Rassemblement de Juifs messianiques des Etat-Unis en Israël

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Par Antoinette Brémond

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ROME, Mercredi 9 juillet 2008 (ZENIT.org) – La réunion annuelle de l’Union des Congrégations juives messianiques (Union of Messianic Jewish Congregation, U.M.J.C ) s’est tenue cette année en Israël, indique, dans « Un écho d’Israël », Antoinette Brémond, auteur d’un dossier en deux parties sur les Juifs messianiques, également dans les colonnes de « Un écho d’Israël ».

Les 300 participants, dont de nombreux jeunes, représentaient 80 congrégations. Le moshav Yad Hashmona près de Jérusalem avait dressé une immense tente pour les accueillir du 26 au 28 juin 2008 et en logeait une partie.

U.M.J.C est une association messianique internationale qui se veut proche du judaïsme, estimant que les Juifs messianiques doivent affirmer leur judéité en pratiquant certaines coutumes et traditions juives. Les responsables des communautés se nomment rabbins. Beaucoup portent la kippa (calotte) et les offices reprennent partiellement les prières de la liturgie de la synagogue. C’était la branche des USA de cette association qui était là.

Dès le premier soir le ton est donné. Le directeur exécutif de l’UMJC des USA, le rabbin Russ Resnik, insiste sur l’importance pour les messianiques d’être vraiment juifs. « Notre attitude doit être basée sur les préceptes bibliques et la tradition juive : aimer et aider le prochain et apporter notre aide aux plus démunis du peuple juif en particulier, l’orphelin, la veuve, l’étranger. Notre identité juive en tant que messianiques va nous pousser à aimer et aider tout d’abord nos frères juifs. » Parlant des « coups » que les messianiques ont subi ces derniers temps en Israël, il insiste : « Cela ne doit pas entamer notre amour, mais au contraire nous rendre plus humbles. »

Sous cette tente, et pour confirmer les paroles du rabbin, une douzaine de stands sont dressés présentant chacun un service humanitaire entrepris par l’une ou l’autre des congrégations messianiques d’Israël. Depuis « Be-ad haïm » (pro-life) qui lutte contre l’avortement en Israël, « Hands of merci », pour les victimes du terrorisme, « la maison du salut » offrant un foyer pour la réhabilitation des drogués et des alcooliques. Mais aussi « Le cri de Siméon » pour les mères célibataires, et d’autres associations pour les pauvres, les défavorisés et sans secours, les orphelins et les veuves. Certains ouvrent des restaurants du cœur, accueillent des réfugiés soudanais, ouvrent des centres de ravitaillements bon marché, accueillent les nouveaux immigrants, visitent les solitaires, les malades. Ainsi le monde messianique israélien révèle à ces congressistes américains son aspect humanitaire peu connu.

Le vendredi, après la prière traditionnelle du matin, les participants peuvent choisir entre plusieurs conférences, toutes autour du thème central : nos racines, notre identité.

Un jeune militaire, fils d’un pasteur messianique israélien, raconte : Etre juif messianique à l’armée. Pour lui, c’est simple. Sa foi en Jésus le Messie, sa confiance radicale dans le Dieu d’Israël le fait tenir debout contre vents et marées. Il entraîne l’assemblée à prier pour les soldats, les messianiques en particulier.

L’identité des Juifs messianiques en Israël

C’est le Dr Keri Zelson Warshawsky qui présenta ce sujet. En fait c’était le sujet de sa thèse de doctorat présentée dans le département d’anthropologie de l’université de Jérusalem il y a quelques semaines. Elle-même et son mari Haïm sont très engagés dans l’une des assemblées messianiques de Jérusalem à tendance judaïsante. Pour elle, avec Jésus, un Juif se met en route vers trois directions : vers le Dieu d’Israël, vers le pays d’Israël, même s’il y habite déjà, et vers le peuple. Trois retours. Après avoir invité les messianiques américains à revenir au pays, à faire leur alyia (immigration en Israël), elle explique ce que veut dire, pour elle, ce retour vers le peuple, sa tradition, sa culture, son héritage. « Tes fils reviendront dans leurs frontières » (Jer.31.17). Les sionistes laïques et les chrétiens sionistes ont misé entièrement sur le retour au pays, sans tenir compte du judaïsme. Les Juifs messianiques, ayant la foi, ne peuvent évacuer le judaïsme, partie intégrante du peuple juif religieux. Pour Keri, un messianique ne peut se dire juif qu’en observant les coutumes, les commandements bibliques adressés au peuple juif, la tradition : la nourriture, les fêtes, la discipline juive dans tous les domaines, jeûner à Kipour, prier selon la tradition…. La question qui se pose alors : un Juif messianique va-t-il donc se démarquer d’un chrétien ?

Comment Jésus est-il perçu dans la société israélienne contemporaine ?

Sujet délicat. Tsvi Sadan, juif messianique israélien, est très clair dès le début de son exposé. « Ce sujet je le traiterai à la lumière de mon amour pour Israël. Je ne vous dirai donc pas tout. Il y a des choses qu’il n’est pas nécessaire de dire quand on aime. » Il nous parle alors de la réaction israélienne aux Nouveaux Testaments brûlés à Or Akiva en mai dernier. Cette destruction de livres saints a été vivement condamnée par la majorité des rabbins et par les journaux religieux. Tsvi nous lit un extrait d’un article des Yedihot Aharonot, quotidien populaire, écrit par Meir Shalev. Celui-ci, après avoir fait l’éloge de ces écrits juifs du Nouveau Testament, de la profondeur de ce texte qui est la continuation du Tanah, encourageait à le lire. « Tout juif devrait connaître les Evangiles ! » Une telle réaction n’aurait pas été imaginable il y a 20 ans, dit le conférencier, et de conclure : « Ce n’est pas d’une religion que nous avons à être témoins, même pas du mouvement messianique, mais de Jésus….tellement inconnu. »

Juifs et arabes, la réconciliation en marche

Rittie Katz, juive messianique israélienne et Salim Munayer, arabe chrétien israélien, racontent leur vie et comment ils ont été amené à comprendre qu’une voie leur est ouverte : se réconcilier. Salim crée l’association Musalaha qui œuvre très pratiquement et sur le terrain pour permettre à des juifs et des arabes croyant en Jésus de se rencontrer, de se parler, de se réconcilier. Des femmes se rencontrent, des jeunes se parlent lors de camps organisés pour eux dans le désert. Pour Salim, la vraie réconciliation se vit au pied de la croix.

Prière du vendredi soir. Le repas festif pour entrer dans le shabbat permit à ces délégués américains d’inviter quelques familles israéliennes. Le samedi matin, prière avec les rouleaux de la Tora. L’après midi fut encore consacrée à l’étude du texte de la Tora lu à la synagogue ce shabbat animée par divers conférenciers.

Sans oublier l’essentiel, comme le disait l’un des orateurs, c’est que, dans ce mouvement de Juifs messianiques, nous acceptions nos tendances diverses, notre diversité, tout en gardant l’unité.

© Un écho d’Israël

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ZENIT Staff

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