Rio+20 : retrouver l'alliance avec la nature

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Prise de position du Saint-Siège

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Anne Kurian

ROME, vendredi 15 juin 2012 (ZENIT.org) – L’être humain doit retrouver son alliance avec la nature, qui est son milieu de vie et sur laquelle il a une « responsabilité », déclare le Saint-Siège, dans le cadre de la préparation de la conférence internationale de Rio+20 (Cf. www.holyseemission.org).

Alors qu’est en cours le 3e Comité préparatoire (13 – 15 juin) pour Rio+20 – la Conférence des Nations-Unies sur le développement durable à Rio de Janeiro (20-22 juin) – le Saint-Siège publie un document qui précise sa position.

Il met notamment en lumière des principes sur lesquels fonder un nouveau mode de développement durable, et les enjeux de la subsidiarité et de l’économie verte.

Responsabilité vis-à-vis de la création

En mettant l’accent sur « la dignité humaine des individus et des peuples », le Saint-Siège, rappelle que les hommes « ne peuvent être réduits à des problèmes “techniques” » et que si le processus de développement est traité « seulement par des solutions techniques », il lui manque une « direction éthique ».

« Les êtres humains, poursuit-il, sont premiers : la personne humaine est au centre du développement durable. Cela doit donc conduire les Etats à « réfléchir ensemble sur l’avenir de la planète à court et moyen terme », et à reconnaître leur « responsabilité » pour « la vie de chaque personne ».

Pour le Saint-Siège, « mettre le bien-être de l’être humain au centre de la préoccupation pour le développement est la façon la plus sûre d’atteindre ce développement et d’aider à protéger la création » et sans cela l’homme risque « une confusion existentielle et la perte du sens de la vie ».

La dignité de la personne humaine, poursuit le texte, est liée « au droit au développement, au droit à un environnement sain et au droit à la paix », c’est-à-dire que « les individus, la société et l’environnement » sont inséparables et exigent « un sens plus fort de la responsabilité de chaque être humain pour lui-même, pour les autres, pour la création et, enfin, devant Dieu ».

Cette responsabilité exige une « analyse attentive de l’impact et des conséquences des actions » de chacun, avec un « souci particulier des pauvres et des générations futures ».

Alliance avec la nature

Les « priorités politiques et économiques », affirme le Saint-Siège, sont aujourd’hui d’adopter et de promouvoir une façon de vivre qui « respecte la dignité de chaque personne humaine », tout en soutenant « la recherche et l’utilisation de sources d’énergies et de technologies capables de sauvegarder le patrimoine de la création sans être dangereuses pour les êtres humains ».

En ce sens, fait-il observer, « l’approche de la nature doit être revue », car la nature est « le cadre où les êtres humains naissent et interagissent: elle est leur “chez-soi” ». Il n’y a pas de « conflit » entre les êtres humains et leur environnement, insiste-t-il, mais plutôt une « alliance stable » où l’environnement « conditionne la vie et le développement des êtres humains », qui en retour « perfectionnent et ennoblissent l’environnement par leur travail créatif, productif et responsable ».

Cette alliance doit être renforcée, notamment par « le respect de la dignité des êtres humains dès leur conception ». Il invite donc à découvrir « un art de vivre ensemble, qui respecte cette alliance entre les êtres humains et la nature sans laquelle la famille humaine risque de s’éteindre ». Pour cela, avertit le Saint-Siège, la réflexion « ne doit pas être brouillée par une politique partisane aveugle, des intérêts économiques ou idéologiques qui mettraient des intérêts particuliers au-dessus de la solidarité ».

Le Saint-Siège appelle à « trouver une façon de combiner le savoir-faire technique avec une solide approche éthique fondée sur la dignité de la personne humaine ».

Subsidiarité et économie verte

« Une subsidiarité juste », estime le Saint-Siège par ailleurs, rend les pouvoirs publics capables « d’agir efficacement pour l’amélioration de la vie de chaque personne, la protection des ressources et la promotion du bien commun ».

Cependant, souligne-t-il, ce principe doit être lié à celui de « solidarité », et vice versa. Car sans solidarité il tombe dans la « privatisation sociale », et la solidarité sans subsidiarité tombe dans une « mentalité d’aide sociale qui dégrade ceux qui sont dans le besoin ».

En ce sens, il faut reconnaître le rôle de la famille, où commence « le processus fondamental d’éducation et de croissance ».

Le Saint-Siège affirme également son intérêt pour « l’économie verte » : si elle est « clairement orientée » vers « l’élimination de la pauvreté au niveau local » et « l’identification de nouveaux cadres de consommation et de production », alors elle peut « donner une contribution importante à la cause de la paix et de la solidarité internationale ».

Par ailleurs, le Saint-Siège insiste sur le lien entre « développement durable » et « développement humain intégral » : en plus du bien-être social et matériel, il encourage à considérer aussi les « valeurs spirituelles et éthiques », car « toute décision économique a une conséquence morale ».

Les principes d’un nouveau développement

A la lumière de tout cela, le Saint-Siège demande d’ancrer le nouveau modèle de développement en discussion à Rio+20, dans les principes suivants, qui sont conditions de véritable développement :

– Responsabilité, y compris dans les modèles de production et de consommation qui doivent « refléter un style de vie approprié »;

– Promotion du bien commun

– Accès aux biens primaires, (nutrition, éducation, sécurité, paix et santé), en sachant que « le droit à la santé découle du droit à la vie », et que l’avortement et contraception étant « gravement opposés à la vie », ils ne peuvent « jamais être des questions de santé ».

– Solidarité universelle capable de reconnaître l’unité de la famille humaine;

– Protection de la création, liée à la solidarité intergénérationnelle;

– Equité intra-générationnelle, liée à la justice sociale;

– Destination universelle non seulement des biens, mais aussi des fruits de l’entreprise humaine.

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ZENIT Staff

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