Radio Espérance : le "transistor du troisième millénaire" en Afrique

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Pour offrir l’Evangile à des chrétiens dépourvus de tout

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CITE DU VATICAN, Mardi 11 février 2003 (ZENIT.org) – Une radio catholique du centre de la France, Radio Espérance (www.radio-esperance.com), fête ses vingt ans en se lançant à la conquête de nouveaux auditeurs francophones, surtout en Afrique, grâce au satellite WorldSpace. Son directeur, Jean-Luc Perchot, a bien voulu raconter cette aventure en primeur pour les lecteurs de Zenit.

Z – Jean-Luc Perchot, Radio Espérance, dont vous êtes le directeur, a fêté ses vingt ans le 8 décembre dernier: quel bilan faites-vous de ces vingt ans?

JLP – Tout d’abord, Radio Espérance est une réponse à la mission des laïcs demandée et encouragée par le Concile Vatican II et Jean-Paul II. C’est une radio faite pour les auditeurs, en particulier au niveau spirituel. Parmi ces auditeurs, il y a eu des conversions, des découvertes de l’Eglise catholique, certains ont appris à aimer l’Eglise, tel autre a pu être accompagné au long de sa maladie, dans sa solitude, et même dans ses derniers instants, comme cette personne dont la famille nous a dit qu’elle était « morte en paix en écoutant le chapelet ». Une autre a demandé le baptême à l’âge de 70 ans. La radio est faite pour soutenir l’espérance même dans les situations difficiles de la vie, en famille, au travail, dans la vie de tous les jours. Un prisonnier écrit: « Je m’évade spirituellement en écoutant les vêpres à l’abbaye de Randol ». Un curé seul dans sa cure le soir dit qu’elle accompagne sa solitude. La radio apporte aussi une formation et une réflexion sur la foi, tous les jours et à des degrés divers.
Le défi éditorial a été celui de la créativité, pour « habiller » au mieux tout ce qu’on voulait transmettre. Nous avons en particulier mis en place à Rome un bureau permanent « à l’ombre de Pierre », avec le programme hebdomadaire du « Studio Romain », ainsi qu’à Jérusalem, de façon à connaître toutes les Eglises dans la perspective du retour à l’unité.

Z – Quels événements ont été décisifs au cours de cette histoire?

JLP – Le lancement, le 8 décembre 1982!

Z – Pourquoi ce nom de Radio Espérance?

JLP – « Espérance », c’est la devise des comtes du Forez! Car nous sommes à Saint-Étienne, dans la province du Forez ! C’est important de s’enraciner quelque part. Et puis, l’Espérance est une vertu théologale.

Z – Vous êtes une radio catholique, privée, comment financez-vous votre activité?

JLP – « Radio Espérance » est une « association privée de fidèles » laïcs du diocèse de Saint-Etienne, du point de vue du droit canon. Depuis vingt ans, elle vit pour l’essentiel des dons des auditeurs, une multiplicité de petits dons, ce qui est la garantie de sa liberté. Les auditeurs sont très fidèles. Ils ont répondu par exemple lors d’un appel à une souscription, en 1997, pour l’acquisition de l’immeuble où nous sommes installés.

Z – Vous présentez la grille des programmes selon sept axes: la prière, les rendez-vous avec Jean-Paul II, le plat de consistance avec la Formation chrétienne (enseignement de la foi mais aussi culture), information, vie chrétienne, musique et divertissement. Quels sont les points forts de ce parcours?

JMP – Les programmes forment un tout. Il faut souligner que la prière, elle, est toujours en direct ! Elle rythme la journée : trois chapelets qui sont comme les petites heures de l’office, et l’angélus. Pour la prière du matin, on prend le temps qu’il faut (environ 30 minutes). Des personnes viennent à la radio pour prier ensemble avant de commencer leur journée de travail. Cette prière se termine par une brève évocation de la vie du saint du jour. Mais il y a aussi les laudes en grégorien depuis l’abbaye bénédictine Notre-Dame de Randol, les vêpres, et les complies depuis les studios. La messe est diffusée également chaque jour depuis l’Année Mariale (86-87). A cette occasion, on a tiré 400 mètres de câble pour arriver jusqu’à une communauté religieuse, pour diffuser la messe en direct: cela correspond à une attente extraordinaire !
Nous sommes à Paray-le-Monial le premier vendredi du mois. Et pour marquer les solennités, à la paroisse Notre-Dame la Réal à Perpignan, avec la communauté de la Croix Glorieuse, pour le vigiles. Il faut donner « de la couleur au temps »! Et c’est dans ce sens que reprenant l’invitation de Jean-Paul II pour le Jubilé (qu’il soit « une louange permanente à la Trinité Sainte »), nous marquons toutes les heures par un « Gloire au Père ».

Z – Et pour ce qui est de la formation?

JLP – Il faut dire Dieu, diffuser la Parole de Dieu, faire entendre la voix du Successeur de Pierre. C’est la raison d’être de la diffusion de l’angélus le dimanche en direct à midi, et des grandes célébrations romaines. Il faut aussi faire connaître la vitalité de l’Eglise, ses initiatives de charité, ses souffrances et ses espérances. C’est aussi la raison du choix de notre information, uniquement religieuse – notre domaine de compétence -, en mettant l’accent sur ce qui vient de Rome par le bulletin quotidien « Saint-Siège actualité ».

Z – Vous émettiez, jusqu’en décembre, à partir de Saint-Etienne et sur une quinzaine d’émetteurs du centre de la France, de Limoges à Gap, de Montceau les Mines à Clermont-Ferrand, on vous capte sur l’autoroute du soleil: pouvez-vous chiffrer votre auditoire?

JPL – A Radio Espérance, toute émission est faite pour une personne. Celle qui a besoin de cette émission-là, à ce moment-là. Donc, on ne cherche pas l’audimat. Ce peut être un évêque sur son lit d’hôpital, une personne bouleversée par l’Angélus diffusé depuis Nazareth : c’était pour elle! On prépare le travail du Saint Esprit, qui fait le reste. Des personnes tombent sur la fréquence de la radio par hasard et y restent. Par exemple, nous avons retransmis, une année, la journée des malades depuis Paray-le-Monial. Au cours de cette journée, le prêtre invite une personne qui faisait de la sorcellerie à aller trouver un prêtre. C’est un auditeur de la radio qui a été touché et il est venu en témoigner, l’année suivante, à Paray-le-Monial.

Z – Quel est votre public? Comment gardez-vous le contact avec vos auditeurs?

JLP – Nos auditeurs sont des personnes seules à un moment donné, chez elles ou dans leur voiture: des mères de famille, des travailleurs, ainsi que des malades, des personnes âgées. Elles nous écoutent à des moments précis, ou bien toute la journée. En décembre 2002, par exemple, certains jours, on recevait plus de deux cents lettres. Une lettre arrive rarement seule, elle est accompagnée d’un chèque. Elle débute par « mes amis », « chers amis », pas par « monsieur », que ce soient des personnes jeunes ou plus âgées. Un jeune de seize ans demandait par exemple le texte du chapelet en latin pour le prier avec Jean-Paul II. Donc notre objectif est de présenter la vérité qui libère. Les auditeurs se mettent à l’écoute quand ils ont besoin de la radio.

Z – Quelles émissions remportent le plus de succès?

JLP – La prière et les enseignements.

Z – Quelles améliorations techniques par rapport aux débuts?

JLP – En vingt ans, il a fallu en effet relever le défi technologique : le premier reportage, sur la venue du pape à Lourdes, s’est fait à partir d’un micro branché sur le téléphone. On est maintenant passé au son haute qualité, qui nous a permis par exemple de diffuser depuis le désert de Judée, grâce à une valise satellite, pendant le Grand Jubilé. On a toujours suivi l’évolution technologique pour mettre l’outil d’aujourd’hui au service de la Parole. C’est pour cela qu’à côté de la Patronne principale de la radio, qui est Notre Dame du Rosaire, nous avons mis aussi la radio sous le patronage de saint Maximilien Kolbe. Le dernier investissement a été fait en vue de la diffusion directe, grand public, sur un récepteur de petite
taille par le satellite WorldSpace .

Z – Ce qui permet de recevoir Radio Espérance dans toute la France, en Europe et en Afrique de l’Ouest, depuis décembre 2002: comment ça marche?

JLP – C’est une nouveauté technologique unique au monde, qui permet de recevoir sur un récepteur portable qu’on peut appeler « le transistor du IIIe millénaire »: un petit matériel très léger qui répond à la demande des auditeurs potentiels, alors qu’en France on était limité à 15 émetteurs. Certains de nos auditeurs habituels eux, souhaitaient par exemple continuer à nous recevoir lorsqu’ils sont en vacances ou en déplacement, ou lorsqu’ils ont déménagé. Et puis il y avait l’appel de l’Afrique francophone et WorldSpace permet de recevoir les émissions avec un simple transistor. C’est une innovation : plus besoin d’un émetteur de plusieurs mètres de haut et d’un grand récepteur, une installation lourde. C’est une diffusion directe, grand public, avec réception sur transistor de moins d’un kilo, avec une antenne de 15 centimètres de diamètre, que l’on peut emmener partout dans ses bagages. J’ai pu récemment écouter la messe depuis l’île grecque de Patmos, sur le port, en attendant le bateau qui avait du retard !

Z – Concrètement, cela coûte combien?

JLP – Concrètement, il y a une redevance à payer à la société américaine WorldSpace. Pour la financer, on propose, aux Français et aux Européens, un abonnement de 8 euros par mois (ou 4 euros petit budget ou 12 euros, abonnement de soutien), en plus du prix de l’acquisition du récepteur WorldSpace, le « transistor du IIIème millénaire ». Parce qu’il est hors de question de faire payer des abonnements en Afrique. C’est donc la France qui va offrir cette évangélisation. Il faut aussi trouver un financement pour le transport et la diffusion des postes en Afrique. On a déjà eu des échos du Tchad et de Côte d’Ivoire.

Z – Est-ce que ce n’est pas un pari risqué?

JLP – C’est un pari, en effet. Nous comptons sur ces nouveaux auditeurs pour renouveler les abonnements de soutien l’an prochain. Les Américains nous prennent pour des fous : ils croient que les gens ne vont pas être honnêtes. Nous, nous leur faisons confiance. Normalement un programme par abonnement devrait être crypté, accessible aux seuls abonnés. Mais comme nous voulons toucher l’Afrique francophone, qui est pauvre, on ne peut pas crypter les programmes. On diffuse « en clair ». Nous avons mis en place un fonds de soutien pour l’Afrique. Car il faut acheminer les transistors de Corée – où il sont fabriqués – en Afrique. La caisse est déjà alimentée, (5 000 euros). C’est un début modeste, mais qui a le mérite d’exister et de manifester cette volonté de solidarité avec l’Afrique pour la diffusion des postes. Toute proposition d’une ONG en vue de nous aider pour la distribution de récepteurs WorldSpace en Afrique sera la bienvenue. Mais, en effet, c’est un pari un peu fou !

Z – Avez-vous déjà des émissions spécifiques pour l’Afrique ?

JLP – Nous diffusons déjà l’émission de Radio Vatican « Rendez-vous avec l’Afrique » tous les jours, le matin à 5 heures 30 et à 10 heures (heure de Paris). On prévoit aussi une collaboration avec des radios africaines pour la production de programmes africains. Un premier chapelet de nuit a eu lieu depuis la Côte d’Ivoire, à titre expérimental, dans la nuit du 30 au 31 janvier. Il s’agit aussi de faire connaître la vitalité de l’Eglise en Afrique : elle peut nous apporter beaucoup.

Z – Avez-vous déjà des échos de vos nouveaux auditeurs?

JLP – Les gens nous écrivent leur joie: « Je me régale! » Ils se réjouissent d’être aidés dans la prière. En Afrique, ce sont les enseignements qui ont le plus de succès. Dix jours après le lancement, quelqu’un proposait déjà des postes à la sortie d’une église au Sénégal. C’est la société WorldSpace qui nous l’a rapporté. Des réactions sont venues de radios chrétiennes qui nous étaient jusqu’ici inconnues. Un missionnaire jésuite a fait quelques 1200 km dans la brousse pour rendre visite à ses paroissiens, qu’il n’avait pas vus depuis un an pour certains. Et il leur a fait écouter les programmes de Radio Espérance. C’est ce que nous voulons : pouvoir faire écouter la radio à des chrétiens dépourvus de tout.

Z – Quel avenir espérez-vous pour les vingt années à venir?

JLP – Toute aventure humaine dans le plan de Dieu – quand on veut faire l’œuvre de Dieu – a forcément un point de départ et un point d’arrivée, que Dieu seul connaît. L’essentiel est de faire l’œuvre de Dieu. Si on n’est pas sûr de faire ce qu’Il attend de nous, mieux vaut arrêter tout de suite.

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ZENIT Staff

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