Sri Lanka : bouddhistes et catholiques au secours des déplacés tamouls

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Près de 40 000 civils échappent aux rebelles

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ROME, Lundi 16 mars 2009 (ZENIT.org) – Au Sri Lanka, un groupe de bouddhistes et de catholiques on fait parvenir des colis de première urgence aux déplacés tamouls, indique Eglises d’Asie (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP).  

Dans le nord-est de l’île, alors que de plus en plus de civils tentent de fuir la zone des combats pour se réfugier dans les territoires contrôlés par l’Etat, des bouddhistes et des catholiques organisent des convois de secours d’urgence pour les personnes déplacées.  

« Nous avons collecté du lait en poudre, du dentifrice, du riz, des œufs, auprès des musulmans, des bouddhistes et des chrétiens », explique à l’agence Ucanews, le 8 mars 2009, le vénérable Akurana Gunarathana, accompagné dans son périple par d’autres moines bouddhistes et des prêtres catholiques. Il est 3 heures du matin et le convoi qui part de Hettipola, dans le centre du Sri Lanka, va faire huit heures de route pour apporter les colis d’urgence dans les camps de réfugiés situés au nord de l’île.   

Alors que Colombo ne cesse d’annoncer la défaite imminente des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), environ 40 000 civils ont réussi à s’échapper de la petite langue de terre de 14 kms2 encore tenue par les rebelles et bombardée sans répit par l’armée, pour rejoindre les camps de réfugiés mis en place par le gouvernement (1). Dans les camps contrôlés par l’armée, les hommes sont séparés de leur famille et étroitement surveillés, chacun d’eux étant soupçonné d’appartenir au LTTE. Certaines ONG ont qualifié ces camps de « camps d’internement », et l’accès à ceux-ci est interdit aux journalistes comme aux organismes humanitaires (2).  

A l’origine de l’initiative de Hettipola, se trouvent trois moines bouddhistes et deux prêtres catholiques qui ont lancé un appel aux dons dans les temples et les églises afin de venir en aide aux déplacés et aux soldats blessés. Ils ont reçu l’équivalent de 800 000 roupies (5 500 euros) en produits d’urgence qu’ils ont acheminés jusqu’à Vavuniya et confié aux instances officielles afin qu’elles les redistribuent.  

« Les représentants des différentes religions doivent œuvrer la main dans la main pour la paix et l’harmonie », commente le père Neil Chrishantha, prêtre à la paroisse du Sacré-Cœur de Hettipola, qui participe au convoi.  

Dans une conférence de presse le 28 février dernier, Mgr Oswald Gomis, archevêque catholique de Colombo, avait exprimé la solidarité et la compassion de l’Eglise envers les victimes de la guerre. Il avait conclu sa déclaration par un appel à une action concrète de tous les catholiques : des dons alimentaires et des médicaments pour les déplacés tamouls comme les soldats blessés, dans « un vrai esprit de charité chrétienne ». Les responsables de l’Eglise catholique, rejoints par des bouddhistes, avaient relayé l’appel d’urgence au sein de leurs communautés.  

Ce même 8 mars 2009, alors que le convoi venu de Hettipola arrivait à Vavuniya, les Nations unies, qui continuent de dénoncer avec l’ensemble de la communauté internationale et de nombreuses ONG l’aggravation d’un véritable « drame humanitaire », a distribué également 500 tonnes de farine, sucre et huile végétale aux déplacés.  

En revanche, ces secours ne peuvent pas parvenir aux civils en zone de combat, toujours sous les tirs et bombardements de l’armée, sans vivres, ni médicaments, ni eau potable, selon les récits des personnes qui ont réussi à s’enfuir (3). On estime qu’il reste encore plus de 100 000 personnes piégées dans la minuscule bande de terre de la région de Puthukudiyiruppu, au nord-est du pays.  

Le 4 mars dernier, Gordon Weiss, porte-parole de l’ONU, avait affirmé que plus de « 2 000 civils avaient été tués dans les combats » depuis janvier 2009 et que « les décès liés à un manque de nourriture et de médicaments [étaient] devenus réalité » (4). Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a déploré, lors d’une déclaration le 6 mars, « l’augmentation du nombre de civils morts dans la zone de combat, notamment un nombre significatif d’enfants » (5).  

La Caritas, la Croix-Rouge et d’autres ONG ont également envoyé des appels pressants au gouvernement de Colombo et au LTTE pour dégager les civils piégés, pendant que différents organismes chrétiens, multipliaient les suppliques, dont l’une des dernières est un mémorandum adressé au gouvernement indien, au gouvernement sri-lankais et à l’ONU, émanant du Forum œcuménique chrétien (Ecumenical Christian Forum), réunion des Eglises chrétiennes de toutes confessions de l’Inde du Sud (6).  

Fin février, l’Inde avait proposé son aide au gouvernement sri-lankais afin d’établir un couloir humanitaire d’évacuation des civils. Le LTTE venait de demander un cessez-le-feu à Colombo, qui avait refusé, assuré d’écraser définitivement la rébellion dans les plus brefs délais. Mais la résistance est plus longue que prévu et les civils tamouls sont plus que jamais les victimes de la dernière phase d’un conflit qui dure depuis plus de vingt ans.   

(1) Voir EDA 492, 493, 496, 497, 499, 500, 501, 502.

(2) La Croix, 3 mars 2009, The Times, 13 février 2009, Le Figaro, 5 février 2009.

(3) Associated Press, 4 mars 2009.

(4) Communiqué de Médecins sans frontières du 2 mars 2009,  Libération, 12 février 2009.

(5) Communiqué des Nations unies, 6 mars 2009.

(6) Fides, 9 mars 2009.   

©  Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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