Fides et Amnesty International : pour la Saint Valentin, stop aux "diamants de sang"

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Les liens existant entre le commerce du diamant et les guerres civiles

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CITE DU VATICAN, Jeudi 14 février 2002 (ZENIT.org) – A l´occasion de la Saint-Valentin, l´agence internationale Fides, organe de la Congrégation vaticane pour l´Evangélisation des peuples, dénonce les liens existant entre le commerce du diamant et les guerres civiles. Amnisty International (AI) a en effet lancé une campagne qui dénonce cette alliance mortifère.

Trois pays producteurs de diamants sont mis en cause: l´Angola, la Sierra-Leone et la République démocratique du Congo. Les diamants, considérés comme « un gage d´amour », sont en réalité « synonymes de guerre, de souffrances et de pauvreté », leur vente ayant « permis de financer des guerres civiles », affirme AI.

Pour sa part, le P. Giovan Battista Antonini, missionnaire catholique italien, déclare à Fides qu´un système éventuel de certification des pierres, tel qu´il doit être débattu en mars par l´Assemblée générale de l´ONU, « est un pas dans la bonne direction », mais « la fin du trafic est un objectif à long terme, à condition que la communauté internationale s´engage à promouvoir des contrôles sérieux ». « L´initiative d´AI est sans doute méritoire, ajoute le père Antonini, mais il ne faut pas se faire d´illusions: ce trafic ne sera pas arrêté du jour au lendemain ».

« Lorsque vous achetez un diamant pour la Saint Valentin, demandez au bijoutier s’il en connaît la provenance ». C’est une des initiatives de la campagne d’Amnesty International contre les trafics de diamants qui alimentent les guerres dans des pays comme l’Angola, la République Démocratique du Congo ou la Sierra Leone, précise Fides. Les riches gisements de diamants de ces zones constituent l’enjeu d’armées et de mouvements de guérilla qui exploitent le commerce de pierres précieuses pour acheter des armes et alimenter les conflits, créant un cercle vicieux.

La campagne d’Amnesty International contre le commerce des pierres précieuses à des fins guerrières s’intitule : « Le véritable coût des diamants ». Elle consiste à faire pression sur les bijoutiers et les gouvernements pour qu’ils contrôlent l’origine des diamants importés. On cherche ainsi à amener la communauté internationale à créer un système de certification de l’origine des diamants. Amnesty demande également aux pays concernés par le trafic de diamants et d’armes de poursuivre les responsables de ce type de commerce.

« La création d’un système de certification internationale des diamants est un pas dans la bonne direction », commente pour Fides le Père Giovan Battista Antonini, missionnaire avec une longue expérience en Afrique. Le père Antonini ne croit pourtant pas que les bénéfices seront immédiats : « Il ne faut pas se faire d’illusions : ces commerces ne finiront pas du jour au lendemain. L’initiative d’Amnesty International est sans doute méritoire parce qu’elle sensibilise l’opinion publique mondiale au problème. Mais la fin du trafic est un objectif à long terme, à condition que la communauté internationale exerce les contrôles nécessaires ».

Pour Fides, aucun doute: il y a des intérêts puissants dans ce trafic, des réseaux criminels qui s’étendent en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient, des états qui ont envahi leurs voisins pour s’approprier leurs richesses, et des banques et institutions financières qui blanchissent l’argent sale. Le résultat est l’appauvrissement de pays potentiellement riches. « Prenons le Congo, commente le Père Antonini. La zone diamantifère de Kisangani est contrôlée par l’Ouganda et le Rwanda. Ce dernier, qui n’exportait qu’une petite quantité de pierres précieuses avant d’envahir son voisin, est devenu un grand exportateur de diamants. Les pierres viennent des mines congolaises, mais les taxes et les droits de douane ne sont pas payés à Kinshasa. Les richesses du pays (diamants, coltan, bois) sont pillées, et les Congolais s’appauvrissent de plus en plus ».

L’Angola aussi est victime des « diamants de sang », dénonce Fides. D’après le Père Antonini, « la situation angolaise est désespérée : des millions de mines sont disséminées dans les champs. Les paysans ne peuvent pas les cultiver et dépendent de l’aide internationale. La guerre entre l’Unité, qui contrôle les gisements de diamants, et le gouvernement, qui contrôle le pétrole, semble ne jamais finir, tandis que la communauté internationale s’en désintéresse ».

La Sierra Leone, elle, a pris le chemin de l’apaisement. Le désarmement des rebelles du Revolutionary United Front (RUF) s’est terminé fin décembre, mais les forces du gouvernement, soutenues par l’ONU, n’ont pas encore totalement pris le contrôle de la zone diamantifère.

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ZENIT Staff

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