Saint Josémaria: Jean-Paul II canonise le prêtre espagnol qui se disait "anticlérical"

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Le « secret de la sainteté et du vrai succès des saints », selon Jean-Paul II

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CITE DU VATICAN, Dimanche 6 octobre 2002 (ZENIT.org) – Il était 10 h 22 ce matin à l’horloge de la basilique Saint-Pierre lorsque le pape Jean-Paul II a proclamé saint le prêtre espagnol, fondateur du mouvement international de l’Opus Dei et de la communauté de prêtres de la Sainte-Croix, Josémaria Escriva de Balaguer, un paradoxe: il se disait « anticlérical », mais dans un sens bien précis.

« Moi je suis un anticlérial parce que je veux que le clergé soit le clergé, qu’il ne trompe pas, et qu’il se contente – et ce n’est pas peu – de sa mission spirituelle! », s’exclamait un jour le fondateur qui expliquait ainsi sa rencontre avec un « Anticlérical » qui annonçait un peu violemment, raconte le fondateur dans une vidéo rediffusée par la télévision italienne: « Je pendrais le dernier prêtre avec les viscères du dernier évêque ». Et le fondateur de répondre en substance: « Laissez ce mauvais goût… Moi, je vais vous dire comment vous pouvez nous tuer: par les confessions! Confessez-vous, apportez-nous beaucoup de personnes à confesser. Tuez les prêtres, mais tuez-les par les confessions… C’est ainsi que je suis « anticlérical ». »

Mais surtout, bien avant le Concile (l’Opus Dei est fondé le 2 octobre 1928), le fondateur avait mis l’accent sur le rôle des laïcs dans l’Eglise et de l’appel universel à la sainteté.

« En suivant ses traces, expliquait Jean-Paul II dans son homélie, diffusez dans la société, sans distinction de race, de classe, de culture ou d’âge, la conscience que tous nous sommes appelés à la sainteté. Efforcez-vous d’être des saints vous-mêmes en premier lieu, en cultivant un style évangélique d’humilité et de service, d’abandon à la Providence et de l’écoute constante de la voix de l’Esprit ».

Jean-Paul II dévoilait ce « secret » de la sainteté: « Pour porter à son achèvement une mission si exigeante, il faut cependant une croissance intérieure continue, alimentée par la prière. Saint Josémaria a été un maître dans la pratique de la prière qu’il considérait comme une « arme » extraordinaire pour racheter le monde. Il recommandait toujours: « En premier lieu, prière; puis expiation; en troisième lieu, tout à fait « en troisième lieu », action » (Chemin, n. 82). Ce n’est pas un paradoxe, mais une vérité éternelle: la fécondité de l’apostolat est avant tout dans la prière et dans une vie sacramentelle intense et constante. C’est, au fond, le secret de la sainteté et du vrai succès des saints ».

Le pape insistait sur ce message exigeant, où le fondateur invitait les baptisés à « ne pas se laisser intimider par une culture matérialiste, qui menace de dissoudre l’identité la plus authentique des disciples du Christ ». « Il aimait à rappeler avec vigueur que la foi chrétienne s’oppose au conformisme et à l’inertie intérieure », ajoutait le pape.

Une foule ordonnée, recueillie, de plus de 300.000 personnes venues de quelque 80 pays du monde, dont des représentants de 14 gouvernements nationaux, avait envahi ce matin la Place Saint-Pierre et toute la rue de la Conciliazione jusqu’au Tibre, mais sans les habituels calicots et les joyeux hurlements des JMJ, sauf peut-être du côté de certains Mexicains ne pouvant retenir trop longtemps leur tempérament enthousiaste.

A l’angélus, à la fin de la célébration eucharistique, le pape Jean-Paul II s’est adressé aux pèlerins en sept langues. « Je salue cordialement les délégations et les pèlerins francophones venus pour la canonisation de Josémaria Escriva, disait-il en français. Puissent-ils trouver dans l’enseignement du nouveau Saint les éléments spirituels qui leur sont nécessaires pour marcher dans la voie de la sainteté sur leur route quotidienne ! Je vous bénis tous avec affection ».

Mgr Capucci, postulateur, rappelait à l’occasion de cette canonisation, qu’une béatification implique une guérison miraculeuse authentifiée par une commission médicale ad hoc et par une commission de théologiens. Quant à la canonisation, elle réclame un second signe éclatant, irréfutable pour la science et la théologie.

La guérison qui a permis la canonisation du fondateur espagnol est celle du docteur Manuel Nevado Rey, en 1992 (cf. ZF021003). Chirurgien, une maladie professionnelle et habituellement fatale l’empêchait de continuer à exercer son métier. Sa guérison a été fulgurante et définitive. En janvier 1993, il a repris son travail. Il était aujourd’hui place Saint-Pierre pour rendre grâce de cette guérison devant laquelle lui et ses collègues médecins disent bien être restés sans explication scientifique.

Quant aux rumeurs d’accélération de la cause, le postulateur fait remarquer que la canonisation de Mgr de Balaguer, décédé à l’improviste en 1975, d’une crise cardiaque, a mis plus de temps, depuis son introduction, (21 ans; il a été béatifié en 1992) que celle du Padre Pio (19 ans) et que celle par exemple du premier couple béatifié par Jean-Paul II, les époux Beltrame Quattrocchi (7 ans). Mère Teresa de Calcutta promet de pulvériser tous ces délais avec une béatification qui se profile moins de cinq ans après sa mort.

Mgr Capucci rappelait aussi que l’Eglise engage son autorité lorsqu’elle propose un saint à la vénération des fidèles – Mgr de Balaguer est le 468e saint canonisé par Jean-Paul II en bientôt 25 ans de pontificat -. Lorsqu’un saint est donné à toute l’Eglise, rappelait-il, il ne peut plus être considéré comme le « chef de file » de tel ou tel mouvement: la sainteté est universelle, s’adresse à tous. Et évidemment, ajoutait-il, « personne n’est obligé de le trouver sympathique! »

A la fin de la célébration, comme lors de la canonisation de Padre Pio, le pape Jean-Paul II a parcouru en jeep la via della conciliazione jusqu’au Tibre avant de revenir place Saint-Pierre. Sur son passage, on lui présentait des enfants à embrasser.

Interrogé par des journalistes, le vaticaniste italien Vittorio Messori soulignait que Jean-Paul II avait ce matin une voix forte, même si sa démarche porte le poids des ans et de la maladie. Et il interprétait ainsi la pensée du pape sur sa propre santé: « Ma santé, ce n’est pas mon problème, c’est le problème du Christ qui m’a confié ce ministère et me donnera de l’accomplir autant qu’il voudra ».

La place Saint-Pierre sera à nouveau prise d’assaut demain matin, 7 octobre, fête de Notre-Dame du Rosaire, avec la messe d’action de grâce présidée par le prélat de l’Opus Dei, Mgr Javier Echevarria, qui sera suivie par l’audience du pape, en présence du patriarche orthodoxe de Roumanie, Théoctiste, à peine arrivé de Bucarest pour sa visite à Rome et à Milan.

Beaucoup de pèlerins (des jeunes, pour 40 %) resteront à Rome pour se rendre sur la tombe de saint Josemaría, déplacée pour l’occasion de l’église Santa María della Pace à la basilique Sant’Eugenio.

Comme c’est la coutume après les canonisations, les mardi 8 et mercredi 9 octobre, les pèlerins pourront assister à des messes d’action de grâce présidées par des cardinaux et des évêques dans les églises et les basiliques romaines, et en 15 langues différentes. Mercredi, ils participeront aussi à l’audience générale.
Jeudi prochain, 10 octobre, le pèlerinage s’achève à Rome avec une messe solennelle à Sant’Eugenio, et la translation des reliques du nouveau saint en l’église de Santa María della Pace, au siège romain de la prélature.

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ZENIT Staff

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