RDC: "Qu’as-tu fait de ton frère?" doit crier l’évêque

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Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinsangani

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CITE DU VATICAN, Vendredi 12 octobre 2001 (ZENIT.org) – « Une telle invitation à la confiance et à l’espérance concerne en premier lieu le Collège épiscopal lui-même », soulignait Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinsangani (République démocratique du Congo, RDC), président du « Symposium des conférences épiscopales d´Afrique et de Madagascar » (S.C.E.A.M.). Mgr Monsengwo soulignait que l´évêque avait ensuite le rôle prophétique d´interroger ses contemporains: « ´Qu’as-tu fait de ton frère?´ doit crier l’évêque », dit-il.

L´évêque abordait d´emblée cette question en disant: « Une telle invitation à la confiance et à l’espérance concerne en premier lieu le Collège épiscopal lui-même en communion avec le Successeur de Pierre qui, dès le début de son Pontificat, demandait à l’humanité de ne pas craindre d’ouvrir les portes au Rédempteur. Le message d’espérance pascal nous pousse à « avancer au large » suivant la consigne du Saint-Père (Novo Millennio ineunte, 15), à bannir la peur, notamment la peur des réformes nécessaires, à poser les problèmes réels en toute confiance à l’Esprit Saint, à abandonner la quiétude des sentiers battus pour explorer des voies nouvelles d’évangélisation suggérées par les signes des temps (cf. Lc 12, 54-56) ».

Il dénonçait le fossé qui sépare riches et pauvres dans nos sociétés et dans l´Eglise. « A une humanité profondément divisée par la fracture sociale et une culture politique qui intègre le puissant et le riche tout en excluant le faible et le pauvre, l’évêque doit proclamer l’Evangile de l’Eglise-famille de Dieu. « Qu’as-tu fait de ton frère? » doit crier l’évêque à tous ceux et celles qui prennent plaisir à l’injustice, à l’oppression, à la violation des droits de la personne et de sa dignité, au trafic illicite des armes, à l’organisation, aujourd’hui encore, de l’esclavagisme, crime abominable et inique ».

Il s´agit d´annoncer, continue l´archevêque, « l’Evangile de la vie et de la paix ». « A un monde fatigué et ruiné par les guerres et les conflits armés avec leur cortège de haine, d’agressivité et de violence refoulées, à une humanité abasourdie par des génocides et autres atteintes à la vie, l’évêque proclame l’Evangile de la vie et de la paix, disait Mgr Monsengwo: la vie que le Christ est venu donner en surabondance, (cf. Jn 10, 10); la vraie paix, celle que seul le Christ donne (cf. Jn 14 ,27). Un tel évangile obligera l’évêque à intégrer harmonieusement nationalisme et patriotisme d’un côté, et de l’autre, fraternité universelle et charité pastorale, exerçant autant que possible un ministère de médiation et de réconciliation entre frères ennemis.

Il parle de la « rude expérience de la pauvreté », vécue par l´évêque avec son peuple: « Enfin, en Afrique comme dans le Tiers Monde, l’évêque doit prêcher la Bonne Nouvelle libératrice, de la pauvreté évangélique effective, et de la Croix. Non seulement parce que « nous proclamons un Christ crucifié » (1 Cor 1, 23), mais aussi parce que, avec son peuple, l’évêque fait une rude expérience de la pauvreté. Il doit souvent porter le poids de la misère et de la détresse matérielle et spirituelle d’un peuple qui, par intuition et bon sens, recourt spontanément à l’Eglise pour trouver auprès d’elle salut matériel et spirituel. Comme jadis Paul VI, au cours de l’un de ses voyages apostoliques, l’évêque a souvent du mal à retenir ses larmes devant un enfant squelettique et condamné à la mort à cause de l’endurcissement du coeur de ceux qui instaurent ou soutiennent des systèmes politiques corrompus et peu respectueux de la dignité humaine fondée sur l’Incarnation du Christ ».

« La sacramentalité de l´Eglise perçue instinctivement par le peuple en quête du salut intégral apporté par le Christ aux pauvres, aux opprimés et aux laissés-pour-compte, mérite une réflexion théologique plus approfondie, notamment en ce qui concerne l’évangélisation du monde politique, disait l´archevêque. Cela fait aussi partie du service de l’Evangile pour l’espérance du monde. Que l’Esprit de Jésus-Christ, Esprit de sagesse et de conseil, nous y aide grâce à l’intercession maternelle de la Vierge Marie ».

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ZENIT Staff

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