine. Lors de la construction, en 2003, une paroisse japonaise, du diocèse de Yokohama, a fait don de trois cloches qui avaient elles-mêmes été données par un missionnaire français, il y a cinquante ans. Placées dans le clocher, ce sont elles qui appellent la communauté à se rassembler pour les offices.

A l’origine, au XIXe siècle, la communauté catholique de Yanjing (ou Yerkalo en tibétain) était rattachée au vicariat apostolique de Dajianlu (Tatsienlu), qui se composait du Tibet, de Dajianlu, dans la province du Sichuan, et de Weixi, dans la province du Yunnan. Plus tard, Tatsienlu a pris le nom de Kangding, diocèse situé au Sichuan. En 1949, Maurice Tornay, chanoine du Grand saint Bernard, est mort martyr à la frontière du Tibet et de la Chine. A partir de cette date, la communauté a vécu sans prêtre, jusqu’en 1996, année de l’arrivée du P. Lu Rendi. Lors de la Révolution culturelle (1966-1976), l’église bâtie par les missionnaires fut détruite. En 1985, les réformes ayant été mises en place, les autorités civiles ont financé la reconstruction du lieu de culte, mais l’édifice, aux murs en torchis, ne résista pas à un tremblement de terre, en 1999. Après cette date, la communauté catholique se préoccupa de rebâtir son église.

Selon le P. Ding Yaohua, le manque d’argent est un vrai souci pour les paroissiens, car ils ont bien conscience que ce qu’ils gagnent suffit tout juste à les faire vivre. A Yanjing (‘Puits de sel’ en chinois), explique-t-il, les familles vivaient autrefois de l’exploitation de puits d’eau saumâtre qui permettait de produire du sel. Aujourd’hui, les jeunes ont en grande partie abandonné cette activité et quittent le village pour trouver à s’employer ailleurs, dans des villages plus importants ou des villes éloignées. Typiquement, un foyer gagne aujourd’hui environ 3 000 yuans par an, en cultivant quelques arpents de maïs, de millet et de blé. De plus, après le tremblement de terre de 1999, chaque famille a mobilisé ses maigres réserves pour réparer ou rebâtir. « Il ne leur restait pas grand-chose pour participer à la reconstruction de l’église », explique le prêtre, qui précise que l’ancienne église, qui menaçait pourtant de s’effondrer, a servi au culte jusqu’en 2001, date où les autorités locales ont accordé le permis de reconstruire.

Selon un document du gouvernement chinois de mai 2004, la population de la Région autonome du Tibet est de 2,7 millions d’habitants – dont 2,5 millions sont ethniquement tibétains et adhèrent au bouddhisme tibétain. Toujours selon le même document, on compte 3 000 musulmans au Tibet ainsi que 700 catholiques. A Yanjing, les 520 catholiques sont presque tous tibétains, à l’exception de quelques familles d’ethnie naxi et de Chinoises han, épouses de Tibétains.
(1) Voir EDA 166, 248, 269, 347

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ZENIT Staff

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