Synthèse de la première prédication de carême du p. Cantalamessa

Print Friendly, PDF & Email

« Redécouvrir le dimanche comme jour de la résurrection »

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

CITE DU VATICAN, Vendredi 25 février 2005 (ZENIT.org) – Dans sa première prédication de carême, le père Raniero Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, appelle les fidèles à redécouvrir le dimanche comme jour de la résurrection.

Actuellement hospitalisé, le pape n’a pas pu, comme de coutume, assister à cette première méditation de carême en compagnie de ses collaborateurs de la curie romaine, dans la chapelle « Redemptoris Mater » du palais apostolique du Vatican. Cette méditation est la suite de la réflexion du père Cantalamessa sur l’hymne eucharistique « Adoro te devote » qu’il a déjà développée au cours de l’Avent (cf. Zenit 5, 12, 19).

Nous publions ci-dessous une synthèse de la méditation, proposée par le père Cantalamessa.

Comme Thomas l’apôtre
Eucharistie et résurrection du Christ

La prédication de Carême poursuit la réflexion sur l’Eucharistie à la lumière de l’Adoro te devote. Dans la troisième strophe de l’hymne, l’auteur nous a conduit sur le calvaire pour nous faire revivre l’événement de la mort du Christ ; dans la quatrième qui est l’objet de cette méditation, il nous entraîne dans le Cénacle pour nous faire rencontrer le Ressuscité. Il veut montrer par là que l’Eucharistie est en relation étroite avec la mort et la résurrection du Christ, mais il ne le fait pas en termes théoriques et abstraits. A travers une heureuse intuition poétique, il choisit dans les deux cas un épisode et un personnage concret avec qui s’identifier : pour la croix le bon larron, pour la résurrection l’apôtre Thomas.

Tes plaies, tel Thomas, moi je ne les vois pas,
Mon Dieu, cependant, tu l’es je le confesse,
Fais que toujours davantage, en toi je croie,
Je place mon espérance, je t’aime.

Sur la croix, se cachait ta seule divinité,
Mais ici en même temps, se cache aussi ton humanité.
Tous les deux cependant, je les crois et les confesse,
Je demande ce qu’a demandé le larron pénitent.

L’auteur de l’Adoro te devote a voulu mettre en évidence la profonde analogie qui existe entre la situation de Thomas et celle du croyant. Dans chaque Eucharistie, c’est comme si Jésus entrait à nouveau, « toutes portes fermées », dans le lieu de la célébration (Il vient de l’intérieur, non de l’extérieur, de manière sacramentelle) ; dans la communion, il ne nous permet pas seulement de pénétrer dans son cœur, mais c’est lui qui pénètre dans le nôtre.

Il nous demande de toucher ses plaies, mais nous aussi nous pouvons lui demander de toucher les nôtres… Des plaies différentes des siennes, fruits du péché, non de l’amour. Les toucher pour les guérir.

La vérité théologique mise en lumière dans cette strophe est que dans l’Eucharistie est présent non seulement le crucifix mais également le ressuscité ; elle est le mémorial, comme dit l’antique canon romain, « aussi bien de la bienheureuse passion que de sa résurrection des morts ». Dans chaque Messe, Jésus est, dans le même temps, la victime et le prêtre. Si, en tant que victime il rend présente sa mort, en tant que prêtre il rend présente sa résurrection. Qui célèbre en effet, mais aussi, qui parle et dit : « Prenez, ceci est mon Corps », ne peut être un mort, mais un vivant.

A travers la résurrection c’est Dieu le père qui entre comme protagoniste dans le mystère eucharistique. Si en effet la mort du Christ est l’œuvre des hommes, la résurrection est l’œuvre du père. « Vous l’avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies, mais Dieu l’a ressuscité » (Ac 2, 23s.), s’écrie Pierre le jour de la Pentecôte.

Le lien théologique profond entre l’Eucharistie et la résurrection crée un lien liturgique entre l’Eucharistie et le Dimanche. Il est significatif que le jour par excellence (et, au début, l’unique) de la célébration eucharistique ne soit pas celui de la mort du Christ, le vendredi, mais le jour de la résurrection, le dimanche.

La première apparition du Christ au Cénacle advint le même jour que la résurrection, « le premier jour après le sabbat », et la seconde, celle qui est reliée à l’épisode de Thomas, « huit jours après » c’est-à-dire à nouveau après le sabbat. L’insistance mise sur la date chronologique de ces deux apparitions montre l’intention de l’Evangéliste de présenter la rencontre de Jésus avec les siens au Cénacle comme le prototype de l’Assemblée dominicale de l’Eglise : Jésus est présent au milieu de ses disciples dans l’Eucharistie ; il leur donne la paix et l’Esprit Saint ; dans la communion, ils touchent, plus encore, ils reçoivent, son corps blessé et ressuscité, et, comme Thomas, ils proclament leur foi en lui. L’on retrouve ici pratiquement tous les éléments de la messe.

Des motifs pastoraux urgents nous poussent à redécouvrir le dimanche comme « jour de la résurrection ». Nous sommes revenus à des situations plus proches des premiers siècles qu’à celles du Moyen-âge, quand l’aspect le plus important du Dimanche était le précepte du repos hebdomadaire. Il n’existe plus une législation civile qui protège pour ainsi dire le Jour du Seigneur et en fait un jour particulier. Cette même loi du repos hebdomadaire, est sujette, dans l’organisation actuelle du travail, à de nombreuses limites et exceptions. Du reste, comme journée de repos du travail, existe désormais, dans la majorité des pays chrétiens, le samedi…

Nous devons redécouvrir ce qu’était le dimanche des premiers siècles, quand celui-ci était un jour spécial non du fait d’éléments extérieurs, mais en raison de sa propre force intérieure. Aucun fidèle ne devrait rentrer à la maison de la messe du Dimanche sans se sentir également et d’une certaine façon « engendré de nouveau par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts pour une vivante espérance» (1 P 1, 3). Il suffit de peu pour obtenir cela et de placer l’entière célébration dominicale sous le signe pascal de la résurrection : peu de paroles, mais des paroles vibrantes au moment du salut initial, choix d’une formule finale de congé appropriée, telle que : « La joie du Seigneur soit notre force : allez en paix », ou alors : « Allez et portez à tous la joie de Notre Seigneur ressuscité !.

Comme dans chaque strophe, celle-ci se termine également par une invocation à la prière. Du souvenir de Thomas et des paroles du Christ : « Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru! » (Jn 20, 29) naît l’invocation : Fac me tibi semper magis credere, in te spem habere, te diligere, « Que je croie toujours plus, Jésus Christ Notre Seigneur, que j’espère et t’aime toujours plus jusqu’à mes derniers jours ». D’une certaine manière, est demandé une croissance des trois vertus théologales de foi, d’espérance et de charité. Celles-ci ne peuvent pas ne pas se rallumer au contact de celui qui est l’auteur et l’objet, Jésus Fils de Dieu et Dieu lui-même.

Nous avons déjà analyser l’Eucharistie en relation avec la foi, en commentant le « Credo quidquid dixit Dei filius » de la deuxième strophe et nous aurons le loisir de parler de l’Eucharistie en relation avec l’espérance en commentant la dernière strophe. Arrêtons nous alors sur la reine des vertus théologales, la charité, l’amour. Dans la ligne de la piété toute intérieure et personnelle de l’Adoro te devote, celui-ci nous parle d’un aspect particulier de l’amour : l’amour de l’âme pour Jésus. Fac me… te diligere : fais que moi je t’aime. L’on demande une croissance de cet amour de réponse. Un rappel extrêm
ement précieux pour nous aujourd’hui, pour ne pas dépersonnaliser l’Eucharistie, en la réduisant à la seule dimension communautaire et objective. Une véritable communion entre deux personnes libres ne peut se réaliser que dans l’amour.

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel