Rencontre Européenne de Taizé à Paris : Méditations du frère Roger

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CITE DU VATICAN, mercredi 1er janvier 2003 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les quatre méditations que le frère Roger, de la communauté œcuménique de Taizé a proposées aux quelque 80.000 jeunes d’Europe réunis à Paris du 28 au 31 décembre (cf. site de Taizé http://www.taize.fr).

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Méditations du frère Roger

* Mardi soir 31 décembre 2002

Durant ces journées de rencontre, une question s’est posée: comment reprendre un nouvel élan, afin de poursuivre le chemin, encore et toujours? Loin de nous laisser habiter par l’inquiétude, nous voudrions écouter cet appel que l’Evangile nous adresse à tous: « Quitte le découragement, oui quitte la désespérance, que ton âme vive ! »
Dans l’Evangile il y a ces paroles de Jésus le Christ, elles sont d’une grande clarté : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix, que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. » La paix de notre cœur est tellement essentielle pour aller de l’avant toute notre vie.
Loin de nous replier sur nous-mêmes, la paix de notre cœur nous rend plus attentifs à partager la souffrance des autres. Dans une vie de communion avec Dieu peuvent naître d’inépuisables énergies de bonté, de compassion.
Et nous nous rappelions hier soir que, peu à peu, nous parvenons à faire cette découverte : il y a un bonheur, plus encore il y a une joie, dans le don de soi-même pour les autres. Et voilà que la paix de notre cœur nous permet de reprendre la route toujours à nouveau, même quand les découragements pèsent sur les épaules.
Un chrétien qui vivait à Milan voici très longtemps, du nom d’Ambroise, écrivait un jour ces paroles : « Commencez en vous l’œuvre de paix, au point qu’une fois pacifiés vous-mêmes, vous portiez la paix aux autres. »
Une paix sur la terre se prépare dans la mesure où le plus grand nombre ose se poser la question: même démuni, puis-je être porteur de confiance là où je vis, et cela avec une compréhension pour les autres qui s’élargit jour après jour?
Quand des jeunes prennent, jusque dans leur propre vie, une résolution pour la paix, ils soutiennent une espérance qui se transmet au loin, et même toujours plus loin. De retour chez vous, chacun de vous peut commencer à devenir un foyer de paix.
Nous le savons, nous vivons dans un monde où coexistent et la lumière et les ténèbres. Si chacun d’entre vous devient un foyer de paix, à travers vous, il y aura une lumière nouvelle dans la famille humaine sur la terre.
Aussi, pour ma part, j’irais jusqu’au bout du monde, si je le pouvais, pour dire et redire ma confiance dans les nouvelles générations.

* Lundi soir 30 décembre 2002

Un jour, avec les frères de notre communauté de Taizé, nous nous demandions: qu’est-ce qui nous captive tellement dans le Christ, pour avoir choisi de le suivre pour toujours, oui pour toute notre vie?
Ce qui nous captive, c’est que le Christ ne s’impose pas. Il ne contraint personne. Dans la prière, nous pouvons lui parler tout simplement, tout humblement. A chacun de nous, il dit: « Je t’ai aimé avant que tu ne m’aimes. » Et nous lui répondons : « Jésus, le Christ, tu sais que je t’aime, peut-être pas comme je le voudrais, mais je t’aime. »
Savons-nous que, toujours, il y a eu certains croyants marqués par une crainte secrète de Dieu ? Ils se disent alors: Dieu va me juger avec sévérité.
Penser que Dieu pourrait faire usage de sévérité envers l’être humain crée un des grands obstacles à la foi en Dieu. Quand nous lisons l’Evangile, ce qui est captivant, c’est d’y découvrir que Dieu est amour, et amour seulement.
Il arrive souvent que nous demandions à Dieu: « Dieu de miséricorde, quel est l’appel que tu m’adresses pour ma vie ? »
Dieu attend de chacun de nous que nous cherchions, avec un cœur humble, à être toute la vie porteurs de joie et de paix, oui toute la vie porteurs d’une profonde compassion pour les autres.
Face à un tel appel de Dieu, il peut demeurer en nous des moments d’hésitations où nous nous disons: « Il y a en moi des fragilités, est-ce que je vais tenir pendant toute une vie? »
Alors ne l’oublions pas : même dans les moments d’obscurité, Dieu nous dira toujours: « Que votre cœur soit sans crainte ! Par l’Esprit Saint, je suis avec vous. »
Aussi, peu à peu, nous en venons à découvrir qu’il y a un bonheur, il y a une joie du cœur, dans le don de soi-même au Christ et à l’Evangile. Oui, Dieu nous veut heureux à travers le don de notre vie pour les autres.
Avec mes frères, depuis les débuts de notre communauté, nous nous disons : tous nous demeurons des pauvres de l’Evangile. Et pourtant, même si nous sommes fragiles et avec peu de moyens, Dieu nous a confié un mystère d’espérance.
A nous tous de transmettre cette espérance autour de nous, avant tout par nos propres vies. Oui, à nous d’aimer et de le dire par notre vie.

* Dimanche soir 29 décembre 2002

Hier soir, nous nous rappelions que Dieu est invisible, mais qu’il est présent en chacun de nous. Et nous pressentons que, par sa mystérieuse présence en nous, peu à peu nos cœurs peuvent changer. Oui, Dieu vient éveiller en nous la bonté du cœur.
Certains s’interrogent: « Comment une communion avec Dieu est-elle possible ? » Nous avons parfois l’impression de peu savoir prier. Mais ce qui compte dans la prière, ce n’est pas la qualité des paroles. Ce qui importe avant tout c’est la simplicité, et encore la simplicité.
Avançant étape par étape, un jour nous comprendrons la parole d’un des premiers disciples du Christ, du nom de Pierre, et nous ferons nôtre cette prière : « Sans t’avoir vu, toi le Christ, nous t’aimons ; sans te voir encore, nous te donnons notre confiance et alors nos cœurs s’emplissent de joie. »
Quand nous nous réunissons pour prier, chanter ensemble nous soutient incomparablement. Le chant est une des plus belles expressions d’une vie de communion avec Dieu. La beauté d’une prière chantée peut nous faire cheminer vers un changement de notre personne, et une joie sereine peut nous être donnée.
Quand nous prions seuls, parfois nos mots sont pauvres et maladroits. Nous disons à Dieu ce que nous avons dans le cœur, nos inquiétudes comme nos joies. Parfois nous nous taisons et nous nous tenons simplement en silence en présence de Dieu.
Dieu ne nous demande jamais de forcer nos voix. Même dans le silence, notre cœur parle à Dieu. Et Dieu comprend l’aspiration de l’être humain, qu’elle s’exprime en paroles ou sans paroles.
A travers la fidélité d’une prière reprise tout au long de notre existence, l’Esprit Saint réanime toujours à nouveau en nous cette vie de communion avec Dieu. Il ravive en nous une fraîcheur d’Evangile. Peu à peu, avec la patience de notre cœur, l’Esprit Saint nous donne d’accueillir la joie de Dieu, elle vient toucher le fond de l’âme.

* Samedi soir 28 décembre 2002

Ce soir, nos cœurs se réjouissent. Nous voici arrivés de nombreuses nations et nous sommes accueillis dans ces grandes halles si bien décorées avec de belles icônes.
Depuis des années, nous poursuivons un pèlerinage de confiance sur la terre, avec des jeunes venant non seulement d’Europe mais aussi des divers continents. Le meilleur de nos vies ne se construit-il pas dans une confiance toujours renouvelée ?
Mais voilà que, parmi les jeunes générations, beaucoup se demandent : existe-t-il une espérance pour le futur ? Comment ne pas nous laisser envahir par le découragement ?
Il est vrai que nos sociétés sont ébranlées, avec la pauvreté croissante, la souffrance de nombreux enfants, et tant de ruptures qui blessent les cœurs.
Aussi il est essentiel de ne jamais l’oublier : pour ne pas être retenus par l’inquiétude, et pour aller de l’avant, il y a un chemin ouvert par l’Evangile. Oui, c’est un grand mystère, l’Évangile porte en lui une si belle espérance que nous pouvons y trouver une joie de l’âme.
Pendant ces jours, nous allons chercher les sources de la confiance, celles de l’espérance, et aussi les sources de la joie. Et par là ces journées de rencontre nou
s prépareront à construire notre vie, à poursuivre la route de notre avenir.
Dans le message qu’il nous a adressé pour notre rencontre, le secrétaire général des Nations-Unies, Monsieur Kofi Annan, a tenu à nous écrire ces paroles : « Il y a dans le monde tant de jeunes privés de perspectives d’avenir. Pour eux, chaque jour est une dure bataille contre la faim, la maladie, la misère. Nombreux sont ceux qui vivent dans des régions en proie à des conflits armés. A nous de tout faire pour leur rendre espoir. »
Les sources de l’espérance, nous pouvons les découvrir d’abord dans une humble prière, un tout humble échange avec Dieu. Et peu à peu, étape après étape, nous comprenons que tous nous sommes habités par la présence de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint est invisible mais il vit en chacun de nous. Prenant sur lui nos craintes, il est un soutien et même parfois une consolation.
Dans une simple prière, même quand nous éprouvons peu de résonance sensible, nous comprenons que cette présence de l’Esprit Saint demeurera toujours. Et toujours l’Esprit Saint parvient à éveiller en nous une confiance, une joie intérieure. Sans une telle joie, notre vie devient terne.
Alors je voudrais le redire encore une fois: c’est un grand mystère, l’Évangile porte en lui une si belle espérance que nous pouvons y trouver une joie de l’âme.

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ZENIT Staff

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