Saint-Siège et Israël : 20 ans de relations diplomatiques

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Rencontre avec le P. David Neuhaus s.j.

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Si l’Eglise peut puiser dans l’exemple de « la fidélité à Dieu » du peuple juif dans l’histoire, elle est aussi invitée à « faire connaître à ses frères et sœurs juifs » ses évolutions positives vis-à-vis des juifs, advenues depuis le concile Vatican II, estime le P. Neuhaus.

Le P. David Neuhaus s.j., vicaire du patriarcat latin de Jérusalem pour la communauté catholique hébréophone, évoque, au micro de Radio Vatican, le 20e anniversaire de l’Accord fondamental par lequel le Saint-Siège et Israël établissaient des relations diplomatiques, en décembre 1993: ils instituaient aussi une Commission pour les relations entre le Saint-Siège et Israël.

Un accord et des interrogations

Parmi les travaux de cette commisison, un projet d’accord sur des questions plus précises : « Les choses ont progressé très lentement … Il y a tant d’institutions de l’Eglise en Israël et ceci a fait naitre une situation très compliquée », explique le P. Neuhaus.

Il exprime en même temps l’espérance que les pourparlers « touchent très vite à leur fin » et que les accords finaux, qui seront signés par l’Eglise et par l’Etat d’Israël, seront « au bénéfice de l’Eglise ».

En effet, précise-t-il, il reste « beaucoup d’interrogations concernant l’application de cet accord et l’influence que celui-ci pourra avoir sur la vie de l’Eglise » car l’Eglise catholique en Terre Sainte « dépend beaucoup des religieux et des religieuses qui viennent de l’extérieur » : « Comment sera réglé l’accès à l’Etat d’Israël pour ceux qui viennent de l’extérieur, notamment pour ceux qui proviennent – selon les israéliens – de pays ennemis comme la Syrie et l’Irak ? Quels droits sociaux seront reconnus aux personnes dont la présence en Terre Sainte est demandée pour de très longues périodes ? »

Des interrogations demeurent également sur « la question des biens de l’Eglise, terrains, édifices », sur « les impôts à payer », et sur « les relations entre Israël et le peuple palestinien, des questions entre autres de frontières ».

L’exemple juif de la fidélité à Dieu

Dans le contexte du Moyen-Orient, il est « important », dit-il, pour un chrétien de méditer « l’alliance que Dieu n’a jamais abrogée », « beau signe de fidélité », dont parle le pape François dans sa lettre à Eugenio Scalfari (cf. Zenit du 13 septembre 2013) : le pape « parle de la fidélité à Dieu et de la façon dont les juifs ont été capables de conserver cette foi, malgré tout ce qui leur est arrivé ».

Grâce au « très important développement qu’il y a eu avec le concile », la perception « de l’Eglise envers les juifs » a changé : le P. Neuhaus encourage à « faire connaître à nos frères et sœurs juifs ce développement de l’Eglise catholique ».

Bien que « l’Eglise catholique ne soit pas une institution si importante dans la vie quotidienne des juifs en Israël », elle vit cependant « des changements positifs » et il est important « que les Israéliens en entendent parler », ajoute-t-il, appelant de ses vœux une visite du pape François en Terre Sainte.

Le P. Neuhaus évoque également les statistiques de sa communauté : si chez les chrétiens de langue arabe « il y a une certaine diminution en nombre », en revanche les catholiques « qui vivent dans la société juive, et dans un environnement où l’on parle hébreu, augmentent considérablement ».

Il explique ainsi cette augmentation : « Ce sont des migrants qui viennent en Israël pour travailler ou demander l’asile politique. Il y a donc de nouvelles générations de catholiques de langue hébaïque qui ne sont pas Israéliens, qui ne sont pas d’origine juive, n’ont aucun juif dans leur famille, mais parlent l’hébreu parce qu’ils naissent et grandissent dans cette société. Ils sont nés de familles qui ont immigré pour des questions de travail, qui, dans la majorité, viennent d’Asie, ou de familles africaines qui demandent asile en Israël ».

Traduction d’Océane Le Gall, avec Anne Kurian

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ZENIT Staff

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