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"Dieu a confié à Israël une mission spéciale"

Pour en finir avec la théorie de la substitution

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« Pour les chrétiens, la Nouvelle Alliance n’est pas l’annulation ou la substitution des promesses de l’Ancienne, mais leur accomplissement » affirme le document publié ce 10 décembre 2015 par la Commission pontificale pour les rapports religieux avec le judaïsme. « Dieu a confié à Israël une mission spéciale », affirme le document.

Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables (Romains 11, 29) : c’est le titre de ce nouveau document élaboré pour marquer le 50e anniversaire de la Déclaration conciliaire Nostra ӕtate sur les rapports de l’Eglise avec le judaïsme et avec les autres religions.

Le document a été présenté par le cardinal Kurt Koch, président de la Commission pontificale pour les rapports religieux avec le judaïsme ; par le P. Norbert Hofmann, S.D.B., secrétaire de ce même dicastère ; par le rabbin David Rosen, directeur international des Affaires interreligieuses de l’American Jewish Committee (AJC), de Jérusalem (Israël) et par le Dr. Edward Kessler, directeur fondateur de l’Institut Woolf, de Cambridge (Royaume-Uni).

Le document rassemble « des réflexions sur des questions théologiques concernant les relations catholico-juives à l’occasion du 50e anniversaire de Nostra ӕtate (n. 4) ».

Et notamment, il refuse la théorie du « remplacement » ou de la « substitution » car jamais Dieu ne renie l’Alliance scellée avec Abraham : « L’alliance que Dieu a conclue avec Israël n’a jamais été révoquée et elle demeure toujours valable, en raison de la fidélité sans faille de Dieu envers son peuple. En conséquence, la Nouvelle Alliance à laquelle les chrétiens croient ne peut être conçue que comme l’affirmation et l’accomplissement de l’ancienne. C’est pourquoi les chrétiens sont convaincus aussi qu’à travers la Nouvelle Alliance, l’alliance abrahamique a été étendue à tous les peuples, en acquérant ainsi l’universalité contenue dès l’origine dans l’appel d’Abram. »

Plus encore, cette fidélité est essentielle aussi pour la foi catholique, au point que le document parle « d’interdépendance » : « Ce recours à l’alliance abrahamique est si essentiellement constitutif de la foi chrétienne que sans Israël, l’Église risquerait de perdre son rôle dans l’histoire du salut. Toujours dans la perspective de l’alliance abrahamique, les juifs pourraient de leur côté arriver à la conclusion que sans l’Église, Israël risquerait de demeurer trop particulariste et de ne pas saisir l’universalité de son expérience de Dieu. En ce sens fondamental, Israël et l’Église demeurent liés l’un à l’autre à cause de l’Alliance, et sont interdépendants l’un de l’autre. »

Le document affirme l’élection d’Israël et une « seule histoire de l’alliance de Dieu avec les hommes » : « Israël est par conséquent le peuple élu et aimé de Dieu, le peuple de l’alliance jamais abrogée ni révoquée. »

Puis le document parle du salut en citant un important document de 1985 : Notes pour une présentation correcte des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l’Église catholique, qui affirme que « l’Église et le judaïsme ne sauraient être présentés comme “deux voies de salut parallèles” », et que l’Église doit « témoigner du Christ Rédempteur à tous » (n. I, 7). »

Le paragraphe suivant reconnaît la mission « spéciale » d’Israël : « De la profession de foi chrétienne qu’il ne peut y avoir qu’une seule voie menant au salut, il ne s’ensuit d’aucune manière que les juifs sont exclus du salut de Dieu parce qu’ils n’ont pas reconnu en Jésus Christ le Messie d’Israël et le Fils de Dieu. (…) Dieu a confié à Israël une mission spéciale, et il ne portera pas à son accomplissement son mystérieux plan de salut pour tous les peuples (cf. 1 Tm 2, 4) sans y faire participer son “Fils premier-né” (Ex 4, 22). »

« Du point de vue théologique, le fait que les juifs prennent part au salut de Dieu est indiscutable », affirme le document qui y voit un « mystère insondable » du dessein de Dieu : « Ce n’est donc pas un hasard si les considérations sotériologiques de Paul en Romains 9-11 sur la rédemption irrévocable d’Israël à la lumière du mystère du Christ culminent dans cette magnifique doxologie : “Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses vues impénétrables” (Rm 11, 33). »

Le document tient donc ensemble « la perspective théologique de l’universalité du salut en Jésus Christ » et « la permanence de l’alliance entre Dieu et Israël ».

Le texte cite en outre les paroles de saint Jean-Paul II, le 17 novembre 1980 à Mayence, à l’occasion de sa rencontre avec des représentants des communautés juives, affirmant que « l’Ancienne Alliance n’avait jamais été révoquée par Dieu » : « La première dimension de ce dialogue, à savoir la rencontre entre le peuple de Dieu de l’Ancien Testament, jamais révoquée par Dieu […], et celle du Nouveau Testament, est en même temps un dialogue interne à notre Église, pour ainsi dire entre la première et la deuxième partie de sa Bible » (n. 3).

Le nouveau document fait observer que cette affirmation est reprise dans le Catéchisme de l’Église catholique de 1993, qui dit que « l’Ancienne Alliance n’a jamais été révoquée » (n. 121).

Une autre partie du document est consacrée à l’évangélisation : la conférence de presse de présentation a souligné le refus de tout prosélytisme à l’égard des juifs.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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