« Sur terre il y a de la place pour tous », estime Mgr Marchetto

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L’Encyclique Caritas in Veritate et la pastorale pour les migrants

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ROME, Mercredi 7 octobre 2009 (ZENIT.org) – Sur la terre il y a de la place pour tous. Aussi, le phénomène des migrations ne doit-il pas inquiéter, mais faire découvrir la richesse que tout homme ou toute femme peut apporter à une société.

Le secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des itinérants, Mgr Agostino Marchetto l’a souligné lundi à Vicence, en Italie, en intervenant sur le thème « L’Encyclique Caritas in Veritate et la pastorale pour les migrants » dans le cadre d’une rencontre organisée par la Fondation Migrantes diocésaine.

Dans l’encyclique, a-t-il rappelé, le pape énumère les causes qui induisent des millions d’hommes et de femmes à émigrer, comme l’ « extrême insécurité vitale qui est la conséquence des carences alimentaires », la question de l’eau, de l’agriculture, de l’environnement, de l’énergie, la recherche d’un travail digne.

Une autre cause de la migration est la mondialisation, qui a « largement contribué à faire sortir du sous-développement des régions entières », mais qui, comme l’écrit le pape, risque aussi «  de provoquer des dommages inconnus jusqu’alors ainsi que de nouvelles fractures au sein de la famille humaine ».

Une société toujours plus mondialisée, en effet, rapproche mais ne fait pas de nous des frères. C’est pourquoi, a expliqué Mgr Marchetto « il faut que cette plus grande proximité entre les personnes, aujourd’hui, se transforme en vraie communion, si l’on veut arriver à un développement authentique des peuples ». Cela dépend surtout, a-t-il dit, de notre volonté à reconnaître que nous appartenons tous à une seule et même famille.

Comme l’affirme le pape (n. 50), « il y a de la place pour tous sur la terre : la famille humaine tout entière doit y trouver les ressources nécessaires pour vivre correctement grâce à la nature elle-même, don de Dieu à ses enfants, et par l’effort de son travail et de sa créativité ».

Les migrations, cause ou effet du développement ?

Le rapport entre migrations et développement, a reconnu Mgr Marchetto, est « très complexe » car « le rapport cause-effet entre les deux termes du binôme n’est pas linéaire ».

Si d’un côté, a-t-il expliqué, « on estime que le manque de développement sur sa terre d’origine est porteuse d’émigrations, car il est difficile d’y garantir une vie digne, voire même de satisfaire les besoins fondamentaux de survie, pour soi et pour sa propre famille », de l’autre « l’émigration peut en soi engendrer un manque de développement, rendu très difficile si l’on prive le pays d’origine des meilleures ressources humaines aptes à apporter une contribution significative à la production locale et aux processus qui lui sont liés ».

Mgr Marchetto a passé en revue les diverses situations vécues par les migrants, dont beaucoup sont « hautement qualifiés et compétents », des situations qui provoquent dans les pays moins développés » ce que l’on appelle le « brain drain », ou fuite des cerveaux.

Un tel contexte est particulièrement problématique si l’on parle des travailleurs du secteur sanitaire, « mais ce serait violer leurs droits humains et leur liberté de mouvement si l’on prenait des mesures qui leur ôteraient la possibilité de décider librement de partir ou pas ».

A côté de ce type d’émigration, il y a d’autres cas, « plus nombreux et même plus douloureux », car « il ne s’agit pas du cas de personnes au fond privilégiées, recherchées par des employeurs qui ont besoin de connaissances et d’aptitudes professionnelles ou technologiques difficiles à trouver sur place ».

Ces autres types de migrants aussi sont nécessaires car « ils sont prêts à accepter des fonctions que les locaux ne veulent plus assumer ».

« Et que dire de ceux qui ont fui leur terre natale à cause de guerres, violences, ou persécutions, pour des raisons politiques, ethniques, religieuses ou à cause de leurs convictions ? Ou de ceux qui se sont éloignés de catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme ? », s’est-il interrogé.

Intégration ou assimilation?

Vivre dans une société différente de la sienne représente « un vrai défi pour l’immigré », qui se retrouve face à des difficultés matérielles quotidiennes et à un « problème brûlant qui pourrait aussi désorienter : l’intégration ».

« Quand on parle d’intégration cela signifie-t-il que l’immigré doit s’adapter au modèle de vie local, jusqu’à devenir une copie de l’autochtone, négligeant ainsi ses propres, et légitimes, racines culturelles ? », s’est interrogé Mgr Marchetto, soulignant que s’il en était ainsi, il ne s’agirait plus d’ « intégration » mais d’ « assimilation ».

L’assimilation, a-t-il souligné, représente un appauvrissement aussi des sociétés d’accueil, « car l’apport culturel et humain de l’immigré à la société qui l’accueille est de cette manière-là minimisé si ce n’est annulé ».

Si le migrant doit « sans nul doute » accomplir « les pas nécessaires pour être inclus socialement dans l’endroit de son destin », ce processus doit toutefois « respecter l’héritage culturel que chacun porte en soi ».

Quoiqu’il en soit, l’intégration, a conclu Mgr Marchetto, n’est pas « une route à sens unique, n’est pas un chemin que seul l’immigré est appelé à parcourir, mais la société d’accueil aussi qui, à son contact, découvre sa ‘richesse’, puisant en elle les valeurs de la culture ».

Les deux parties doivent donc être disposées à des efforts, « car le moteur de l’intégration est le dialogue, ce qui suppose un rapport mutuel ».

De cette façon seulement, comme l’a rappelé le pape dans son encyclique, on saura « donner forme d’unité et de paix à la cité des hommes, et en faire, en quelque sorte, la préfiguration anticipée de la cité sans frontières de Dieu ».

Roberta Sciamplicotti

Traduit de l’italien par Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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