Séminaire catholico-musulman sur l’Amour de Dieu et du prochain

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Un nouveau chapitre dans une longue histoire

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ROME, Mardi 4 novembre  2008 (ZENIT.org) – « Amour de Dieu et amour du prochain », c’est le thème du premier séminaire réunissant 29 représentants de l’islam et 29 représentants catholiques, organisé par le Forum catholico-musulman. Il se tient à l’université pontificale grégorienne de Rome. « Un nouveau chapitre dans une longue histoire » de dialogue, souligne le cardinal Tauran.

Parmi les thèmes que les participants ont abordés aujourd’hui, les « Fondements théologiques et spirituels », et demain 5 novembre, « la dignité humaine et le respect mutuel ».

Une audience pontificale est prévue jeudi 6 novembre. Et ce même jeudi, une séance publique est prévue pour la présentation d’une « Déclaration finale » des participants.

Ce Forum a été créé, rappelons-le, par le conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux et par des autorités musulmanes, à la suite de la lettre adressée par 138 personnalités de l’Islam au pape et à d’autres responsables chrétiens l’an dernier.

Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a confié ses réflexions au micro de Romilda Ferrauto, responsable de la rédaction française de Radio Vatican.

Un nouveau chapitre d’une longue histoire 

Il rappelle que ce forum est « la conséquence de la lettre des 138 personnalités musulmanes ». Ce qui est important, souligne-t-il, « c’est qu’il permet avant tout de relire un peu l’islam à travers deux commandements : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. C’est une chose plutôt inédite. Cependant, il ne faut pas faire de cette Lettre et de ce Forum catholico-musulman une chose extraordinaire, comme si l’on avait seulement commencé à dialoguer à partir de cette lettre des 138 : nous sommes en dialogue avec l’islam depuis plus de 1400 ans. Du concile, nous avons ensuite reçu « Nostra Aetate » qui a tracé une voie encore plus précise pour ce dialogue. Je dirais par conséquent que c’est maintenant un nouveau chapitre d’une longue histoire ».

« Les thèmes, précise le cardinal Tauran, ont été choisis lors d’une rencontre que nous avons eue en mars dernier avec une délégation des 138 au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Les thèmes ont été choisis ensemble par les deux délégations. La procédure que nous utiliserons pour les affronter suit au contraire un chemin normal : les catholiques exposeront leur point de vue, et les musulmans le leur, il y aura ensuite un dialogue. Nous avons réservé beaucoup de temps au dialogue, de façon à ce que l’on puisse bien se connaître et s’exprimer. Je crois que pendant ces deux journées on aura tout le temps nécessaire pour approfondir les sujets soumis à notre réflexion. Et pour conclure, un communiqué final conjoint est prévu ».

Un amalgame malheureux entre christianisme et Occident

Et de préciser : «  On parle un peu de tout. Mais, à proprement parler, on ne peut pas dire, par exemple, qu’on a un dialogue théologique. Le dialogue théologique est sous-entendu mais pas techniquement défini ni réalisé. Par contre, au niveau des actions conjointes, par exemple à l’occasion des grandes catastrophes humanitaires, il y a une collaboration. Pour être réaliste, je dirais que ce qui compte vraiment, c’est qu’en dépit de toutes les difficultés, en dépit des crises qui existent parfois, nous nous parlons. Les ponts n’ont pas été coupés et je crois que c’est important ».

Le cardinal Tauran fait observer que « les rapports entre catholiques et musulmans dépendent beaucoup des circonstances politiques des pays où l’islam est une religion majoritaire ».

« Je pense, explique-t-il, que ce qui crée des tensions dans les relations, c’est que dans le monde musulman, on associe le christianisme à l’Occident. Cet amalgame est très dangereux, parce que lorsque les responsables des sociétés occidentales prennent des décisions politiques que les musulmans considèrent comme contraires à leurs intérêts, ils disent : « Ce sont les chrétiens qui nous attaquent, ce sont les chrétiens qui nous provoquent ». Voilà ce qui provoque des tensions dans les relations ».

La force du droit

Pour ce qui est de la situation des minorités catholiques en pays majoritairement musulmans, le cardinal Tauran a souligné que « c’est le devoir du Saint Siège de défendre les droits fondamentaux lorsqu’ils sont menacés ou niés. Comment le Saint-Siège intervient-il ? En rappelant à nos interlocuteurs les droits fondamentaux de la personne humaine : le droit à la vie, le droit à la liberté de conscience et de religion, et tous les autres droits qui y sont liés. Et puis, il y a évidemment le canal diplomatique. Le Saint-Siège a des relations diplomatiques avec de nombreux pays arabes. C’est un canal privilégié. Et puis, il y a notre dialogue interreligieux qui nous permet de faire valoir les droits et les aspirations légitimes de nos frères dans la foi lorsqu’ils sont objet de persécutions ou de violence. En tous cas, je crois que nous n’avons pas d’autre choix que de marcher ensemble sous le regard de Dieu. Nous sommes tous en chemin vers la Vérité. Lorsque nous nous trouvons dans des situations difficiles, nous ne devons pas avoir peur de dire ce que nous croyons, Celui en qui nous croyons. Il ne faut pas avoir peur de dénoncer les violations des droits de l’homme, quels qu’ils soient et de façon à ce que ce soit la vérité qui l’emporte, et non la force. De façon à ce que la force du droit l’emporte sur le droit de la force ».

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ZENIT Staff

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