Rapport du second groupe de travail francophone au synode

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Vérité et charité, pour ne léser ni le Fils aîné ni le Fils cadet

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« Comment unir approche dogmatique et proximité pastorale ? Comment conjoindre l’amour de la vérité et la charité pastorale d’une manière qui ne choquera ni le fils cadet ni le fils aîné de la célèbre parabole rapportée par Luc ? »

C’est l’interrogation des membres du carrefour en langue française (Circulus Gallicus) « B » au synode sur la famille, dont le modérateur était le cardinal Christoph Schönborn, op, archevêque de Vienne, et le rapporteur Mgr André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles.

Les rapports des groupes de discussion linguistiques (circuli minores) de la IIIe Assemblée générale extraordinaire du synode des évêques sur la famille, ont en effet été présentés lors de la 12ème Congrégation générale, ce jeudi matin, 16 octobre 2014.

Les dix séries d’amendements – trois rapports en italien, trois en anglais, deux en français et deux en espagnol –, fruits de trois jours de travail, ont été déposés au secrétariat du synode, en vue d’une synthèse « Relatio synodi » que le synode discutera et votera samedi après-midi.

Ces documents de travail sont une « nouvelle étape » du processus synodal qui « continue » et non pas une étape « définitive », a précisé le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège ce matin.

Parmi les corrections proposées, le groupe francophone B a « écarté le recours au concept de « gradualité » et à l’expression patristique « semences du Verbe », chaque fois que ces expressions risquaient, à tort, d’être comprises comme la légitimation a priori de situations de vie irrégulières, voire peccamineuses, même si nous reconnaissons que, a posteriori, plusieurs de ces situations peuvent être un chemin ou une étape vers une situation meilleure ».

A.K.

Rapport du groupe de travail en langue française B

Notre travail s’est déroulé dans un beau climat de franchise et d’écoute mutuelle. Tous ont apprécié cette « palabre » universelle où les voix de l’Europe, de l’Asie et du Moyen Orient, de l’Afrique et de l’Amérique du Nord ont résonné en des timbres fort diversifiés, mais de manière généralement symphonique. Les constats et les enjeux ont pu être clarifiés grâce aux expériences si diverses au sein d’un même groupe linguistique.

Nous avons salué avec gratitude la présence des laïcs, hommes et femmes – des couples principalement – qui nous ont touchés et édifiés par leur « témoignage » vécu, parfois plus performant que nos « élucubrations » théologiques, indispensables, elles aussi, pourtant.

Dans nos tout premiers échanges, en réaction aux innombrables interventions des Pères synodaux, notre attention s’est d’abord portée sur deux enjeux principaux :

1. Comment unir doctrine et discipline, approche dogmatique et proximité pastorale ? Comment conjoindre l’amour de la vérité et la charité pastorale d’une manière qui ne choquera ni le fils cadet ni le fils aîné de la célèbre parabole rapportée par Luc ?

2. Comment prendre en compte la grande variété des situations pastorales à travers le monde et en renvoyer éventuellement le traitement aux Conférences épiscopales nationales, régionales ou continentales, en vertu du principe de subsidiarité, tout en respectant la catholicité et donc l’universalité de l’Église, d’autant plus que beaucoup de problématiques essentielles sont liées, en même temps, aux traits fondamentaux de la nature humaine ?

Tout en regrettant globalement un style touffu, filandreux, excessivement verbeux et donc, assez généralement, ennuyeux – style encore aggravé par la traduction dans une autre langue – nous avons surtout réagi en produisant des modi sunstantiels sur des points essentiels qui sont les suivants :

1. Faute de majorité absolue (9 pour, 5 contre, 4 abstentions), a été écarté le recours au concept de « gradualité », à l’analogie œcuménique développée par Lumen gentium (§ 8 : « subsistit in ») et à l’expression patristique « semences du Verbe », chaque fois que ces expressions risquaient, à tort, d’être comprises comme la légitimation a priori de situations de vie irrégulières, voire peccamineuses, même si nous reconnaissons que, a posteriori, plusieurs de ces situations peuvent être un chemin ou une étape vers une situation meilleure.

2. Quant à la possibilité d’accéder aux sacrement de la Réconciliation et de l’Eucharistie, certains Pères ont argumenté, dans une perspective à la fois doctrinale et pastorale, en faveur de la discipline actuelle en vertu de son fondement doctrinal, constamment confirmé par le Magistère de l’Église. D’autres Pères, inspirés par le même souci doctrinal et pastoral proposent au Magistère de l’Église d’adopter une autre discipline, mais à des conditions bien précises (Cf. n.47 de la Relatio Post Disceptationem).

3. Nous avons demandé que la pratique de la « communion spirituelle », recommandée traditionnellement à ceux qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas communier « sacramentellement », soit étudiée et évaluée en ses fondements théologiques et, si elle est accréditée par cet examen, soit promue et mieux diffusée parmi les fidèles.

4. Nous avons souligné avec force que, même si elle ne peut légitimer toutes les situations de vie, la miséricorde du Seigneur et de son Église rejoint, par contre, chacun dans sa situation de vie afin de nous conduire tous sur un chemin de vérité, de conversion et de paix.

5. Nous avons redit notre respect et notre accueil aux personnes homosexuelles et avons dénoncé les discriminations injustes et parfois violentes qu’elles ont subies et subissent encore parfois, y compris dans l’Église, hélas ! Mais cela ne signifie pas que l’Église doive légitimer les pratiques homosexuelles et encore moins reconnaître, comme le font certains États, un soi-disant « mariage » homosexuel. Au contraire, nous dénonçons toutes les manœuvres de certaines organisations internationales visant à imposer, par voie de chantage financier, aux pays pauvres des législations instituant un soi-disant « mariage » homosexuel.

6. Enfin, nous avons voulu présenter de manière positive et actualiser pour aujourd’hui l’inspiration prophétique qui a animé le bienheureux Paul VI quand, dans son encyclique Humanae vitae, il a célébré la beauté du lien si profond qui unit, dans la vie conjugale l’union à la fois spirituelle et charnelle des époux et l’ouverture au don de la vie.

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ZENIT Staff

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