Quand on perd de vue l’éternité, toute souffrance semble excessive

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Deuxième prédication d’Avent du P. Raniero Cantalamessa

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ROME, Vendredi 10 décembre 2010 (ZENIT.org) – Quand on perd de vue l’éternité, toute souffrance terrestre semble excessive, a expliqué le P. Raniero Cantalamessa O.F.M. Cap., ce matin, dans sa deuxième prédication de l’Avent, en présence du pape et de la curie romaine, dans la Chapelle Redemptoris Mater, au Vatican. Il a invité à se réjouir à la perspective de la vie éternelle.

Le prédicateur de la Maison pontificale a choisi de développer le « deuxième écueil auquel se heurte l’évangélisation dans le monde moderne occidental : la sécularisation ». Dans sa première prédication (cf. vendredi 3 décembre, et dimanche 5 décembre), il avait évoqué le scientisme.

« La sécularisation est un phénomène complexe et ambivalent, a-t-il expliqué. Elle peut indiquer l’autonomie des réalités terrestres et la séparation entre le règne de Dieu et le règne de César et, dans ce sens, loin d’être contraire à l’Evangile, elle trouve en celui-ci une de ses racines profondes ; mais elle peut désigner aussi tout un ensemble d’attitudes contraires à la religion et à la foi et, dans ce cas, le terme de sécularisme est préférable ».

Le P. Cantalamessa a souligné que « sécularisme », qui vient du mot « saeculum » signifie « temps présent », « en opposition à l’éternité ». C’est « la réduction du réel à la seule dimension terrestre ».

« Nous avons besoin d’une foi renouvelée dans l’éternité, non seulement pour l’évangélisation, c’est-à-dire pour l’annonce à faire aux autres, a affirmé le prédicateur capucin, mais avant tout pour donner un nouvel élan à notre cheminement vers la sainteté ».

« L’effritement de l’idée d’éternité agit aussi sur les croyants en diminuant leur capacité d’affronter avec courage la souffrance et les épreuves de la vie », a-t-il souligné. « Avec la disparition de l’horizon de l’éternité, la souffrance humaine apparait doublement et irrémédiablement absurde ».

Le P. Cantalamessa a expliqué que quand on ne croit plus à l’éternité, on perd « la mesure de tout », car l’éternité est « la mesure de tout ». Tout nous semble alors « trop lourd, excessif ».

Le prédicateur de la Maison pontificale a précisé que « la réponse chrétienne au sécularisme » est basée « sur un fait » : l’incarnation de Dieu. « En Jésus Christ, l’éternel est entré dans le temps ».

Le P. Cantalamessa a expliquer que la différence qui existe entre la vie de foi sur la terre et la vie éternelle, est semblable à celle qui existe entre la vie de l’embryon dans le sein maternel et celle de l’enfant à sa naissance. Il a raconté une histoire imaginaire de deux jumeaux, garçon et fille, qui parlent entre eux avant la naissance.

« La petite fille demandait à son frère, raconte le prédicateur : « D’après toi, y a-t-il une vie après la naissance ? ». Il répondait : « Ne sois pas ridicule. Qu’est-ce qui te fait penser qu’il y a quelque chose en dehors de cet espace exigu et obscur où nous nous trouvons ? La petite fille, s’armant de courage, insistait : « Qui sait, peut-être existe-t-il une mère, bref quelqu’un qui nous a mis ici et qui prendra soin de nous ». Et lui : « Vois-tu une mère quelque part ? Ce que tu vois est tout ce qu’il y a ». Elle, à nouveau : « Ne sens-tu pas parfois, toi aussi, comme une pression sur la poitrine qui augmente de jour en jour et nous pousse en avant ? ». « A bien y réfléchir, répondait-il, c’est vrai ; je la sens tout le temps ». « Tu vois, concluait, triomphante, la petite soeur, cette douleur ne peut pas être pour rien. Je pense qu’elle nous prépare à quelque chose de plus grand que ce petit espace » ».

Le prédicateur de la Maison pontificale a conclu en citant saint Augustin qui encourageait les croyants à courir vers « la maison du Seigneur », à suivre en se hâtant les apôtres qui « ont vu la patrie avant nous ».

Gisèle Plantec

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ZENIT Staff

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