"Sans l'Union européenne, le Protocole de Kyoto serait déjà mort dix fois"

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Entretien avec le président Romano Prodi

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CITE DU VATICAN, Mercredi 4 septembre 2002 (ZENIT.org) – Pour le président Prodi, Johannesburg représente une étape de la politique de l’Unions européenne: sans l’Union européenne, « le Protocole de Kyoto serait déjà mort dix fois ».

Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, interrogé par Radio Vatican aujourd’hui, dresse son bilan de la conférence des Nations Unies à Johannesburg sur le « Développement durable ».

Après dix jours de négociations, une entente sur un plan d’action pour un développement durable a vu le jour dans la nuit, pour catalyser la lutte contre la pauvreté, la dégradation de l’environnement, et devait recevoir « l’imprimatur » lors de la séance plénière de l’après midi.

R. P. – Johannesburg, c’est l’histoire de ces derniers mois, de ces trois dernières années même, lorsque nous nous sommes détachés des Etats-Unis, de ce type de politique commune à propos de la préservation de l’environnement. S’il n’y avait pas eu l’union européenne, tout aurait été un fiasco. Nous sommes décidés à aller de l’avant et à jouer ce rôle de leadership, parce que si l’on ne commence pas maintenant, les décisions seront ensuite prises lorsqu’il sera trop tard. Je n’ai jamais considéré que le Protocole de Kyoto était scientifiquement exact jusque dans la moindre virgule, mais je suis convaincu que c’est un instrument très important pour commencer à prendre des décisions pour l’avenir du monde, et prendre toutes les mesures qui s’imposent. S’il n’y avait pas eu l’union européenne, le Protocole de Kyoto serait déjà mort dix fois.

R. V. – A Johannesburg, l’Europe a obtenu des résultats, mais a également dû en payer le prix, et en particulier, sur l’énergie le prix fort…

R. P. – Nous avions quatre grands objectifs et celui sur l’énergie a été atteint à moitié. Vous avez raison de dire que c’est le prix fort, parce que, pour résumer la situation, nous avons pris une décision dans la juste direction, c’est-à-dire de travailler sur les énergies alternatives, sur l’usage contrôlé et limité des énergies, mais nous n’avons pas pu fixer les objectifs quantitatifs. On peut aussi dire que cet objectif n’a pas été atteint. Moi je dis que contraire que oui, certainement, mais immédiatement, nous avons commencé à créer une soi-disant coalition ce « ceux qui sont d’accord », de façon à nous fixer des objectifs quantifiables. Je crois que beaucoup sont d’accord et par conséquent je crois qu’à la fin, même sur ce chapitre, nous avons une idée concrète sur la quantité et sur les décisions à prendre.

R. V. – La délégation vaticane est partie pour Johannesburg avec deux grandes préoccupations: la distribution des ressources en eau et la lutte contre la pauvreté. Selon vous, ces deux objectifs ont-ils été atteints?

R. P. – Pour ce qui est des ressources en eau, certainement. Pour ce qui est au contraire de la lutte contre la pauvreté, j’ai moi même dit que nous ne pouvions pas nous donner d’autres objectifs quantifiables parce qu’on l’avait déjà fait à Monterrey, et par conséquent j’estime que les d’autres objectifs quantifiables ne sont pas suffisants. Mais nous avons stoppé la tragique descente de ces vingt dernières années: nous avons commencé la remontée. Nous devons maintenant donner un élan nouveau, parce qu’avec le 0,33 % pour l’Europe, et le 0,11 % des Etats-Unis, on ne fait pas grand’chose. Nous devons surtout démythifier cette mauvaise doctrine des dix dernières années selon laquelle le commerce suffit: « Trade and not aid ». Cette doctrine a tourné la tête des gens. Nous savons très bien qu’il faut le « trade », le commerce, les investissements privés, qui sont un pilier fondamental. Mais il est aussi vrai que si nous n’avons pas d’infrastructures, si nous n’avons pas d’écoles, si nous n’avons pas les grands réseaux qui créent une civilisation moderne, nous aurons beau faire du commerce, avec les investissements privés, nous ne réussirons jamais rien. Nous avons par conséquent agi en faveur d’une « correction mentale » et cela aussi peut être utile.

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ZENIT Staff

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