Saints : Des « Instructions », pour la phase diocésaine des canonisations (II)

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Le card. Saraiva Martins tord le cou à des idées reçues

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ROME, Jeudi 10 janvier 2008 (ZENIT.org) – La Congrégation pour les causes des saints a adressé aux évêques du monde entier des « Instructions », en une vingtaine de pages, pour les aider à « examiner l’admission de nouveaux cas » de canonisation et comment faire, concrètement, « pour la phase diocésaine du procès ». Le cardinal Saraiva Martins tord le cou à des idées reçues, de la « fabrique des saints » à « l’argent » nécessaire au procès.

Mardi, nous avons publié, à partir d’une interview de L’Osservatore Romano du 9 janvier, en italien, les noms des quatre prochains saints en 2008 et le point sur la cause de Jean-Paul II (Zenit du 8 janvier 2008) et hier, les premières réflexions du cardinal José Saraiva Martins, préfet du dicastère ad hoc, sur ces sujets (Zenit du 9 janvier 2008).

Cause pauvre, pauvre cause

Pour ce qui est du « coût » d’une cause, le cardinal Saraiva Martins a précisé : « Il n’est pas possible de donner de chiffre parce que cela dépend toujours du type de cause dont il s’agit. Je veux dire que la dépense dépend de la complexité de la documentation, de la difficulté à arriver à une définition scientifique pour ce qui concerne la guérison, d’éventuelles demandes d’approfondissement. Les procès sont tous différents. Une chose est certaine : ce n’est pas la congrégation qui détermine les dépenses. Elle n’intervient que de façon indirecte. C’est le postulateur de la cause qui est le « caissier », celui qui récolte l’argent nécessaire et solde les comptes. La congrégation met seulement en lien les différents acteurs du procès, et rien de plus. Il est vrai que si, derrière, il y a une congrégation religieuse, le plus grand poids des dépenses est assumé par elle, mais je vous assure que pour reconnaître la sainteté, on n’a pas besoin ni de la plus belle statue ni de la bourse la mieux remplie. Lorsqu’il y a un vrai saint, c’est l’Eglise, Peuple de Dieu, qui se mobilise et le minimum nécessaire se trouve toujours. C’est si vrai que moi-même j’ai appris d’expérience qu’il n’y a pas de cause pauvre : si une cause est « pauvre » cela signifie que c’est une pauvre cause, au sens où la réputation de sainteté elle-même est pauvre ».

Vox populi : la réputation de sainteté

Pour ce qui est justement de la réputation de sainteté, le cardinal Saraiva Martins précisait que c’est justement le seul « ressort » nécessaire pour ouvrir une cause de canonisation.

« Sans réputation de sainteté, rien ne bouge. C’est la vraie garantie qui devrait faire taire tous les scepticismes : ce sont les gens qui indiquent à l’Eglise l’exemplarité d’une figure. Ce sont les fidèles eux-mêmes qui montrent combien cette figure a été capable d’influencer leur vie, de nourrir leur foi, d’allumer en eux la flamme de l’espérance, de se proposer comme une ancre de salut dans leurs affaires personnelles au point qu’ils se sont adressés à elle dans la prière. Je ne nie pas qu’il puisse aussi y avoir d’autres motifs, comme la juste fierté d’une famille religieuse pour un fondateur ou un confrère. Mais je vous assure que sans l’impulsion qui vient justement de la réputation de sainteté, il est difficile de lancer un procès ».

Un « principe chronologique rigide »

Pour ce qui est des délais, le cardinal préfet de la Congrégation pour les causes des saints a souligné le « principe chronologique rigide » des procès.

« Le critère que nous suivons pour l’examen des documents est celui qui est dicté, précisait-il, par l’ordre d’arrivée des dossiers. Dans le doute, on procède à l’examen des autres et ainsi de suite, mais toujours en respectant l’ordre d’arrivée ».

Mais il a aussi indiqué deux motifs qui pourraient faire déroger une cause à ce principe. Le premier, « très fréquent pendant le pontificat de Jean-Paul II », étant donné ses voyages, était de donner la priorité à une cause venant d’un pays où le pape devait se rendre.

« L’idée, expliquait-il, était de donner au pape la possibilité d’élever aux honneurs des autels un frère des peuples au milieu desquels il allait témoigner de la force et de la vie de l’Evangile ».

L’autre motif de dérogation est également « de nature pastorale » : « Il s’agit de figures exemplaires de pays qui n’ont pas encore de bienheureux ou de saints ».

Il s’agit, expliquait le cardinal Saraiva Martins, « d’offrir à ces peuples des modèles de sainteté nés dans leur terre et de donner un témoignage de ce qui doit être, je crois, considéré comme le moteur même de la sainteté, à savoir de comprendre qu’au fond la sainteté n’est que la plénitude de l’humanité. C’est aussi le motif pour lequel le Christ est considéré comme l’homme parfait : il a incarné la sainteté du Père ».

« En dehors de ces deux motifs, rien en pourra jamais influencer le parcours d’une cause qui se discute ici dans la congrégation », a affirmé le cardinal préfet.

Enfin, les raisons pour lesquelles une cause pourrait être refusée découlent de ce qu’a expliqué plus haut le cardinal portugais : « le manque de réputation de sainteté », et puis, confiait-il, « cela dépend du jugement de la commission scientifique : s’il est négatif, il ne reste qu’à en prendre acte et récuser la cause. De même si la commission des théologiens ne reconnaissait pas » que tel fait réputé miraculeux puisse être attribué à l’intercession » du serviteur de Dieu en question.

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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