Se défaire de toute "mondanité spirituelle", lèpre de la société

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Troisième rencontre du pape à Assise: les plus démunis

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La route du dépouillement est la seule route possible pour un chrétien, estime le pape qui appelle au « courage de se dépouiller », non pas de l’argent, mais de la « mondanité spirituelle », de « l’esprit du monde », qui est « la lèpre, le cancer de la société, l’ennemi de Jésus ». 

Pour sa troisième étape à Assise, ce 4 octobre 2013, le pape François s’est rendu à l’évêché, dans la « salle du dépouillement », où saint François a quitté ses vêtements, en ce fameux geste, pour suivre le Christ.

Le pape y a rencontré des personnes pauvres et démunies, soutenues par Caritas. Auparavant, il avait visité des enfants et des jeunes malades et handicapés, à l’Institut séraphique, et s’était ensuite rendu en privé à l’église Saint-Damien.

« Vous êtes le premier pape à entrer ici », lui a dit Mgr Domenico Sorrentino, évêque d’Assise, en l’acueillant dans la « salle du dépouillement », parlant d’un « vent de pentecôte » pour l’Église locale.

Comme il l’avait fait à l’Institut séraphique, le pape a parlé d’abondance de cœur, en laissant de côté le texte qu’il avait préparé.

« Ces derniers jours, a-t-il dit, on lit dans les journaux beaucoup de fantaisies » sur le message du pape à Assise, notamment sur la question du « dépouillement de l’Église ».

Saisissant la symbolique du lieu, il a appelé à se dépouiller d’« un danger très grave qui menace toute personne dans l’Église : le danger de la mondanité ».

Pour le pape, le dépouillement n’est pas optionnel : le chrétien doit « aller par la route de Jésus, qui a suivi un chemin de dépouillement… qui s’est humilié… jusqu’à la croix ». Pour le chrétien, « il n’y a pas d’autre voie ».

Il a mis en garde contre la tentation de « faire un christianisme un peu plus humain, sans croix, sans Jésus, sans dépouillement » : ceux-là deviennent « des chrétiens de pâtisserie, comme un beau gâteau… »

Le chrétien doit se dépouiller du « plus grand des péchés » : « l’idolâtrie ». En effet il ne peut pas « vivre avec l’esprit du monde. La mondanité conduit à la vanité, à l’arrogance, à l’orgueil. Et cela est une idole, non pas Dieu ».

Ce dépouillement concerne tout le monde : « Quand dans les médias on parle de l’Église, on a l’impression que l’Église ce sont les prêtres, les religieuses, les évêques, les cardinaux et le pape. Mais l’Église c’est nous tous ».

Aussi tous sont appelés à « se dépouiller de cette mondanité » qui est « l’esprit contraire des béatitudes, l’esprit contraire à Jésus. La mondanité fait mal. Il est si triste de trouver un chrétien mondain, sûr de cette sécurité que lui donne – selon lui ! – la foi et sûr de la sécurité que lui donne le monde ».

Or, « on ne peut pas travailler des deux côtés » car il est « triste d’effacer d’une main ce qu’on a écrit avec l’autre. L’Évangile est l’Évangile ! Dieu est l’unique ! »

La mondanité est « une attitude homicide. La mondanité spirituelle tue : elle tue l’âme. Elle tue les personnes. Elle tue l’Église », a insisté le pape, encourageant à demander « le courage de se dépouiller, non pas [de l’argent]… mais de l’esprit du monde, qui est la lèpre, le cancer de la société, l’ennemi de Jésus ».

Le pape s’est ensuite tourné vers les personnes présentes, soutenues par Caritas, dénonçant « ce monde sauvage qui ne donne pas de travail, qui n’aide pas ». L’esprit du monde, a-t-il poursuivi, fait que « des enfants meurent de faim, que tant de familles n’ont pas à manger ».

Et les personnes sont forcées à « fuir de l’esclavage, de la faim, fuir en cherchant la liberté », souvent « avec grande douleur », et trouvant « la mort », a déploré le pape en évoquant le drame du naufrage près des côtes de Lampedusa hier, 3 octobre : « aujourd’hui est un jour de larmes ».

Au terme de la rencontre, le pape s’est rendu à pied à l’église de Sainte-Marie-Majeure, en privé, avant de monter dans sa papamobile pour rejoindre la basilique supérieure d’Assise, où il s’est recueilli devant la tombe de saint François et a célébré une messe.

Pour cette journée, dense en événements et rencontres, le pape est accompagné par les membres du « Conseil des cardinaux », avec lesquels il s’est réuni ces trois derniers jours.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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