Relation entre la paroisse et les mouvements ecclésiaux (II)

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Entretien avec le Professeur Arturo Cattaneo

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CITE DU VATICAN, Mercredi 22 décembre 2004 (ZENIT.org) – A l’occasion de sa XXIème Assemblée plénière (24-28 novembre), le Conseil pontifical pour les Laïcs a réfléchi sur la manière de « redécouvrir le vrai visage de la paroisse ».

Le thème délicat de la relation entre la paroisse et les mouvements ecclésiaux a été traité par Dom Arturo Cattaneo, Professeur de Droit canonique à Venise, et d’Ecclésiologie à Rome et à Lugano.

Nous publions ci-dessous la deuxième partie de l’interview qu’il a accordée à Zenit. (Pour la première partie, cf. Zenit, 21 décembre).

Zenit : Aujourd’hui on parle souvent d’un renouveau missionnaire de la paroisse. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

D. A. Cattaneo : C’est justement à cet aspect que s’est référé le Saint-Père lors de l’Audience accordée aux participants à la plénière du Conseil pour les Laïcs quand il a rappelé que la paroisse « a besoin de se renouveler en permanence pour devenir une ‘communauté de communautés’, capable d’une action missionnaire véritablement incisive ».

Dans cette perspective on apprécie l’enrichissement que reçoit la paroisse de la vitalité apostolique des mouvements. Mgr Renato Corti, Vice-président de la CEI, a récemment observé « que l’accent mis sur le devoir, grand et urgent, de l’évangélisation pourra nous rendre tous plus sensibles à l’unité de la mission et nous donner le courage d’accomplir les pas de conversion nécessaires ».

Zenit : En défense des mouvements on rappelle parfois le respect pour la liberté des fidèles. Ne pensez-vous pas que cela puisse miner l’unité nécessaire de l’Eglise, et même celle de la paroisse ?

D. A. Cattaneo : Il est évident que la liberté des fidèles trouve sa limite intrinsèque dans l’obligation d’observer la communion avec l’Eglise et donc son unité.

Mais à y voir de plus près, liberté et unité ne sont pas opposées, comme si l’on affirmait que la première nie la seconde. Il s’agit plutôt de deux exigences simultanées et harmonieuses de la communion ecclésiale. L’unité de la paroisse implique le respect de la liberté de chacun ; l’absence de liberté nuirait en revanche à l’unité; plus encore, elle serait une cause de désagrégation.

Zenit : Quelles sont les principales exigences dont doivent tenir compte les mouvements en vue d’un rapport fructueux avec la paroisse ?

D. A. Cattaneo : Tout ce que j’ai dit à propos de la paroisse, afin que celle-ci soit « une école de communion » et soit perméable à « l’aspect missionnaire », vaut également pour les mouvements. Ceux-ci ont toutefois des caractéristiques, en partie diverses, de la paroisse. L’une d’elle est de transcender le milieu paroissial.

L’intégration des mouvements au niveau diocésain et donc l’unité avec l’évêque diocésain, demeure un point essentiel. Divers textes du magistère ont en outre indiqué quelques « critères d’ecclésialité » pour les mouvements. Dans mon intervention j’ai donc préféré analyser de quelle manière la paroisse peut rendre fructueuse une telle relation.

Zenit : Pouvez-vous nous parler aussi des principaux « critères d’ecclésialité» pour les mouvements ?

D. A. Cattaneo : Je rappellerai avant tout la capacité de faire en sorte que le charisme s’insère dans la réalité de l’Eglise locale. Le fort sentiment d’appartenance exprimé au sein du mouvement pourrait en effet obscurcir le sens d’appartenance à la propre Eglise locale, tout comme la propre responsabilité à son égard.

En restant fidèles à leur propre charisme, les membres des mouvements devront chercher à l’insérer de manière créative dans la vie de leur propre Eglise locale.

Cela ne signifie pas nécessairement que ceux-ci doivent être présents, – les représentants du mouvement – dans les organismes diocésains ou paroissiaux ; le premier domaine d’action ecclésiale des fidèles laïcs est en effet celui de la vie familiale, sociale, professionnelle, politique, culturelle, sportive, etc.…

Une autre exigence que doivent garder à l’esprit les mouvements est l’estime pour les autres réalités ecclésiales. La conscience de la variété et de la complémentarité des divers charismes et vocations dans l’Eglise, conduira les membres de chaque mouvement à comprendre que celui-ci, pour autant qu’il soit merveilleux, constitue seulement un des éléments qui composent cet ensemble symphonique que l’on appelle la « catholicité ».

Cela a comme conséquence que les membres des mouvements sauront apprécier aussi les autres expériences et styles de vie chrétienne. Parlant du fait que chaque mouvement est porteur de vie à l’Eglise, Don Luigi Guissani a affirmé : « Le premier signe est que, qui le vit, est rempli d’estime, d’attention à l’égard des autres mouvements, prêt à les valoriser et à collaborer avec eux ».

Il faut également rappeler l’esprit de service qui conduira les membres des mouvements à soutenir volontiers les initiatives de l’évêque et du curé, selon les caractéristiques de leur propre charisme. Les membres d’un mouvement éviterons ainsi la soif de protagonisme peu ecclésiale, qui peut se révéler contre-productif, et de faire obstacle à une insertion harmonieuse dans la communion de l’Eglise locale et paroissiale.

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ZENIT Staff

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