Témoignage de Julie Chartrand: La Croix des jeunes à Mont-Laurier

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L´accueil de la Croix en préparation au 28 juillet

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ROME, Mercredi 4 juillet 2001 (ZENIT.org) – Julie Chartrand, « répondante » diocésaine pour les JMJ, à Mont-Laurier, au Québec nous a fait a parvenir son témoignage sur l´arrivée de la Croix des JMJ dans son diocèse et nous lui donnons la parole.

En effet, l´arrivée de la Croix confiée par Jean-Paul II aux jeunes après l´année sainte de la Rédemption 1983, continue de parcourir le monde, et en ce moment, elle rassemble le jeunes du Canada, suscitant un immense enthousiasme depuis son arrivée à Ottawa, en avril dernier. La Croix constitue un « sacramental » d´autant plus fort que son histoire épouse désormais celle des JMJ. Elle a parcouru les sanctuaires du monde et aidé des milliers de jeunes à s´approcher du Christ Sauveur.

Malgré sa longueur nous avons tenu à conserver tous les détails concrets de ce témoignage à la fois personnel et communautaire. La « température » monte au Canada, en attendant le 28 juillet, jour de la grande célébration qui rassemblera les jeunes canadiens, à un an de la rencontre avec Jean-Paul II et les jeunes du monde entier.

– La Croix des JMJ à Mont-Laurier –

Le cadeau que le Saint-Père a fait aux jeunes du monde
« Lorsqu’on m’annonce que je dois m’occuper moi-même du transport de la croix des jeunes, j’accepte volontiers sans arrière pensée. De retour dans mon bureau, je commence à réaliser l’ampleur de ce travail ajouté à ma tâche ordinaire. Trois jours en moins pour la mise en marche de la venue de la croix dans mon propre secteur, trois jours en moins pour aider les secteurs à mettre les touches finales et qui me posent encore mille et une questions sur la venue de la croix et tous les petits problèmes que cela peut apporter en même temps. Je me dépêche donc à faire mes préparatifs personnels et aussi tenter de tout organiser à Mont-Laurier avant mon départ pour Sainte-Agathe. Durant ce temps, mon mari fait vérifier le camion qui sera pour quelques jours, le moyen de transport de la croix. Dernier coup de fil à la télévision communautaire pour confirmer leur présence lors de l’arrivée de la croix à Mont-Laurier. Tout en parlant avec la réceptionniste, elle me déclare chanceuse d’être responsable d’un objet si précieux. Et vlan ! Me voici bien remise à ma place par cette jeune fille. Elle me fait prendre conscience que je serai complètement en charge du cadeau que le Saint-Père fit aux jeunes du monde entier. Pendant six jours, elle sera entre mes mains. Pendant six jours, nous serons compagnes de voyage. Pendant six jours, nous serons seules sur les routes du diocèse de Mont-Laurier.

Je lui parle tranquillement
Lorsque je la vis pour la première fois du haut de mon 1,54 m, je l’ai trouvé quelque peu imposante et impressionnante. Elle si droite et solide, semble à l’aise dans son nouvel emplacement, aux portes de l’église, en plein vent. Je la regarde, je l’étudie, je fais semblant d’aller quelque part afin de passer près d’elle, tout en laissant les organisateurs du secteur de Ste-Agathe suivre l’horaire qu’ils se sont fixé. Durant une certaine période de l’avant-midi, je m’aperçois que la croix est seule. Je retourne la voir, je la regarde du coin de l’œil et je l’adopte comme mienne pour les six jours à venir. Je m’assois dans les marches et je lui parle tranquillement de mon vécu, mes espoirs et mes peurs concernant sa venue dans le diocèse. Les jeunes sont-ils vraiment intéressés à la voir? Les adultes sauront-ils donner la place aux jeunes? Les gens la regarderont-ils avec tout le respect qui lui est dû? Elle m’écoute mais je n’attends pas de réponse. Quelques minutes s’écoulent.

Seule avec Dieu
« Je me rends compte qu’une jeune fille se promène en bas des marches en regardant la croix. Elle fait semblant d’avoir oublier quelque chose, retourne sur ses pas et passe encore devant la croix en la fixant. Je réalise qu’elle n’a pas plus de vingt ans et est enceinte d’environ cinq mois. Finalement, elle regarde autour d’elle et monte les marches de l’église. Me regardant droit dans les yeux, elle me demande le pourquoi d’une croix sur le perron de l’église. Je lui explique que cette croix fut donnée aux jeunes du monde par le Pape tout en la touchant tendrement. La jeune fille me demande si elle aussi peut toucher la croix. Elle me demande également la permission d’entrer dans l’église pour quelques minutes. Je lui dit de prendre son temps et que le Seigneur n’est pas pressé lorsqu’il s’agit de rencontrer ceux et celles qui le demandent. Elle entre timidement, je la laisse être seule avec Dieu. Elle ressort avec un beau sourire aux lèvres et me fait don d’un petit bracelet de pierres colorées. ‘’Je suis trop mélangée et j’ai commis trop d’erreurs, l’Église ne veut pas de moi.’’ Je lui explique que c’est le contraire, l’Église est là spécialement pour elle, mais voilà sa copine qui monte les marches deux à deux. ‘’Je n’ai plus le temps de te parler’’ me dit-elle. Je lui fais la promesse de porter son bracelet et de penser à elle tous les jours. ‘’Chaque fois que je toucherai la croix, c’est toi qui la toucheras et les problèmes que tu portes dans ton cœur seront désormais pris par la croix.’’ Elle me remercie sans trop y croire et descend les marches en se retournant quelques fois. Je l’ai entrevue plusieurs fois durant la journée regardant toujours directement vers la croix.

Manifestions publiques
« Durant l’après-midi, nous déménageons la croix dans la cour d’une école primaire. L’animateur de pastorale avait préalablement demandé aux enfants d’apporter une croix de la maison afin de toucher la croix du Pape avec la leur. Un petit garçon avait oublié de l’apporter et tenant absolument à toucher la croix avec la sienne, décida d’en fabriquer une. Il pris deux crayons jaunes et du papier collant et s’en fabriqua une. Il put donc aller toucher la croix avec sa propre petite croix.
« En soirée, les gens récitent le chapelet au pied de la croix et je vois des gens ralentir et même arrêter et sortir de leur automobile afin de venir voir ce qui se passe sur le perron de l’église. Je réalise que nous ne faisons plus de manifestions publiques lorsqu’il s’agit de notre foi.

Elle dérange
« Le lendemain, je pars pour la deuxième journée de mon voyage. Ma compagne fut placée dans sa boîte et bien attachée dans le camion. Je pars tranquillement et je continue de lui parler, tout haut ou dans mon cœur, dépendant de mon humeur. Étant partie un peu trop tôt, je réalise que je serais trop vite arrivée dans le prochain secteur. Je décide donc de m’arrêter quelques minutes, histoire de prendre une quinzaine de minutes de repos au casse-croûte le long du chemin. Mon imposante compagne se fait tout de suite remarquer et voici le propriétaire qui me demande ce que je transporte dans ces deux grosses boîtes. ‘’La croix du …’’ ‘’Pas la croix que le Pape a donné aux jeunes?’’ Me coupe-t-il pour répondre à ma place. ‘’Oui, c’est bien elle’’ je réponds et le voilà parti chercher son frère et sa caméra. Les deux hommes se font poser avec les boîtes attachées au camion, leur sourire en disait très long. ‘’Nous ne pourrons pas aller la voir ce soir, malheureusement notre commerce nous l’empêche, mais nous aurons vu la boîte qui la transporte. Le Seigneur récompense toujours ceux qui croient, merci Seigneur.’’ Un d’eux sort un chapelet de sa poche et le frotte lentement sur la boîte et ils retournent préparer leur petit casse-croûte pour la venue des touristes. La joie dans les yeux de ces hommes me fit comprendre que même cachée dans sa boîte ma compagne accomplie des merveilles et ne passe pas inaperçue. Elle dérange au plus profond du cœur humain.

Chorale de jeunes, témoigna
ges et feu de joie
« Arrivée à Saint-Jovite, la croix est attendue par une foule assez imposante. On déballe la croix et on la place dans une charrette qui se rendra à la Polyvalente de la région. Je regarde mon amie et je monte moi aussi sur la charrette. Après tout, j’ai accepté d’en être responsable et je le serai jusqu’au bout. Lorsqu’on arrive dans la cour de l’école, les jeunes sortent pour prendre l’autobus pour le retour à la maison. Mais la croix dérange le bon ordre habituel. Les chauffeurs d’autobus doivent avertir les jeunes d’embarquer et les jeunes n’écoutent pas, ils regardent, ils posent des questions, ils interrogent même sur le pourquoi de cette croix dans leur milieu scolaire. Un des étudiants a même l’audace de demander si le groupe entourant la croix fait partie d’une secte religieuse. Quelques jeunes acceptent de se joindre à nous et décident de marcher avec le drapeau JMJ et les banderoles faites pour l’occasion. Ils marchent fièrement devant la croix tout en chantant et en dansant dans les rues de la ville. Chorale de jeunes, témoignages et feu de joie finissent la journée, toujours au pied de ma fidèle compagne de voyage.

Les élèves viennent toucher et voir cette fameuse croix
« Le lendemain matin, je repars avec elle et nous nous arrêtons au prochain arrêt de l’itinéraire, L’Annonciation. Encore une fois, on descend les boîtes, on en sort la croix et on la place à l’endroit déterminé par l’équipe en charge. Explication du logo et historique de la croix terminés, chants et prières prennent place. J’aperçois qu’on a préalablement placé des cordes sur lesquelles flottent les dessins fait par les élèves du primaire de la région. Lorsque l’horaire le permet, les classes de ces élèves viennent toucher et voir cette fameuse croix. Ils sont impressionnés par tous les collants qui se sont ajoutés aux fils des ans sur les boîtes, preuves que la croix a vraiment fait le tour du monde. Je me tiens à l’écart de la foule et je regarde, m’émerveillant de tous les petits pas faits vers l’Église. Comme ce jeune adolescent qui ralentit et regarde furtivement autour de lui. S’assurant qu’il est seul, il traverse la corde et se rend à la croix, la touche et pose quelques questions au prêtre le plus proche. Il semble heureux des réponses et repart. Son pas semble plus léger.

Les jeunes JMJ racontent leur voyage à Rome
« Quatrième journée, j’arrive chez nous. Pour quelques heures seulement car je dois apporter la croix en début après-midi au secteur de Mont-Laurier. Les jeunes ayant participés à la JMJ 2000 sont là, ils attendent celle qu’ils ont vue à Rome. Ils ont hâte de la revoir et de si proche. Maintenant, je les comprends. Ils la transportent sur leurs épaules et la portent fièrement jusqu’à l’emplacement de la journée. Des flammes représentant toutes les paroisses du secteur sont placées autour de la croix. Jeunes et moins jeunes viennent lire des prières composées pour l’occasion, chanter des cantiques en son honneur ou simplement la contempler. En fin d’après-midi, la confirmation terminée, Mgr Gratton invite les confirmés (ées), les parents, les parrains et les marraines à se rendre à la croix dans le parc face à la cathédrale. Ainsi, la croix réussit encore une fois à rassembler une foule de gens un samedi, au gros soleil et en pleine nature. En soirée, lorsque les jeunes JMJ racontent leur voyage à Rome et tout ce qu’ils ont vécu, je m’aperçois que plusieurs adolescents s’arrêtent et prennent le temps d’écouter ces témoignages de foi. A la toute fin de la journée, les jeunes du secteur remettent symboliquement la croix aux jeunes du secteur suivant. Nos jeunes prennent les flammes qui ont brûlé toute la journée et éclairent le chemin des jeunes partant avec la croix.

Intentions de prières
« Finalement, je me rend à Maniwaki, le dernier secteur du diocèse. Ils attendent, au pied d’une croix de chemin. Certaines personnes semblent incapables de croire que la croix est finalement arrivée chez eux. Ils montent la croix et l’installent dans un autre camion. Toutes les personnes présentent la suivent, soit à pied, à vélo ou en automobile. Ils parcourent ainsi environ cinq kilomètres pour arriver à l’endroit où ma compagne sera installée pour la journée. Des bouquets de fleurs sont apportés et placés à ses pieds, représentant chaque paroisse de ce secteur. Ne voulant pas être mis de côté, de jeunes enfants d’âge préscolaire s’empressent d’aller dans le champ voisin et cueillir des fleurs sauvages pour les porter eux aussi à cette grande dame. Tout au long de la journée, chorales de jeunes et paroissiales, danses de tout genre : ballet, jazz et claquette. Un adolescent Algonquin vient nous présenter une danse amérindienne. Deux jeunes filles étant allées à Rome font l’animation tout au long de la journée, nous faisant mettre les empreintes de nos mains sur un immense panneau et en nous demandant d’écrire des intentions de prières sur des petits cartons qui sont, par la suite, collées sur une reproduction du logo 2002. Durant la journée, des familles s’installent au pied de la croix et prennent le temps de lire l’inscription et de prier ensemble autour de ma compagne.

Transporter la croix dans mon diocèse
« Le lendemain, je dois remettre celle qui fut ma compagne pour une semaine. Je me sent triste de devoir la confier au diocèse d’Amos. J’éprouve une grande tristesse de devoir me séparer de mon amie. Je réalise que je ne la reverrai qu’à Toronto et jamais plus aussi proche que durant son séjour chez nous. C’est avec un pincement au cœur que je la remets aux jeunes du diocèse voisin, j’ai de la misère à parler. L’émotion m’empêche de parler aux gens qui la reçoivent, je dois combattre l’envie de pleurer. Je leur souhaite bonne chance et espère qu’ils auront autant de plaisir avec la croix que j’en ai eu durant six jours.
« En restant à l’écart de l’organisation des secteurs mais étant toujours présente aux activités, j’ai pu voir des ‘’petits miracles’’, des bénédictions et des grâces. Ne serait-ce que d’avoir permis aux paroisses et aux prêtres de travailler ensemble et aux paroissiens (nes) d’unir leur force et de réussir quelque chose d’extraordinaire en si peu de temps. Ma confidente, celle qui fut ma compagne de voyage et qui savait si bien écouter m’a permise de reconnaître en de petits gestes discrets, des signes de foi et d’espérance. Je réalisai d’un seul coup comment était grande la force de cette croix ainsi que Celui qu’elle représente. Je remercie maintenant le ciel de m’avoir permis de vivre ce moment privilégié de transporter la croix durant son séjour dans mon diocèse.

Mission accomplie à Mont-Laurier
« La croix dérange beaucoup lorsqu’elle arrive dans un diocèse mais elle dérange encore plus lorsqu’elle le quitte. Nous réalisons d’un seul coup que nous ne lui avons peut-être pas assez donné de place et que nous ne sommes plus capables d’extérioriser notre foi. Lorsqu’elle nous quitte, nous comprenons combien nous l’aimons et la respectons. Signe de notre foi et de rassemblement, ma compagne a pleinement rempli sa mission dans le diocèse de Mont-Laurier ».

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ZENIT Staff

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