Jeudi Saint : 300 prisonniers accueillent le pape

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« Dans la joie, pour célébrer la Cène du Seigneur »

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Quelque 300 détenus ont attendu « dans la joie » le pape François qui a célébré avec eux la messe de la Cène du Seigneur, à la prison de Rebibbia à Rome, ce Jeudi Saint, 2 avril 2015 : au cours de la célébration, le pape a lavé les pieds d’hommes et des femmes détenus.

“Je vous remercie votre accueil si chaleureux, merci beaucoup!” a déclaré le pape après avoir consacré environ une demi-heure à saluer les détenus en dehors de l’église du Notre-Père, avant de se préparer pour la messe in Cena Domini.

Le pape a pris le temps de bénir, d’embrasser, de bénir des objets de dévotion ou d’imposer les mains aux détenus qui l’embrassaient ou lui baisaient les mains avec beaucoup de respect et d’affection, applaudissant tel ou tel de ses gestes.

Ils étaient 150 hommes et 150 femmes – dont 15 mères avec leurs enfants – à être présents dans l’église du « Notre Père » de la prison, ainsi que le personnel, les aumôniers et des bénévoles. Le nouveau centre de détention de Rebibbia, inauguré en 1971, abrite environ 2100 détenus au total, dont 350 femmes.

« L’attente est très forte. C’est une attente joyeuse, qui implique un peu tout le monde », confie Daniela de Robert, présidente de l’association des visiteurs de prison « VIC » (Volontari in carcere) de la Caritas de Rome, au micro de Radio Vatican.

Bénévole à Rebibbia, elle salue « un signal très fort de proximité du pape François envers cette « périphérie » qu’est le monde de la prison ; un signal d’attention qui change sensiblement la vie des personnes ».

Elle voit aussi « une continuité » entre les derniers pontificats en ce qui concerne la pastorale de la prison : « Jean-Paul II a rencontré la personne qui lui avait tiré dessus avec un geste de pardon très fort ; Benoît XVI a choisi de dialoguer avec les détenus dans la même prison de Rebibbia ; et le pape François dit sans cesse : “Ne jugeons pas, car nous sommes tous dans le même bateau d’une certaine façon”. »

Pour Daniela de Robert, les prises de parole du pape François sont une façon de dire : « Vous n’êtes pas différents de nous, vous n’êtes pas le mal, vous n’êtes pas des personnes que nous devons écarter. Nous sommes tous égaux avec des destins divers, avec des choix divers, avec des péchés peut-être aussi divers, mais le jugement ne sert à rien. »

« Ne pas juger, dans un monde où l’on est constamment jugé – durant le procès, quand on est en prison, quand on en sort et que l’on devient ex-détenu… – est un message qui réchauffe le cœur. C’est un message important aussi pour la communauté chrétienne qui ne pense pas toujours qu’aller rendre visite aux détenus est un peu comme rendre visite aux malades. »

Elle souligne que « la demande de spiritualité est un aspect important de la vie en prison, où l’on a plus de temps pour penser, pour être avec soi-même, un temps vide qui souvent est rempli par la réflexion… souvent, même les détenus non chrétiens, d’autres religions, viennent à la messe comme un espace de prière et de partage ».

Daniela de Robert exprime sa conviction que le pape laissera « de l’espérance et une solitude moins profonde » : « il laissera le sentiment de ne pas être les derniers de la Terre, et peut-être la volonté de changer…, il laissera la sensation d’être des hommes et des femmes comme les autres et d’avoir des droits comme les autres, mais aussi des devoirs comme les autres ».  

Déjà lors du premier Jeudi Saint après son élection, le pape avait célébré la Messe de la Cène du Seigneur à la prison pour mineurs de Casal del Marmo, dans la banlieue Nord de Rome.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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