Synode : Synthèse des interventions du 5 octobre (après-midi)

Print Friendly, PDF & Email

Deuxième Congrégation générale

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

ROME, Mardi 6 octobre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les synthèses des discours des pères du synode sur l’Afrique, intervenus lors de la deuxième Congrégation générale, lundi 5 octobre après-midi. Il s’agit de:

 

Mgr Raymundo DAMASCENO ASSIS, Archevêque d’Aparecida, Président du « Conseil Épiscopal Latino-americain » (C.E.L.AM.) (BRÉSIL)
Mgr Wilton Daniel GREGORY, Archevêque d’Atlanta (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)
Mgr Orlando B. QUEVEDO, O.M.I., Archevêque de Cotabato, Secrétaire Général de la « Fédération des Conférences Épiscopales d’Asie » (F.A.B.C.) (PHILIPPINES)
Mgr Peter William INGHAM, Évêque de Wollongong, Président de la « Féderation Conférences Épiscopales Catholiques d’Océanie » (F.C.B.C.O.) (AUSTRALIE)
Card. Péter ERDŐ, Archevêque d’Esztergom-Budapest, Président du Conseil Conférences Épiscopales d’Europe (C.C.E.E.) (HONGRIE)
Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA, Archevêque de Kinshasa (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO).

Les interventions portaient sur les relations des différentes continents avec l’Afrique.

Mgr Raymundo DAMASCENO ASSIS, Archevêque d’Aparecida, Président du « Conseil Épiscopal Latino-americain » (C.E.L.AM.) (BRÉSIL)

1. En premier lieu, en qualité de Président du Conseil épiscopal latino-américain – CELAM, je souhaite remercier, de manière particulière, le Saint-Père Benoît XVI pour son invitation à participer à cette Seconde Assemblée spéciale du synode des Évêques pour l’Afrique. Pour moi, évêque latino-américain, c’est un privilège de pouvoir partager le chemin de notre Église, une, sainte, catholique et apostolique, sur le continent africain. Je veux participer à ce Synode avec beaucoup d’attention, d’ouverture et de prière.
Je souhaite exprimer, en ce moment, la solidarité de l’épiscopat et de l’Église latino-américaine aux chers frères Évêques et à toute l’Église pèlerine sur le continent africain.
Nous sommes ici non seulement pour manifester notre fraternité à l’Église en Afrique, mais également pour apprendre, dans la mesure où nous sommes sûrs que les conclusions de cette seconde Assemblée Spéciale aideront également l’Église en Amérique latine dans sa mission de réconciliation et dans sa recherche de justice et de paix.
2. L’Afrique et l’Amérique latine sont des continents très différents entre eux, il est cependant important de savoir qu’en Amérique latine la population d’origine africaine est plus nombreuse que la population de nos propres peuples d’origines, les indigènes. Nous sommes également unis dans la Croix en ce que, sur les deux continents, il y a un fort taux de population qui vit en situation de pauvreté et qui a besoin de biens et de services pour sa subsistance: alimentation, logement, éducation et santé.
Dans le domaine politique et institutionnel, la démocratie dans nombre de nos pays n’est pas suffisamment enracinée dans la culture du peuple et, à cause de cela, n’est pas encore solidement ancrée. Les besoins fondamentaux et urgents d’une grande partie de nos populations n’étant pas satisfaits, ils provoquent l’apparition de politiques aventureuses, de promesses populistes, qui entretiennent les illusions, mais ne résolvent pas les problèmes structurels de la population.
Toujours dans le domaine politique, la situation s’aggrave à cause de la corruption dont on prend souvent connaissance au moyen des différents moyens de communication de masse, phénomène qui pousse la population, et surtout les jeunes, au conformisme et au découragement à l’égard de la politique en tant qu’art de promotion du bien commun.
3. La nouvelle conscience, au niveau mondial, du pluralisme culturel a réveillé en Amérique latine une nouvelle attention et une nouvelle manière de voir nos populations indigènes et d’origine africaine. Cela marque un effort particulier et important d’évangélisation et d’inculturation. Dans le document de la Ve Conférence générale, qui s’est tenue à Aparecida en 2007, on peut lire:
«Les indigènes et les afro-américains émergent actuellement dans la société et dans l’Église. C’est un « kairós » pour approfondir la rencontre de l’Église avec ces secteurs humains qui réclament la pleine reconnaissance de leurs droits individuels et collectifs, la prise en compte de leur « catholicité « avec leur cosmovision, leurs valeurs et leurs identités particulières, pour vivre une nouvelle Pentecôte ecclésiale.» (DA 91).
L’Église en Amérique latine n’a pas vécu de ruptures aussi grandes et dramatiques que l’Église en Afrique noire. C’est pourquoi, l’expérience de l’Église en Amérique latine a été plus continue, même si les souffrances et les erreurs n’ont pas manqué, et c’est justement pour cela qu’elle possède une expérience riche et multiple. Nous avons aujourd’hui une expérience pastorale plus stable, dont la richesse s’est exprimée ces cinquante dernières années au sein de nos cinq Conférences générales – qui sont d’une nature différente des synodes – et aujourd’hui, dans la grande mission continentale qui a comme objectif de mettre l’Église en Amérique latine dans un état de mission permanente. Les documents de ces cinq Conférences générales ont toujours accordé une attention particulière aux paysans, aux indigènes et aux afro-américains, parmi les différentes priorités pastorales.
4. Je souhaite suggérer dans cette intervention certains points, qui pourraient être un sujet de dialogue pour un possible échange fraternel entre les Églises des deux continents. Dans le domaine épiscopal, nous pouvons partager avec l’Afrique la grande richesse qu’ont signifié les 54 années de vie de l’organisme épiscopal que je représente, le Conseil épiscopal latino-américain – CELAM, en tant qu’instrument de communion épiscopale et de service réciproque au sein de notre épiscopat. On pourrait, avec l’aide du Saint-Siège, inviter les évêques de l’Église catholique présents sur les deux continents, en vue d’un échange d’expériences collégiales, pastorales et organisationnelles qui puissent enrichir la mission de l’Église. On pourrait également développer l’expérience existante de diocèses et de congrégations religieuses qui envoient des missionnaires à l’Église d’Afrique.
En ce qui concerne les séminaristes et les prêtres, je pense qu’il serait également possible et réciproquement enrichissant d’offrir des séminaires pour une première formation sacerdotale dans certaines des Églises particulières en Amérique latine qui sont plus riches de ressources. Parmi les avantages, cela représenterait également une occasion pour apprendre une nouvelle langue qui servirait à favoriser l’échange et la communion entre les deux continents sur lesquels la présence catholique est grande.
Même le CELAM, avec l’approbation du Saint-Siège, pourrait accueillir des prêtres, des personnes consacrées ou des laïcs qui travaillent dans la pastorale pour des cours de formation dans ses Institutions pastorales et bibliques à Bogota.
5. Je renouvelle ma gratitude au Saint-Père et à mes chers frères Évêques d’Afrique pour leur invitation à participer à ce kairos, temps de grâce et de conversion, qu’est la IIe Assemblée Spéciale des Évêques pour l’Afrique. Que Notre-Dame de Guadalupe, Reine et Protectrice d’Amérique, nous accompagne pendant cette Assemblée Spéciale et aide, par sa protection maternelle, l’Église en Afrique à trouver, avec la participation de la société, des chemins de réconciliation, de justice et de paix.

[Texte original: portugais]

Traduction française distribuée par la secrétairerie générale du synode (traduction de travail, non officielle)

Mgr Wilton Daniel GREGORY, Archevêque d’Atlanta (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)

J’accueille cette opportunité de résumer l’importance que ce Second Synode pour l’Afrique présente pour l’Église aux Etats-Unis d’Amérique. En tant qu’Américain
s, nous sommes de plus en plus concernés par des questions et des événements relatifs au continent africain. Comme tous les peuples, nous ressentons de manière toujours plus aigue l’impact de l’intensification du caractère global de notre monde. D’abord et avant tout, nous louons le Dieu-Tout-Puissant pour le don de l’Unique Foi qui relie l’Église des États-Unis à toutes les autres Églises de par le monde. Notre communauté catholique a bénéficié directement au cours de la génération précédente d’un nombre croissant de prêtres et de religieux provenant du grand continent africain qui servent maintenant les Catholiques dans notre nation toute entière, et ce avec générosité et zèle. Nous connaissons, grâce à leur présence, la profondeur de la foi et la générosité de l’Église en Afrique.
L’Église aux États-Unis est aussi profondément reconnaissante pour l’opportunité qu’elle a d’aider les Églises locales en Afrique grâce au soutien de la Caritas et des nombreuses coopératives missionnaires variées qui proviennent du cœur généreux de notre peuple et relient fréquemment un diocèse à un diocèse et une paroisse à une paroisse, au travers de la prière mutuelle, de l’assistance financière et de contacts personnels. Je suis heureux et fier de signaler que les agences au sein de la Conférence des Évêques catholiques des États-Unis ont une longue histoire de collaboration avec les Conférences épiscopales et les associations des Conférences épiscopales sur le continent africain dans le domaine de la justice et de la paix. Ce sont ces signes très positifs au travers desquels l’Église dans mon pays et l’Église dans les pays d’Afrique se sont réciproquement engagées dans une œuvre d’évangélisation et d’aide sociale qui ont fait du thème de ce Synode « Au service de la Réconciliation, de la Justice et de la Paix » un important rappel de la manière dont l’Église aux États-Unis et l’Église en Afrique sont liées dans la foi et la charité.
Nous savons désormais que nous pouvons tout simplement dire, en citant les paroles de l’Évangile selon saint Luc: « Nous avons fait ce que nous devions faire » (Lc 17, 10b). Nous reconnaissons que la plus grande ressource dont dispose l’Église en Afrique est son peuple. L’Église aux États-Unis continue à bénéficier de ces peuples provenant d’Afrique qui sont récemment arrivés dans nos ports comme visiteurs et comme nouveaux résidents. Ces nouveaux arrivants viennent, non pas comme cela était le cas précédemment, en portant des chaînes et comme esclaves, mais comme travailleurs qualifiés, hommes d’affaires professionnellement formés et étudiants impatients de se construire une nouvelle vie dans un pays qu’ils considèrent comme prometteur. Beaucoup de ces nouveaux arrivés portent avec eux une foi catholique profonde et dynamique avec son riche héritage spirituel. Ces personnes merveilleuses nous poussent à redécouvrir nos propres traditions religieuses que nous avons si souvent mis de côté du fait de l’influence de nos activités séculaires.
Alors que ma propre nation a fait de remarquables et bienheureux progrès dans sa propre lutte pour la réconciliation raciale et la justice, nous n’avons pas encore atteint cette perfection à laquelle l’Évangile appelle toute l’humanité. Nous avons aussi besoin de réaliser la réconciliation, la justice et la paix dans notre propre pays comme l’écrivait depuis une prison de Birmingham (Alabama) Martin Luther King Jr, en paraphrasant le Prophète Amos, et nous voyons la réalisation ultime de notre grand potentiel, « que le droit coule comme de l’eau, et la justice, comme un torrent qui ne tarit pas » [5, 24].
La grande terre d’Afrique a beaucoup d’autres ressources que le monde convoite aujourd’hui et poursuit parfois avec une avidité éblouissante et une violence fréquente. Vos ressources sont une bénédiction pour cette planète; elles peuvent être utilisées pour apporter non seulement la prospérité aux peuples d’Afrique, mais aussi, si elles sont envisagées correctement, un sens d’unicité à la terre et d’interconnexion entre les peuples où qu’ils soient lorsqu’ils utilisent avec sagesse les ressources naturelles que Dieu a placé entre nos mains comme patrimoine commun.
Je suis profondément reconnaissant à notre Saint-Père de m’avoir invité à m’adresser à mes frères évêques provenant du continent africain et à apprendre d’eux quelques-uns de leurs espoirs, de leurs luttes et de leurs rêves et à partager avec eux la profonde affection et le respect de l’Église aux États-Unis d’Amérique.

[Texte original: anglais]

Traduction française distribuée par la secrétairerie générale du synode (traduction de travail, non officielle)

Mgr Orlando B. QUEVEDO, O.M.I., Archevêque de Cotabato, Secrétaire Général de la « Fédération des Conférences Épiscopales d’Asie » (F.A.B.C.) (PHILIPPINES)

« Au service de la réconciliation, de la justice et de la paix » – le thème de la Seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique est profondément en assonance avec les aspirations de l’Église en Asie.
Malgré d’importantes différences, l’Église en Asie et l’Église en Afrique présentent des similitudes étonnantes. Si la chrétienté a trouvé sa voie au cours de l’âge apostolique en Égypte et en Afrique du Nord grâce à l’œuvre de saint Marc l’Évangéliste, de même de nombreux chrétiens en Inde doivent leur origine à l’Apôtre saint Matthieu. Mais en grande partie, l’Église en Afrique est jeune, comme elle l’est en Asie. Dans de nombreux pays des deux continents, la chrétienté a été introduite par des missionnaires étrangers au cours de la période coloniale. Un nouvel élan missionnaire fut fait au cours des XIXe et XXe siècles.
La richesse de cultures, le trésor inestimable des valeurs familiales qui sont réellement humaines, les milliers de langues parlées, la rencontre entre la chrétienté, l’islam et les religions traditionnelles indigènes, tout cela représente des réalités significatives étonnamment similaires pour l’Afrique et pour l’Asie. Les deux continents sont des continents de pauvres et de jeunes.
Les deux Exhortations post-synodales de notre regretté et bien-aimé Pape Jean-Paul II, Ecclesia in Africa (1995) et Ecclesia in Asia (1998) reflètent ces étonnantes ressemblances. Par exemple en ce qui concerne les défis pastoraux du temps présent: les impératifs constitués par l’inculturation, le dialogue interreligieux, la promotion grandissante d’une culture matérialiste et relativiste mondiale diffusée par les moyens de communication sociale, l’aspect négatif de la mondialisation économique sur les pauvres, le déclin des valeurs morales dans la vie sociale, économique et politique et les menaces continuelles contre la véritable nature du mariage et de la famille, les différents visages de l’injustice et du conflit violent qui ruinent l’harmonie au sein des sociétés africaines et asiatiques.
L’Église en Afrique et l’Église en Asie soulèvent des questions similaires de grande importance: que sommes-nous en tant que communauté de disciples, en tant qu’Église? Comment pouvons-nous être des témoins crédibles du Seigneur Jésus et de son Évangile? Comment devrions-nous répondre aux différents défis pastoraux complexes que nous affrontons dans notre mission afin de proclamer que Jésus est Seigneur et Sauveur?
Comme je l’ai compris, l’Église en Afrique explore les implications théologiques et pastorales de l’Église en tant que Famille de Dieu. Pour notre part, en Asie, sous la conduite des Saintes Écritures et du Magistère vivant de l’Église, nous avons été menés par l’Esprit Saint, nous le croyons, afin d’explorer, dans le contexte asiatique, la théologie de l’Église comme communion et comme humble Servante de l’Évangile et des peuples d’Asie. Cette optique théologique a ouvert l’option pastorale d’un renouveau radical de l’Église en Asie, une option basée plus sur l’être que sur le faire. Nous avons réalisé que les ac
tions devaient provenir du cœur d’une Église renouvelée par le Mystère pascal de Jésus notre Seigneur.
En ses 35 ans d’existence fructueuse, la Fédération des Conférences des Évêques d’Asie a envisagé un renouveau pour l’Église en Asie, soit: une intériorité spirituelle plus profonde; un dialogue avec les cultures asiatiques, avec les anciennes traditions religieuses et philosophiques d’Asie et avec les populations, en particulier les pauvres; un véritable discepolat; un renouveau du caractère laïc des responsables des transformations sociales; un renouveau du sens de la mission ad gentes; le renouveau de la famille asiatique comme point central de l’évangélisation et une manière crédible de vivre l’Eucharistie dans les réalités de la vie quotidienne en Asie.
Ce renouveau est fondamentalement un appel de notre Dieu qui est Amour (Deus Caritas est), nous offrant l’espérance du salut (Spe salvi) et nous incitant à l’amour dans la vérité (Caritas in Veritate).
Pour aimer en vérité, l’Église en Afrique et l’Église en Asie partagent les mêmes expériences de peine et de joie. Les peines – telles que les nombreuses forces d’une culture de mort, des forces que tant Ecclesia in Africa qu’Ecclesia in Asia traitent avec grande inquiétude comme la croissance de la pauvreté et de la marginalisation de nos peuples; les attaques continuelles relatives au mariage et à la famille traditionnelle; les injustices commises envers les femmes et les enfants; notre propension à favoriser les armes de destruction de masse par rapport au développement intégral; notre incapacité à être compétitifs vis-à-vis des puissants au sein d’un ordre économique mondialisé qui n’est géré par aucune norme juridique ou morale; l’intolérance religieuse en lieu et place d’un dialogue entre raison et foi; la règle de l’avidité au-dessus du règne de la loi dans la vie publique; la division et le conflit au lieu de la paix et la dégradation de l’écologie humaine et naturelle. Plus encore, la fréquence des typhons destructeurs, des inondations, des sécheresses, des séismes et des tsunamis sur le continent asiatique requiert désormais notre souci pastoral collectif à propos du réchauffement mondial et du changement climatique.
D’un autre côté, nous faisons l’expérience d’une grande joie et d’un grand espoir au sein des mouvements de justice et de paix, joie qui se manifeste par une prise de conscience et une participation croissante des jeunes et des femmes aux décisions et aux transformations sociales, par le mouvement de plusieurs groupes de la société civile vers l’intégrité dans la vie publique et dans le soin et l’intégrité de la création, par la solidarité des personnes de bonne volonté provenant de différentes classes sociales et de différentes traditions religieuses et leur capacité à travailler pour un ordre social plus juste, plus pacifique et plus fraternel.
La raison de notre joie et de notre espoir réside dans le fait que nous voyons de nombreux mouvements positifs au sein de l’Église, dans différentes organisations ecclésiales et mouvements, au sein de petites communautés chrétiennes, parmi un grand nombre d’hommes et de femmes engagés dans la vie religieuse et parmi le clergé – tout cela portant les valeurs du Royaume de Dieu dans le nouvel aréopage de l’Évangélisation.
Avec ces sentiments de joie et d’espoir dans le Seigneur, j’exprime la solidarité des membres de la Fédération des Conférences des Évêques d’Asie à tous les participants de la Seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique. Nous vous remercions profondément d’accueillir de nombreux missionnaires d’Asie ainsi que des travailleurs immigrés provenant de notre bien-aimé continent.
Concernant notre récente 9e Assemblée plénière de la FABC de Manille, permettez-moi d’exprimer notre gratitude à Son Éminence le Cardinal Francis Arinze, qui était l’Envoyé spécial du Saint-Père, et à Son Éminence le Cardinal Ivan Dias qui a envoyé Son Excellence Mgr Robert Sarah en qualité de représentant personnel.
De manière toute particulière, au nom de la FABC, j’exprime notre très profonde et affectueuse fidélité à notre bien-aimé Saint-Père, le Pape Benoît XVI. Puissions-nous vous inviter, bien-aimé Saint-Père, à visiter notre région dans un proche avenir. Merci.

[Texte original: anglais]

Traduction française distribuée par la secrétairerie générale du synode (traduction de travail, non officielle)

Mgr Peter William INGHAM, Évêque de Wollongong, Président de la « Féderation Conférences Épiscopales Catholiques d’Océanie » (F.C.B.C.O.) (AUSTRALIE)

Très Saint-Père, chers Présidents délégués, cher Rapporteur général, cher Secrétaire général, Archevêque Eterović, mes Frères et Soeurs de ce Synode,

En tant qu’actuel Président de la Fédération des Conférences des Évêques catholiques d’Océanie (FCBCO), j’apporte les vœux et les souhaits des Églises locales de nos quatre Conférences épiscopales, à savoir la Conférence des Évêques catholiques d’Australie, la Conférence des Évêques catholiques de Nouvelle-Zélande et les Conférences des Évêques de Papouasie-Nouvelle-Guinée et des Îles Salomon, ainsi que de la vaste Conférence des Évêques catholiques du Pacifique qui s’étend de Guam aux îles Marianne, en passant par Vanuatu, Fidji, Tonga, Samoa, Kiribati, les îles Cook jusqu’à Tahiti et de nombreux autres groupes d’îles.
J’exprime notre communion avec l’Évêque de Rome et l’Église universelle en tant que Fédération des Conférences des Évêques et notre solidarité avec l’Église dans de nombreux pays d’Afrique.
Tous nos pays d’Océanie, comme la plupart de ceux d’Afrique, ont été colonisés, dans notre cas, en grande partie par les Britanniques, les Français et les Portugais.
Comme en Afrique, l’Église existe désormais en Océanie grâce à d’héroïques missionnaires provenant en majorité d’Irlande, de France, d’Allemagne et d’Italie.
La foi en Océanie dispose aussi de quelques modèles extraordinaires en la personne de martyrs et de saints en sus de ceux qui ont déjà été canonisés et béatifiés, mais cela n’est rien par rapport à la glorieuse tradition des saints et martyrs qui témoigne de la foi en Afrique.
Les Objectifs du Millénaire pour le développement humain sont bien loin d’avoir été atteints dans notre région Pacifique appelée Océanie. De plus, en tant que responsables de l’Église à travers le monde entier, nous tentons d’être proches de notre peuple, nous pouvons parvenir à une compréhension très pratique des manières dont la pauvreté peut totalement déshumaniser les personnes et de combien la violence peut être destructrice pour la vie et la dignité humaines. Nous, en tant que responsables d’Église, pouvons être bien conscients de l’injustice qui place les riches dans une position privilégiée qui fait une distinction vis-à-vis des défavorisés, telle que celle si bien représentée dans la parabole de Lazare et du mauvais riche (Lc 16, 19-31).
Je réalise que ces réalités sont, pour les pays d’Afrique, parfois même plus menaçantes que celles auxquelles doivent faire face les communautés d’Océanie. Je rends hommage à la générosité des catholiques au sein de chacune des Conférences des Évêques d’Océanie qui, par l’intermédiaire de la Caritas Océanie et de la Caritas, soutiennent dans chacun de nos pays des programmes humanitaires de paix et de développement par l’intermédiaire de l’Église en Afrique. De la même manière, les peuples d’Océanie sont généreux envers la Mission catholique Propaganda Fidei.
Nous avons beaucoup à admirer et à apprendre de vous, Église d’Afrique, du témoignage que vous donnez malgré d’écrasantes difficultés. Votre grand sens de la mission pour évangéliser votre culture signifie que l’opposition du gouvernement ou d’autres traditions religieuses n’ont fait qu’intensifier votre foi, votre espérance et votre amour.
En Océanie, le terrible fléau d
u Sida (IL 142) (spécialement en Papouasie-Nouvelle-Guinée) et l’exploitation qui peut résulter de l’extraction minière, souligne la mission de l’Église qui vise à appliquer l’Évangile de Jésus afin de réduire les stigmates de la disgrâce sociale, de remplacer la violence par des ponts de réconciliation, de justice et de paix (IL 90), d’amener les gouvernements civils à s’expliquer, à parler au nom des persécutés ou de ceux qui sont contraints au silence, et à assurer l’éducation et les services médicaux.
En tant que leaders dans la foi et Pasteurs de la communauté chrétienne, nous disposons, en partant de Jésus le Bon Pasteur et en passant par notre longue et riche tradition de foi catholique et de culture, d’une vision plus large de la personne humaine, grâce à Jésus et à notre tradition ecclésiale, nous disposons d’une vision plus vaste de la justice, de l’amour, de l’importance des bonnes relations entre les individus, entre les tribus et entre les nations; nous avons une vision plus large de la réconciliation, de la paix et de la compassion. Lorsque se présentent des contextes de crise, d’injustice et de peur, les gens vont en masse dans leurs églises. Ceci nous montre alternativement, à nous les responsables d’Église, la nécessité de nous concentrer sur notre rôle de pasteur et d’être des responsables dynamiques d’espérance. En tant que chrétiens, nous comptons sur l’espérance!
Alors que les températures globales et les eaux des océans s’élèvent, ce sont toujours les plus pauvres et les plus vulnérables qui souffriront de manière disproportionnée comme ils le font déjà du fait de la sécheresse, des inondations et des maigres moissons, ce qui pourrait constituer des raisons de conflit et avoir pour conséquence des migrations massives de réfugiés et de demandeurs d’asile. Tant en Océanie qu’en Afrique, un grand travail est accompli par l’Église et par ses agences afin d’aider les personnes à retrouver leur équilibre au sein de leurs communautés et à gérer les risques pouvant dériver de catastrophes naturelles. Nous pouvons et devons apprendre les uns des autres. Je vous demande de prier pour Samoa et Tonga dans leur grand chagrin suite au récent séisme et au tsunami.
L’Australie a commencé à s’engager à nouveau avec l’Afrique, en particulier dans le domaine de l’industrie minière (IL 51).
Comme vous le savez bien, l’Afrique est un continent riche en richesses naturelles. Désormais, nous voudrions que les mineurs australiens soient responsables face aux communautés dans lesquelles ils travailleront. L’activité minière ne doit pas contribuer à l’instabilité et au conflit – elle doit être jugée autant sur la base de son dividende économique que de son dividende en matière de paix. Un catholique pratiquant que je connais bien est l’un des responsables ayant le plus voyagé d’un géant australien de l’industrie minière. Il m’a affirmé que l’intention de sa société est la soutenabilité éthique. Il déclare qu’ils ont l’intention de parvenir à une situation gagnant-gagnant: des bénéfices tangibles pour les Communautés africaines auprès desquelles ils exploitent les mines, tout comme pour sa société. Nombre d’entre vous êtes engagés dans ce dialogue et nous devons être à vos côtés.
Les troubles politiques et les conflits dans le Pacifique (par exemple aux Fidji, aux îles Salomon, en Papouasie-Nouvelle-Guinée) ne sont pas à l’échelle des pays d’Afrique, mais en discernant le rôle de l’Église en tant que Corps du Christ dans la construction de ponts de paix et de réconciliation, nous avons beaucoup à apprendre de vos responsables de l’Église africaine. Vos réussites en tant qu’Église conduisant à la paix et à des efforts de réconciliation en Afrique sont très utiles pour l’Église qui se trouve ailleurs (IL 108).
Nous accueillons actuellement de nombreux africains en Australie et en Nouvelle-Zélande qui ont commencé une nouvelle vie après avoir subi un conflit tribal, la violence et des régimes oppressifs. Ces réfugiés proviennent du Soudan, de la Corne de l’Afrique et, dans une moindre mesure, de la région des Grands Lacs. D’autres africains sont venus dans notre partie du monde pour poursuivre leurs études et quelques-uns sont venus pour travailler comme prêtres ou religieux. Mon diocèse et d’autres ont débuté le parcours de discernement afin d’accepter des candidats au sacerdoce provenant de différentes régions d’Afrique.
Nous avons, en Australie, une communauté très fortement multi-culturelle, au sein de laquelle plus de 60% de notre population est composée de migrants, de réfugiés et de leurs enfants. Ceci a enrichi et modifié l’Australie à partir de la Seconde Guerre mondiale. La Journée mondiale du Migrant est célébrée chez nous le dernier dimanche du mois d’août, afin de souligner la riche diversité culturelle que les migrants et les réfugiés ont apportée dans notre pays et pour aider notre peuple à « accueillir l’étranger » (cf. He 11, 13) de manière à ce que les migrants ou les réfugiés provenant d’Afrique ou d’ailleurs puissent pleinement s’intégrer à la communauté australienne.
Je me réjouis de nos conversations durant ce Synode et attends avec impatience d’apprendre avec vous et de vous.

[Texte original: anglais]

Traduction française distribuée par la secrétairerie générale du synode (traduction de travail, non officielle)

Card. Péter ERDŐ, Archevêque d’Esztergom-Budapest, Président du Conseil Conférences Épiscopales d’Europe (C.C.E.E.) (HONGRIE)

1. « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde » (Mtr 5, 13.14) – ces paroles du Seigneur se réfèrent à tous les chrétiens mais, en cette heure de l’histoire de l’humanité, spécialement à vous, chers Frères et Sœurs en Afrique. Au cours de la préparation de cette assemblée spéciale s’est cristallisé l’accent particulier de cette rencontre synodale: « l’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice, de la paix ».
2. À vous tous, j’apporte les salutations les plus cordiales et le message de grande proximité des évêques européens – représentés par les Présidents de toutes les Conférences épiscopales – qui se sont rencontrés ces jours-ci à Paris. Nous avons pu rendre compte d’un travail commun désormais consolidé avec les évêques africains dans le cadre des programmes communs du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe et du SCEAM. En différentes villes africaines et européennes, ont eu lieu des travaux communs qui avaient pour thème la migration, l’esclavage et d’autres problèmes humains et chrétiens. Comme vous le savez bien, la terre d’Europe est également une terre baignée par le sang. Lorsque, après la chute du mur de Berlin, les habitants, et en particulier les catholiques du côté occidental et ceux du côté oriental de notre continent se sont rencontrés librement, ils devaient prendre acte de toute la complexité de notre histoire commune. Les peuples de l’Est européen se sentaient surtout colonisés et exploités dans leur histoire. Même au cours des premiers siècles de l’époque moderne, des villages entiers du sud-est européen habités par des populations chrétiennes, les ont vu finir leurs habitants sur les marchés aux esclaves d’Orient.
3. L’histoire récente de l’Europe a laissé également de nombreuses blessures qui sont encore loin d’une guérison complète. Si, après la Seconde Guerre mondiale, guerre qui a conduit à la perte du plus grand nombre de vies humaines de toute l’humanité, les peuples d’Occident, par exemple les Allemands et les Français, avec l’aide substantielle de grands hommes catholiques comme Schumann, Adenauer et De Gasperi, ont trouvé la voie non seulement de la coexistence pacifique mais également d’une réconciliation plus profonde, il appartient aujourd’hui à la partie centrale et orientale de l’Europe de rechercher la réconciliation des cœurs, la purification de la mémoire et la fraternité constructive. Ainsi, ce
sont très souvent les évêques catholiques qui hissent les premiers le signe de la réconciliation, comme l’ont fait les évêques allemands et polonais (dans) un grand acte de réconciliation, qui, au début, n’a pas été compris par de nombreux groupes de leur société. Certains grands ecclésiastiques et théologiens de ce temps, en particulier Joseph Ratzinger, ont trouvé des mots passionnés pour défendre cet acte prophétique. Au cours de ces dernières années, des actes de réconciliation et de fraternité similaires entre les évêques de Pologne et d’Ukraine, de Slovaquie et de Hongrie et d’autres ont eu lieu. Les médias n’accordent souvent pas grande importance à ces événements. Peut-être ne manque-t-il pas même de groupes qui pensent trouver leur avantage politique et économique en suscitant des tensions et des hostilités entre les peuples, les groupes ethniques ou même religieux. « La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » ainsi que l’écrit saint Jean (1, 5). Le Christ est la lumière du monde. Il éclaire également les ténèbres de l’histoire humaine et aucune obscurité, aucune haine, aucun mal ne peut le vaincre. En Lui est notre espérance. Même si la voix de l’Église et le témoignage de chaque chrétien semblent faibles, même si elle n’apparaît souvent pas sur la première page des grands moyens de communication, cette voix fine est plus forte que tout bruit, que tout mensonge, toute propagande ou toute manipulation. Nous sommes témoins de la force des martyrs. Actuellement, commencent à être béatifiés et canonisés les témoins de l’Agneau tués pour leur foi au XXe siècle. Ce sont ceux qui « viennent de la grande épreuve : ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau » (Ap 7, 14). Au cours des longues persécutions, leur mémoire était couverte par le silence. Et pourtant, elle est restée vivante y compris dans le cœur de la communauté des croyants et maintenant, nous ouvrons les tombeaux. Il est émouvant de voir, ce qu’il est resté des corps des martyrs. Chaque translation des dépouilles de l’un d’entre eux secoue les âmes de tous les participants à ces cérémonies. La grande tension entre la faiblesse extrême d’un être humain qui a été tué et la force sublime de cette même personne illuminée désormais par la gloire des martyrs, donne une forte impulsion spirituelle à nos communautés.
Chers confrères! Nous autres, catholiques d’Europe, avons appris de notre histoire à suivre avec attention également le sort des chrétiens d’Afrique et nous avons également appris à estimer votre fidélité, votre témoignage et les martyrs africains qui donnent leur vie – année après année en nombre préoccupant – pour le Christ et Son Église et aussi pour nous. L’Église en Afrique a mérité notre gratitude et notre profonde estime.
4. Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II nous adressait avec force et lucidité son enseignement sur la miséricorde divine. Les cercles du mal qui semblent parfois même diaboliques et peuvent attrister et pousser au désespoir des sociétés humaines entières, en construisant les structures de la haine, de la violence, de la vengeance et de l’injustice entre groupes ethniques, peuples ou classes sociales, ne pourraient être dépassés par la seule force humaine en l’absence de la miséricorde divine qui nous rend aussi capables de suivre le commandement du Christ: « Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant » (Lc 6, 36). Si notre Seigneur nous a commandé cela, ce commandement est également la garantie de la possibilité de le mettre en pratique. C’est Lui qui nous donnera la force d’être miséricordieux et de rompre toute structure du mal.
5. Nous sommes convaincus que l’échange des dons n’est pas un programme qui vaut seulement entre la partie occidentale et orientale de l’Europe. Elle représente un devoir également entre les fidèles, entre les Églises particulières au niveau continental et universel. Les possibilités de la solidarité et de la détermination à ne pas oublier les frères dans le besoin pas même en temps de crise est ferme parmi les catholiques d’Europe. Dans le même temps, nous désirons mieux étudier vos expériences liturgiques, catéchistiques, la dynamique des vocations sacerdotales, la possibilité de construire ensemble l’Église du Christ en Europe, en Afrique et partout dans le monde.
6. Nous ne nous leurrons certainement pas: les grandes forces économiques et politiques du monde, très souvent, n’agissent pas selon la logique de la charité et de la justice et, parfois, elles semblent oublier jusqu’à la véritable réalité, la nature des choses et de l’être humain. En outre, la dignité humaine ne dépend pas de notre efficacité, elle n’est pas proportionnée au succès de ce monde. Tout être humain, en tant que tel, a la même dignité inaliénable. Parce que créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. La dignité humaine n’est pas incompatible avec la souffrance. Une idéologie qui dirait que, pour sauver notre dignité, il serait préférable de mourir que de souffrir serait fausse. Tel était l’attitude de l’antiquité gréco-romaine, pas encore éclairée par la lumière de l’Évangile. L’exemple du Christ nous enseigne que la plus grande souffrance peut être le moment de la plus grande dignité et de la plus grande gloire. Après que le traître ait abandonné le Cénacle, Jésus dit: « Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même et c’est aussitôt qu’il le glorifiera » (Jn 13, 31-32).
Si actuellement, nombreux sont ceux qui, dans notre monde, n’écoutent pas la voix du Créateur et ne sont pas ouverts pour accepter la vérité et pratiquer la charité, la nature de la réalité créée demeure ce qu’elle est. La justice et la miséricorde divine se font valoir de toute façon dans le fonctionnement du monde et dans le déroulement de l’histoire. Ainsi, chers Confrères, nous vous assurons de nos prières et de notre solidarité afin que vous puissiez trouver les chemins pour promouvoir la réconciliation, la justice et la paix et que vous soyez une source de réconfort aussi pour nous, avec vos expériences, votre foi et votre témoignage.

[Texte original: italien]Traduction française distribuée par la secrétairerie générale du synode (traduction de travail, non officielle)

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel