Rapports des carrefours, interventions de délégués fraternels et d’auditeurs

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Jeudi 15 octobre (matin)

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ROME, Jeudi 15 octobre 2009 (ZENIT.org) – Ce jeudi 15 octobre, dans la matinée, a eu lieu la quinzième congrégation générale pour la lecture des rapports des carrefours, dans la salle du synode. Un délégué fraternel et quatre auditeurs sont également intervenus.

RAPPORTS DES CARREFOURS

Les Rapports sont le fruit des discussions au sein des Carrefours, précise la secrétairerie générale du synode ; ils sont rédigés de manière à recueillir les opinions de la majorité comme de la minorité et expriment de façon claire les avis unanimes ainsi que les avis contraires. Ces rapports, soumis à l’approbation des Carrefours, contiennent toutes les suggestions et les réflexions des membres de chaque Carrefour et représentent une description fidèle des opinions de la majorité et de la minorité. Ces rapports sont extrêmement importants, car ils sont l’expression la plus évidente et la mieux formulée de la pensée des Pères synodaux, qui ont participé à la discussion des Carrefours. Ils contiennent aussi les éléments de base des conclusions du Synode. Les rapports, dans leur ensemble, représentent une première synthèse du travail synodal.

Lors de la Quinzième Congrégation générale de ce matin, ont été présentés, d’après l’ordre des demandes d’intervention, les Rapports des Carrefours suivants, rédigés par les Rapporteurs des Carrefours:

– Lusitanus: Mgr Gabriel MBILINGI, C.S.Sp., Archevêque Coadjuteur de Lubango, Président du « Inter-regional Meeting of Bishops of Southern Africa » (I.M.B.I.S.A.) (ANGOLA)
– Gallicus E: Rév. P. Edouard TSIMBA, C.I.C.M., Supérieur Général de la Congrégation du Coeur Immaculé de Marie (Missionnaires de Scheut) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
– Anglicus A: Mgr Anthony John Valentine OBINNA, Archevêque d’Owerri (NIGÉRIA)
– Gallicus A: Rév. P. Gérard CHABANON, M. Afr., Supérieur Général des Missionnaires d’Afrique (Pères Blanc) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)
– Anglicus C: Rév. Mgr Obiora Francis IKE, Directeur du « Catholic Institute for Development, Justice and Peace » (CIDJAP), Enugu, Nigéria (NIGÉRIA)
– Gallicus C: Mgr Philippe OUÉDRAOGO, Archevêque d’Ouagadougou (BURKINA FASO)
– Anglicus – Gallicus: Mgr Jean MBARGA, Évêque d’Ebolowa (CAMEROUN)
– Anglicus B: Mgr Sithembele Anton SIPUKA, Évêque d’Umtata (AFRIQUE DU SUD)
– Gallicus B: Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE DU CONGO)
– Anglicus E: Mgr Martin Igwemezie UZOUKWU, Évêque de Minna (NIGÉRIA)
– Gallicus D: Mgr Denis Komivi AMUZU-DZAKPAH, Archevêque de Lomé (TOGO)
– Anglicus D: Mgr. Lucas ABADAMLOORA, Évêque de Navrongo-Bolgatanga, Président de la Conférence Épiscopale (GHANA)

Nous publions, ci-dessous, les résumés des Rapports des Carrefours présentés lors de la Quinzième Congrégation générale (traductions non officielles, distribuées par la secrétairerie générale du synode).

– Lusitanus: Mgr Gabriel MBILINGI, C.S.Sp., Archevêque Coadjuteur de Lubango, Président du « Inter-regional Meeting of Bishops of Southern Africa » (I.M.B.I.S.A.) (ANGOLA)

A. Quelques thèmes peu développés:
La Vie consacrée, la fonction des Évêques, des prêtres et des catéchistes, comme agents qualifiés de la réconciliation;
l’administration de la justice comme élément essentiel pour une société réconciliée, sachant les problèmes qui existent dans ce domaine à l’intérieur de nos pays;
la Parole de Dieu comme lumière qui illumine le chemin de la Réconciliation, de la Justice et de la Paix;
la liturgie comme centre de la vie du chrétien et donc pour cette raison essentielle sur le chemin de la réconciliation;
la fonction de l’école et de la famille comme lieux de formation à la réconciliation;
l’inculturation sans laquelle les efforts de réconciliation pourraient être inutiles;
la dimension pneumatologique et mariale;
le tribalisme et la xénophobie comme cause de violents conflits et de violations des droits de la personne humaine;
le fétichisme comme élément portant à la souffrance, à la peur, aux conflits et à l’exploitation des personnes;
les jeunes, les adolescents et les enfants comme protagonistes de la réconciliation et de la paix et non seulement comme victimes;
la faim, expression du manque de moyens de base pour une vie digne, comme élément générant conflits et injustices.

B. Quelques suggestions
Une référence explicite à la Doctrine sociale de l’Église comme devant faire partie du contenu de notre doctrine évangélisatrice et catéchétique;
que la catéchèse suive le modèle catéchuménal qui porte la personne à faire son option personnelle pour le Christ;
évoquer la fonction fondamentale de la Vie consacrée dans la vie et la mission de l’Église, en soulignant surtout son travail dans le domaine de la réconciliation, de la justice et de la paix à travers la prière, la présence dans les écoles, les hôpitaux, les moyens de communication sociale, la promotion de la femme, etc; souligner la fonction de la femme dans le domaine de la réconciliation à partir de son propre génie féminin;
valoriser le domaine de la politique comme service à la société, en aidant les hommes politiques chrétiens à assumer leurs engagements sur la base de leur propre foi. Investir dans la formation et l’accompagnement des laïcs dans les différents secteurs de leur vie, avec la possibilité de nommer des aumôniers dans des domaines spécifiques: professeurs, policiers, militaires, etc; en se référant au clergé, insister sur le vécu du ministère sacerdotal comme service au peuple de Dieu et non comme autorité. Que les prêtres soient réellement au milieu des personnes, en dédiant du temps au ministère de l’écoute et de la réconciliation. Qu’ils soient capables de prêter leur aide dans le soin des blessures et des traumatismes. Qu’ils soient également conscients de leur fonction sociale, en se faisant d’authentiques instruments de réconciliation, même parmi les non chrétiens;
dénoncer les graves situations des droits de l’homme, et le faire avec vigueur, avec clarté et avec précision;
avoir le courage de suivre également un chemin de réconciliation et de purification de la mémoire à l’intérieur de l’Église.

[Texte original: portugais]

– Gallicus E: Rév. P. Edouard TSIMBA, C.I.C.M., Supérieur Général de la Congrégation du Coeur Immaculé de Marie (Missionnaires de Scheut) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

La recherche de la vérité est une condition indispensable pour la réconciliation.
Continent de tant de ressources et objet de tant de convoitises, l’Afrique doit aussi apporter sa propre part au reste du monde.
Est-il possible de parler de paix à un peuple affamé? Mais la pauvreté doit-elle excuser l’acharnement des uns et des autres pour des actes de barbarie?
Parler de réconciliation veut dire parler de la miséricorde de Dieu. Seule une personne réconciliée avec Dieu, vivant dans la paix est capable d’apporter la paix. Il est donc nécessaire de rappeler la grande valeur du sacrement de réconciliation et donc le sérieux et le temps que les agents (dont les prêtres) doivent prendre à ce sujet en y consacrant le temps et toute la préparation qu’il faut, tant pour la confession personnelle que pour les célébrations communautaires.
Le Christ reste la source de réconciliation et de la justice. Repartir de Lui, dans la prière et forts de sa Parole. On devrait davantage former des laïcs, hommes et femmes, comme agents de réconciliation.
En plus des fondements bibliques, utiliser les fondements de traditions africaines trouvés dans des proverbes, sentences. Malgré tout ce qui se passe en Afrique, il ne faut pas désespérer. Beaucoup de bonnes choses s’y passent aussi et qui méritent l’attention du monde. La vie et le témoignage des nombreux chrétiens, parfois ju
squ’au martyre, méritent une mémoire et est source pour renforcer la foi. La vie et l’exemple des agents de l’Église sans distinction, est de grande importance dans ce domaine de réconciliation. En effet, pour les chrétiens, c’est dans l’espérance que nous sommes sauvés (Spe salvi).
Il faut susciter la collaboration aussi bien des hommes que de femmes, dans la prise en compte de leurs atouts, dans l’Église et dans la société.
Que tous les chrétiens, chacun selon son ministère, soient fiers de l’être et de le montrer dans leur vie. Ainsi, notre Église deviendra une communauté de joie et de fête et accomplira sa mission prophétique. La sainteté est un appel à tous et à toutes et mérite une place importante dans le texte.

[Texte original: français]

– Anglicus A: Mgr Anthony John Valentine OBINNA, Archevêque d’Owerri (NIGÉRIA)

1. Nous recommandons que soient utilisés les moyens de communication au niveau national et local pour diffuser des informations sur les fruits du Synode.
2. Nous avons vécu une expérience positive et saine de communion ecclésiale au cours de ce Synode. Transmettons-la dans nos Églises et dans nos organismes
3. Il faut de toute urgence guérir nos cœurs, nos consciences, blessées par divers péchés personnels et sociaux: de l’égoïsme au tribalisme, au système des clans, à l’esprit factieux qui parfois n’ont pas même épargné nos Églises. Le Synode nous permet d’approfondir notre conscience de ces blessures et nous prépare à les guérir.
4. La spiritualité de ce Synode est façonnée par l’être fils auto-transcendant et auto-sacrifiant de Notre Seigneur Jésus Christ.
5. Même en respectant le contenu doctrinal et évangélisateur des Sacrements, en particulier de ceux du mariage et de la réconciliation, on peut y introduire des éléments de la culture africaine qui peuvent aider à construire une Église Famille de Dieu en Afrique.
6. Les fidèles laïcs doivent être rendus conscients de leur rôle d’agents de réconciliation, de justice et de paix dans leurs domaines ou leurs sphères d’activités.
7. Même si le travail des commissions Iustitia et Pax est très apprécié, elles doivent cependant être renforcées.
8. Pour renforcer la famille africaine, les condamnations ne sont pas suffisantes: il faut prendre des initiatives positives pour assainir les situations irrégulières.
9. Pour répondre aux nombreuses victimes d’injustice sur le continent, les enfants non-nés (avortement), les orphelins, les enfants des rues, les handicapés, les prisonniers, les communautés persécutées et marginalisées, il faut créer des structures de justice, de paix, de soin pastoral, de compréhension et d’empathie à l’intérieur de l’Église et organisées par elle.
10. Les laïcs doivent être mieux formés et rendus aptes à servir dans l’Église et dans la société.
11. Le compendium de la doctrine sociale de l’Église devrait être un texte obligatoire pour la formation et l’acquisition des compétences des laïcs.
12. Le sens authentique africain et chrétien de la famille doit continuer à être souligné et réfléchi.
13. Il faut utiliser les textes officiels sur la vie et sur la sexualité humaines pour enseigner aux séminaristes et aux jeunes la doctrine chrétienne et l’approche de la sexualité.
14. La Sainte Famille de Jésus, Mari et Joseph, devrait être présentée à toute famille comme modèle pour grandir dans l’amour, l’harmonie et la paix.
15. La catéchèse sur la famille devrait être promue à partir du compendium de la doctrine sociale de l’Église.
16. Les femmes devraient avoir des rôles à jouer dans l’Église comme membres à part entière. Il faut faire de nouveaux efforts pour éliminer la discrimination contre les femmes dans tous les domaines.
17. Les structures d’aide et de soutien aux religieuses devraient être rendues plus fonctionnelles.
18. Une conversion plus profonde dans notre rapport au Christ est nécessaire pour dépasser notre égoïsme.

[Texte original: italien]

– Gallicus A: Rév. P. Gérard CHABANON, M. Afr., Supérieur Général des Missionnaires d’Afrique (Pères Blanc) (UNION SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX)

INTRODUCTION
Nous rendons grâce à Dieu pour les engagements des laïcs, hommes et femmes dans l’auto-prise en charge de l’Église en Afrique. Mais nous attirons l’attention sur l’influence néfaste de la sorcellerie, véritable guerre occulte que l’Afrique se fait en son sein.
VISION
Justice, Paix et Réconciliation sont des dons de Dieu. L’Église a un rôle prophétique à jouer en faisant fructifier ces dons.
MÉTHODE
Une double démarche s’impose: dénoncer et annoncer. Dénoncer les injustices en essayant de bien comprendre les causes profondes et annoncer, proclamer les efforts, les politiques qui vont dans la bonne direction.
DEUX GRANDS THÈMES
1. La famille: Elle est la cellule de base de la société et des communautés chrétiennes. Elle est menacée par la pauvreté, la mauvaise gouvernance, la difficulté de scolariser les enfants, la violence et l’irresponsabilité de pères de famille qui abandonnent leurs épouses et leurs enfants.
2. L’Islam: Un sujet très discuté. Les situations sont plurielles en Afrique et en particulier entre le Nord et le Sud du Sahara. Arabité et africanité n’ont pas toujours les mêmes valeurs. Un dialogue de vie et un dialogue social peuvent se développer entre chrétiens et musulmans. Il a été fortement souligné que l’on doit viser partout à la liberté de conscience et à la réciprocité des cultes.
AUTRES THÈMES
– Les Religions Traditionnelles Africaines doivent avoir plus de place dans notre réflexion.
– Formation, vie et rôle des prêtres.
– Développement des diacres permanents, possibles acteurs de Justice, paix et réconciliation.
– Solidarité entre les églises. Que les conférences épiscopales parlent d’une seule voix.
– Importance de l’œcuménisme.
CONCLUSION
Marchons sous la conduite de l’Esprit Saint vers un plan d’action pour l’Église d’Afrique qui fasse d’elle un agent reconnu et apprécié de transformation sociale qui s’inscrive parfaitement dans sa mission d’évangélisation.

[Texte original: français]

– Anglicus C: Rév. Mgr Obiora Francis IKE, Directeur du « Catholic Institute for Development, Justice and Peace » (CIDJAP), Enugu, (NIGÉRIA)

Notre proposition concerne la réalisation de structures qui renforcent l’unité épiscopale dans les diverses communautés ecclésiales des différents continents, en termes de solidarité et de corresponsabilité réciproque. Le SCEAM sera renforcé et, si nécessaire, revu et réformé de manière à être une structure épiscopale continentale et pastorale efficace au service des besoins de l’Afrique au sein de laquelle les pays membres mettent également à disposition des ressources matérielles, financières et humaines.
La liberté de mouvement et les droits des migrants et des travailleurs qui subissent dans le monde entier des politiques restrictives, souvent contraints à des conditions de vie inhumaines, est chère aux évêques africains. Dans de nombreux pays, on perçoit une forte recrudescence du racisme et de la xénophobie et nombreux sont les africains qui sont victimes de ce traitement inhumain. Il est nécessaire de traiter les personnes avec dignité et respect y compris dans les pays de destination. Pour notre part, nous devons chercher à comprendre pourquoi tant de jeunes, souvent professionnels, quittent leur pays d’origine.
Il serait également nécessaire de créer des commissions dans chaque diocèse d’Afrique afin de promouvoir la dignité et le rôle de la femme dans l’Église et dans la société.
Un autre aspect à évaluer concrètement est le manque de connaissance des enseignements de l’Église et de ses potentialités dans le domaine de l’éducation et de la formation en vue de l’amélioration de la qualité de la vie humaine. C’est pourquoi, nous exhortons à mettre en place une form
ation permanente avec des programmes de réconciliation, de justice et de paix.
Malgré les grandes potentialités des peuples africains, nous observons que nos pays souffrent du fait d’une pauvreté extrême et d’une mauvaise gouvernance. Faire face à ces situations est pour nous un défi à relever. Nous réitérons donc la position exprimée au n. 104 d’Ecclesia in Africa, qui exhorte clairement à une action urgente de l’Église en Afrique à ce propos.
La formation des agents pastoraux est ensuite particulièrement importante dans la mesure où ils doivent insister sur la diffusion du concept de dignité du travail, sur la mobilité de l’épargne, sur la fiabilité, sur l’utilisation d’une planification adaptée et sur la création de banques de micro-crédit afin de soutenir les petits épargnants, les entrepreneurs et de financer des projets agricoles, des écoles et des structures qui pourraient garantir l’autosuffisance à l’Église.
Enfin, le Synode devrait exhorter à créer un Conseil africain de la Paix qui pourrait intervenir et assister l’Église locale dans la résolution des conflits et dans l’édification de la paix sur le continent.

[Texte original: italien]


– Gallicus C: Mgr Philippe OUÉDRAOGO, Archevêque d’Ouagadougou (BURKINA FASO)

Notre groupe a pris comme schéma de réflexion, la trilogie proposée par l’Instrumentum laboris: Jésus Christ notre réconciliation, Jésus Christ notre justice, Jésus Christ notre paix, et a ajouté une quatrième dimension, à savoir les agents de réconciliation, de justice et de paix.
1. Le Christ notre réconciliation
Pour la réconciliation, nous avons identifié les aspects positifs et négatifs de la culture et de la tradition africaines en mesure de favoriser ou de gêner la compréhension chrétienne et la célébration de la réconciliation. Parmi les éléments négatifs, nous pouvons citer: le caractère collectif de la faute, la solidarité du clan, une catégorie de fautes jugées impardonnables, le manque de considération de la dimension privée de la faute, la vengeance qui ne permet pas la réconciliation. Les éléments positifs des coutumes africaines, utiles dans la catéchèse et dans la célébration du Sacrement de la Réconciliation sont au contraire: l’habitude de la confession, la sanction et la réparation, les signes de réconciliation, à savoir le vin de palme, le don d’une fille en mariage, l’invocation des ancêtres, le jurement ou l’engagement à ne pas commette à nouveau la même erreur.
2. Le Christ notre justice
L’homme créé à l’image de Dieu doit être respecté surtout dans ses droits fondamentaux, en particulier ceux des femmes qui, en Afrique, sont les premières victimes de l’injustice. L’Église famille de Dieu en Afrique doit s’engager à relever ce défi à travers des commissions de justice et de paix, l’alphabétisation et l’enseignement des droits du citoyen.
3. Le Christ notre paix
Le témoignage de l’Église doit aller de pair avec l’engagement concret pour la paix de chacun de ses membres. Il n’y a pas de justice sans respect de la loi. Il faut aider nos gouvernants à la rétablir et à consolider l’état de droit en prêchant à chaque occasion, opportune et non opportune, selon le mandat de l’apôtre Paul. Nous constatons le pouvoir grandissant de l’argent à tous les niveaux de la vie sociale, politique et économique. D’où la nécessité d’une meilleure catéchèse sur la valeur et l’emploi des biens matériels.
4. Agents de réconciliation, de justice et de paix
Suivant l’exemple du Christ et à travers ses membres, l’Église est envoyée afin de construire le Royaume de Dieu: un Royaume de réconciliation, de justice et de paix. Tous les baptisés, chacun selon sa propre vocation, sont appelés à jouer un rôle irremplaçable. L’Église doit donc promouvoir une pastorale adéquate au service de la famille. Elle doit ensuite valoriser les femmes et leur rôle dans la communauté et accompagner les laïcs afin que leur engagement soit efficace au niveau social et riche en valeurs évangéliques. De la même façon, les prêtres, étant au service de Dieu et des hommes, doivent vivre de façon cohérente leur vocation afin d’être un exemple. Les médias, qui sont des moyens modernes de communication inévitables, doivent être évangélisés et employés par l’Église pour éduquer les consciences au discernement des informations, afin de contribuer au bien de l’humanité plutôt qu’à son mal.
La réconciliation, la justice et la paix constituent les défis actuels et complexes pour l’Afrique et pour le monde. Les disciples du Christ doivent donc prendre conscience de la situation et davantage se mobiliser en faveur d’un monde plus réconcilié, plus juste et plus pacifique.

[Texte original: italien]

– Anglicus – Gallicus: Mgr Jean MBARGA, Évêque d’Ebolowa (CAMEROUN)

Ce rapport comprend deux grandes articulations:
1. L’appréciation générale de la relatio post disceptationem,
2. les réponses au questionnaire de ce document
En général, la relatio post disceptationem, a été positivement appréciée; les exigences liées à sa rédaction disent au mieux le mérite de son auteur qui a su produire un si grand texte en si peu de temps avec si peu de caractères. La Secrétairerie du Synode pourrait envisager de donner plus temps et d’espace littéraire.
Cependant on aurait voulu qu’il soit rédigé en suivant autant que possible la structure de l’Instrumentum laboris. De plus, une vision multi ministérielle de l’ Église aurait mieux donné l’importance de la place et de la mission de toutes les catégories du peuple de Dieu dans l’Église, notamment les laïcs. La question du tribalisme dans l’Église reste un défi majeur. Un équilibre aurait pu être fait entre les développements théologiques et l’ampleur des drames humains de l’Afrique auxquels les Pères synodaux doivent répondre; l’action prophétique des commissions « justice et paix » méritait aussi une meilleure prise en compte. L’analyse des conflits africains devait permettre d’approfondir leurs causes dominantes telles que le pillage des ressources naturelles de l’Afrique, plus incisif que le tribalisme souvent incriminé.
Le groupe 12 reconnaît que ce synode est un don de Dieu pour toute l’Église et même pour toute l’humanité. La communion ecclésiale est aussi une force qui doit permettre aux Africains d’affronter les défis qui sont les leurs dans l’espérance et la résurrection ainsi que dans la pleine solidarité universelle. La foi au Christ, qui est une spécificité des chrétiens, offre à tous les hommes et particulièrement aux Africains, une capacité réelle d’insuffler a tout le continent l’esprit de réconciliation, de justice et de paix. Elle est pour tous les chrétiens africains un appel à un véritable engagement missionnaire et prophétique pour qu’il soit en tous lieux et en tout temps des signes et des instruments de cette Afrique réconciliée, pacifiée et juste.

[Texte original: français]

– Anglicus B: Mgr Sithembele Anton SIPUKA, Évêque d’Umtata (AFRIQUE DU SUD)

Nous notons que le manque de publicité concernant le Synode reflète notre faiblesse en matière de la communication, aussi avons-nous besoin de communiquer à notre retour de ce dont nous avons discuté et décidé ici. Nous pourrons faire plus de publicité aux résultats du Synode en Afrique du Sud pour pallier au manque de publicité au moment de sa préparation. Nous notons qu’il y a un lien entre ce synode et le dernier synode, sur la famille de Dieu, et notre objectif est de les maintenir ensemble. Il faut organiser plus de synodes, renforcer les commissions sur la justice et sur la paix, ou bien les instituer là où il n’y en aurait pas et former de petits comités pour mettre en œuvre ses délibérations. Il est aussi nécessaire de rencontrer nos gouvernements et, à partir de là, diffuser les résultats depuis les débuts, avant même
la publication finale des résultats du Synode écrits de la part du Pape.
Il faut également considérer que les causes des cœurs blessés sont multiples: du point de vue des coupables qui sont blessés par le péché et par l’orgueil, et du point de vue des victimes. Celui qui est blessé par le péché perpètre les conflits, celui qui est la victime de ces crimes est enclin à la vengeance.
Une partie de la solution du problème de l’instabilité est en nous, Africains. Nous devrions par exemple mettre en place un bon gouvernement. Je crois que les thèmes de notre conférence, c’est-à-dire la conversion du cœur et l’influence sur la société, nous aideront à résoudre ce problème.
Malheureusement, nous n’avons pas de formation permanente après le Baptême et la Confirmation, qui pourrait aider à maintenir les personnes dans l’Église. C’est pour cela que nous devons revoir notre méthodologie actuelle de catéchèse.
Il existe ensuite un problème de structure hiérarchique dans la société africaine qui fait que les supérieurs ne peuvent demander pardon aux inférieurs. Par exemple, il est impensable qu’un mari demande pardon à sa femme ou un ancien à un jeune. Tout cela vaut aussi pour les groupes ethniques: un groupe ethnique considère inapproprié de demander pardon à un autre. Il semble enfin que les modalités de réconciliation traditionnelles africaines soient un obstacle à l’idéal et à la pratique chrétienne de réconciliation.

[Texte original: italien]

– Gallicus B: Mgr Louis PORTELLA MBUYU, Évêque de Kinkala, Président de la Conférence Épiscopale (RÉPUBLIQUE DU CONGO)

Le Carrefour a beaucoup insisté sur la dimension universelle du Synode, qui implique la participation active de l’Église de chaque continent à toutes les phases du Synode, en particulier à travers la présence des responsables des dicastères de la Curie Romaine et des représentants de l’Église des autres continents. Même en Afrique la mobilisation a été importante: synode diocésain, réflexion-réponse aux questionnaires, rencontres de théologiens, emploi des médias et prières.
Il est aussi souhaitable que la communion ecclésiale soit plus réelle à tous les niveaux (national, régional et continental).
L’Afrique a connu de profondes blessures qui ont marqué lourdement son histoire. Toutefois, la nécessité d’un parcours de guérison de la mémoire s’impose. Il faut donc s’engager fermement dans une dynamique d’espérance et de résurrection comme le premier synode pour l’Afrique l’avait recommandé.
Le Carrefour a aussi souligné l’importance d’une spiritualité qui doit intégrer la dimension religieuse ou mystique avec les programmes d’action. Il faut donc développer une spiritualité de la vie.
Nos cultures sont riches d’éléments positifs qui peuvent contribuer à la réconciliation et à la paix comme la palabre, la Fiavana au Madagascar, la parenté comme mode de lien familial inébranlable, la médiation, le symbolisme de l’eau que les personnes boivent après avoir reconnu et avoué leurs différends. D’autres éléments constituent au contraire des obstacles (la haine, les accusations de sorcellerie, le système des castes, etc.). Une œuvre de profonde évangélisation permettra aussi de dépasser la contradiction qui existe parfois entre le lien ethnique et le lien ecclésial.
Mais plus que l’Église dans son fonctionnement interne, le problème de l’injustice concerne surtout les gouvernants et les sociétés qui exploitent nos ressources.
Les urgences sont donc nombreuses: former ceux qui ont un pouvoir de décision maintenant et à l’avenir (une formation spirituelle et doctrinale, mais également une formation technique, suivie également par des aumôniers formés eux aussi de façon adéquate); accorder aux femmes toute leur place; éduquer les personnes à la paix depuis leur plus jeune âge et les aider à changer leur façon de voir les autres; même chose pour l’éducation à l’état de droit et à l’ensemble des autres valeurs chrétiennes qui concernent la société.
La famille, cellule fondamentale de la société, mérite une mobilisation pastorale importante. La pastorale de la famille implique toutes les catégories: les enfants et les jeunes doivent recevoir une éducation soignée, les conjoints doivent progresser dans l’amour conjugal; les parents doivent assumer leur propre responsabilité de premiers éducateurs. Les valeurs chrétiennes du mariage et de la famille doivent donc être au centre d’initiatives pastorales appropriées.
La relation entre notre culture et les Sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation nous oriente vers une catéchèse inculturée de tels Sacrements. Dans ce contexte, pourquoi ne pas penser à un congrès eucharistique continental conduit par une dynamique de recherche théologique, de catéchèse et de célébration inculturée?
La mission prophétique de l’Église exige un plan d’action pastorale centré sur les analyses des causes des conflits et des violences à la lumière de la parole de Dieu et de la doctrine sociale de l’Église, et exige également que soient interpellés les responsables.
Les ministres ordonnés doivent donc être de véritables témoins de la réconciliation, de la justice et de la paix, et aussi des maîtres, comme le dit Paul VI dans l’Exhortation apostolique « Evangelii nutiandi ».

[Texte original: italien]

– Anglicus E: Mgr Martin Igwemezie UZOUKWU, Évêque de Minna (NIGÉRIA)

La discussion a été organisée en une série de questions et de réponses. Voici les éléments les plus intéressants qui sont ressortis du dialogue. La formation du chrétien devrait commencer par celle de l’église domestique qui est la famille, avec une attention particulière à la traduction des documents dans les langues locales et la diffusion d’enregistrements audio et vidéo. Nous devons avoir une attitude positive envers les traditions africaines, les voir comme une opportunité et les examiner attentivement pour les purifier et les employer dans le processus de réconciliation. La différence doit aussi être vue comme un don; elle a été créée par Dieu et elle représente un facteur de richesse. Mais souvent les hommes politiques se servent de nos différences pour diviser une ethnie d’une autre et créer des tensions et des conflits; c’est pour cela que la réconciliation doit être privée d’aspects politiques, libérée du chantage des motivations politiques qui ne sont pas limpides. Nous ne voulons pas démoniser les hommes politiques en tant que tels, mais nous voulons nous rappeler qu’ils ont besoin, comme tout le monde, de formation et de correction fraternelle de la part de celui qui est plus avancé sur le chemin de la foi. Le critère à suivre est celui que Jésus Christ lui-même nous a suggéré: condamner le péché, mais aimer et accompagner le pêcheur. Une attention particulière doit être dédiée à la formation du clergé qui, avec son travail, édifie quotidiennement le Royaume de Dieu. Le prêtre aussi risque de perdre de vue la grandeur de sa vocation et est menacé par la mentalité du monde qui diffuse les disvaleurs du matérialisme; le prêtre doit imiter le Christ en servant et non pas en étant servi. Aux séminaristes, il faudrait enseigner à se servir des nouveaux médias afin de rendre plus complète leur instruction et pour être capables d’évangéliser aussi en se servant d’internet et des nouveaux instruments mis à la disposition du progrès technique. Une attention particulière doit être réservée au cinéma; dans le cas du Nigeria, trop souvent les films parlent de magie et de sorcellerie, alors que nous souhaitons une plus grande présence d’artistes catholiques dans ce secteur. De nombreuses interventions ont demandé une tutelle majeure envers les femmes; à ce propos, nous rappelons la présence de l’UMOFC (l’Union mondiale des organisations féminines catholiques) qui constitue, avec ses 60 millions de membres, une présence influente et active. Tous les membres de notre carref
our sont d’accord dans le fait de vouloir reconnaître la valeur ecclésiale de cette occasion: l’Église est le corps du Christ, discuter et travailler ensemble est une expérience précieuse qui nous fait expérimenter concrètement cette vérité de foi.

[Texte original: italien]

– Gallicus D: Mgr Denis Komivi AMUZU-DZAKPAH, Archevêque de Lomé (TOGO)

Ce deuxième Synode doit tenir compte du premier, dans lequel il s’inscrit, en ayant comme objectif de divulguer les fruits qu’il a produits par sa conclusion, dans les différents diocèses de l’Afrique, auprès de tous les agents d’évangélisation (prêtre, religieux, religieuses, catéchistes), sans oublier les jeunes.
Pour avoir la certitude qu’il soit bien accueilli, le Message du Synode doit être simple, compréhensible et accessible au plus grand nombres des personnes. Le Synode doit orienter la pastorale et l’action pastorale.
Les défis et les problèmes soulevés par le Synode n’appartiennent pas seulement à l’Afrique, et ses résolutions et recommandations seront aussi sûrement valables pour les autres continents.
La déstabilisation du continent africain est due au grand nombre de cœurs blessés par de nombreux maux et par les injustices qui ont semé la révolte. C’est pourquoi les Pères synodaux lancent un appel à la conversion et à la purification de la mémoire et des cœurs.
Le n. 66 de l’Instrumentum Laboris fait référence « à l’aliénation culturelle et à la discrimination raciale qui ont engendré tout au long de l’histoire un complexe d’infériorité, le fatalisme et la peur »: le temps est venu de changer les choses en nous et autour de nous, disent les Évêques, parce que nous devons devenir progressivement les artisans et les acteurs de notre destin. Nous devons redécouvrir notre culture.
Le premier synode a été un synode d’espérance et de résurrection; le synode actuel doit continuer en ce sens et être également un synode d’engagement et de courage. Il faut suivre un programme équilibré de spiritualité pour renforcer la foi dans nos sociétés.
Un effort reste à faire quant à la célébration communautaire et à la pratique régulière du Sacrement de la Réconciliation. Les pays et les diocèses doivent établir des commissions Justice et Paix, intermédiaires fiables pour la réconciliation.
L’éducation des jeunes au respect de l’autre, à l’amour de la vérité et à la recherche de la réconciliation est une priorité, comme le sont la formation des laïcs et l’apostolat des responsables de la société. On doit également prévoir des mesures fondamentales de protection et de sauvegarde de la famille, à travers un programme d’« éducation à la vie et à l’amour ». La promotion de la dignité de la femme exige également des mesures concrètes.
La célébration d’un congrès eucharistique continentale a été proposé pour développer la spiritualité eucharistique.

[Texte original: italien]

– Anglicus D: Mgr. Lucas ABADAMLOORA, Évêque de Navrongo-Bolgatanga, Président de la Conférence Épiscopale (GHANA)

Les défis qu’affronte la société sont également des défis pour la famille: la fidélité, la pauvreté, la violence, le contrôle des naissances, le divorce, etc. D’où la nécessité d’encourager les chrétiens à une préparation adéquate au mariage et à la générosité dans la procréation de nouvelles vies. Le mariage chrétien doit même être renforcé dans son rôle d’Église domestique alors que la famille africaine en général ne doit pas fermer les yeux sur les menaces modernes auxquelles cette institution fait face. La formation a un rôle essentiel et doit être renforcée tous azimuts. Les laïcs ont besoin d’une formation permanente en ce qui concerne leurs capacités professionnelles et également pour approfondir leur vie spirituelle et leur connaissance de la doctrine sociale de l’Église, pour les rendre témoins de réconciliation, de justice et de paix dans tous les milieux de vie. De plus, les laïcs, de leur côté, peuvent aider à la formation des prêtres, dont ils doivent enrichir la préparation non seulement académique, mais également spirituelle et sociale. Les prêtres ont besoin d’aide pour approfondir leur vocation et apprécier le sens de leur ministère. Ils peuvent faire beaucoup afin que les gens guérissent des nombreuses blessures qu’ils portent, fruits des conflits et des drames dont a souffert le continent. En ce sens, une purification de la mémoire devrait être mise en œuvre en tant que chemin vers la justice et la réconciliation. Attendu que « dans la vérité, se trouve la paix », l’Église peut aider, avec la lumière du Christ, à relever ce défi, à travers la vie sacramentelle, les liturgies du pardon et des consultants bien préparés. Le rôle de l’Église doit également être valorisé en ce qui concerne la pastorale des prisons, la promotion de la dignité humaine des prisonniers et la recherche de la réconciliation et de l’intégration de ces derniers dans la vie de la société. L’Église doit en outre mobiliser les consciences contre le fléau de la diffusion du HIV/Sida, qui est en train de décimer tant de familles. Il faut également donner plus de place à la jeunesse parce qu’elle mérite un accès plus ample à l’éducation, à la formation intégrale et à une catéchèse pour approfondir sa foi. D’où la nécessité d’une formation religieuse plus approfondie des enseignants également. Un rôle de grande importance est joué dans tout cela par la diffusion et le renforcement des valeurs humaines telles que la dignité de la personne, le bien commun, les valeurs de la paix et de la justice pour le développement de la société. C’est pourquoi, la pastorale de l’Église en Afrique, dans son dialogue avec la société, doit miser sur la mission des médias, notamment des médias catholiques en ce qui concerne principalement la réconciliation, la justice et la paix.

[Texte original: italien]

AUDITION D’UN DÉLÉGUÉ FRATERNEL

– Sa Grace Owdenburg Moses MDEGELLA, Evêque de la Diocese Luthérienne de Iringa (TANZANIE)

Mon intervention se réfère à la dernière phrase de la section 11 du premier chapitre à la page 5 de l’Instrumentum laboris. Cependant cela a été en grande partie dépassé par le résumé du Synode du 13 octobre. Je parlerai brièvement de trois domaines à savoir la repentance, la résistance et la collaboration.
Je cite: « Fondamentalement, ce qui souille (la) société africaine vient du cœur (cf. Mt 15, 18-19; Mc 7, 15 et aussi Gn 4). Une attention spéciale est accordée à Gn 4.
Les forces qui ont épuisé l’Afrique ont été tant intérieures qu’extérieures. Beaucoup a été dit à propos des forces extérieures dans ce synode et au cours des années. Je me concentrerai sur les forces intérieures.
Repentance: En vue d’une vraie réconciliation, d’une vraie justice et d’une véritable paix en Afrique et pour réaliser une metanoia réalisable, les responsables africains dans toutes les sphères d’influence et dans tous les pas de la vie doivent être transformés et être des agents de transformation.
Si la foi est probablement possible, la repentance ne l’est pas. L’Église universelle doit appeler les responsables africains nationaux à la repentance en ce qui concerne les atrocités, la brutalité, les effusions de sang, la violence, la malhonnêteté, le mauvais usage des ressources naturelles, l’excès de pouvoir, l’abus, le viol, le truquage des votes, la manipulation et la corruption et beaucoup d’autres chose encore.
Résistance: L’Église universelle doit résister et se détacher des responsables qui ne craignent pas Dieu. En revanche, elle devrait les conduire à craindre Dieu, à exercer l’honnêteté, le respect de la liberté, la justice, les droits de l’homme et la dignité de toute personne et rechercher la paix et la réconciliation.
Collaboration: Avec révérence et humilité, je suppose qu’aucune dénomination ecclésiale ne peut se présenter seule pour
inculquer la réconciliation, la paix et la justice. Aucune Église particulière ne peut briller seule et provoquer à elle seule une palatabilité acceptable. Étant la lumière du monde et le sel de la terre, l’Église universelle doit encourager l’esprit d’œcuménisme parmi les autres dénominations et être en dialogue avec d’autres fois.

[Texte original: anglais]

AUDITION DES AUDITEURS

– M. Ngon-Ka-Ningueyo (François) MADJADOUM, Directeur du Secours Catholique et Développement [SE.CA.DEV.] (TCHAD)
– Mme Marie-Madeleine KALALA NGOY MONGI, Avocate, Ministre Honoraire des Droits Humains (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– Soeur Marie-Bernard ALIMA MBALULA, Secrétaire de la Commission Justice et Paix de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (C.E.N.C.O.), et de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique Centrale (A.C.E.A.C.), Kinshasa (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– M. Victor M. SCHEFFERS, Secrétaire Général de la Commission Justice et Paix des Pays-Bas, La Haye (PAYS-BAS)

– M. Ngon-Ka-Ningueyo (François) MADJADOUM, Directeur du Secours Catholique et Développement [SE.CA.DEV.] (TCHAD)

Suite au conflit du Darfour, les réfugiés soudanais ont afflué à l’Est du Tchad à partir de 2003. Aux réfugiés qui sont près de 250 000, s’ajoutent plus de 1 500 000 têtes de bétail. Cette arrivée massive a accentué la pression sur les ressources naturelles.
Le SECADEV (Secours Catholique et Développement) gère trois camps de réfugiés: Kounoungou, Milé et Farchana qui habritent actuellement 55 000 personnes. coordonne l’assistance humanitaire, s’occupe de la mise en place des abris et infrastructures, de la distribution des vivres et du matériel, de l’approvisionnement en eau potable, de l’hygiène, de l’assainissement et de l’environnement.
La cohabitation pacifique entre les réfugiés et les populations d’accueil est lié au fait que les réfugiés et les populations d’accueil sont du même groupe ethnique. La seule question qui trouble ces bonnes relations de cohabitation est la question foncière.
Le SECADEV est une Caritas qui a pour mission de secourir d’abord et de « mettre debout » ensuite. Assez rapidement, avec le financement du réseau, Caritas a relancé les activités agricoles et d’élevage au niveau de quelques villages.
S’agissant des conflits autour de la paille, du bois de chauffe ou des terres, et des agressions aux femmes qui vont chercher du bois; le refus de donner des terres à cultiver aux réfugiés, etc.
Les alternatives suivantes ont été mises en place: une formation spécifique est donnée aux animatrices du secteur socio-communautaire pour suivre, accompagner les femmes victimes des agressions.
Le SECADEV fait ce qu’il peut pour « la mission de servir la paix », il fait le service de la société sans distinction d’ethnie, de religion ni de nationalité: tous les hommes sont créés à l’image de Dieu et son devoir est de secourir celui qui est dans la détresse.
Le SECADEV travaille dans un milieu où l’islam est dominant, plus de 90% de la population, et donc son action est une forme de dialogue avec l’islam. Il est reconnu comme une œuvre chrétienne, mais il est apprécié et respecté.

[Texte original: français]

– Mme Marie-Madeleine KALALA NGOY MONGI, Avocate, Ministre Honoraire des Droits Humains (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

S’il est vrai que le nombre de chrétiens catholiques a augmenté depuis la première assemblée synodale, l’image de l’Afrique en a-t-elle pour autant été transformée? Les meilleurs de ses enfants ont participé ou participent à la gouvernance de leur pays, mais une fois en poste, ils changent de comportement, tout comme l’a évoqué dans cette salle l’un des pères synodaux qui a parlé de la coexistence de deux consciences! Ce sont les mêmes que l’on voit à la messe du dimanche, que l’on retrouve en même temps dans des groupes dits de réveil ou encore dans les loges!
Tant que régneront la pauvreté et la guerre, il sera difficile de trouver des familles unies, à l’image de celle de Nazareth, au sein desquelles, en plus de l’amour, l’éducation sera une priorité. L’éducation transforme l’être humain, pétrie de valeurs éthiques, elle peut combattre les faux dieux (fétiches, sorcellerie, enrichissement indu, égoïsme, mysticisme, etc.).
Il est urgent que notre Église:
– s’engage sans crainte sur le chemin, non seulement de la dénonciation, mais de la désapprobation, pourquoi pas de la condamnation du comportement déviant des leaders catholiques;
– les invite à restaurer la famille au sein de la société par une meilleure politique sociale qui permette également l’accès de tous à l’instruction;
– augmente les subventions allouées aux aumôniers des jeunes et des étudiants;
– intensifie la formation des laïcs et des familles chrétiennes notamment par une plus grande vulgarisation du compendium de la Doctrine sociale de l’Église, qui devrait être le livre de chevet de chaque homme de bonne volonté;
– augmente les moments et les espaces de collaboration entre elle et les différents acteurs;
– assure l’accompagnement des laïcs catholiques engagés en politique par des mécanismes bien compris de tous.

[Texte original: français]

– Soeur Marie-Bernard ALIMA MBALULA, Secrétaire de la Commission Justice et Paix de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (C.E.N.C.O.), et de l’Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique Centrale (A.C.E.A.C.), Kinshasa (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

Dieu a doté la femme des dons spécifiques afin de prendre soin de la vie. En effet, l’accueil, la gratuité, le don de soi, la compassion, la tendresse, la patience, la prévoyance, la solidarité, l’attention, la bonté, la compréhension, etc. sont autant de valeurs reconnues chez la femme et qui sont indispensables pour donner la vie.
La conscience de ces dons devient alors une mission, une tâche qui engage la femme dans un témoignage spécifique que la société attend particulièrement d’elle. Dans tous les domaines où elle est appelée à œuvrer notamment, en famille, dans l’Église, dans la politique, dans la société, son combat, sa contribution est de placer la vie humaine au cœur de toutes les préoccupations. Les femmes sont appelées à enrichir tous ces domaines de ces valeurs d’humanité par leur présence, efficace et efficiente.
Malheureusement, on ne sent pas souvent les effets de cette présence surtout dans le domaine politique. Il devient légitime de s’interroger: où sont les femmes engagées dans la politique quand les dirigeants africains adoptent des lois qui détruisent l’Afrique? Le silence des femmes sur des questions vitales devrait nous inquiéter.
La mission de la femme est exigeante, car elle implique une capacité d’initiative, de créativité, d’inventivité et d’encouragement pour aller à contre-courant par rapport à la culture de la mort et de la violence que nous déplorons. Elle les oblige à changer, de l’intérieur, l’organisation sociale en y apportant une touche féminine.
Dans la réalisation de cette mission délicate, les femmes ont besoin de la collaboration des hommes pour qu’ensemble, homme et femme, chacun puisse apporter sa contribution à l’humanisation de la société.

[Texte original: français]

– M. Victor M. SCHEFFERS, Secrétaire Général de la Commission Justice et Paix des Pays-Bas, La Haye (PAYS-BAS)

L’Église en Europe ne peut ignorer les problèmes politiques, sociaux et économiques des pays africains. Dans cette intervention, j’aimerais porter à votre attention la réponse hollandaise à l’appel de nos commissions sœurs étrangères, en particulier de celles d’Afrique.
Quand elle fut créée en 1968 par la Conférence épiscopale hollandaise, « Justitia et Pax Pays-Bas » se donnait pour objectif de faire naître, au sein de la communauté catholique et au-delà, la conscience de la responsabilité et de l’aptitude de
tous les peuples à jouer un rôle dans l’émergence de la justice et de la paix, dans nos pays et à l’étranger. « Justitia et Pax Pays-Bas » en donne une interprétation contemporaine, en informant, inspirant, motivant et mobilisant les catholiques afin qu’ils contribuent à la promotion d’une société mondiale plus juste, et en influençant les processus sociaux et politiques, en liaison avec d’autres composantes de la société civile qui partagent cette vision.
Notre solidarité avec les commissions sœurs qui travaillent pour la justice, la paix et la réconciliation, peut prendre plusieurs formes. Nous les aidons à renforcer leurs capacités à défendre par eux-mêmes leurs droits, et à prendre une part active dans l’éveil des consciences, la défense et le lobbying dans leur pays et au niveau international, développant une stratégie qui transforme l’indignation morale (que de nombreux évêques ont évoquée lors de ce synode) en des solutions politiques pratiques qui sont présentées au moment opportun et sous la forme correcte à leur propre gouvernement, à l’Union européenne, ou aux Nations unies.
J’aimerais encourager tous les évêques à inviter les laïcs, hommes et femmes, à travailler avec eux dans les commissions justice et paix à tous les niveaux de l’Église.

[Texte original: anglais]
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ZENIT Staff

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