Syrie : des voix s'élèvent contre une intervention militaire

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« Cela équivaudrait à faire exploser un volcan »

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Des voix s’élèvent contre la perspective d’une attaque extérieure, désormais considérée comme imminente, contre le régime d’Assad, en Syrie : ce serait « un malheur », estiment les communautés chrétiennes sur place et des observateurs extérieurs, dont les propos sont rapportés par l’agence vaticane Fides.

Déjà lundi dernier, Mgr Antoine Audo, évêque chaldéen d’Alep, mettait en garde : « s’il y avait une intervention militaire, cela voudrait dire le risque d’une guerre mondiale » (cf. Zenit du 26 août 2013).

Faire exploser un volcan

Pour le patriarche de Babylone des Chaldéens, Louis Raphaël I Sako, une intervention contre la Syrie constituerait « un malheur » : « Cela équivaudrait à faire exploser un volcan. L’explosion serait destinée à emporter l’Irak, le Liban, la Palestine et peut-être quelqu’un recherche-t-il justement cela ».

Il met en garde en rappelant l’expérience vécue par le peuple irakien : « Dix ans après l’intervention de la coalition qui abattit Saddam Hussein notre pays est encore martyrisé par les bombes, les problèmes de sécurité, l’instabilité, la crise économique ».

En outre, fait-il observer, dans le cas de la Syrie, « l’opposition à Assad est divisée, les différents groupes se combattent entre eux. Les milices djihadistes se multiplient… Quel serait le destin de ce pays après une telle intervention ? ».

Le patriarche se montre également prudent quant au choix de justifier l’intervention comme des représailles contre l’usage d’armes chimique : « Les occidentaux ont justifié l’intervention contre Saddam Hussein en l’accusant de posséder des armes de destruction massive. Mais ces armes n’ont pas été trouvées ».

Le « seul chemin possible », insiste Mgr Sako, « consiste dans la recherche de solutions politiques : pousser les combattants à négocier, imaginer un gouvernement provisoire impliquant tant les partisans du régime que les forces d’opposition et ce en écoutant ce que veut vraiment le peuple syrien dans sa majorité ».

L’extrême souffrance des Syriens

Pour les religieux du Monastère de Deir Mar Musa, (dédié à Saint Moïse l’Ethiopien), oasis de prière au nord de Damas, « la position juste signifie refuser toute forme de violence, faire taire les armes, ne pas dresser les uns contre les autres, défendre et protéger les droits humains ».

« Nous sommes dans une phase d’extrême souffrance », confient-ils à Fides : « Nous souhaitons que les pays occidentaux prennent une position juste face à cette terrible crise syrienne ».

Les moines et les moniales, engagés dans une œuvre de dialogue entre l’islam et le christianisme, viennent de vivre une « journée spéciale de prière et de jeûne » le 27 août, pour la libération du Père Dall’Oglio – leur fondateur enlevé voici un mois dans la zone de Raqqa – et pour la paix en Syrie.

« Nous croyons qu’aujourd’hui, même dans le cadre de cet impitoyable conflit, la prière demeure un puissant moyen pour résister au mal et le seul instrument qui alimente l’espérance », explique Sœur Houda Fadoul, responsable de la communauté féminine : « Nous continuons notre mission qui est celle d’offrir à Dieu un culte spirituel, surtout pour éduquer les jeunes au dialogue et à la paix. »

Le peuple demande la paix

Mairead Maguire, Prix Nobel de la Paix en 1976 pour son action en Irlande du Nord et responsable de l’ONG Peace People, vient d’accomplir une mission de paix en Syrie en mai 2013. Elle exprime également son opposition à l’usage de la force : « La violence n’est pas la réponse. Cherchons à fournir une possibilité à la paix ».

Elle met en garde : « Une action militaire des forces américaines ou de l’OTAN ne résoudra pas les problèmes de la Syrie. Elle pourrait en revanche porter à la mort de milliers de syriens et au broyage de la Syrie. Ce qui causera une fuite ultérieure des syriens dans les pays limitrophes et déstabilisera l’ensemble du Moyen-Orient, laissant la zone en proie à une violence incontrôlée ».

Mme Maguire raconte avoir rencontré en Syrie de nombreuses personnes et de nombreux groupes qui « travaillent à la construction de la paix et de la réconciliation » : « Le peuple de Syrie demande à grands cris la paix et la réconciliation ainsi qu’une solution politique à la crise syrienne qui continue à être enflammée par des forces extérieures, au travers de milliers de combattants étrangers, financés par des pays tiers en vue de leurs propres intérêts politiques ». 

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ZENIT Staff

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