Siracide 36: "Prière pour le peuple saint de Dieu"

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Audience générale du 23 janvier

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CITE DU VATICAN, Vendredi 1er février 2002 (ZENIT.org) – « Prière pour le peuple saint de Dieu »: c´est le titre choiis par L´Osservat Romano en français du 29 janvier pour le commentaire du chapitre 36 du Livre du Siracide, par Jean-Paul II, lors de l´audience hebdomadaire du 23 janvier dont voici la traduction de l´OR.

Allocution de Jean-Paul II au cours de l´Audience générale du 23 janvier
Lecture Sir 36, 1-2.4.5.12-13

1. Au sein de l´Ancien Testament, il n´existe pas seulement le livre officiel de la prière du Peuple de Dieu, c´est-à-dire le psautier. De nombreuses pages bibliques sont parsemées de cantiques, d´hymnes, de psaumes, de supplications, de prières, d´invocations qui s´élèvent vers le Seigneur, comme en réponse à sa parole. La Bible se révèle ainsi un dialogue entre Dieu et l´humanité, une rencontre qui est placée sous le sceau de la parole divine, de la grâce, de l´amour.

Tel est le cas de la prière que nous venons d´adresser au « Dieu de l´univers » (v. 1). Elle est contenue dans le livre du Siracide, un sage qui recueillit ses réflexions, ses conseils, ses chants probablement autour de 190-180 av. J.-C., au seuil de l´épopée de libération vécue par Israël sous la conduite des frères Maccabées. En 138 av. J.-C., un petit fils de ce sage traduisit en grec, comme le rapporte le prologue ajouté au volume, l´oeuvre de son grand-père de façon à offrir ces enseignements à un plus vaste cercle de lecteurs et de disciples.

Le livre du Siracide est appelé « Ecclésiastique » par la tradition chrétienne. N´ayant pas été accueilli par le canon hébraïque, ce livre finit par caractériser, ainsi que d´autres, ce qu´on appelle la « veritas christiana ». C´est ainsi que les valeurs proposées par cette oeuvre pleine de sagesse entrèrent dans l´éducation chrétienne de l´ère patristique, en particulier dans le milieu monastique, devenant une sorte de manuel de comportement pratique des disciples du Christ.

2. L´invocation du chapitre 36 du Siracide, utilisée comme prière des Laudes de la Liturgie des Heures sous une forme simplifiée, se développe selon diverses lignes thématiques.

Nous y trouvons tout d´abord l´imploration afin que Dieu intervienne en faveur d´Israël et contre les nations étrangères qui l´oppriment. Par le passé, Dieu a révélé sa sainteté lorsqu´il a châtié les fautes de son peuple, en le livrant aux mains de ses ennemis. A présent, l´orant prie Dieu de révéler sa grandeur en réprimant la tyrannie des oppresseurs et en instaurant une nouvelle ère aux accents messianiques.

La supplication reflète bien évidemment la tradition de prière d´Israël, et elle est en réalité remplie de réminiscences bibliques. Sous certains aspects, elle peut être considérée comme un modèle de prière à utiliser dans les périodes de persécution et d´oppression, comme l´était celle à laquelle l´auteur vivait, sous la domination plutôt rude et sévère des souverains étrangers syro-hellénistiques.

3. La première partie de cette prière s´ouvre par un appel ardent adressé au Seigneur afin qu´il ait pitié et qu´il regarde (cf. v. 1). Mais l´attention se tourne immédiatement vers l´action divine, qui est exaltée à travers une série de verbes très suggestifs: « Aie pitié…. regarde… répands la crainte… lève la main… montre-toi grand… renouvelle les prodiges… fais d´autres miracles… glorifie ta main et ton bras droit… ».

Le Dieu de la Bible n´est pas indifférent à l´égard du mal. Et même si ses voies ne sont pas les nôtres, si ses temps et ses projets sont différents des nôtres (cf. Is 55, 8-9), Il se range cependant du côté des victimes et se présente comme un juge sévère des violents, des oppresseurs, des triomphateurs qui ne connaissent pas la pitié.

Mais son intervention ne tend pas à la destruction. En révélant sa puissance et sa fidélité dans l´amour, Il peut également susciter dans la conscience du mauvais un frémissement qui le conduira à la conversion. « Qu´ils te connaissent, tout comme nous avons connu qu´il n´y a pas d´autre Dieu que toi, Seigneur » (v. 4).

4. La seconde partie de l´hymne ouvre une perspective plus positive. En effet, alors que la première partie requiert l´intervention de Dieu contre les ennemis, la deuxième ne parle plus des ennemis, mais elle demande les faveurs de Dieu pour Israël, elle impl sa pitié pour le peuple élu et pour la ville sainte, Jérusalem.

Le rêve d´un retour de tous les exilés, y compris ceux du royaume septentrional, devient l´objet de la prière: « Rassemble toutes les tribus de Jacob, rends-leur leur héritage comme au commencement » (v. 10). Une sorte de renaissance d´Israël tout entier est ainsi demandée, comme aux temps heureux de l´occupation de toute la Terre Promise.

Afin de rendre la prière plus pressante, l´orant insiste sur la relation qui lie Dieu à Israël et à Jérusalem. Israël est désigné comme le « peuple appelé de ton nom », celui « dont tu as fait un premier-né »; Jérusalem est « ta ville sainte », « le lieu de ton repos ». Le désir ensuite exprimé est que la relation devienne enc plus étroite et donc plus glorieuse: « Remplis Sion de ta louange et ton sanctuaire de ta gloire » (v. 13). En remplissant de sa gloire le Temple de Jérusalem, qui attirera à lui toutes les nations (cf. Is 2, 2-4. Mi 4, 1-3), le Seigneur remplira son peuple de sa gloire.

5. Dans la Bible, la plainte des personnes qui souffrent ne finit jamais dans le désespoir, mais elle est toujours ouverte à l´espérance. A la base, se trouve la certitude que le Seigneur n´abandonne pas ses enfants, il ne laisse pas tomber de ses mains ceux qu´Il a modelés.

La sélection effectuée par la liturgie a laissé de côté une belle expression de notre prière. Elle demande à Dieu de rendre « témoignage à tes premières créatures (v. 14). De toute éternité, Dieu a un projet d´amour et de salut destiné à toutes les créatures, qui sont appelées à devenir son peuple. Il s´agit d´un dessein que saint Paul reconnaîtra: « révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes, dans l´Esprit… dessein éternel qu´il a conçu dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Ep 3, 5-11).
© L´Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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