Chant de l’hymne acathiste pour l’Immaculée Conception

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Notice explicative du P. Emmanuel Lanne

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CITÉ DU VATICAN, jeudi 7 déc. (ZENIT.org) – La salle de presse du Saint-Siège propose, en préparation à la célébration de la solennité de l´Immaculée conception, le vendredi 8 décembre, une notice explicative sur l´hymne acathiste – en italien – rédigée par le P. Emmanuel Lanne, Bénédictin de Chevetogne (Belgique).

Ce monastère à vocation œcuménique a été fondé en 1925 par Dom Lambert Beauduin. Il a cette particularité de réunir en un seul monastère des communautés de rite latin et de rite byzantin.

Le P. Lanne est actuellement directeur spirituel à Rome au collège pontifical gréco-catholique qui accueille les moines de Chevetogne de rite oriental qui poursuivent leurs études de théologie à Rome.

Comme c´est la tradition, à Rome, pour célébrer l´Immaculée Conception, le pape Jean-Paul II se rendra demain après-midi, 8 décembre, Place d´Espagne pour un hommage floral à Marie. En effet la place est dominée par la statue de la Vierge Marie, placée au sommet d´une colonne dont la base est entourée de 4 « prophètes » de l´Ancien Testament.

Mais ce qui est nouveau, c´est qu´à l´occasion du Jubilé, le pape se rendra ensuite à la basilique Sainte-Marie Majeure où sera chanté l´hymne marial oriental par excellence, l´hymne acathiste, que l´on ne chante « pas » (a-) « assis » (-cathiste), mais debout, et célèbre le mystère de l´Incarnation et de la maternité de Marie, proclamée « Mère de Dieu » par le Concile d´Ephèse en 431. C´est pourquoi il convient particulièrement bien aux célébrations des 2000 ans de la naissance du Christ, comme le souligne le P. Lanne.

De nombreuses communautés catholiques orientales seront représentées à la célébration présidée par le pape. L´hymne sera ainsi chanté en grec, en paléo-slave, en hongrois, en ukrainien, en roumain et en arabe.

– Notice sur l´hymne acathiste (traduction de l´original italien) –

« L´hymne acathiste (du grec a-kathistos, “sans s´asseoir”)est un chant de supplication et de louange pour commémorer le mystère de l´Incarnation. Il s´appelle « acathiste » parce que pendant qu´on le chante, on doit rester debout. Pour d´autres ce mot ferait allusion à la veillée qui accompagnait son exécution au palais impérial de Constantinople. L´acathiste est un poème en forme de « kontakion ». Il comprend 24 strophes, appelées « stances » (oikoi), regroupées en 4 parties ou « stases ». Les 24 stances alternent: l´une impaire, plus longue, de 24 vers, commençant chacun par « Kaire » (“Réjouis-toi”, d´après la première parole de l´archange Gabriel à Marie), et se termine par le refrain “Réjouis-toi , épouse sans noces”; puis vient la stance paire, plus brève, de 8 vers. Elle se réfère à différentes scènes de l´Evangile en relation à Marie et au Christ, et se conclut à chaque fois par le refrain “alléluia”.

Le thème est la célébration de l´Annonciation. Les 12 premières stances commentent longuement ce thème avec de nombreuses figures poétiques; les 12 autres se réfèrent à la participation de Marie-Mère-de-Dieu (Theotokos) à la rédemption et à la restauration de l´humanité dans les mystères du Christ.

Dans les Eglises de tradition byzantine, l´hymne acathiste se chante le soir du vendredi précédant le 5e samedi de carême, qui tombe souvent autour de la date de l´Annonciation. Dans la tradition grecque, l´une des quatre stances de l´hymne acathiste se chante aussi le soir des 4 premiers vendredis de carême et l´on reprend entièrement ces 4 stances de l´acathiste le vendredi précédant le 5e samedi. Au cours de la célébration , l´on chante à différentes reprises le “proemio”, de ce « kontakion », un prélude devenu aussi le « kontakion de la fête du 25 mars ».

Il dit en effet:
“A toi, qui conduis les foules et me défends, moi, ta cité, rachetée grâce à toi de terribles malheurs, ô Mère de Dieu, je dédie ces chants de victoire en action de grâce. Et toi qui possèdes la puissance invincible, libère-moi de toute forme de danger, afin que je t´acclame: Réjouis-toi, épouse sans noces”.

Ce texte montre qu´il existe une relation entre la louange offerte à la Vierge Marie et la défense de la capitale de l´empire, Constantinople, bien que l´hymne en lui-même ne contiennent aucune autre allusion qui puisse le mettre en rapport avec des événements de l´histoire byzantine et de le dater. Cependant, en août 626 l’acathiste a été chanté pour remercier la Mère-de-Dieu de la libération de la ville assiégée par les Avares. Il semble pourtant que cet hymne soit beaucoup plus ancien et qu´il ait été destiné à l´origine à être chanté le lendemain de Noël, pour la fête de la Vierge, et qu´il ait ensuite été attribué aussi à la fête de l´Annonciation au cours des années 530-553.

Son auteur est resté inconnu. Ce très bel hymne a été attribué à Romain le Mélodiste (*fin du V s. – † 555-565 ca.), sans arguments convaincants (M. Arranz) et il semble plus ancien. D’autre part, sa composition est beaucoup plus complexe que celle des kontakia authentiques de Romain. [Romain était un moine syrien. Nous possédons encore 80 du millier d´hymnes qui lui sont attribués et constituent un chef-d´œuvre de la littérature universelle, ndlr].

Tous les Chrétiens de tradition orientale sont très attachés à l´hymne acathiste. Il représente une forme exemplaire de leur dévotion à la Vierge Marie, et au mystère de l´incarnation. En plus de la célébration liturgique de l´acathiste que nous avons vue, on le chante aussi en des circonstances spéciales pour implorer la protection de la Mère-de-Dieu et il convient en particulier à la Célébration du grand Jubilé.

Du fait qu´il soit si cher à la piété byzantine, il a été imité pour créer différents hymnes en l´honneur de saints ou même du Seigneur Jésus. Ces chants, très répandus chez les Russes et les Ukrainiens, s´appellent aussi acathistes, mais ils sont à part cela étrangers à l´acathiste authentique dédié à la Vierge ».

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ZENIT Staff

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