Risque de « talibanisation » au Nigeria

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Au moins 500 victimes après la nouvelle flambée de violence

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ROME, Jeudi 30 juillet 2009 (ZENIT.org). – Le Nigéria court le risque de se retrouver sous le joug d’une islamisation radicale, affirme le père Obiora Ike, directeur de l’Institut catholique pour le développement, la justice et la paix dans l’Etat nigérian d’Enugu.

Evoquant les derniers affrontements entre jeunes activistes du groupe islamique radical Boko Haram (« L’instruction est un péché ») et les forces de sécurité nigérianes, faisant près de 500 victimes dans le nord-est du Nigéria, le père Ike craint une « Talibanisation » du pays.  

Pour le père Ike, interrogé par l’association caritative internationale Aide à l’Eglise en détresse (AED), les violences, qui durent depuis le 24 juillet, sont « montées d’un cran ». 

Ces violences, qui ont débuté le week-end dernier dans la ville de Bauchi, capitale de l’Etat éponyme, ont éclaté suite à l’arrestation de chefs du groupe Boko Haram avant de s’étendre à Yobe, Kano et Borno, trois autres Etats du nord-est du Nigeria. 

Dans ces Etats, les activistes du groupe Boko Haram s’en sont pris aux forces de l’ordre. Ils exigent l’instauration de la charia, la loi islamique, au Nigeria. 

« Jusqu’ici les islamistes s’en prenaient exclusivement aux chrétiens, mais de nouveaux groupes radicaux se sont désormais formés et prennent pour cible toutes les ‘agences occidentales’ et d’autres musulmans », a expliqué le père Ike. 

Les actes de violence perpétrés par des groupes comme celui de Boko Haram, a-t-il relevé, sont aussi dirigés contre les gouvernements des Etats qui ont introduit la charia. 

Depuis 2000, la loi islamique a été renforcée dans 12 des 36 Etats nigérians, touchant surtout les questions familiales et les affaires pénales.  

Le père Ike craint que la croissance du groupe Boko Haram ne soit le présage d’un plus vaste mouvement qui risque de s’étendre dans tout le pays. 

Selon lui, ces groupes qualifient de « décadentes » l’instruction dispensée dans les écoles et les universités occidentales. Il souligne également que ces derniers pourraient s’en prendre aussi aux structures éducatives musulmanes. 

Le père Ike a demandé aux gouvernements occidentaux de soutenir le Nigeria dans sa lutte contre les militants islamiques, en garantissant l’instruction et en réduisant la pauvreté. 

Les problèmes actuels, estime-t-il, viennent du « manque d’instruction, du manque de travail, de l’absence de compétences, du peu d’argent et du nombre insuffisant d’emplois qui font que beaucoup ont du mal à donner un sens à leur vie ». 

« Ceci porte à des abus idéologiques et encourage le détournement de la jeunesse par des terroristes », a-t-il ajouté. 

Selon un rapport de l’AED, publié en 2008, sur les chrétiens opprimés pour leur foi, les communautés chrétiennes, dans les 12 Etats nigérians où la charia est appliquée, sont victimes d’intolérance et de discrimination.

A cela s’ajoutent de fausses accusations de blasphème vis à vis de l’islam, la démolition des lieux de culte chrétiens, l’enlèvement et la conversion forcée d’adolescents, surtout de jeunes filles, à l’islam.  

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ZENIT Staff

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