Protection des mineurs 21/2/2019 © Vatican Media

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Protection des mineurs: 21 "points de réflexion", une feuille de route

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Une invitation à « l’action »

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En tout, vingt-et-un « points de réflexion » ont été formulés par les différentes Commissions et Conférences épiscopales, et le pape les a formulés pour aider à la réflexion lors des travaux de la rencontre mondiale organisée au Vatican sur: « La protection des mineurs dans l’Église » (21-24 février 2019).
Le pape François les a présentés, en introduisant les travaux, ce 21 février 2019 au Vatican, en disant : « Comme aide, je me permets de partager avec vous certains critères importants, formulés par diverses Commissions et Conférences épiscopales – elles proviennent de vous, je les ai un peu énumérées…–. Ce sont des lignes-guides pour aider notre réflexion qui vous sont remises maintenant. C’est un simple point de départ, qui provient de vous et retourne à vous, et qui ne s’oppose pas à la créativité qu’il doit y avoir au cours de cette rencontre. »
Ces points concrets, constituent une « feuille de route » indiquée par le pape François, pas seulement pour ces quelques jours mais pour l’avenir, a expliqué Mgr Charles Jude Scicluna (Malte), expert de la Congrégation pour la doctrine de la foi, lors du point-presse de la mi-journée au Vatican.
Il a relevé, en répondant à la presse, que la demande du pape (point 12) concernant l’âge minimum pour le mariage des jeunes-filles qui devrait passer de 14 à 16 ans (âge pour les jeunes gens) selon le Code de droit canon de 1983, imposera un changement du droit de l’Eglise. C’est aussi un signal en direction des sociétés qui pratiquent le mariage précoce des petites filles. Mais il précise que le droit laissait de toute façon aux aux conférences épiscopales la liberté de relever ce seuil et beaucoup l’avaient déjà fait. le pape propose donc que maintenant la loi des 16 ans devienne universelle.
Pour le p. Federico Lombardi SJ, modérateur de la Rencontre, cette proposition fait partie des « surprises » introduites par le pape François. La liste elle-même étant une « surprise », dit-il, soulignant que la liste témoigne d’une « réflexion qui donne un sens vif du concret » et il attend de ce « point de départ » de la réflexion des « réponses fortes pour la vie de l’Eglise ».
Quant au premier point, le « vademecum », il est déjà bien avancé dans les travaux de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a révélé Mgr Scicluna. Il se présente sous forme de « questions/réponses » pour aider les évêques dans tous les continents et les différents contextes.
Le p. Hans Zollner SJ a pour sa part insisté sur « l’écoute des victimes » pour pouvoir « passer à l’action » comme le pape le demande dans cette feuille de route.
AB
« Points de réflexion »

  1. Elaborer un manuel (« vademecum ») pratique dans lequel seraient spécifiées les démarches à entreprendre par l’autorité dans tous les moments clés de l’apparition d’un cas.

 

  1. Se doter de structures d’écoute, composées de personnes formées et expertes, où faire un premier discernement des cas des victimes présumées.

 

  1. Etablir les critères pour l’implication directe de l’évêque ou du supérieur religieux.

 

  1. Mettre en œuvre des procédures communes pour l’examen des accusations, la protection des victimes et le droit de la défense des accusés.

 

  1. Informer les autorités civiles et les autorités ecclésiastiques supérieures conformément aux normes civiles et canoniques.

 

  1. Réviser périodiquement les protocoles et les normes afin de préserver un environnement protégé pour les mineurs dans toutes les structures pastorales; des protocoles et des normes fondés sur les principes de justice et de charité et qui doivent être intégrés pour que l’action de l’Église également dans ce domaine soit conforme à sa mission.

 

  1. Établir des protocoles spécifiques pour traiter les accusations contre les évêques.

 

  1. Accompagnez, protégez et soigner les victimes en leur offrant tout le soutien nécessaire à une guérison complète.

 

  1. Sensibiliser davantage aux causes et aux conséquences des abus sexuels grâce à des initiatives de formation continue des évêques, des supérieurs religieux, des clercs et de agents pastoraux.

 

  1. Préparer des parcours pastoraux pour les communautés touchées par les abus et des itinéraires pénitentiels et d’accompagnement pour les auteurs.

 

  1. Consolider la collaboration avec toutes les personnes de bonne volonté et avec les opérateurs des médias afin de reconnaître et de discerner les vrais cas des faux, les accusations des calomnies, en évitant des rancoeurs et des insinuations, des rumeurs et des diffamations (cf. Discours du pape François à la curie romaine, 21 décembre 2018).

 

  1. Elever l’âge minimum du mariage à seize ans.

 

  1. Prendre des dispositions qui réglementent et facilitent la participation des experts laïcs aux enquêtes et aux différents degrés de jugement des procès canoniques concernant les abus sexuels et/ou de pouvoir.

 

  1. Le droit à la défense: il faut aussi sauvegarder le principe de droit naturel et canonique de la présomption d’innocence jusqu’à la preuve de la culpabilité de l’accusé. Par conséquent, il est nécessaire d’éviter la publication de listes des accusés, même par les diocèses, avant l’enquête préliminaire et la condamnation définitive.

 

  1. Observer le principe traditionnel de proportionnalité de la peine en ce qui concerne le crime commis. Penser à ce que les prêtres et les évêques coupables d’agression sexuelle sur des mineurs quittent le ministère public.

 

  1. Introduire des règles concernant les séminaristes et les candidats au sacerdoce ou à la vie religieuse. Pour eux, introduire des programmes de formation initiale et continue pour consolider leur maturité humaine, spirituelle et psycho-sexuelle, ainsi que leurs relations interpersonnelles et leurs comportements.

 

  1. Procéder à une évaluation psychologique des candidats au sacerdoce et à la vie consacrée par des experts qualifiés et accrédités.

 

  1. Indiquez les normes régissant le transfert d’un séminariste ou d’un aspirant religieux d’un séminaire à un autre; ainsi qu’un prêtre ou d’un religieux d’un diocèse – ou d’une congrégation – à un autre.

 

  1. Formulez des codes de conduite obligatoires pour tous les clercs, religieux, personnels de service et bénévoles, afin de définir les limites appropriées dans les relations personnelles. Spécifier les exigences nécessaires pour le personnel et les bénévoles et vérifier leur casier judiciaire.

 

  1. Expliquez toutes les informations et les données sur les dangers des abus et leurs effets, sur la façon de reconnaître les signes d’abus et la façon de signaler des soupçons d’abus sexuel. Tout cela doit se faire en collaboration avec les parents, les enseignants, les professionnels et les autorités civiles.

 

  1. Il est nécessaire de créer, là où cela n’a pas encore été fait, un organe facilement accessible pour les victimes qui souhaitent dénoncer des crimes éventuels. Un organisme qui jouisse d’autonomie également vis-à-vis de l’autorité ecclésiastique locale et composé d’experts (clercs et laïcs), sachant exprimer l’attention de l’Église envers ceux qui, dans ce domaine, se considèrent offensés par des attitudes déplacées de la part de clercs.

 
© Traduction de ZENIT, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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