Suisse: Mgr Bürcher de retour d’Iran et du Qatar

Print Friendly, PDF & Email

« J’ai été impressionné par l’accueil chaleureux »

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

ROME, Jeudi 27 avril 2006 (ZENIT.org) – « J’ai été impressionné par l’accueil chaleureux », déclare Mgr Pierre Bürcher, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg, qui publie cet entretien à l’occasion de son retour d’Iran et du Qatar.

Q : Mgr Bürcher, vous vous êtes rendu pour la première fois en Iran et au Qatar. Quelles sont vos impressions ?

Mgr Bürcher : J’ai été impressionné par l’accueil chaleureux des Iraniens comme par celui des gens de Doha. L’Orient est connu pour son hospitalité : l’Iran et le Qatar ont confirmé cette réputation. Et pourtant, ce sont deux pays extrêmement différents, à bien des points de vue. Ces jours, l’Iran est sous les feux de l’actualité internationale. Le Qatar a multiplié avec succès jusqu’ici les réformes, y compris au niveau du dialogue interreligieux. J’ai senti que tout cela est plein d’espérance.

Q : Du 17 au 24 avril, vous étiez en Iran où vous avez eu des rencontres à haut niveau avec des musulmans. Quel bilan pouvez-vous en tirer ?

Mgr Bürcher : Oui, rencontres nombreuses avec des musulmans mais aussi avec les minorités chrétiennes, juive et zoroastrienne. Le dialogue interreligieux est plus que jamais urgent. Il est encore trop tôt pour tirer un bilan des rencontres que nous avons eues, mais je crois pouvoir dire que nous avons fait des progrès. En plus du dialogue institutionnel indispensable, les contacts à la base sont tout aussi importants.

Q : Les menaces américaines deviennent de plus en plus explicites. Quelle est l’ambiance en Iran ?

Mgr Bürcher : Ne parlant pas le farsi, il m’est difficile de savoir ce que pense l’homme de la rue. Mais je n’ai pas eu l’impression d’être dans un pays en état de siège. Au contraire, ces menaces ont pour effet de renforcer la cohésion nationale en Iran. Le nationalisme semble aussi l’emporter sur la religion.
Un professeur américain me disait qu’il se sentait bien accueilli par les Iraniens, malgré la politique que mène le gouvernement de son pays.

Q : Quels sont vos projets par rapport au dialogue interreligieux avec l’Iran ?

Mgr Bürcher : Pour nous, c’était la deuxième rencontre avec l’ICRO, après la visite de cette institution musulmane en Suisse, l’an dernier. Nous avons fait ensemble un bout de chemin. Un livre sera édité en farsi et en anglais, contenant les interventions de cette session et de celle de septembre 2005.
Lors de notre prochaine séance du Groupe de travail « Islam » de la CES, nous ferons une évaluation concrète de cette rencontre et déciderons comment aller de l’avant.

Q : Quel a été votre contact avec les chrétiens en Iran ?

Mgr Bürcher : Pour tous les membres de notre délégation, c’était une grande joie de pouvoir rencontrer les communautés chrétiennes à Téhéran et à Ispahan. Les chrétiens en Iran ne forment qu’un infime pourcentage de la population totale. Avec les juifs et les zoroastriens ils constituent les minorités religieuses reconnues.
Nous avons participé à une célébration de la Messe en rite assyro-chaldéen. J’ai été impressionné par l’atmosphère priante et le nombre de jeunes présents. Cependant la situation politique et religieuse ne leur est pas très favorable. Ils se trouvent incités à l’émigration.
J’ajoute que la liberté de religion ne se limite pas à la liberté de culte. L’Iran comme la Suisse ont reconnu en droit la liberté de religion comme impliquant « la liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu’en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, les pratiques et l’enseignement. » Or tous ces droits ne sont actuellement pas respectés.

Q : Vous avez ensuite participé au Trialogue à Doha, au Qatar. Qu’en tirez-vous ?

Mgr Bürcher : Les travaux de la 4ème Conférence de Doha sur le dialogue interreligieux ont commencé mardi 25 pour se terminer ce jeudi 27 avril 2006, sous le parrainage de S.A Cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani. Le ministre d’Etat chargé des affaires étrangères a souligné que la règle principale des trois livres saints est de croire en un seul Dieu ce qui nécessite la création d’une relation fondée sur le respect mutuel.
Le ministre qatarien a précisé que le dialogue interreligieux signifie avant tout la clarté et non la polémique ajoutant que la découverte de l’autre et le dialogue sont nécessaires pour la cohabitation dans un monde où règne la sécurité et la paix.
Parmi les intervenants, le ministre égyptien des Wakfs Mahmoud Hamdi Zaqzouq, l’archevêque Georges Saliba, le Rabin Samuel Sirat qui ont salué l’initiative de Doha et souligné que la paix ne peut avoir lieu sans dialogue et que le progrès ne peut être réalisé en présence de conflits.

Q : Monseigneur Bürcher, pourquoi un tel intérêt pour le dialogue interreligieux ?

Mgr Bürcher : Je suis convaincu que le processus galopant de la globalisation actuelle ne doit pas consister longtemps encore dans le fait de s’opposer l’un contre l’autre. Le dialogue interreligieux est actuellement une dissuasion au processus impliquant la violence, l’extrémisme et le terrorisme. Nous devons créer des créneaux de dialogue entre les différentes couches de la société moderne contemporaine. La paix et la justice mondiales sont à ce prix-là.

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel