Racines chrétiennes et rôle de la religion : les mots d’ordre de la nouvelle Europe

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Thèmes soulevés au congrès de la COMECE pour les 50 ans des Traités de Rome

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ROME, Dimanche 25 mars 2007 (ZENIT.org) – L’Europe doit prendre conscience de ses propres racines chrétiennes et du rôle public de la religion: tel est le message issu du congrès organisé par la Commission des Conférences épiscopales de la Communauté européenne (COMECE) qui a réuni à Rome, du 23 au 25 mars, plus de 400 participants.

Les évêques de la COMECE ont profité des célébrations du 50° anniversaire de la signature des Traités de Rome (25 mars 1957), à l’origine du processus d’unification européenne, pour réunir des personnalités politiques, des représentants de divers épiscopats européens, des communautés religieuses, des organisations et des mouvements catholiques, afin de débattre des valeurs et des perspectives de l’Europe de demain.

Ce congrès, qui entre dans le cadre des célébrations marquant l’acte de naissance de la Communauté économique européenne (CEE) et de la Communauté européenne de l’énergie atomique (EURATOM), a été l’occasion de mesurer le chemin parcouru par l’Union européenne, marquée par un moment de doutes et d’insatisfaction après l’échec de la ratification du Traité devant instituer une Constitution pour l’Europe (approuvé par la plupart des pays membres, mais rejeté par la France et les Pays-Bas lors d’un référendum en 2005).
« Les valeurs communes ne sont pas un bien personnel. Ce sont des valeurs universelles qui appartiennent à l’humanité entière et qui habitent l’Europe depuis longtemps » a déclaré Mgr Adrianus Herman van Luyn s.d.b., évêque de Rotterdam et Président de la COMECE, dans son discours d’ouverture aux travaux du congrès européen le 23 mars dernier.

Dans un message adressé aux participants du congrès et lu à l’ouverture des travaux, le Président de la République italienne, Giorgio Napolitano a mis en avant « le caractère stimulant et la contribution » de ces célébrations, estimant que « l’Eglise et les associations d’inspiration religieuse (…) sont appelées à participer à la relance de ‘Union européenne en apportant le témoignage des valeurs les plus profondes placées à la base de la construction d’une Europe unie ».

Le Président de la Conférence épiscopale italienne, Mgr Angelo Bagnasco, est intervenu ensuite pour appeler l’Europe « à dépasser sa vocation économique originelle » et pour réaffirmer la nécessité d’une reconnaissance des racines chrétiennes et des « principes éthiques qui – a-t-il dit – font partie intégrante et fondamentale de son patrimoine spirituel ».
Sans « nier les exigences d’une juste et saine laïcité – à ne pas confondre avec le laïcisme idéologique – des institutions européennes », Mgr Bagnasco a souligné l’intérêt que l’Eglise porte à « à la promotion et à la sauvegarde de la dignité de la personne, à la défense de son caractère éthique central » d’où découle également son engagement à défendre le « droit fondamental à la liberté religieuse ».

Le Ministre de l’Intérieur allemand et Représentant de la Présidence allemande de l’Union européenne, Wolfgang Schäuble, a souligné aussi l’importance des racines chrétiennes « à un moment où – a-t-il dit – le nombre de musulmans est en augmentation et qu’il faut qu’ils se rendent compte par eux-mêmes de l’importance de la tolérance ».

« L’unité dans la multiplicité fait aussi partie de l’histoire de l’islam. Et nous espérons qu’un équilibre sera trouvé, dans cette multiplicité, car nous avons besoin d’un partenariat avec l’islam », a-t-il ajouté.

Lors de son intervention, le Vice-président de la Commission européenne, Franco Frattini, a mis l’accent sur la nécessité d’un « sentiment profond qui, en partant des racines chrétiennes profondes de l’Europe, soit encore capable de motiver les consciences, capables d’aborder avec davantage de courage la question des droits niés et celle de la solidarité, à l’intérieur et en dehors des frontières de l’Union ».

La nouvelle Europe ne peut oublier ses « propres valeurs à protéger et à promouvoir; tout comme elle ne peut oublier ‘sa propre histoire de religiosité’ ». « Je pense que la laïcité des Etats et la religiosité des peuples sont des éléments importants qui, loin de se contredire, s’imbriquent entre eux ».

L’Europe a choisi le silence sur la religiosité, « mis à part en en affirmant tièdement la défense lorsque l’on aborde des thèmes, qui sont assurément graves comme l’antisémitisme ou l’islamophobie », a observé Franco Frattini.

Le Vice-président de la Commission européenne a ensuite relevé le caractère « plutôt aride du cœur des institutions européennes dans sa réponse à l’appel de Benoît XVI qui a rouvert avec le monde laïc le débat sur le rapport entre religion et raison ».

« Le thème des racines chrétiennes doit retrouver sa place dans l’agenda de l’Europe, car cela signifie pouvoir affirmer et affronter le nœud de notre identité européenne, dans la perspective d’un univers religieux qui recommence à s’affirmer », a-t-il souligné.

« Le thème des racines chrétiennes met au premier plan la question d’un christianisme qui ne soit pas nostalgique du passé, mais qui soit une pensée vivante. Un christianisme qui, posant avec le Pape Jean-Paul II le thème des droits, et avec le pape Benoît XVI, le thème de la liberté comme voie de dialogue, constitue une partie de cette promesse, de ce rêve européen et donc de notre avenir », a ajouté Franco Frattini.

Le 23 mars après-midi, les travaux du Congrès européen ont été marqués par l’intervention de Mgr Dominique Mamberti, Secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les Etats qui, en évoquant l’éventuel traité constitutionnel européen, a rappelé l’appel du pape Benoît XVI demandant que le patrimoine chrétien du Vieux continent soit reconnu.

« Telle reconnaissance ne signifie pas donner un caractère confessionnel à l’Europe, et ne s’oppose en rien sa laïcité », a dit Mgr Mamberti.

Le 23 mars, après l’audience du pape avec tous les membres du congrès, le président du Parlement européen, Hans-Gert Poettering a pris la parole devant l’assemblée, déplorant, à titre personnel, que la déclaration de Berlin ne fasse mention ni de Dieu, ni de la tradition judéo-chrétienne dans le Traité constitutionnel européen.

Evoquant les prochaines élections du Parlement européen qui se tiendront en juin 2009, le Président estime qu’il est urgent de mettre la question des valeurs, « dont la plupart reflètent et embrassent les valeurs et la philosophie chrétiennes », sur la table des discussions.
Le 24 mars, le Président du Conseil italien, Romano Prodi, a fait part d’« un souvenir personnel jamais rendu public jusqu’ici », qui remonte à l’époque où il était le président en charge de la Commission européenne.

Romani Prodi a confessé « avoir longuement et silencieusement essayé d’introduire la référence aux racines chrétiennes dans la Constitution européenne. Mais ne pas y avoir réussi ne veut pas dire que le texte les désavoue. C’est une difficulté héritée du passé ».
Les participants à la rencontre du 24 mars ont voulu adresser un message aux chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres de l’Union européenne, au président du Parlement européen et au président de la Commission européenne, réunis le 25 mars 2007 à Berlin pour une réunion solennelle du Conseil européen.

Dans ce message, la COMECE envisage une solution commune qui permette de dépasser « l’actuelle période de réflexion en Europe ». Elle souhaite que la solution institutionnelle qui sera atteinte sauvegarde « la liberté religieuse dans toutes ses dimensions, les droits institutionnels des Eglises et des commun
autés religieuses » et reconnaisse explicitement « le patrimoine chrétien de notre continent ».

Le Congrès européen s’est achevé dimanche par la célébration d’une messe en la Basilique Saint-Pierre et la participation à la prière mariale de l’Angélus avec Benoît XVI.

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ZENIT Staff

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