Synode : Interventions écrites, non prononcées en salle

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ROME, Jeudi 15 octobre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les interventions écrites qui ont été remises à la secrétairerie générale du Synode mais qui n’ont pas été prononcées en salle (traductions non officielles, remises par la secrétairerie générale du synode).

Des interventions écrites ont été remises par les pères synodaux suivants :

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– Card. Gabriel ZUBEIR WAKO, Archevêque de Khartoum (SOUDAN)
– Mgr Désiré TSARAHAZANA, Évêque de Toamasina (MADAGASCAR)
– Mgr Lewis ZEIGLER, Archevêque Coadjuteur de Monrovia, Président de la Conférence Épiscopale (LIBÉRIA)
– Mgr Arlindo GOMES FURTADO, Évêque de Santiago de Cabo Verde (CAP VERT)
– Mgr Rudolf DENG MAJAK, Évêque de Wau, Président de la Conférence Épiscopale (SOUDAN)
– Mgr Giuseppe FRANZELLI, M.C.C.J., Évêque de Lira (OUGANDA)
– Mgr Ayo-Maria ATOYEBI, O.P., Évêque d’Ilorin (NIGÉRIA)
– Mgr António Francisco JACA, S.V.D., Évêque de Caxito (ANGOLA)
– Mgr Mathieu MADEGA, Évêque de Port-Gentil (GABON)
– Mgr Augustine SHAO, C.S.Sp., Évêque de Zanzibar (TANZANIE)
– Mgr Jean ZERBO, Archevêque de Bamako (MALI)
– Mgr Beatus KINYAIYA, O.F.M. Cap., Évêque de Mbulu (TANZANIE)

Et par les auditeurs suivants :

– Soeur Bernadette MASEKAMELA, C.S., Supérieure Générale des Soeurs du Calvarire (BOTSWANA)
– Prof. Gustave LUNJIWIRE-NTAKO-NNANVUME, Secrétaire international du Mouvement d’Action Catholique Xavéri (M.A.C. Xavéri), Responsable chargé du laïcat dans la Région de Kivu, (République Démocratique du Congo) (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– M. Kpakile FÉLÉMOU, Directeur du Centre DREAM, Conakry (GUINÉE)
– Mme Rose BUSINGYE, Fondatrice et Présidente du Meeting Point International, Kampala (OUGANDA)
– Mme Axelle FISCHER, Secrétaire Générale de la Commission «Justice et Paix», Bruxelles (BELGIQUE)
– M. Christophe HABIYAMBERE, Président de «Fidesco», Kigali (RWANDA)
– Soeur Mary Anne Felicitas KATITI, L.M.S.I., Mère Provinciale de la Congregation des Petites Servantes de Marie Immaculée (ZAMBIE)
– Soeur Bédour Antoun (Irini) SHENOUDA, N.D.A., Mère Provinciale des Soeurs de Notre Dame des Apôtres, Le Caire (ÉGYPTE)
– Soeur Cecilia MKHONTO, S.S.B., Supérieure Général des Soeurs de Sainte Brigitte (AFRIQUE DU SUD)
– M. Maged MOUSSA YANNY, Directeur Exécutif de l’Association de Haute Égypte pour l’Education et le Dévelopment (ÉGYPTE)
– M. Orochi Samuel ORACH, Secrétaire Executif adjoint du «Uganda Catholic Medical Bureau», Kampala (OUGANDA)
– M. Emmanuel Habuka BOMBANDE, Directeur Exécutif du «West Africa Network for Peacebulding» (W.A.N.E.P.) (GHANA)
– M. Jules Adachédé HOUNKPONOU, Secrétaire Général de la «Coordination Internationale des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes» [C.I.J.O.C.] (BÉNIN)
– M. l’Abbé Joaquín ALLIENDE, Président de l’Association internationale «Kirche in Not», Allemagne (CHILI)
– M. Munshya CHIBILO, Chef du project d’adoption à distance de l’Association Communauté Jean XXIII (ZAMBIE)
– M. Augustine OKAFOR, Spécialiste en administration publique (NIGÉRIA)

– Card. Gabriel ZUBEIR WAKO, Archevêque de Khartoum (SOUDAN)

Le plus important pour nous Africains n’est pas de nous permettre d’être convaincus, dominés et conduits par ce que les siècles les plus récents de notre histoire ont fait pour nous, du commerce des esclaves à la mondialisation ultra-libérale. Néanmoins, derrière cette évidente vérité se cache aujourd’hui un besoin radical pour tout Africain: le besoin de combattre avec toute notre force contre notre insignifiance, notre inconsistance et notre corruption ontologique, de façon à construire une nouvelle société dénuée de dictatures et d’impuissance.Tout ce dont nous avons besoin en tant qu’Africains est d’avoir le courage de croire en nous-mêmes, de nous accepter et de nous emparer du respect des nations du monde. Avant tout, c’est le courage de l’ «histoire complète» nous concernant, la vision honnête de notre existence, de notre histoire et de notre réalité avec ses hauts et ses bas, dans ses moments les plus tristes et les plus heureux, qui garantit la stabilité.
Le problème entre le Sud-Soudan et le Nord-Soudan est aussi ancien que le Soudan lui-même. Ce qui est connu comme le «Problème du sud» est un ensemble de questions allant des inégalités dans le développement entre le Nord et le Sud jusqu’aux inégalités des opportunités accordées par le gouvernement central aux populations des deux portions du pays. Ces questions sont composées de différences raciales et religieuses entre les deux populations.
L’isolement du Soudan représente l’une des réalités les plus douloureuses. La communauté internationale, les Ong et les autres pays voisins ont toujours pris position aux dépens du plus faible. L’Afrique a besoin d’un respect total et l’Afrique doit en faire de même vis-à-vis d’elle-même. La signature de l’Accord de paix en 2005 a signifié la fin du conflit au Soudan. Il a fallu beaucoup de travail pour réussir à l’appliquer. Au cours de cette période de profondes incertitudes concernant la paix si délicate au Soudan, nous avons besoin de l’intervention réciproque de la part de toutes les personnes qui aiment la paix.
La situation instable du Sud – et dans une mesure croissante celle du Nord aussi – ne permet plus un développement efficace de l’aide ni une application sûre de l’accord de paix. La communauté internationale ne peut que réagir et fournir son soutien. Le mieux que l’on puisse faire est d’essayer de gérer le conflit et d’éviter qu’il empire.
Ce synode peut réussir à tracer une authentique feuille de route pour le salut de l’Afrique.
Le dernier synode était construit sur la philosophie de la communauté africaine comme famille de Dieu. Ce deuxième synode devrait être construit sur l’ontologie africaine de la vie! Il pourrait réhabiliter le passé africain au sein du présent comme ingrédient pour la construction de la nouvelle Afrique. Jésus Christ est venu pour nous donner la vie, la vie surabondante (Jn 10,10).

[Texte original: anglais]

– Mgr Désiré TSARAHAZANA, Évêque de Toamasina (MADAGASCAR)

Ce qui se passe dans notre continent africain interpelle notre conscience chrétienne. Beaucoup des pères synodaux ont déjà signalé que les causes de la pauvreté, des conflits souvent meurtriers sont multiples et je ne vais pas insister là-dessus, mais j’aimerais m’adresser surtout à nous disciples du Christ appelés à être sel de la terre et lumière du monde: n’y a-t-il pas un décalage entre la foi et la vie que nous menons? Cette question s’adresse non seulement à nos dirigeants, à nos politiciens, mais à nous tous membres de 1’Église.
Chaque année lors de notre assemblée plénière, nous les évêques de Madagascar commençons notre réunion par le partage de ce qui se vit dans chaque diocèse. Ceci nous a mené en 2007 à faire un synode national sur la vie des prêtres. Nous avons remarqué que nos prêtres ont besoin d’être soutenus, aidés pour que leur prédication se traduise en actes. La parole aussi importante soit-elle est insuffisante sans le témoignage de vie, comme on dit chez nous, la parole peut susciter de l’enthousiasme, mais c’est surtout le témoignage qui attire.
Ainsi, parmi les différentes résolutions qui ont été prises figurent:
un plus grand discernement dans le choix et la formation des futures prêtres,
la création d’un centre national pour la formation permanente des prêtres,
la participation de la famille dans la formation des prêtres,
sans oublier l’insistance sur l’accompagnement spirituel des prêtres.
De même, les efforts pour aider les laïcs à vivre leur foi en politique doivent être une grande préoccupation de l’Église. Le changement de mentalité, la conversion de cœur, voilà un grand défi pour l’Afrique pour que le développement soit palpable, pour que la justice et la paix règnent.

[Texte original: français]

– Mgr Lewis ZEIGLER, Archevêque Coadjuteur de Monrovia, Président de la Conférence Épiscopale (LIBÉRIA)

L’un des secteurs dans lesquels nous pouvons servir est le ministère des jeunes. Dan
s l’après-guerre au Liberia, les jeunes sont vulnérables. Ils ont besoin de formation. Ils ont besoin d’une direction morale et de conseils.
Dans le secteur de l’Éducation, l’Église au Liberia a, en général, proposé une éducation purement académique. Mais, durant la guerre civile, elle a dû se déplacer sur un autre niveau de manière à servir les besoins des jeunes, spécialement ceux qui n’ont pas eu accès à une éducation secondaire. L’Église a introduit des programmes de développement de la jeunesse dans les zones rurales dans lesquels sont enseignés l’agriculture, la charpenterie, la maçonnerie et la mécanique automobile. Les programmes sont tous prévus pour s’étendre sur une période de deux ans. Il s’agit de simples programmes de formation, mais ils sont réalisés de manière professionnelle. Vingt élèves à la fois participent dans chaque secteur.
Ces programmes ont été créés durant la guerre parce que les jeunes avaient besoin d’être aidés. Un prêtre a pensé qu’il s’agissait d’une manière pour les aider. Ces programmes ont été assemblés et fonctionnent très bien et les jeunes démontrent tout leur intérêt.
Pour ceux qui ont du succès et ont de bons résultats, des postes ont été pourvus au sein d’Ong ou de sociétés. Le Diocèse fait aussi appel à certains d’entre eux. Le programme continue et a aidé beaucoup de jeunes à trouver un emploi et à devenir autosuffisants. Il a aussi aidé à les distraire d’autres activités qui leur auraient fait connaître des problèmes, spécialement s’ils n’avaient rien à faire.
Au cours de cette période, ils ont suivi d’autres formes de formations. Ils apprennent à lire et à écrire (pour ceux qui ne sont pas allés à l’école), assistent à des prières quotidiennes en commun, reçoivent une formation catéchistique ainsi que des informations sur le virus VIH/Sida.

[Texte original: anglais]

– Mgr Arlindo GOMES FURTADO, Évêque de Santiago de Cabo Verde (CAP VERT)

Quand la démocratie fonctionne et que la structure d’un État de droit devient stable, les partis politiques se surveillent et se contrôlent mutuellement, spécialement en ce qui concerne l’usage des biens publics, l’application de projets sociaux et de développement. De nombreux problèmes sociaux, de cette manière, sont résolus très facilement et la population parvient plus rapidement à une qualité de vie meilleure.
Sous cet aspect, le Cap Vert a fait de grands progrès dans le domaine de l’éducation, de la santé, des infrastructures et de l’espérance de vie.
Les défis augmentent cependant de plus en plus: l’instabilité de la structure familiale, à cause de l’émigration, du divorce et de la méfiance généralisée face à l’engagement familial que représente le mariage sans faire auparavant d’expérience: le déficit d’éducation civique et de citoyenneté, la situation de l’enfance à risque, et la délinquance juvénile; le chômage qui a atteint un niveau élevé, surtout parmi les jeunes; l’invasion des sectes plus agressives que jamais à l’encontre de l’Église catholique et qui offrent de fausses promesses et obtiennent une emprise importante dans la communication sociale, le danger de l’entrée forcée de l’islam due à une forte immigration de frères venant du continent et la perspective d’un grand investissement dans la promotion de l’islam dans le seul pays catholique de la région.
Environ un tiers des habitants du pays, d’une manière ou d’une autre, est scolarisé du fait du grand défi de l’éducation pour tous et de l’attitude de promotion et de concurrence. Tout ceci exige de l’Église un autre niveau de responsabilité, de pastorale et de formation de ses agents. Et dans toutes ces sphères de notre société, nous chrétiens sommes appelés à être sel de la terre et lumière du monde, avec la discrétion nécessaire, avec la visibilité de qui est près à servir, avec la délicatesse propre à la gratuité, mais aussi avec l’efficacité qui s’impose afin que l’Évangile, la foi, l’espérance, l’hospitalité, l’honnêteté et le respect pour les droits de tous et de chacun puissent aller de pair.

[Texte original: portugais]

– Mgr Rudolf DENG MAJAK, Évêque de Wau, Président de la Conférence Épiscopale (SOUDAN)

Accomplissant la mission qui nous vient de Dieu, nous, Évêques catholiques du Soudan, avons dédié nos ministères pastoraux tout au long du désarroi continu de notre nation à la recherche d’une réconciliation concrète et de la paix au Soudan. Nous avons engagé des négociations directes avec les responsables soudanais en écrivant, en approchant ou en demandant l’intervention directe de la communauté internationale, des pays frères, de nos frères dans la foi des pays de l’AMECEA, du SCEAM et des Évêques sudafricains vis-à-vis desquels nous sommes très reconnaissants, eb demandant avec persévérance de démontrer la solidarité et la coopération avec les initiatives de paix au Soudan.
Dans la structure de notre Conférence épiscopale, nous avons renforcé la Commission Justice et Paix qui a des bureaux déconcentrés dans neuf diocèses du Soudan. Cette Commission est très efficace dans la résolution de tout genre de conflits et rend possible la réconciliation entre les différents groupes ethniques du Soudan. Plus d’intérêt a été accordé au dialogue interreligieux mais, bien sûr, sans grand succès.
Dans nos diocèses et à travers nos ministères pastoraux auprès des Soudanais atteints par la guerre et déprimés, les Évêques aident également à guérir et à sortir des traumatismes par le biais d’actions spirituelles et pastorales. Plus particulièrement, dans la majeure partie du Soudan, les Églises ont entamé des actions de développement social et économique. Ce dont les personnes ont le plus besoin, comme la nourriture, la santé, les écoles et le développement social, a été fourni par l’Église tout au long de la longue période de conflit au Soudan.
Il y a des graines de violence potentielle en ce moment au Soudan.
Conjointement, ces disputes et ces incertitudes provoquent un environnement instable dans lequel la violence Nord-Sud peut se produire. Ce qui nous est demandé de manière urgente est de tenter maintenant de gérer le conflit et d’éviter qu’il empire.
Afin de prévenir et de gérer les conflits à venir en se préparant à la gestion de conflits et aux activités de résolution entre les différents tribus et hommes politiques. Ceci requiert une réaction rapide face aux alertes de violence dans le Sud, une attention particulière sur la sécurité de la population et le contrôle des petites armes plutôt que des désarmements forcés. Une approche régionale pour faire face à la menace de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) est instamment requise.

[Texte original: anglais]

– Mgr Giuseppe FRANZELLI, M.C.C.J., Évêque de Lira (OUGANDA)

La Bonne Nouvelle de Jésus Christ, notre réconciliation, notre justice et notre paix, qui a touché et transformé notre vie personnelle et la vie de nos communautés chrétiennes, ne nous a pas été donnée pour notre usage ou notre consommation personnelle. C’est une Parole qui est appelée à se développer, et à communiquer la même vie – dans sa plénitude – au monde entier. L’Église existe pour partager ce don. L’Évangélisation est notre mission.
Ces quinze dernières années en Afrique ont vu se succéder autant de réussites que d’échecs dans ce domaine. Le rêve d’une radio continentale n’a pas vu le jour. D’un autre côté, nous avons désormais 163 radios diocésaines qui diffusent la Bonne Nouvelle dans toute l’Afrique. Dans certains endroits, plus rares, des télévisions diocésaines essaient de trouver leur voie. Pour citer quelques exemples concernant la radio, nous avons entendu des témoignages de l’influence positive des radios diocésaines sur la formation des consciences et des esprits dans des pays où la paix prédomine, comme la Zambie et Madagascar.
Pendant les longues années
de la guerre dans le Nord de l’Ouganda, Radio-Wa, une petite radio diocésaine, a joué un rôle important dans le retour chez eux de centaines d’enfants-soldats enlevés et de rebelles de la LRA.
Dans la situation délicate et difficile qui suit la guerre au Sud Soudan, l’engagement des Instituts missionnaires comboniens, en collaboration avec les Évêques de tous les diocèses du Sud Soudan et avec l’aide d’autres organisations internationales catholiques, a donné naissance au réseau des radios catholiques du Soudan (SCRN). Commencé avec Radio Bakhita à Juba, ce réseau des stations de radios catholiques, quand il sera terminé, doit relier les huit diocèses de cette région, dépassant les divisions ethniques et supportant le processus de paix et de réconciliation au Soudan.
Effectivement, parce que les médias et les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont de nouveaux aréopages (IL 144), nos Églises locales doivent faire de la communication une priorité pastorale. Mais cela implique que nous devons être prêts à y investir et à en payer le coût. Car les moyens de communication sociale sont coûteux.
Parfois, les médias peuvent en effet peser trop fortement sur les finances d’un diocèse seul. Dans de tels cas, les synergies et la coopération de différents diocèses et congrégations missionnaires, avec l’aide des Églises sœurs et des organisations internationales, peuvent sans aucun doute permettre de faire ce qui autrement aurait été impossible.

[Texte original: anglais]

– Mgr Ayo-Maria ATOYEBI, O.P., Évêque d’Ilorin (NIGÉRIA)

Si l’Église de Dieu en Afrique veut approfondir son service de réconciliation, de justice, et de paix, elle doit prier comme le fit Jésus afin que le Saint-Esprit, par un nouveau rayonnement de sa puissance, puisse nous renouveler et faire de nous des agents d’un nouvel ordre mondial dans la sphère spirituelle, sociale, politique, économique, médicale et provoquer une révolution africaine dans le domaine des sciences.
Sans l’aide de la Puissance qui vient d’en haut, qui, seule, peut nous faire contribuer spirituellement, socialement, moralement et scientifiquement au progrès de la société, nous ne pourrions véritablement être le sel de la terre et la lumière emplie de gloire. Sans cela, nous pourrions bien ne pas compter dans la communauté des Nations. Il est temps que nous, Africains nous réveillions et vivions notre Renaissance. Nous devons prier et prier encore pour cela.
Les Écritures nous disent comment Jésus priait un peu partout. Pour que nous puissions sortir de l’impasse et devenir moins dépendants de la créativité des autres, nous devons prier Dieu et le prier encore. Les choses ne se résoudront pas sans une prière personnelle consciente, répétée, constante et fervente. On ne répétera jamais assez la nécessité de persévérer dans la prière, l’ascèse, la prédication, l’enseignement et l’action dans notre quête de la réconciliation, de la justice et de la paix.
Personne ne peut toucher le cœur des autres s’ils n’ont pas d’abord touché le cœur du Dieu de la réconciliation, de la justice et de la paix.
Notre peuple n’attend pas de nous que nous soyons des banquiers ou des hommes politiques pour arranger les choses au mieux, mais que nous soyons des formateurs des consciences, des hommes et des femmes spirituels, qui les motiveront à assumer leurs responsabilités civiles en tant que sel de la terre et lumière du monde.

[Texte original: anglais]

– Mgr António Francisco JACA, S.V.D., Évêque de Caxito (ANGOLA)

La guerre civile et fratricide qui a dévasté l’Angola au cours des trente dernières années, avec tout son cortège de morts, a laissé des traumatismes profonds dans nos populations: des milliers de familles détruites et désunies, des milliers de veuves et d’orphelins, des milliers d’anciens militaires insuffisamment aidés et, pour certains, totalement abandonnés, et une grande partie de notre population qui vit au seuil de la pauvreté, etc.
Si d’un côté, il y a eu des investissements significatifs pour la reconstruction des infrastructures détruites par la guerre – ce qui est digne d’éloges – d’un autre côté, très peu voire presque rien n’a été fait pour aider à reconstruire le tissu humain sérieusement blessé par les longues années de guerre civile. Les conséquences se font déjà sentir, surtout en ce qui concerne l’augmentation alarmante de la criminalité parmi les jeunes et les adolescents.
La préoccupation de la société angolaise à ce sujet est aujourd’hui connue. Le désespoir s’empare des familles les plus pauvres, privées du nécessaire pour vivre, et de nombreux parents ne savent plus comment donner une éducation à leurs enfants. Nos églises et nos Sanctuaires deviennent ainsi, très souvent, des lieux où se réfugier, demander de l’aide, pleurer sur leurs peines et rechercher une parole de consolation. Une parole de consolation que les familles ne trouvent pas toujours parce que – et je le dis avec beaucoup de tristesse – un grand nombre de nos prêtres, engagés dans beaucoup d’autres occupations, ne sont pas disponibles pour s’occuper d’elles et ne leur prêtent pas l’attention pastorale nécessaire surtout pour le sacrement de la réconciliation et le ministère de l’écoute.
L’exode de la population des villages vers les villes a causé des changements profonds dans le modus vivendi des populations. La famille a, encore une fois, été frappée, surtout en ce qui concerne l’éducation des enfants. À titre d’exemple: les enfants, dans les grandes villes en particulier, restent seuls à la maison, parce que leurs parents, contraints de partir à l’aube pour aller travailler, les laissent dormir et, en revenant chez eux le soir très tard, les trouvent déjà endormis. Qui prend soin de ces enfants pendant toute la journée? Abandonnés à leur sort, ils ont pour compagnie les autres enfants, la rue, la télévision, etc. Nous avons ainsi des enfants qui s’occupent d’autres enfants, éduqués dans la rue, à la merci de tout et de tous.
On assiste également à l’invasion tacite de la télévision dans la vie de famille. L’influence négative sur les enfants et sur les jeunes, de certains programmes transmis par des chaînes nationales et internationales, est indéniable: feuilletons télévisés, films de violence, vidéoclip, musiques au langage impropre (également transmises amplement par les radios), qui affichent un style de vie complètement étranger à notre réalité, qui encouragent la violence et les autres comportements anti-sociaux. Il convient aussi de signaler ici certains contenus diffusés à travers Internet ou le téléphone portable, avec les sms et les vidéo messages, moyens modernes de communication dont la nouvelle génération fait grand usage. Dans ce dernier domaine, ce sont précisément les adolescents et les jeunes qui sont les protagonistes de la transmission réciproque des messages inconvenants.
Dans de nombreux quartiers périphériques, surtout dans les grandes villes, il existe des «salles» cinématographiques improvisées, où les enfants et les adolescents «consomment» ingénument des films de violence ou non recommandés pour les mineurs.

[Texte original: portugais]

– Mgr Mathieu MADEGA, Évêque de Port-Gentil (GABON)

Nous parlons de la Famille «de» Dieu tant comme genre que comme espèce. Dire Famille de Dieu, c’est spécifier que la famille est de Dieu, c’est-à-dire «de Deo», «ex Deo», et même «cum, in, per, propter, secundum Deum»: c’est-à-dire qu’elle a Dieu comme origine, Père et fin. L’Instrumentum laboris (n. 88)déclare que la paternité divine est le fondement de l’image Église-Famille de Dieu. La Paternité-Maternité de Dieu, filiation et fraternité divines des hommes. «Divinisés», nous sommes donc des «dieux», c’est-à-dire des consanguins divins de manière «sacramentelle», et ayant donc une fraternité «divine» qui, désormais, doit dépasser toutes les autres fraternités parce q
u’elle est scellée dans et avec le pacte de sang de l’Agneau de Dieu. Appartenir à l’Église-Famille de Dieu signifie alors porter partout en soi, maintenant et à jamais l’identité divine. La réconciliation, ad intra, entre fils de Dieu, devient le synonyme de l’amour divin, d’une «quasi-périchorèse» au sein de la Famille elle-même. Et une fois que cette réconciliation a eu lieu et qu’elle est conservée ad intra, elle se prolonge naturellement ad extra pour être «sel de la terre» et «lumière du monde». Vue que toute consanguinité de nature simplement humaine demeurera toujours inférieure à la consanguinité divine, on comprend le pourquoi de la «révolution synodale» souhaitée que, selon Col 3, 11, nous formulons ainsi: «Dans la Famille de Dieu, il n’y a plus ni femme ni homme, ni autochtone ni immigré, ni riche ni pauvre, ni exploiteur ni exploité, ni fabriquant d’armes, ni acheteur ni utilisateur d’armes contre l’homme parce que vrai fils de Dieu et vrai frère ou sœur!

[Texte original: italien]

– Mgr Augustine SHAO, C.S.Sp., Évêque de Zanzibar (TANZANIE)

Je souhaite le répéter: le thème de ce synode touche ma région de travail qui est à 99% musulmane. Mon défi est: comment apporter la réconciliation dans une situation où une seule personne prétend connaître toute la vérité et où tous les modes de vie – qu’il s’agisse de culture, d’économie – et les hommes politiques sont dirigés et contrôlés par une seule religion? Le plus gros problème que nous devons affronter est l’inégalité de la distribution des rentrées du gouvernement, qui ne finance et ne supporte qu’une seule religion, tandis que les autres sont des groupes tolérés sinon convertis!
Réconciliation-justice et paix ne peuvent être une réalité en Afrique que si nous, les responsables religieux, modifions notre état d’esprit sur nos propres cultures, traditions et interdits, ceux utilisés et pratiqués par les religions traditionnelles africaines. La langue et les noms donnés à ces groupes n’encourage pas du tout le dialogue et l’ouverture. Les noms tels que «païens» et «animistes» font que personne n’ose révéler la vérité sur sa foi. Résultat: on a des chrétiens le dimanche et des pratiquants de la religion traditionnelle africaine les six autres jours de la semaine. L’Église en Afrique devrait se battre sur tous les fronts pour harmoniser et pacifier la consciences des fidèles africains qui cherchent à devenir de véritables disciples du Christ, mais se trouvent à la croisée des chemins. Aussi je suggère que cette Deuxième Assemblée Synodale prenne sérieusement en main le problème du dialogue et de l’inculturation. Que cela soit clair: le dialogue appelle une pensée positive sur le peuple. Le peuple devrait être d’abord et avant tout considéré comme des être humains indépendamment de leur croyance religieuse, et accepter les autres demande une espèce de sacrifice de soi.
L’histoire de Tanzanie a fait preuve de tolérance religieuse, mais cette valeur très appréciée est menacée par le fondamentalisme religieux. Alors que l’île de Zanzibar demeure à 99% musulmane avec des tribunaux islamiques (Tribunaux Kathi), ce n’est pas le cas de la Tanzanie. Tandis que la Tanzanie se débat pour rester un État séculier, mais avec la liberté de religion, elle subit désormais des pressions pour instaurer des tribunaux islamiques et rejoindre l’Organisation de la conférence islamique à la charge des contribuables. La stratégie de l’islam qui cherche à prouver qu’il est majoritaire dans le pays, se base sur la prolifération des constructions de mosquées sur les autoroutes ainsi que sur le contrôle du commerce et des hommes politiques. En Tanzanie, 80à 90% des transports long-courriers appartiennent aux musulmans et demandent en conséquence que le vendredi soit un jour chômé.

[Texte original: anglais]

– Mgr Jean ZERBO, Archevêque de Bamako (MALI)

Dans nos rapports avec les autorités politiques, nous ne devrons pas agir autrement. Les relations interpersonnelles permettent de corriger les injustices plus que les déclarations tapageuses. C’est ce qu’ont compris nos aînés les Évêques du Mali et tout spécialement Mgr Luc Sangaré. À la manière du prophète Nathan et surtout en s’inspirant des conseils et des exemples de Jésus, il n’hésitait pas à demander des audiences en tête-à-tête aux responsables politiques à tous les niveaux. Certains le recevaient, d’autres préféraient venir chez lui. Grâce à ces rencontres faites dans le respect mutuel et l’amour de la vérité, préparées dans la prière et la méditation, il amenait des ennemis et des adversaires politiques à se parler, à se tendre la main. C’est sur ses traces que nous nous efforçons de cheminer pour que notre Église soit servante fidèle et vigilante de justice, de réconciliation et de paix.
Il s’agit d’un appel à nous interroger spécialement en cette année sacerdotale sur la manière dont sont traités les évêques, les prêtres, les religieuses, les religieux et les catéchistes âgés, malades, admis à la retraite. Sont-ils placés dans des conditions qui leur permettent d’expérimenter en vérité la promesse de Jésus: celle d’avoir sur cette terre pères, mères, frères, soeurs, enfants – c’est-à-dire d’être entourés de l’affection reconnaissante de ceux et celles pour lesquels ils ont accepté de tout quitter pour suivre Jésus? Je voudrais inviter ce Synode à attirer l’attention des Instituts missionnaires sur la manière de traiter leurs membres à l’âge de la retraite. Le retour au pays natal n’est pas accepté par tous. En effet, si certains expriment clairement leur volonté de rentrer au pays natal pour y prendre leur retraite, d’autres au contraire ressentent ce retour comme un terrible déchirement. Obéissance oblige certes, mais que de souffrances intérieures vécues dans le silence sont exprimées dans les maisons de retraite en des termes très émouvants.

[Texte original: français]

– Mgr Beatus KINYAIYA, O.F.M. Cap., Évêque de Mbulu (TANZANIE)

L’Afrique a deux visages. Dans certains endroits, elle présente son meilleur visage: des forêts riches de toutes sortes de faune et de flore et des montagnes magnifiques. Mais dans d’autres, l’Afrique saigne de la dégradation de ses terres.
La meilleure part de l’Afrique attire des milliers de touristes qui contribuent pour une bonne part aux budgets de nos nations. Mais la mauvaise nouvelle est que l’Église en Afrique ne rend pas justice aux touristes catholiques qui ont besoin d’un accompagnement spirituel. Beaucoup des destinations de ces touristes n’ont pas de aumôniers en propre. J’appelle donc les Pères synodaux à inviter tous les diocèses qui accueillent des touristes à prendre soin d’eux spirituellement.
Le deuxième visage de l’Afrique est celui de la destruction. La dégradation de l’environnement causée par nos actions irresponsables ne cesse de s’accroître. Résultat: l’Afrique doit désormais faire face à des sécheresses sévères, à l’érosion des sols et même dans certains endroits à des inondations. Étant donnée la situation, certaines personnes sont contraintes de devenir des «réfugiés de l’environnement». Ces réfugiés de l’environnement ne souffrent pas moins que les autres réfugiés. Nous devons leur rendre justice autant qu’aux autres. C’est pour cette raison que j’appelle le Synode à faire pression sur nous tous et sur nos gouvernements, en Afrique, en Europe ou en Amérique, afin d’utiliser les ressources de la terre avec modération et de manière durable.

[Texte original: anglais]

INTERVENTIONS ECRITES DES AUDITEURS ET AUDITRICES

Les Auditeurs et Auditrices suivants ont remis une intervention écrite:

– Soeur Bernadette MASEKAMELA, C.S., Supérieure Générale des Soeurs du Calvarire (BOTSWANA)
– Prof. Gustave LUNJIWIRE-NTAKO-NNANVUME, Secrétaire international du Mouvement d’Action Catholique Xavéri (M.A.C. Xavéri), Responsable chargé du laïcat dans
la Région de Kivu, (République Démocratique du Congo) (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– M. Kpakile FÉLÉMOU, Directeur du Centre DREAM, Conakry (GUINÉE)
– Mme Rose BUSINGYE, Fondatrice et Présidente du Meeting Point International, Kampala (OUGANDA)
– Mme Axelle FISCHER, Secrétaire Générale de la Commission «Justice et Paix», Bruxelles (BELGIQUE)
– M. Christophe HABIYAMBERE, Président de «Fidesco», Kigali (RWANDA)
– Soeur Mary Anne Felicitas KATITI, L.M.S.I., Mère Provinciale de la Congregation des Petites Servantes de Marie Immaculée (ZAMBIE)
– Soeur Bédour Antoun (Irini) SHENOUDA, N.D.A., Mère Provinciale des Soeurs de Notre Dame des Apôtres, Le Caire (ÉGYPTE)
– Soeur Cecilia MKHONTO, S.S.B., Supérieure Général des Soeurs de Sainte Brigitte (AFRIQUE DU SUD)
– M. Maged MOUSSA YANNY, Directeur Exécutif de l’Association de Haute Égypte pour l’Education et le Dévelopment (ÉGYPTE)
– M. Orochi Samuel ORACH, Secrétaire Executif adjoint du «Uganda Catholic Medical Bureau», Kampala (OUGANDA)
– M. Emmanuel Habuka BOMBANDE, Directeur Exécutif du «West Africa Network for Peacebulding» (W.A.N.E.P.) (GHANA)
– M. Jules Adachédé HOUNKPONOU, Secrétaire Général de la «Coordination Internationale des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes» [C.I.J.O.C.] (BÉNIN)
– M. l’Abbé Joaquín ALLIENDE, Président de l’Association internationale «Kirche in Not», Allemagne (CHILI)
– M. Munshya CHIBILO, Chef du project d’adoption à distance de l’Association Communauté Jean XXIII (ZAMBIE)
– M. Augustine OKAFOR, Spécialiste en administration publique (NIGÉRIA)

Nous publions, ci-dessous, le résumé des interventions que les Auditeurs et Auditrices ont remis par écrit et qui n’ont pas été prononcés en Salle.

– Soeur Bernadette MASEKAMELA, C.S., Supérieure Générale des Soeurs du Calvaire (BOTSWANA)

Je présente le thème: les Congrégations diocésaines et le renforcement de l’autosuffisance en vue de votre approbation. Je me réfère au chapitre 1 (20) de l’Instrumentum laboris, qui traite de l’autosuffisance en fonction du fait que l’aide à l’Afrique est en diminution. Je veux bien croire que nous avons parcouru un long chemin comme Africains, et qu’un grand nombre de nos pays soient passés d’une extrême pauvreté à une situation plus décente sur le plan économique. Dans le cas des congrégations diocésaines, ce n’est pas seulement l’aide extérieure qui a diminué, mais l’assistance diocésaine est également minime pour ne pas dire inexistante, sans parler de leurs structures et de leurs projets.
Les congrégations diocésaines font partie de la structure de l’Église. Si elles doivent participer à la mission de l’Église à tous les niveaux, y compris au niveau le plus haut de la politique et du droit dans tous les domaines, elles ont alors besoin d’être formées spirituellement, théologiquement et professionnellement, et comment peuvent-elles l’être si elles n’en ont pas les moyens. Tel est le défi que je veux présenter non seulement au leadership qui oeuvre avec les congrégations diocésaines, mais aux congrégations diocésaines elles-mêmes pour qu’elles se réveillent et fassent quelque chose.
Aussi, selon mon point de vue, très révérends pères et mères, je crois fermement que si nous, les congrégations diocésaines, devons devenir des agents de justice, de paix et de réconciliation (en commençant par nous-mêmes, à l’intérieur de nos communautés), nous devons prendre de plus importantes initiatives pour renforcer nos capacités. Cela pourrait aussi, selon moi, promouvoir une plus grande collaboration avec les chefs de l’Église.
L’appel que je lance donc aux congrégations diocésaines est le suivant: prenons sérieusement en considération la diversification de nos ressources économiques et soyons autosuffisantes. Diversifions notre apostolat et formons des soeurs afin qu’elles puissent prendre part aux divers forums au plus haut niveau. Enfin, préparons-nous à franchir les confins de nos diocèses pour offrir notre compétence aux niveaux national, régional et international.

[Texte original: anglais]

– Prof. Gustave LUNJIWIRE-NTAKO-NNANVUME, Secrétaire international du Mouvement d’Action Catholique Xavéri (M.A.C. Xavéri), Responsable chargé du laïcat dans la Région de Kivu, (République Démocratique du Congo) (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

Un bref aperçu objectif sur l’Afrique de ces temps nous révèle que 60% à 70% de la population africaine ont moins de 30 ans. Cette jeunesse vit dans des crises. Quoique Africains, les jeunes sont davantage tournés vers un style de vie, d’attitudes, de valeurs et de pensée inspirés du monde occidental.
Ils mènent généralement une vie sans idéal et sans espoir d’un lendemain sûr. Ceux qui ont la chance d’étudier le font sans espoir d’emploi à court ou à moyen terme.
Il s’en suit un chômage systématique et une dispersion de la jeunesse caractérisée par l’engagement dans les groupes armés, la fuite des cerveaux et les immigrations clandestines, la délinquance juvénile sous toutes ses formes, la toxicomanie, la prostitution, etc.
L’inadéquation entre les infrastructures d’éducation et l’évolution démographique a des effets néfastes sur la capacité de la jeunesse avec toutes les conséquences que cela implique à tous les niveaux.
Moralement vulnérables, c’est par eux que passent les nouvelles idéologies, les sectes, l’homosexualité, la toxicomanie, le trafic des êtres humains, le recrutement des mercenaires et des rebelles armés.
Futurs dirigeants des institutions gouvernementales et ecclésiales, les jeunes ne bénéficient pas d’une attention et d’un accompagnement proportionnels a leur importance démographique.
La durabilité de la réconciliation, de la justice et la paix en Afrique, pourrait avoir comme acteurs les jeunes et les Mouvements d’Action catholique à l’instar du Mouvement Xaveri.
Cette mission à leur confier requiert la formation permanente des cadres. En outre, il conviendrait de promouvoir l’inculturation, de favoriser et de soutenir les rencontres des jeunes et des membres des mouvements de divers pays et de diverses régions afin de leur offrir des occasions d’échanges d’expériences de paix de justice promoteurs de la cohabitation pacifique; et agents d’Évangélisation témoins de leur foi dans le contexte africain actuel, aimant leur culture et s’y référant pour la transmission du Message et le développement.

[Texte original: français]

– M. Kpakile FÉLÉMOU, Directeur du Centre DREAM, Conakry (GUINÉE)

Dans l’Évangile de Matthieu, au chapitre 25, le Seigneur se reconnaît dans les pauvres. En Jean il dit aux disciples «Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car hors de moi vous ne pouvez rien faire» (Jn 15).
Voilà les dimensions de la Communauté de Sant’Egidio: rester dans le Christ et aimer les pauvres et s’ouvrir à la ville, au monde. Dans près de trente pays africains, nos Communautés vivent au rythme de la prière, à celui des pauvres: Sant’Egidio est un ami certain, et un secours fidèle de tous: prisonniers, les enfants orphelins, enfant de la rue, étrangers, les malades, les patients du VIH/SIDA et famille, les réfugiés la liste est longue. Nous avons le service pour la paix, il est au bénéfice de tous, riche comme pauvre, aujourd’hui très connu après les accords de paix du Mozambique signés en 1992, grâce à la médiation de la Communauté et du Gouvernement italien. Les universités en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, etc. sont les nouveaux aréopages où nous avons souvent proposé l’Évangile. Notre expérience de mouvement nous fait comprendre combien sont nombreuses les questions adressées à l’Église en Afrique, mais aussi combien l’Esprit y souffle. Que c’est beau de voir des laïcs africains s’engager dans la prière et pour les pauvres. Dans les mouvements, les africains se libérènt de l’esprit de victimisation, de la résignation et de la peur
inutile des pratiques occultes, si répandues sur notre continent.
Les mouvements sont souvent un pont entre Afrique et Nord du monde, ils suscitent des laïcs capables de rompre les distances. En conclusion:
– Le Synode, il nous semble, est l’occasion opportune d’encourager les mouvements de laïcs, ils sont mieux adapter à récupérer les jeunes sans foi et de répondre aux besoins de foi, de spiritualité de leur état d’âme et d’amitié efficace qui répond aux problèmes qu’ils vivent.
– Les jeunes, souvent dépaysés, désirent une vie digne. Ils cherchent un avenir meilleur et tâchent d’aimer leurs pays. Servir les pauvres, pour eux, c’est aussi une libération de la dictature du matérialisme pratique qui menace leurs vies. Ici la rencontre avec les musulmans est concrète et moins crispée. Les Évêques du nord et ceux d’Afrique doivent se faire plus amis, plus confiance, ils doivent avancer leur regard de l’histoire.
– Les Évêques d’Afrique devraient saisir ce synode pour mettre fin en Afrique aux prorogations des mandats présidentiels expirés ou en voie de l’être. Et cela sous toutes les formes possible de présentation. De même restreindre totalement les «legs» du pouvoir central à la progéniture. Vous serez applaudis et soutenus par l’Afrique qui souffre et le monde entier indigné. Nous courrons un fort risque dans les 10 prochaines années que la société africaine aura de nouveaux rebelles qui seront les conséquences des mandats présidentiels déjà prorogés.

[Texte original: français]

– Mme Rose BUSINGYE, Fondatrice et Présidente du Meeting Point International, Kampala (OUGANDA)

La foi doit pénétrer jusqu’aux couches les plus profondes de l’être humain, elle doit arriver là où se forment les critères de perception des choses, elle doit imprégner aussi ce qui est considéré profane et le transformer en un bien pour tous.
C’est un point de départ. Le début se trouve dans le geste de Dieu. Si l’homme y croit, c’est le chemin à suivre pour qu’il puisse se reconnaître et vivre cette appartenance, cet attachement à Dieu, en obéissant à sa compagnie, l’Église, et parvenant ainsi à la joie, à la justice et à la paix pour lui et pour tous. Un homme qui sait d’où il vient et où il va. À partir de la foi prend naissance un critère nouveau pour se rapporter avec les choses, avec ses enfants, avec l’école, la politique, l’environnement.
Pour construire la justice, la réconciliation et la paix nous ne pouvons que partir de la construction de l’être humain, aider l’homme à être lui-même, à être homme; nous ne pouvons que partir d’un particulier, mais depuis sa totalité.
L’homme «est» désir de justice, de paix, de réconciliation. Le Synode est, pour moi, une occasion pour découvrir quel est le sens de ce mot, c’est-à-dire quel est le sens de la vie et de tous les problèmes qui existent en Afrique et dans le monde entier. Le Synode est pour moi une provocation pour découvrir la pleine dignité de la vie humaine.
Sans la conscience de notre humanité, nous ne pouvons nous aider nous-mêmes et encore moins apporter une aide réelle aux autres. Au lieu d’aider les autres et nous-mêmes, nous continuerons à nous plaindre, à offrir seulement la compassion et, comme de toute façon nous voulons répondre quelque chose, nous les trompons.
Si quelqu’un parvient à saisir le sens pour lui et la valeur de la vie humaine, il se traitera bien et traitera bien les autres, il possède les raisons adéquates pour le changement de la vie et devient un point de changement pour tous, comme l’ont été les moines bénédictins qui ont construit la civilisation européenne. Mais quand, chez eux aussi, leur foi s’est affaiblie, le dualisme et la division ont fait leur apparition, apportant destruction et chaos.
Grâce à la foi, j’ai vu naître un peuple nouveau, un peuple changé. En Ouganda, un groupe de malades du Sida, d’une très grande pauvreté, vivent en cassant des cailloux et en les vendant aux constructeurs; ils mangent une fois par jour. Quand ils ont su des tsunami, et ensuite de l’ouragan Katrina en Amérique, lorsque nous leur avons demandé de prier pour les victimes, ils nous ont dit: «Nous savons ce que cela veut dire de vivre sans avoir une maison, sans manger. S’ils appartiennent à Dieu, ils nous appartiennent aussi». Ils se sont organisés, formant des groupes pour casser les cailloux; à la fin, ils ont recueilli deux mille dollars et les ont envoyés à l’ambassade américaine. Et cette année, après le tremblement de terre à l’Aquila, ils ont dit: «Il s’agit d’italiens, le Pays du Pape; ce sont nos amis, ou plutôt notre tribu» et ils ont recueilli et envoyé deux mille euros. Les journalistes se sont scandalisés: ils sont venus pour voir si ces personnes étaient vraiment pauvres. Selon eux, ce n’est pas juste: quand quelqu’un fait la charité il donne ce qu’il a en plus, il ne donne pas ce dont il a besoin. Une femme malade lui a dit: «le coeur de l’homme est international, il n’a pas de race, il n’a pas de couleur, et il s’émeut».

[Texte original: italien]

– Mme Axelle FISCHER, Secrétaire Générale de la Commission «Justice et Paix», Bruxelles (BELGIQUE)

Le pardon est un DON. Il se donne et se reçoit au plus haut degré de la liberté.
Ce que nous pouvons et devons faire, c’est aider à créer les conditions qui favorisent ce pardon.
La paix est le désir de Dieu, elle a pour autre nom celui de Jésus. Aussi, posons-nous la question: comment relier la paix annoncée dans la foi, et la réalité déchirante de notre monde?
La Justice est complexe, elle a différents visages. Transitionnelle, la justice met en route des processus pour mettre fin au conflit et aboutir à la réconciliation, en suivant des mécanismes tantôt non judiciaires, tantôt judiciaires. Car punitive, la justice peut l’être aussi: sur le plan national d’abord et, si celui-ci fait défaut, sur le plan international, au moyen de la Cour Pénale Internationale ou des tribunaux pénaux internationaux. La Justice peut également être restauratrice, en vue de réparer les préjudices causés. Enfin, la justice peut être rendue en suivant des rites traditionnels.
Ces différents aspects de la justice sont complémentaires, et rien n’empêche un pays de tirer les leçons de ce qui été bien fait ailleurs dans le monde. Mais l’on ne prendra le chemin de la réconciliation que si chaque population reçoit une formation civique et une conscience politique, dont les acteurs politiques et économiques seront obligés de tenir compte. Si ceci est vrai pour l’Afrique, c’est vrai aussi pour les pays dits «développés».
Les violences sexuelles, atroces en elles-mêmes, le sont plus encore en tant qu’arme de guerre: elles sèment sciemment la terreur dans des communautés, et déstructurent la société. D’innombrables femmes subissent ces violences. Encore vivantes, elles restent debout, pour leurs enfants et leurs familles. J’en connais qui cultivent leur champ la nuit au risque de leur vie, pour que la communauté puisse continuer à se nourrir.
Être victimes n’est pas un rôle dévolu aux femmes. Elles sont actrices de justice, de paix et de réconciliation. Le reconnaître engage notre dignité à chacune, à chacun, dans l’Église et dans la société. Pour œuvrer ensemble à ce que la paix soit le fruit de la justice.

[Texte original: français]

– M. Christophe HABIYAMBERE, Président de «Fidesco», Kigali (RWANDA)

La communauté de l’Emmanuel, fondée par Pierre Goursat, a été commencée au Rwanda par Cyprien et Daphrose Rugamba en 1990. Dès le départ, elle a regroupé des rwandais sans distinction d’ethnie. Cyprien, disait toujours: «Il n’y a pas de Hutus ni de Tutsis, nous sommes tous des enfants de Dieu». Notre communauté a payé un lourd tribut pendant le génocide: une vingtaine de frères – dont Cyprien et Daphrose – sont morts en 1994, en laissant de très beaux témoignages. En 1997, d’autres frères sont morts dans les camps de Bukavu après avoir évan
gélisé jusqu’au don total de leur vie.
Elle a participé à l’élaboration du chemin de réconciliation que l’Église du Rwanda a mis au point avant le Grand Jubilé.
L’Emmanuel est aussi engagé dans le soutien des catholiques qui sont engagés en politique et dans les hautes sphères de l’appareil dirigeant de notre pays à travers le Cercle St Thomas More. Ce groupe d’appui prie et jeûne pour les politiciens quand ils sont confrontés à des situations critiques ou des décisions difficiles, et leur fournit retraites, formations, documentations en rapport avec la foi catholique.

[Texte original: français]

– Soeur Mary Anne Felicitas KATITI, L.M.S.I., Mère Provinciale de la Congregation des Petites Servantes de Marie Immaculée (ZAMBIE)

Parlant en qualité de femme africaine et de femme zambienne en particulier, je demande au Synode de prêter une attention particulière à la dignité des femmes qui a encore besoin d’être promue tant dans l’Église que dans la société. Je pense que les femmes n’ont pas réellement de voix lorsqu’il s’agit de leurs espaces, de leurs droits et de leur contribution à la mission d’évangélisation.
La question importante des femmes doit être traitée par notre Église si notre considération de la Réconciliation, Justice et Paix doit être basée sur la réalité de notre continent africain. Nous savons bien que les femmes sont chargées de lourdes responsabilités dans les actuelles situations économiques difficiles, en particulier à la base, et qu’elles doivent faire face à de nombreux abus et violences tant chez elles que dans la société.
Que pouvons-nous apprendre de l’exemple de Notre Seigneur Jésus Christ en répondant aujourd’hui au défi de la justice pour les femmes en Afrique? Souvenons-nous que Jésus a grandi et a proclamé le message du Royaume dans une culture et dans une société dominée par les hommes. Comment les femmes ont-elles fait en compagnie de Jésus? Rappelons-nous des paroles de saint Luc (8, 1-3).
En considérant le statut de la femme à cette époque, ce que Notre Seigneur Jésus fit était absolument révolutionnaire. Contrairement aux solides normes religieuses et culturelles de son temps, Jésus voulut que le cercle restreint et privilégié qui vivait avec lui quand il passait de village en village comprenne des femmes. Notre Église d’aujourd’hui en Afrique et dans le reste du monde ne peut-elle pas suivre l’exemple révolutionnaire de Jésus?
L’Église en tant que famille doit assurément vivre cette Justice en son sein et la Justice réclame que nous considérions sérieusement la place et le traitement des femmes dans l’Église et comment les femmes pourraient être plus fortement associées au processus de prise de décision, spécialement en tant qu’agents pastoraux féminins.

[Texte original: anglais]

– Soeur Bédour Antoun (Irini) SHENOUDA, N.D.A., Mère Provinciale des Soeurs de Notre Dame des Apôtres, Le Caire (ÉGYPTE)

Rôle d’éclaireurs spirituels et d’animatrices: nos communautés interculturelles et la vie communautaire, font de nous des témoins de communion et d’amour, dans un monde brisé.
Rôle dans l’éducation et le développement social: un témoignage à la vérité du message évangélique et à la sincérité des chrétiens dans leur foi. Une attention particulière pour les pauvres, les émigrés, qui sont des terrains favorables à la conversion à l’islam.
Rôle d’aide aux Chrétiens à approfondir l’esprit d’appartenance à la patrie.
Le dialogue Interreligieux sous toutes ses formes: le dialogue de vie, le dialogue dans la vie, un dialogue populaire et quotidien.
Le dialogue d’action, par lequel les chrétiens collaborent avec leur frères et sœurs au développement intégral et à la libération des gens.
Le dialogue d’expériences religieuses, oser dire ma foi et oser reconnaître les valeurs religieuses de l’autre différent dans sa croyance.
Quel que soit le chemin déjà parcouru, et les «acquis» de nos activités apostoliques, nous sommes invitées à toujours progresser et à faire face à quelques défis:
Dans la perspective de la foi et de la réconciliation, il est urgent d’accroître la formation religieuse des jeunes Sœurs pour vivre intensément ces formes de dialogue, l’écoute, la collaboration, les contacts et le défi de la différence et du développement qui permettent un regard bienveillant et une ouverture d’esprit et approcher l’islam comme une religion, une foi, une croyance et non comme des ennemis, des agresseurs ou des terroristes. Si nous voulons que le fanatisme diminue, faisons travailler ensemble musulmans et chrétiens.
Le vrai défi à relever pour l’avenir est celui de l’ignorance, de la misère et de l’injustice. Terrain fertile pour la violence et l’extrémisme. Trouver une réponse compatissante et créative, jaillit de notre être profond de femmes aux nouvelles situations de souffrances, d’exclusion, de pauvreté et de marginalisation, spécialement dans les grandes villes. Accueillir mais aussi prendre le temps «d’aller vers eux».

[Texte original: français]

Soeur Cecilia MKHONTO, S.S.B., Supérieure Général des Soeurs de Sainte Brigitte (AFRIQUE DU SUD)

Pour comprendre réellement l’idée de l’Église en tant que famille, nous devons considérer les valeurs de la famille dans le contexte africain. Les membres de la famille prennent soin les uns des autres, leurs vies et leurs actions reflètent l’image d’un corps uni. C’est aussi un aspect résumé en un seul mot, celui de Ubuntu. Nous, responsables d’Église, évêques, prêtres et religieux sommes appelés à être des exemples pour la famille de Dieu, spécialement dans des situations qui nous appelle à le faire, et nous devons réfléchir continuellement sur la manière dont nous témoignons de cette réalité.
Quels sont les problèmes auxquels font face les religieuses diocésaines?
1. Le manque d’éducation qui, dans la plupart des cas, pénalise les sœurs diocésaines dans leur participation à un niveau plus élevé d’apostolat dans l’Église qui peut faire d’elles des personnes meilleures et améliorer leurs conditions de vie.
2. Les grandes attentes de la part des sœurs d’un soutien financier provenant des membres de leur famille, qui causent un conflit interne et font beaucoup de mal à la communauté. Cela conduit aussi certaines sœurs à être trop attachées à leurs familles biologiques.
3. Le traumatisme d’expérimenter la perte de nombreux membres de nos familles due au VIH/Sida. Les enfants de parents qui sont morts du VIH/Sida deviennent des orphelins dont personne ne s’occupe.
4. Les mauvaises conditions de travail pour les sœurs, spécialement en raison du manque de contrats ou de contrats inadaptés avec leurs responsables d’Église.
À la lumière de ces problèmes, les sœurs sont déchirées entre la famille et la vie religieuse, elles vivent des vies incomplètes qui sont contraires à ce que le Christ attend d’elles quand il dit: «Si tu veux me suivre, va, vends tout et suis-moi».Si nous voulons être une famille chrétienne alors nous devrions prendre soin les uns des autres et prendre en considération:
– un traitement égal pour les prêtres diocésains et pour les sœurs.
– un bon ministère de la famille qui éduquera notre peuple concernant l’Église et la vie religieuse de manière à réduire les attentes de ces hommes et femmes consacrés.
– Nous ne pouvons pas parler de justice à l’extérieur sans revoir nos structures et sans améliorer les conditions de travail de nos travailleurs, y compris les sœurs diocésaines.

[Texte original: anglais]

– M. Maged MOUSSA YANNY, Directeur Exécutif de l’Association de Haute Égypte pour l’Education et le Dévelopment (ÉGYPTE)

Les questions qui sont toujours posées par les chrétiens vivant dans des pays à majorité musulmane sont les suivantes:
1. Devons nous, nous chrétiens, dialoguer avec les musulmans dont les groupes extrémistes islamistes se montre
nt parfois hostiles, violents, intolérants et expriment leur refus à notre égard?
2. Comment les membres de l’Église peuvent-ils travailler afin de parvenir à une paix durable?
Permettez-moi de vous parler de l’expérience de la Commission Justice et Paix en Égypte qui a été l’une des premières initiatives dans ce pays.
Dans les années 80 et 90, l’Égypte a vécu une période difficile de violences de la part de groupes islamistes extrémistes… des hauts fonctionnaires, des écrivains, des agents de police et de nombreux chrétiens ont été victimes de cette violence. En 1992, la commission justice et paix a invité les musulmans et les chrétiens à une table-ronde (écrivains, journalistes experts des médias, militants des droits de l’homme, membres du mouvement des Frères musulmans et de différents partis) fournissant une plate-forme de libre expression des points de vue des uns et des autres.
L’idée présente derrière ce dialogue était de diagnostiquer le problème, de suggérer des solutions possibles et de renforcer les valeurs de citoyenneté, de tolérance et d’acceptation. Ce dialogue a été publié dans un livre intitulé: «Dialogue national». Jusqu’à maintenant, nous pouvons voir les résultats de ce dialogue lorsque les participants défendent les valeurs et les idées de réconciliation et de citoyenneté. Quelques-uns des points importants qui sont ressortis de cette réunion auxquels nous devrions faire attention sont les suivants:
– L’importance du travail avec les enfants dans les écoles afin d’inculquer indirectement en eux les valeurs de la réconciliation, de l’acceptation, etc.
– La suppression des programmes scolaires de tous les textes qui conduisent à une augmentation de l’intolérance et de la haine.
– L’importance des médias qui, parfois, travaillent contre la construction de la paix.
– La nécessité de prêter attention au message véhiculé par les religieux, qu’ils soient musulmans ou chrétiens.
– Enfin, je pense que le dialogue ne devrait pas demeurer distant comme s’il était réservé aux élites et se déroulant à huit-clos, mais devrait être mis en pratique. Il devrait atteindre le public pour avoir un effet.
Continuons donc à dialoguer avec nos frères musulmans afin de construire un monde meilleur, réconcilié, pacifique et juste.

[Texte original: anglais]

– M. Orochi Samuel ORACH, Secrétaire Executif adjoint du «Uganda Catholic Medical Bureau», Kampala (OUGANDA)

Des contributions importantes ont déjà été apportées à la santé par les institutions religieuses dans tous les pays africains, en grande partie grâce au soutien de nos frères et nos sœurs se trouvant hors du continent. Les infrastructures sanitaires de l’Église ont apporté leur soutien aux pauvres dans la plupart des conflits. Elles sont devenues le phare de l’espoir là où la corruption a rongé le système sanitaire national. Mais ce ne sont pas seulement les guerres qui ont détruit les infrastructures sanitaires et les écoles. La viabilité de ces énormes contributions est maintenant économiquement menacée.
La majorité si ce n’est la totalité des gouvernements d’Afrique demeure incapable de fournir à elle seule l’assistance sanitaire. Il y a actuellement un important mouvement visant à déplacer le soutien étranger allant aux Ong vers le budget général de soutien aux gouvernements. La Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et le Plan d’action d’Accra (2008) vise à convoyer l’aide à travers les gouvernements et à avoir les gouvernements aux commandes. En principe, cela est bon. Mais le changement de modalités dans les aides rend l’accès des Églises aux ressources plutôt dépendant de l’humeur de chacun des gouvernements africains. En Ouganda, l’aide au budget provenant du gouvernement diminue et l’année dernière elle a financé 19% seulement des coûts fixes des établissements sanitaires religieux. Pourtant, la demande de soin et le coût unitaire des services continuent à augmenter fortement, ce qui rend difficile de réduire les frais d’accès pour les pauvres. Dans le même temps, le gouvernement demande que les infrastructures sanitaires religieuses fournissent une assistance sanitaire gratuite.
Dans des pays où les institutions religieuses sont considérées comme critiques face aux politiques gouvernementales, la Déclaration de Paris pouvait fournir la possibilité aux gouvernements de restreindre l’accès à l’aide financière pour les organismes appartenant à ces institutions religieuses. Pourtant nous savons que ces dons, dans ces pays aussi, proviennent de catholiques qui espèrent que les établissements sanitaires catholiques en seront également bénéficiaires.

[Texte original: anglais]

– M. Emmanuel Habuka BOMBANDE, Directeur Exécutif du «West Africa Network for Peacebulding» (W.A.N.E.P.) (GHANA)

Une question critique, sous-jacente aux violents conflits dans de nombreuses communautés africaines est la suivante: comment se confronter au fardeau de l’histoire? Les précédents historiques, du commerce des esclaves à la colonisation, ont semé la méfiance et la division parmi les groupes qui sont maintenant devenus la ligne de fracture autour de laquelle certains hommes politiques et responsables civiques mobilisent leurs peuples contre d’autres pour vaincre les élections et se garantir le pouvoir. De nombreuses communautés s’accrochent à l’image de victimes qu’ils gardent du passé pour justifier leur haine envers d’autres. D’autres s’accrochent à leur image de vainqueur pour continuer à prétendre la domination sur les autres. Dans les deux cas, un cercle vicieux de violence et d’atroce destruction nous rend tous esclaves en tant que victimes des injustices du passé. Cela ne peut plus continuer. Il est temps de concevoir et de mettre en place des structures de fonctionnement qui doivent introduire la vraie signification de la Justice et de la Paix. C’est la Justice et la Paix que l’Instrumentum laboris encourage dans ses n. 44, 45, 46 et 47.
Au Ghana, la Conférence épiscopale des Évêques catholiques a invité les organisations de la société civile telle que le WANEP (Réseau Ouest Africain pour l’Édification de la Paix) à soutenir les efforts des Évêques dans la promotion du dialogue intercommunale et intracommunal. Cet engagement implique les hommes politiques et les responsables civils. Les communautés qui ont été déchirées pendant plus de 80 ans telles que Nkonya ou Alavanyo ont surmonté la violence. Elles apprennent à coexister pacifiquement et à traiter les différends sans violence et dans le respect mutuel.
En 2008, le Ghana a dû relever des défis semblables à ceux de nombreux autres pays d’Afrique, ce qui a conduit à des élections générales en décembre (2008). En exprimant concrètement la mission prophétique de l’Église, les Évêques s’engagèrent de manière proactive au moment où cela était le plus nécessaire, en fournissant un espace habilitant avec le soutien de la société civile dans lequel les responsables des principaux partis politiques se rencontrèrent et partagèrent franchement leur méfiance et leurs doutes réciproques, y compris sur le résultat perçu des élections. Cet espace conduisit les responsables conscients de leurs responsabilités à assurer des élections sans violence. Ce processus d’engagement par le dialogue a aussi mitigé la potentielle violence post-électorale.

[Texte original: anglais]

– M. Jules Adachédé HOUNKPONOU, Secrétaire Général de la «Coordination Internationale des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes» [C.I.J.O.C.] (BÉNIN)

Tels est résumé en deux points le but de la JOC depuis qu’elle a été créé en 1925 par le Père Joseph Cardijn pour aider les jeunes de la masse populaire à mettre leur vie en lien avec la foi et à réduire l’écart de la contradiction qui existe entre la Vérité de la Réalité et la Vérité de Foi. La mission d’annoncer l’Évangile aux nations est toujours d’actualité et celle d’apporter, la lu
mière de l’Évangile aux couches les plus vulnérables victimes de toutes sortes d’injustices est plus que jamais urgente.
Au niveau national, les mouvements organisent des formations à l’engagement et à la responsabilité, des recollections et des campagnes d’action au cours desquelles les jeunes ont été de véritables «apôtres des jeunes auprès des jeunes».
Au niveau sous-régional et international, et, après «Ecclesia in Africa» le Secrétariat International de la JOC a organisé 12 rencontres d’échange et formation des responsables nationaux, aumôniers et accompagnateurs.
Le bénéfice de ces rencontres est qu’elles favorisent la solidarité entre les jeunes, le brassage culturel, l’échange de différentes réalités socioculturelle et politique, l’ouverture d’esprit et la prise de conscience par les jeunes de la dimension régionale ou internationale des situations qu’ils vivent.
Le tableau de la situation de la jeunesse en Afrique n’est pas très reluisant.
Le poids des difficultés éloigne les jeunes de leur foi. Ils dissocient la vie professionnelle de leur foi. Ils sont spirituellement fragiles et n’ont pas conscience que l’engament dans l’Église peuvent les aider à être plus forts. Ils ont besoin d’être rejoints par des jeunes de leur âge et de leur profession pour être transformés.
Je voudrais suggérer que :
– la connaissance sur l’Action catholique soit renforcée dans les séminaires pour préparer les futurs prêtres à ce type d’accompagnement;
– les mouvements d’Action Catholique soient aussi utilisés comme moyens stratégiques dans le plan d’Action Pastoral, pour opérer la réconciliation dans la justice et dans la paix.

[Texte original: français]

– M. l’Abbé Joaquín ALLIENDE, Président de l’Association internationale «Kirche in Not», Allemagne (CHILI)

L’incarnation du Verbe n’est pas seulement le contenu de notre message, mais aussi la méthode de notre action. Nous savons que l’étymologie grecque du mot «méthode» signifie chemin pour aller au but. D’autre part, la capacité incarnationale de la culture africaine est connue. Moi je viens aussi d’une culture non purement européenne. Je viens d’Amérique latine et j’appartiens au Mouvement marial de Schœnstatt fondé par un prêtre prophétique qui a apporté à l’Église une pédagogie de la liberté pour la maturité chrétienne. J’étais le recteur du Sanctuaire National du Chili, ma patrie, dédiée à Notre Dame. Tout ça m’a permis d’expérimenter d’une façon concrète cette méthode de l’incarnation. J’ose vous présenter respectueusement, trois réflexions.
La tradition mariale de l’Église est un trésor précieux qu’on doit soigner et faire grandir. Elle n’est pas une réalité qui est là comme une chose, qui existe comme un fait naturel.
La présence féminine de Marie est nécessaire pour trouver la bonne synthèse entre la foi révélée et la richesse affective de l’homme et de la femme. Elle a un charisme pédagogique pour établir la relation entre la foie révélée et la vie existentielle, entre personnes et communautés, entre la construction de l’Église et la fraternité solidaire dans le monde et dans la culture.
L’Esprit Saint a conduit à la sainteté plusieurs baptisés de l’Afrique. Ce sont d’émouvantes histoires d’amour qui devraient devenir signes et forces missionnaires. Beaucoup d’entre eux pourraient être béatifiés et canonisés.
Il y a des cas d’une exemplarité exceptionnelle sur lesquels on pourrait concentrer ensemble nos efforts. Pensons à l’histoire merveilleuse du témoignage de réconciliation des martyres du Séminaire de Buta au Burundi. Dans une vision plus générale, peut être il serait utile de préparer un manuel pour les béatifications en Afrique.
Dans la tradition vivante de l’Église, les sanctuaires sont un espace privilégié d’évangélisation et de sainteté. Aussi les religions naturelles et l’islam ont des lieux saints. Pour nous, le Verbe incarné a sanctifié les temps et la terre. D’autre part, l’Église a le temps liturgique et a la localité du temple.
L’histoire de la pastorale nous dit que pendant des siècles les méthodes de l’incarnation ont eu dans les sanctuaires des centres de créativité audacieuse pour évangéliser et sanctifier le peuple.

[Texte original: français]

– M. Munshya CHIBILO, Chef du project d’adoption à distance de l’Association Communauté Jean XXIII (ZAMBIE)

Je voudrais souligner l’importance de pouvoir travailler pour la réconciliation avec les jeunes, à travers une approche non violente qui promeuve l’éducation pour les plus pauvres. Je voudrais illustrer cette réflexion à travers l’expérience particulière de notre «Communauté Pape Jean XXIII» dans un de nos projets à Ndola, en Zambie, avec les enfants des rues, en majorité des garçons.
Notre communauté a remarqué que lorsque nous allions jeter nos ordures dans une décharge, nous trouvions des garçons qui s’emparaient de nos déchets et commençaient immédiatement à les trier. Les garçons s’étaient organisés de façon à ce que le plus âgé soit le chef de la bande et donne ses instructions aux plus jeunes.
Notre communauté Pape Jean XXIII s’est intéressée à la situation et a commencé à se rendre chaque jour à la décharge pendant près d’une heure. Nous leur avons parlé et, de temps en temps, nous leur avons apporté à manger. Bientôt, nous avons fait amitié avec ces garçons, en les écoutant nous raconter pourquoi ils se trouvaient dans un endroit si dangereux. Et voici quelques-unes de ces raisons:
– La plupart d’entre eux étaient orphelins, ayant perdu un parent voire les deux, suite aux maladies les plus variées telles que la malaria ou le Sida.
– Ils n’allaient pas à l’école car personne n’était en mesure de payer les frais de scolarité.
– Ils n’avaient pas d’emploi car ils ne possédaient aucun document attestant leur scolarité.
– La pauvreté représentait une expérience familiale commune à tous.
– Dans certains cas, leurs biens, y compris leur maison, avait été saisis par la famille à la mort de leur père, et les enfants avaient été menacés de mort à travers la sorcellerie en cas de résistance ou s’ils avaient tenté de se rendre à la police ou au tribunal.
Chichetekelo est un centre d’attrait aussi bien pour le gouvernement que pour la population locale. Certains garçons ont complété leurs études secondaires et fréquentent à présent l’université, et ceux qui ont des capacités techniques ont obtenu un emploi régulier dans de bonnes sociétés.
Je crois que l’expérience de notre communauté est un témoignage clair d’un acte non violent de la Justice et de la Paix dans la Vérité, grâce auquel les personnes sont réconciliées entre elles et avec leur Dieu. De plus, il est possible de prendre des résolutions durables de façon à ce que nos enfants soient mieux protégés et qu’ils aient la chance de grandir parmi de bonnes personnes du monde et de Dieu.

[Texte original: anglais]

– M. Augustine OKAFOR, Spécialiste en administration publique (NIGÉRIA)

L’édition 2007-2008 du Rapport sur le développement humain publié par le Programme des Nations unies pour le développement montre que tous les pays sub-sahariens, sauf trois, appartiennent à la catégorie des pays les moins développés du monde. Et les statistiques sur la pauvreté s’aggravent dans la plupart des pays africains.
Je crois fortement que les gouvernements de tous les pays, et surtout ceux de l’Afrique, sont les premiers à pouvoir sortir leur peuple de la pauvreté et que la gouvernance n’a d’autre objectif que le développement durable de l’homme. Dans l’Encyclique «Populorum Progressio», le Pape Paul VI donna sa vision du développement comme développement des peuples, tout particulièrement de ceux qui s’efforcent d’échapper à la faim, a la misère, aux maladies endémiques, à l’ignorance. Il y est suggéré que l’État dirige ses énergies et ses ressources afin d’améliorer de façon nette
l’éducation, la sécurité alimentaire, le développement de ses infrastructures sociales et matérielles, l’égalité des sexes, en améliorant les possibilités intérieures des communautés désavantagées. Nous devons à cet égard améliorer la promotion de la participation active de la société civile, non seulement au niveau du gouvernement, mais aussi dans tous les aspects du développement du capital humain et social.
La question suscitée par ces réflexions est: «Quel rôle l’Église peut-elle jouer pour faire face aux défis du développement qui se posent aux pays africains?». Le Saint-Père, le Pape Benoît XVI, a largement traité cette question dans l’Encyclique «Caritas in Veritate». Tout d’abord, il reconnaît le besoin «de nouvelles modalités d’exercice, de faire face aux défis du monde contemporain». L’Église est une partie intégrante de la société et devrait montrer un plus grand engagement dans l’agenda de développement humain et social des États.
Elle peut jouer ce rôle grâce à un mécanisme institutionnalisé pour contribuer à la formulation et à la mise en place des politiques et des programmes publiques. Elle devrait aussi développer ses structures pour faciliter et promouvoir le dialogue , les partenariats et un contact régulier avec le gouvernement et ses agences. L’Église en Afrique devrait augmenter sa visibilité comme la voix des sans-voix et des membres désavantagés de la société. Les fidèles laïcs devraient être sensibilisés et intégrés dans cette entreprise Église-État. Permettez-mois, comme remarque finale, de citer cet avis du Saint-Père dans la «Caritas in Veritate»: «c’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie économico-sociale»

[Texte original: anglais]
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ZENIT Staff

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